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1.1 Problèmes de définition de l’objet de la recherche

1.1.3 Certains domaines qui ont essayé de donner des réponses

Les premiers événements d’art numérique ont commencé dans les années soixante-dix.13 Il s’agissait de l’époque « Non PC », une époque particulièrement créative, pendant laquelle les artistes-pionniers ont utilisé les premiers ordinateurs en tant qu’outils d’expression artistique.

Pendant les années quatre-vingt, certains espaces artistiques ont été crées par des initiatives indépendantes et nationales aussi, où les questions mentionnées ci-dessus ont été traitées au niveau théorique et pratique et ont créé une tribune dynamique de revendications pour la part des artistes : un espace qui leur appartient, à l’intérieur du nouvel environnement numérique sous développement que Marshall McLuhan avait appelé en 1960 « Village Global », mais qui pourrait également être dénommé par le terme peu plaisant « mondialisation ».

Des îlots géo-idéologiques14 de civilisation sont créés à travers des

«rhizomes» de connaissance qui créent une autre tendance de la civilisation. La caractéristique principale de cette tendance est la dimension « spatio-temporelle » de grande échelle, avec peu de possibilités, malheureusement, d’intervention dans le corps principal de la mondialisation.

Sans que cela ne constitue une classification absolue, nous pouvons reconnaître des liens de collaboration et des caractéristiques géo-idéologiques communes qui créent pour la première fois des événements culturels de grande échelle.

Aux pays anglophones (Grande Bretagne, Etats-Unis, Australie, mais aussi Canada), qui collaborent entre eux, une emphase est donnée à la recherche

13 Reichradt, Jasia, Cybernetic Serendipity, The Computer and the arts, studio international special issue, 1968-1970

14 Nous n’ utilisons pas le terme « géopolitique » qui signifie précisément les attitudes de la structure de la globalisation de la part de ceux qui l’ont créée et nous proposons d’ajouter le néologisme

« géo-idéologique » qui correspond aux groupes qui s’opposent positivement à cette attitude (voir mediaterra 01 « Globalization-Re-Globalization », catalogue du festival International d’art et de technologie, Centre Fournos, Athènes, 2001).

technologique (MIT15, Bell Laboratories16, LEONARDO17, XEROX PARK18, BANF). Il n’est probablement pas accidentel le fait que tant les terminologies nouvelles que les langages de programmation sont basés sur la langue anglaise.

Dans ce cas, les espaces de recherche où a été développé le nouvel environnement de la civilisation numérique ont joué un rôle important. Ce point est décrit géographiquement de la manière suivante : en Amérique aux Bell Laboratories, en collaboration avec nombreux artistes ; au XEROX PARC au Paolo Alto en Californie, qui a joué un rôle important à la mise en forme de l’environnement principal de travail de chacun, le très connu « bureau » (desktop) de l’ordinateur ; et finalement au MIT au Massachusetts, qui fait l’effort pour un enseignement organisé de l’art et technologie, et plus tard soutient le www.

Une activité parallèle en Europe pendant plus ou moins la même période avance et solidifie les capacités artistiques de l’art électronique, surtout à travers les Festivals d’Art vidéo (EMAF, Transmediale en Allemagne, Festival de la Télévision et l’art vidéo de Montbéliard (plus tard devenu CICV), ART 3000 en France, Vart Videoart Festival Locarno en Suisse).

Pour ce qui concerne la recherche, les bases pour le développement du www sont mises au centre de recherche CERN en Suisse, tandis qu’à l’Université Paris 8 à Paris une équipe dynamique de certains artistes qui avaient des connaissances en informatique (Monique Nahas, Hervé Huitric19, Michel Bret, Marie-Hélène Tramus) crée certaines des premières œuvres faites avec l’usage d’ordinateurs, ainsi que des programmes d’informatique originaux pour la création artistique, à l’aide desquels ces œuvres ont été créées, tandis qu’au même milieu se développe en même temps un discours théorique puissant (Frank Popper20, Edmond Couchot21). Aussi, dans le domaine de la recherche en musique, IRCAM a une activité particulièrement intéressante, par laquelle sera créé plus tard le logiciel très répandu MAX MSP, qui est largement utilisé par des artistes par le monde, encore aujourd’hui.

15 MIT: <http://web.mit.edu/>

16 http://www.bell-labs.com

17 Leonardo: <http://www.leonardo.info/>

18 Xerox Alto Parc: <http://www.parc.xerox.com/>

19 Nahas, Monic, Huitric, Hervé et al. « Facial image synthesis using scanned textured recordings » in The Visual Computer No 6, 1990, pp. 613-626

20 Popper, Frank, Art action et participation, Editeur Klincksieck, 1980

21 Couchot, Edmond, La technologie dans l'art - de la photographie à la réalité virtuelle, Editions Chambon Jacqueline, 1998

ISEA (Inter-Society for the Electronic Arts) met en place les premières activités de grande échelle. Il est fondé au Canada en tant qu’une série de symposia, connus comme le Symposium International d’Art Electronique, inauguré en 1988 dans l’objectif de soutenir la mise en place et le maintien d’un réseau international d’organisations et d’individuels qui s’activent au champ des arts électroniques ; il est très vite déplacé en Europe (en 1990). Ayant la Hollande comme centre, un colloque-festival est créé, accueilli chaque fois à un endroit différent.

Le comité de pilotage et le groupe des membres de l’ISEA ont toujours été internationaux, reliant des organisations et des individuels de par le monde. Depuis la fondation de l’ISEA jusqu’à 1996, l’organisation siégeait aux Pays Bas. Depuis 1996 jusqu’à 2001, ISEA a déplacé son siège à Montréal, au Quebec du Canada.

Depuis 2001 il s’est encore une fois déplacé en Hollande.

Les festivals qui sont les plus proches à l’évolution technologique sont le

« Singgraph 22» en Amérique et le « IMAGINA23 » en Europe. Pendant les premières années de leur déroulement, ils répondent surtout aux besoins de propagation du nouveau domaine de l’industrie audiovisuelle et de présentation de nouvelles machines qui sont en mutation constante. Aux antipodes de ces festivals se place le « Ars Electronica 24» en Autriche qui relie les évolutions technologiques avec l’approche philosophique et sociologique.

En France le festival pour la Télévision et l’art-vidéo de Montbéliard devient le centre CICV qui produit une série d’œuvres d’Art vidéo importantes, en collaboration avec des artistes du monde entier.

Des espaces analogues pour la recherche au domaine d’art et civilisation numérique sont aussi créés au Japon. Après la création de la plupart des objets qui changent notre vie quotidienne, depuis les transistors et les baladeurs jusqu’aux caméras et aux consoles de jeux, les Japonais de certains centres importants sont intéressés par des sujets qui contribueront à l’évolution de la civilisation ; tels centres sont le ICC-NTT InterCommunication Center25 (Tokyo), le Musashino Art University26 et le Kyoto City University of Arts27.

22 http://www.siggraph.org/

23 http://www.imagina.mc/

24 http://www.aec.at/de/index.asp

25 http://www.ntticc.or.jp/index_e.html

26 www.musabi.ac.jp,

ZKM28 est un des derniers grands centres qui est fondé en Europe, à Karlsruhe, et qui dispose d’un Musée d’Art Contemporain, d’un Musée des Medias, de l’Institut des Medias Visuels, de l’Institut de la Musique et de l’Acoustique, de l’Institut pour la Recherche Basique, de l’Institut pour les Media, l’Education et l’Economie, et de l’Institut de Film.

Or, avec l’évolution de l’Internet et surtout du www, il y a des activités qui sont développées tant à l’espace physique qu’à l’espace virtuel par des équipes plus petites mais flexibles : à Hollande, le centre V229, qui crée la mailing list Syndicate30, qui constitue pendant une longue période une tribune importante de revendication de la part des artistes, surtout des pays du bloc ex-communiste qui réussissent ainsi à se réunir et faire connaître leur œuvre. Aussi, une mailing list est créée sous le nom de « rhizome 31», une référence à Deleuze, développant des activités similaires surtout aux Etats-Unis et à l’Europe du nord, ainsi que la mailing list nettime32 for networked cultures, politics and tactics.

Des activités de grande échelle ont lieu surtout aux pays suivants : Allemagne, Autriche, Pays Bas, et secondairement aux pays scandinaves (surtout en Finlande) et les pays de l’Europe de l’est. Ces pays utilisent le réseau, les bases de données, les web cams qui viennent de paraître, en mettant l’accent sur l’activisme.

Ces activités sont valorisées par des textes théoriques qui apparaissent soit dans le réseau soit sous forme de catalogue, textes qui créent le premier discours théorique dans ce domaine. Ces textes sont quelquefois poétiques, quelquefois polémiques, et prennent souvent la forme d’un œuvre d’art, ou ils sont présentés sur Internet.

Comme tel exemple nous pouvons mentionner la manifestation « Net condition : art and global media ». Le Net condition33 est un événement difficilement identifiable. Il est constitué d’une série d’expositions au « media space » (espace média) qui évoluent au cours de deux ans (1998, 2000) dans 4 villes différentes (Graz, Karlsruhe, Tokyo, Barcelone).

27 <http://www.kcua.ac.jp/about/kcua1999.pdf>

28 http://www.zkm.de/

29 http://www.v2.nl/

30 http://syndicate.anart.no/

31 http://www.rhizome.org/

32 http://www.nettime.org/

33Weibel Peter, Net_condition, MIT press 2001

Le projet fut présenté pour la première fois au Steirischer Herbst Festival à Graz en Autriche, qui portait un intérêt aux média tels que le journal, l’affiche, la vidéo, le film, la télévision, et s’est achevé au centre ZKM de Karlsruhe, où l’intérêt était centré sur le réseau. Hormis les deux acteurs déjà mentionnés, les autres collaborateurs dans cette entreprise étaient un Musée en évolution à Vienne, les cinémas Schubert-kino et KIZ kino im Augarten à Graz, le journal autrichien Der Standarb, la télévision autrichienne ORF, le Global Newspaper combine World Media Network, le magazine artistique anglais n.paradoxe, l’école Mecad à Barcelone, le centre ICC34 à Tokyo et son journal Intercommunication.

Il s’agit de l’époque où apparaissent des formes hybrides de promotion et d’utilisation des nouvelles conditions de la civilisation. Une telle forme est adoptée par le festival Mediaterra35, en Grèce, qui pose parmi ses objectifs l’évolution constante de sa structure. En 2001, à travers la création d’un micromusée36, une construction originale qui utilise les nouvelles technologies, il rassemble 2000 œuvres virtuelles et effectue un parcours symbolique qui commence à Athènes, traverse les Balkans et arrive à Francfort, provoquant des manifestations artistiques dans les villes où il s’arrête, ainsi que dans le réseau.

Les Balkans présentent un développement particulièrement important.

L’usage du réseau par les artistes comme solution à l’isolation qu’ils affrontaient jusqu’alors leur donne une présence dynamique. Ce qui a contribué à ce développement est la décision du boursier américain Soros37 de financer la création de centres pour l’art et technologie aux Balkans.

Dans cette description sommaire de l’environnement où sont cultivées les idées qui vont suivre, nous devons mentionner aussi les deux puissances montantes de l’Asie, à savoir la Chine et l’Inde. Tandis que le système artistique traditionnel accueille les artistes du tiers monde avec la « disposition folkloriste » nécessaire qu’adopte l’Occident face à eux, dans ces pays le développement de l’informatique est prêt à créer des conditions culturelles nouvelles qui influenceront l’environnement international. Tant la Chine, par l’intérêt qu’elle montre pour les technologies actuelles, que l’Inde, à cause du grand développement de la science

34 http://www.ntticc.or.jp/index_e.html

35 http://www.mediaterra.org

36 catalogue Mediaterra festival 2001. édition Fournos 2001

37 Fondation de G. Soros: <http://www.soros.org>

informatique et la relation de travail particulière qu’elle conserve avec les pays les plus importants de l’Europe, mais aussi à cause de la différence culturelle, montreront dans le futur des surprises qui ne peuvent pas être encore mesurées.

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