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La plus grande partie de la civilisation est empreinte sur le papier, et elle est organisée ainsi. La plus grande partie de la civilisation en papier, mais aussi de la civilisation audiovisuelle, est reportée à la civilisation numérique, comme exactement il s’était passé au début avec la typographie.

Pour ce qui concerne la recherche, l’université jusqu’à la moitié du XXe siècle avait développé un système d’organisation et de transfert de la connaissance par le biais de sa bibliothèque, et de traitement de la connaissance à travers les cours, les laboratoires et la recherche collective. Vers la fin du XXe siècle les universités sont parvenues à faire évoluer leur système ancien de bibliothèque aux fichiers et aux plusieurs exemplaires diffusés dans le monde, vers un système contemporain de digitalisation et d’archivage de l’information à libre accès, dans la mesure où cela est autorisé, via l’Internet.

Or la nouvelle situation, ainsi formée, exigera très prochainement une restructuration du traitement de la connaissance, du moins aux universités, qui sont responsables de cette procédure.

Si l’on considère la « thèse » comme un moyen spécial de communication (un imprimé qui est utilisé pour que soit présentée et archivée une action de recherche spécifique qui correspond à une durée de trois ans au minimum) et si l’on examine son évolution en comparaison aux évolutions technologiques et sociales, nous constatons que tandis que pendant ses premiers pas, pendant le développement de l’université, elle reflète et va de pair avec la condition sociale, avec la « thèse-image » (XVIIe et XVIIIe siècle) elle devient progressivement pionnière en développant un puissant discours scientifique qui fait évoluer l’université elle-même : la « thèse - discours scientifique » ; par la suite, tandis qu’elle se produit sur le même matériau (le papier) qu’avant, elle est transférée au nouveau moyen d’archivage (réseau d’ordinateurs) permettant une grande accessibilité (fin du XXe à nos jours).

Toutefois, tandis que les media qui sont employés pour le traitement de l’information et de la connaissance se développent aussi bien en ce qui concerne la structure qu’en ce qui concerne l’élaboration, la « thèse » demeure le même

medium qui ne peut plus faire face ni aux besoins de l’époque ni à une représentation complexe et dynamique186 de la pensée, comme c’est au contraire le cas dans plusieurs autres domaines.

Bien entendu, le candidat docteur est obligé de développer une et seulement une position, d’ailleurs le terme Thesis en anglais ou « thèse » en français vient du mot grec Thesis (θέσις) qui signifie «la position» où se trouve l’« observateur » et à travers lequel il suit les événements et fait ressortir son propre point de vue. Or les conditions complexes actuelles qui correspondent à la science et à la culture de la fin du XXe siècle et qui s’appuient sur la complexité ont la capacité de présenter une position tant à partir de tous les points de vue possibles par rapport à l’espace qu’à partir de réactions différentes par rapport au temps.

A travers la thèse « papier-centrique » la recherche doctorale est basée sur la logique « du seul point de fuite » de la perspective de la Renaissance. Il s’agit du

« point » spécifique où se place l’étudiant qui lui donnera la possibilité de

« décrire » d’un point de vue spécifique le phénomène qui le préoccupe.

A l’époque de l’extraction de connaissance avec la technologie

« sémantique » (semantic) et avec les bases de données dynamiques il n’existe pas une seule thesis (position) d’observation mais un système de concentration, d’organisation et de transfert des données vers l’étudiant, de plusieurs points de vue.

L’étudiant, dans la mesure où son objet le demande, a la possibilité, au lieu de développer une position, de proposer un système d’observation du phénomène qui, soit à l’aide de l’étudiant, soit par lui-même, puisse créer sur la base d’éléments extérieurs une succession de positions.

A la manière qu’un biologiste peut présenter des composés chimiques, c’est-à-dire des éléments plusieurs et différents connectés d’une manière spécifique, et décrire par un algorithme leur évolution ou leur passé, de même l’étudiant peut présenter une position en évolution.

Une telle technologie est déjà utilisée au management comme aide à la prise de décisions difficiles. Une activité importante est déjà commencée surtout par les domaines où à travers ces activités se préparent les conditions et l’infrastructure pour que soit acceptée par l’université une autre structure de thèse, définie par un mode plus complexe de présentation de la pensée.

186 A savoir la possibilité que chaque fois les donnés sont présentés selon la question posée.

Or le problème, comme le montre aussi l’analyse historique, est surtout institutionnel. Il faut que l’ensemble des universités définisse institutionnellement le cadre technologique de recherche et de présentation de la recherche universitaire.

Une telle décision multiplierait la connaissance nouvelle qui se produit par les universités car elle exploiterait de manière créative la nouvelle technologie.

Au prochain chapitre seront présentés en détail les problèmes techniques que présente la représentation imprimée du travail de la thèse et sera formulée une proposition spécifique pour sa mise en niveau. Sur la base de cette proposition sera créé un prototype, un modèle par lequel sera soutenue la présente thèse.

Deuxième Partie: Eléments historiques. Les aventures de l’homme dans son effort de contrôler l’ensemble de la connaissance. L’« Art de la Mémoire »

2.1 Mécanismes de mémoire et l’évolution de l’enregistrement de la

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