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Distribution géographique des principales espèces vectrices

Toutes les espèces de glossines sont des vecteurs cycliques potentiels des trypanosomes ; toutefois, seules quelques-unes d’entre elles sont des vecteurs importants des trypanosomes infectieux pour l’Homme et les animaux en raison des particularités de leur aire d’extension et de leur comportement. La transmission des trypanosomes infectieux pour l’Homme se fait principalement à l’occasion de contacts étroits. En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, les espèces riveraines sont donc les plus importants vecteurs des trypanosomes infectant l’Homme. T. b. gambiense est transmis par les espèces du sous-genre Nemorhina : principalement G. fuscipes fuscipes, G. f. quanzensis, G. palpalis gambiensis et G.

p. palpalis. En Afrique de l’Est, T. b. rhodesiense est principalement transmis par les espèces de savane appartenant au sous-genre Glossina s.tr. et également par G.

fuscipes (du sous-genre Nemorhina) au Kenya et en Ouganda.

Inversement, presque toutes les espèces de tsé-tsé sont infectées par des trypanosomes infectieux pour les animaux, mais ce sont les espèces de savane qui sont les principaux vecteurs de la trypanosomose du bétail. Toutes les espèces peuvent donc être infectées par des trypanosomes, mais seules quelques-unes seront des vecteurs de la maladie. En outre, le rôle des tsé-tsé du sous-genre Glossina se trouve réduit du fait que le développement humain fragmente de plus en plus leur habitat et en Afrique de l’Ouest, elles sont remplacées par les espèces riveraines (8,22). C’est ainsi par exemple, que G. morsitans submorsitans est remplacée, en tant que vecteur de la nagana, par G. p. gambiensis et G. tachinoides.

Les espèces du groupe fusca sont également en voie de disparition par suite de la dégradation de la forêt due à la pression humaine, comme c’est le cas par exemple en Côte d’Ivoire, et elles sont remplacées par les très dangereux vecteurs de l’espèce G. palpalis.

4.6.1 Espèces vectrices du sous-genre Nemorhina

(a) Glossina palpalis

L’aire de répartition des deux sous-espèces G. p. gambiensis et G. p. palpalis longe la côte atlantique du Sénégal à l’Angola (Figure 4.1). G. p. gambiensis est présente dans la végétation riveraine (forêts galeries des réseaux hydrographiques en savane sèche et

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humide, écotypes guinéen et soudano-guinéen) du Sénégal au Bénin, alors que G. p. palpalis prédomine dans les forêts dégradées de la région qui s’étend de la côte à la zone de forêt ombrophile et à la zone de transition entre la savane et la forêt (23), y compris dans des habitats péridomestiques depuis le sud de la Côte d’Ivoire jusqu’en Angola. Les deux sous-espèces sont présentes dans les mangroves le long de la côte atlantique.

Les principaux habitats de Glossina palpalis spp. sont les suivants :

– végétation dense des forêts galeries où les lits des rivières en savane sont propres ;

– plantations de cacaoyers et de caféiers en zone de forêt ;

niayes, dépressions humides où existe une végétation dense accompagnée de palmiers à huile dans le nord-ouest du Sénégal ;

– vergers de manguiers et haies de salane (Euphorbia balsamifera);

– zones aux alentours d’établissements humains en secteur forestier, avec de fortes densités suscitées par la présence d’élevages de porcs ;

– villes moyennes à grandes possédant la végétation et les hôtes appropriés (parcs zoologiques et vestiges de forêt dans les principales villes africaines comme Abidjan, Conakry ou Kinshasa ;

– mangroves situées le long de la côte atlantique.

On pense que les deux sous-espèces sont les vecteurs responsables de 100 % des cas d’infection à T. b. gambiense en Afrique de l’Ouest ; elles comptent également parmi les vecteurs les plus importants de la trypanosomose animale.

(b) Glossina fuscipes

Les trois sous-espèces, G. f. fuscipes, G. f. martini et G. f. quanzensis sont présentes au Congo et dans les bassins avoisinants (entre le 8ième–9ième parallèle au nord et le 10ième –12ième parallèle au sud), du Cameroun et du Tchad aux lacs Victoria et Tanganyika (figure 4.2). Dans cette région, elles vivent dans des habitats riverains ou lacustres situés en zone de mosaïque forêt-savane. Ce sont d’importants vecteurs de la THA en Afrique centrale ainsi que dans certains pays d’Afrique de l’Est (Ouganda, Kenya, Soudan du Sud). Ainsi, G. fuscipes s.l. est le vecteur responsable d’au moins 80 % des cas notifiés de THA). Les glossines de cette espèce peuvent également transmettre la trypanosomose animale.

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4.6.2 Espèces vectrices du sous-genre Glossina s. str.

(a) Glossina morsitans

Deux sous-espèces, G. morsitans morsitans et G. m. centralis, sont présentes dans les savanes boisées d’Afrique de l’Est et d’Afrique centrale, notamment dans les forêts de miombo (où Julbernardia et Brachystegia sont les espèces végétales prédominantes) ou de mopane (zone de bois clairsemés de Colophospermum mopane) où elles peuvent constituer des vecteurs de T. b. rhodesiense (Figure 4.3).

L’autre sous-espèce, G. m. submorsitans, vit dans divers écotypes de savane boisée ainsi que dans des forêts clairsemées d’Isoberlinia doka en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Cette espèce est très sensible à la croissance de la population humaine et elle disparaît quand cette population augmente. Au Burkina Faso par exemple, G. m. submorsitans a disparu de la majeure partie du pays et ne subsiste que dans des zones protégées où la faune sauvage est encore présente, comme les parcs nationaux.

(b) Glossina pallidipes

L’aire de répartition de G. pallidipes est fragmentée et s’étend de l’Éthiopie au Mozambique (Figure 4.4). Elle est communément sympatrique avec G. m. morsitans, par exemple dans les bois de mopane de Zambie et du Zimbabwe (25). G. pallidipes est capable de transmettre T. b. rhodesiense.

(c) Glossina swynnertoni

Cette espèce vit en savane ouverte. Son aire de répartition se limite au sud du Kenya et au nord de la République unie de Tanzanie (Figure 4.5), où on la soupçonne d’être le principal vecteur de T. b. rhodesiense, en particulier dans les parcs animaliers nationaux. Ces espèces sont également d’excellents vecteurs de trypanosomes infectieux pour les animaux.

4.6.3 Espèces vectrices du sous-genre Austenina

La plupart de ces espèces se rencontrent dans des forêts épaisses, principalement en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale ; toutefois, G. medicorum vit dans les forêts galeries des savanes boisées d’Afrique de l’Ouest, G. brevipalpis dans les fourrés épais arrosés par la pluie d’Afrique de l’Est et G. longipennis dans des zones très arides (buissons épineux) ou parfois dans d’épais fourrés en bordure d’étendues d’eau, du sud de l’Éthiopie et de la Somalie jusqu’au Mozambique et dans la partie nord de l’Afrique du Sud.

Les tsé-tsé qui appartiennent à ce sous-genre ne sont pas vectrices de la THA. Elles sont par contre des vecteurs très efficaces de trypanosomes infectieux pour les animaux, mais leur importance est amoindrie par le fait que leur habitat est souvent éloigné des pâturages.

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