• Aucun résultat trouvé

3. Originalité et apports des travaux réalisés

3.2. Données mobilisées

Différentes bases de données ont été mobilisées pour appuyer les travaux présentés. Elles sont issues de sources officielles pour les études réalisées en France et issues d’enquêtes de terrain pour celle réalisée en Turquie. Une analyse des différentes bases de données mobilisées permet non seulement d’en comprendre les enjeux et les limites mais aussi d’apprécier la mesure de l’adoption d’innovations environnementales.

3.2.1. Les données mobilisées dans le cas français

En France, de nombreuses bases de données sont collectées par le Service ministériel de la Statistique et de la Prospective (SSP). Dans le cadre des travaux menés, quatre bases de données ont été mobilisées.

Le Réseau d’Information Comptable Agricole (RICA) est une base de données relative aux caractéristiques structurelles, individuelles et financières des exploitations. Les exploitations recensées sont sélectionnées selon une stratification définie sur la base du triptyque : localisation géographique, OTEX et dimension économique. L’OTEX est l’Orientation Technique des Exploitations. Elle différencie les exploitations selon la contribution de chaque production à l’activité totale. La Marge Brute Standard (MBS) est l’indicateur de valorisation économique. Toutes les exploitations pour lesquelles au moins deux tiers de la MBS totale est issue de l’activité viticole sont dites spécialisées en viticulture. C’est sur cette population qu’a portée notre attention. Au-delà de cette stratification, seules les exploitations dites « professionnelles » ont été considérées, c’est-à-dire celles dont la MBS est supérieure à 9.600 € et qui emploient au moins une personne à plus de mi-temps. Les données mobilisées sont relatives à la période 2002-2007 pour permettre une analyse dynamique.

L’enquête relative aux pratiques culturales. Cette enquête porte sur les pratiques mises en œuvre par les exploitants sur leur exploitation et plus précisément sur chacune de leurs parcelles. La population cible de cette enquête est l’ensemble des exploitations qui cultivent de la vigne. Une double stratification est ici adoptée. La première est relative aux exploitations et repose, comme pour le RICA, sur le triptyque : localisation géographique, OTEX et dimension économique. La seconde est relative aux parcelles. Toutes les parcelles des exploitations concernées n’ont pas été enquêtées. Les parcelles sélectionnées doivent rendre compte de la diversité des parcelles. Enfin, le nombre de parcelles enquêtées varie alors d’une exploitation à l’autre.

Le Recensement Agricole (RA) est une base de données exhaustive qui répertorie l’ensemble des exploitations françaises. Ce recensement, réalisé en 2010, identifie les caractéristiques structurelles et individuelles des exploitations. Il permet également de prendre en compte les activités relatives à la commercialisation et la diversification des exploitations.

Afin de prendre en compte les facteurs exogènes, et plus précisément les conditions climatiques auxquelles ont dû faire face les producteurs, l’analyse intègre des relevés de Météo France. Les données, collectées à des niveaux très fins, permettent de contrôler les pratiques des exploitants par rapport aux conditions climatiques qu'ils rencontrent.

Enfin, pour prendre en compte la réglementation européenne en termes d’utilisation des produits phytosanitaires, la base de données « e-phy » établie par le Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Pêche a été mobilisée. Pour chaque produit, dans le cadre d’une utilisation particulière, la dose homologuée est identifiée, ainsi que le nombre de traitements autorisés.

Chacune des bases de données met l’accent sur une dimension particulière de l’exploitation : dimension financière avec le RICA et dimension structurelle et individuelle avec le RA. De ce fait, chacune apporte un regard spécifique sur l’adoption d’innovations environnementales.

L’adoption de pratiques plus respectueuses de l’environnement et plus précisément sa mesure est alors propre à chaque base de données. Celle-ci est alors définie comme suit : - Intensité d’utilisation des produits phytosanitaires mesurée, à partir des données du RICA,

par la part des dépenses en produits phytosanitaires par rapport à la surface exploitée. - Surdose des produits phytosanitaires, mesurée en termes dichotomique selon que

l’exploitant surdose ou pas ses applications, par rapport aux doses homologuées. Cette mesure repose sur le couplage des données issues de l’enquête sur les pratiques culturales et des données e-phy.

- L’adoption du label Agriculture Biologique (AB), mesuré à partir des données du RA.

3.2.2. Les données mobilisées dans le cas turc

La mesure de l’adoption d’innovations environnementales n’a pas été possible, en Turquie, sur la base de données issues de source officielle. Pour ce faire, une base de données issue d’enquêtes de terrain a dû être constituée. Les données ont été collectées en 2011 auprès de 186 producteurs de tomates sous serre, par des entretiens en face-à-face. Les exploitations ont été recensées sur la base d’un tirage aléatoire dans chacun des districts et proportionnellement au nombre total d’exploitations dans chaque district. La représentativité des exploitations est alors définie au niveau du district.

Sur la base des pratiques déclarées, un compteur des pratiques IPM a été constitué. Il nous a permis d’apprécier l’adoption de pratiques plus respectueuses de l’environnement. L’apport de ces données, comparativement aux données françaises, a été de pouvoir intégrer des éléments de compréhension spécifiques liés, d’une part à notre question de recherche et d’autre part au contexte.

3.2.3. Synthèse des données mobilisées

Les données mobilisées peuvent être synthétisées dans la Table 4. Table 4. Descriptif des données mobilisées

Source : Représentation personnelle

Bases secondaires

Population Pays

Météo France Communes France

e-phy Produits

phytosanitaires France

Source : Représentation personnelle

Période Population Nombre

d'observations Echantillonnage

Mesure de l'utilisation plus ou moins intensive des

produits phytosanitaires Pays Produit Bases principales Réseau d'Information Comptable Agricole 2002-2007 Ensemble des exploitations professionnelles 607 exploitations (3035 obs.) Stratification Dépenses / hectare en produits phytosanitaires France Viticulture Enquête Pratiques Culturales 2006 Parcelles des exploitations ayant de la vigne 5.216 exploitations Double Stratification : exploitation et parcelle Comparaison des doses homologuées

avec les doses effectivement utilisées France Viticulture Recensement Agricole 2010 Ensemble des exploitations 516.152 exploitations Exhaustif Adoption du label "Agriculture Biologique" France Tous produits Données issues d'enquêtes de terrain 2011 Ensemble des exploitations 186 exploitations Aléatoire et proportionnel au niveau du district Nombre de pratiques

IPM mises en œuvre Turquie

Tomates sous serre

L’articulation de ces différentes bases de données a servi de support de réflexion et a permis d’alimenter notre pensée sur le comportement des producteurs en termes de réduction des produits phytosanitaires, dans un contexte en constante évolution.