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Exploration outillée de quatre indices linguistiques

Chapitre 4 Empreintes de fréquence SOMMAIRE DU CHAPITRE

B. Disparition de termes

Parallèlement à la liste de termes apparus dans le TTVS, la liste des 5 termes disparus (Tableau 4.8) a été présentée aux mêmes experts. Pour cette tâche, la question posée est la suivante : les termes présentés sont-ils selon vous des termes obsolètes ou disparus du domaine de l’optique et de l’optoélectronique spatiales ? Sinon, pouvez-vous les lier à une évolution du domaine ?

Rappelons que cette liste n’est pas significative d’un point de vue statistique dans la mesure où les termes sont trop peu fréquents. Elle permet néanmoins d’évaluer certaines tendances dans l’interprétation des experts. Dans cette liste, seuls 2 termes ont un χ2 supérieur au seuil choisi pour cette recherche : Modèle Instrumental et Modèle Radiométrique Instrumental. Ce qui

est intéressant dans cet exemple est qu’il s’agit de deux variantes du même terme qui disparaissent simultanément pouvant ainsi laisser penser que le concept est devenu obsolète. Or, les experts ont été unanimes : cette double disparition n’est pas due à l’obsolescence de ce terme/concept dans le domaine mais à la disparition de projets spatiaux cités en exemple dans le cours pour lesquels ce concept est central. En effet, ces deux termes sont utilisés dans le cadre des projets Spot 1 à 4 pour lesquels ont été mis en place des modèles instrumentaux spécifiques de simulation des performances radiométriques. Dans ces projets, un soin tout particulier a été porté à ces questions et les modèles instrumentaux développés pour Spot 1 à 4 constituent des référence à citer dans le TTVS sur ces questions. Lors de la mise en place de la génération Spot 5, dès 1994, ces modèles sont devenus obsolètes et ont disparu du cours. Plus précisément, ce sont les modèles instrumentaux précis mis en place pour les projets Spot 1 à 4 qui sont potentiellement devenus obsolètes (bien que selon certains experts les modèles mis en place pour Spot servent encore de référence). Ce sont donc des instances de modèles

instrumental n’est en effet quant à lui pas du tout obsolète et reste une question primordiale

dans le domaine.

Le terme LDEF quant à lui est un exemple de disparition de projet : LDEF était un projet

américain qui a embarqué le projet français FRECOPA en 1984. Si dans la première édition du TTVS, en 1994, on mentionne encore quelques retours d’expériences sur ce projet important, le temps passant ceux-ci deviennent obsolètes et doivent laisser place à de nouveaux projets de référence. LDEF constitue donc un exemple d’obsolescence d’un projet spatial.

La disparition du terme synthèse d’ouverture optique est un cas intéressant qui illustre un autre

type de phénomène : la disparition de termes seuls. En effet, certains termes du domaine se trouvent remplacés par des variantes qui renvoient au même concept. C’est le cas du terme

synthèse d’ouverture optique qui est remplacé petit à petit par le terme synthèse d’ouverture. Cet

exemple illustre la dissociation que l’on peut être amené à faire en diachronie entre l’évolution du terme et l’évolution du concept. La proposition mentionnée au Chapitre 2 de dissocier le niveau du terme et le niveau du concept s’avère donc pertinente. Cet exemple est d’autant plus intéressant qu’il souligne la variabilité des interprétations possibles à partir d’un même indice : pour une même empreinte de fréquence, on passe de l’interprétation (souvent privilégiée) de la disparition du terme/concept à une interprétation d’évolution de la dénomination d’un concept. Il laisse également entrevoir l’existence d’autres indices linguistiques pour repérer l’évolution, ici la succession de variantes.

Enfin, l’exemple instrument imageur a été beaucoup plus difficile à traiter par les experts. Il

s’agit en effet d’un terme très générique dans le domaine et il y a trop peu d’occurrences pour mener des analyses fines de contextes qui pourraient guider leur intuition. Il semble néanmoins là encore s’agir d’un changement de dénomination : on utilise de moins en moins le terme instrument imageur dans le cours, remplacé alors par des termes plus spécifiques tels

que radiomètres imageurs ou par la variante réduite imageurs.

Bien que la variation de fréquence de ces 5 termes ne soit pas significative d’un point de vue statistique, les entretiens avec les experts tendent à confirmer le fait qu’une même empreinte

peut être associée à différentes interprétations. Ainsi, la disparition de ces termes peut être potentiellement liée à :

- un changement de dénomination (synthèse d’ouverture, instrument imageur),

- l’obsolescence du concept (LDEF),

- l’obsolescence d’une instance du concept (modèle instrumental).

Sur la base de ces premiers éléments, les mêmes entretiens sont mis en place sur le corpus DORIS. Comme indiqué au Chapitre 3 (§3.2.2.2, p.88), ce corpus est un corpus diachronique comparable, mais assez différent du corpus TTVS : il s’agit en effet d’un corpus projet, d’un degré de spécialité plus haut et découpé en deux sous-corpus seulement. Bien qu’il s’agisse d’un petit corpus, les observations de l’indice de fréquence permettent de compléter ou de nuancer les remarques établies dans le corpus TTVS.

4.3.1.2 Corpus DORIS

Le corpus DORIS est divisé en deux sous-corpus qui correspondent aux première et troisième générations de l’instrument DORIS. Dans le cas de l’hypothèse d’apparition, le corpus d’exclusion est donc le corpus le plus ancien (Gen1) et le corpus de référence est plus récent (Gen3) (Tableau 4.9). Dans le cas de l’hypothèse de disparition, le corpus d’exclusion est le plus récent et le corpus de référence est le plus ancien (Tableau 4.10).

Fréquence dans les sous-corpus

Forme Gen1 Gen3

terminal de transfert 0 92

TCH 0 49

télégestion 0 39

visibilité 0 34

IHM 0 18

Fréquence dans les sous-corpus

Forme Gen1 Gen3

touche 68 0

afficheur 64 0

appuyer 49 0

appuyer sur touche 33 0

afficheur indiquer 25 0

Tableau 4.10 – Exemples de termes disparus (DORIS)

Au total dans le corpus DORIS, avant l’application du χ2, 301 termes apparaissent et 210 disparaissent. Par rapport au corpus TTVS, une nette différence se dessine : alors que 12% des termes extraits dans le TTVS sont concernés par les empreintes d’apparition/disparition, plus de 54% des 937 termes retenus dans le corpus DORIS apparaissent/disparaissent. De plus, alors que dans le TTVS une plus grande proportion de termes apparaît, les proportions sont beaucoup plus équilibrées dans DORIS : 59% des 511 termes apparaissent, contre 41% qui disparaissent. Dans la mesure où les deux sous-corpus DORIS sont équilibrés d’un point de vue quantitatif, on peut dire que la terminologie du projet DORIS, telle qu’elle est reflétée dans les rapports de spécification, reste assez équilibrée dans le temps. D’un point de vue qualitatif cependant, le fait qu’il y ait presque autant de termes qui disparaissent que de termes nouveaux laisse potentiellement envisager un certain « renouvellement » de la terminologie du projet.

Une fois le χ2 appliqué76, 18 termes apparus et 9 termes disparus sont jugés statistiquement significatifs. Comme les Tableau 4.11 et Tableau 4.12 l’illustrent, les valeurs du χ2 obtenues sont beaucoup plus significatives que dans le cas du TTVS (Tableau 4.7). Ceci semble indiquer que les empreintes d’apparition/disparition dans le corpus DORIS sont beaucoup plus marquées que dans le cas du TTVS.

76Comme dans le cas du TTVS, et sur une suggestion de N. Ménard, les termes significatifs retenus le sont sur la base du χ2 et d’une limite de fréquence pour assurer la significativité du test. Pour le corpus DORIS, la limite imposée est de 20 occurrences dans l’ensemble du corpus. Notons que sans cette limite de fréquence, 78 termes apparus et 67 termes disparus seraient significatifs selon le test du χ2 « brut » dans DORIS.

Forme DORISGen1 DORISGen3 χ2 terminal de transfert 0 92 84,277 blocs 0 76 69,137 configuration 0 71 64,419 CCD 0 50 44,675 TCH 0 49 43,738 contexte 0 41 36,249 télégestion 0 39 34,38 acquittements 0 38 33,445 TLG 0 38 33,445 fichier 0 35 30,644 visibilité 0 34 29,711 reçus 0 33 28,778 TLGP 0 32 27,846 module de gestion 0 26 22,257 logiciel 0 22 18,539 LSB 0 22 18,539 CCI 0 22 18,539 créneau 0 21 17,611

Tableau 4.11 – 18 « Candidats néologismes » significatifs (χ2 ≥ 6,635 et freq ≥ 20) – DORIS

Forme DORISGen1 DORISGen3 χ2

touche 68 0 72,043

afficheur 64 0 67,647

appuyer 49 0 51,206

opérateur appuyer 33 0 33,747

appuyer sur touche 33 0 33,747

VAL 32 0 26,136

opérateur appuyer sur

touche 26 0 26,136

afficheur indiquer 25 0 25,05

touche VAL 22 0 21,795

Tableau 4.12 – 9 « Candidats obsolètes » significatifs (χ2 ≥ 6,635 et freq ≥ 20) – DORIS

A. Apparition de termes

Sur la base de ces listes de termes, la même consigne que dans le cas du TTVS est proposée à l’expert DORIS impliqué dans cette tâche. La liste de 18 termes apparus présentée dans le Tableau 4.11 permet de dégager plusieurs tendances dont la diversité confirme l’hétérogénéité des interprétations observées pour le corpus TTVS. Rappelons également que

discussions d’un expert à l’autre pour développer leur sentiment sur l’évolution (cf. Chapitres 9 et 10).

Dans cette liste, les termes visibilité et créneau, renvoient à l’apparition d’une nouvelle

fonctionnalité présente dans l’instrument DORIS de troisième génération. En effet, entre 1990 et 2000, de nouveaux besoins sont apparus dans le spatial qui ont entraîné le développement d’une fonction d’émission dite sur visibilité satellite. Il s’agit d’un mode d’émission dans lequel

la balise n’émet que lorsqu’elle rentre en contact avec certains satellites spécifiques (et non

plus en continu comme cela était le cas dans la première génération). La balise n’émet alors que dans certains créneaux d’émission autorisée. Cet aspect de l’évolution de DORIS est

important dans la mesure où il permet de souligner la « relativité » de la notion de nouveauté. En effet, si d’un point de vue terminologique la nouveauté est généralement relative à un domaine de connaissance et permet de travailler sur la néologie, dans ce contexte précis elle est relative à un projet. Cet aspect doit être mis en lien avec la notion de

domaine d’activité proposée par De Bessé (2000) et présentée au Chapitre 2 (§2.1.1.3, p.45). En

effet, le corpus DORIS est un corpus relatif à un projet, une activité précise. De fait, la nouveauté que l’on rencontre dans ce cadre peut n’être relative qu’à cette activité, comme dans l’exemple de visibilité satellite. Dans ce cas, il est difficile de parler de néologie dans la

mesure où, du point de vue des connaissances générales dans le domaine spatial, ce terme/concept n’est pas néologique et peut se retrouver dans d’autres contextes plus anciens. Pour cette raison, dans la mesure où ces cas présents dans le corpus DORIS renvoient à la mise en place de fonctionnalités techniques, nous ne parlerons pas de néologie mais de l’apparition de nouvelles fonctionnalités.

Dans ce corpus, une autre tendance d’évolution s’est dégagée nettement : en effet, dans la liste des 18 termes proposés, 10 ont été mis en lien par l’expert avec les progrès de l’informatique. Ces 10 termes, blocs, configuration, TCH, contexte, télégestion, TLG, fichier, reçus, TLGP, module de gestion et logiciel, appartiennent à la terminologie de l’informatique et

indiquent des progrès techniques et technologiques qui se répercutent dans le fonctionnement de l’instrument DORIS. Dans cette liste cependant, les termes/concepts blocs, contexte et reçus sont des termes très généraux et n’ont pu être traités par l’expert que dans la

mesure où les contextes dans lesquels ils apparaissent les lient avec les avancées informatiques. Par exemple, blocs est utilisé dans des syntagmes tels que bloc de téléchargement, blocs de TCH, blocs à télécharger, blocs de télégestion, contextes dans des syntagmes tels que contextes de téléchargement, fichiers de contextes et de même pour reçus (téléchargements reçus, fichiers reçus, contextes reçus, etc.). La présence de ces termes souligne la très forte expansion

que connaît le domaine informatique, domaine qui revêt un caractère « transversal » : il s’agit d’un domaine technique mis à contribution dans de nombreux autres domaines. Les progrès de l’informatique se répercutent donc inévitablement dans d’autres domaines et applications. Le projet DORIS a lui aussi bénéficié des développements et progrès informatiques dont les bénéfices se retrouvent dans sa terminologie.

L’apparition du terme terminal de transfert fait émerger encore un autre type d’évolution : une

évolution de la documentation du projet. À l’époque de la première génération DORIS, les documents de spécification ne détaillaient pas la question du terminal de transfert dans le

corps des documents mais en annexes. Dans la mesure où il s’agit d’un élément central de l’instrument, dans la troisième génération cette question est ramenée dans le corps des rapports de spécification. De fait, ce terme renvoie à un concept qui existe depuis le début de la mise en place de DORIS, mais qui n’apparaît que dans les rapports de spécification de la 3ème génération. L’évolution en jeu ici est donc due à la fois au choix du corpus construit pour cette recherche (en particulier le choix de ne pas sélectionner les annexes), ainsi qu’à un changement dans la structure des documents de référence du projet.

Enfin, l’apparition du terme CCD illustre un aspect également rencontré dans le TTVS :

l’apparition de variantes de termes. Ainsi, l’apparition de CCD est en fait une variante du

terme CDC préféré dans la génération 1 pour désigner le centre de contrôle DORIS.

Notons pour terminer que, pour 3 des termes apparus de la liste, l’expert n’a pu porter de jugement : CCI, LSB et acquittements. Pour chacun d’entre eux, il a semblé à l’expert qu’ils

auraient pu apparaître dès la première génération, mais il n’a pu développer plus ce sentiment. Ceci est en partie dû au fait que pour l’ensemble des 18 termes présentés, quatre

être regroupés et liés. Les trois termes non classés n’ont pu y être clairement associés, ce qui a mené l’expert à être prudent dans son jugement.

Bien que le corpus DORIS soit très différent du corpus TTVS, une même tendance se confirme : pour une même empreinte de fréquence, plusieurs interprétations d’évolution existent. Cependant, les interprétations proposées dans DORIS sont légèrement différentes de celles du TTVS. Dans le projet DORIS, l’apparition de termes peut être liée notamment à :

- l’apparition d’une variante (CCD),

- l’influence des progrès d’un domaine connexe (téléchargement, fichiers, etc.),

- la modification de la structure de documents de référence (terminal de transfert),

- l’apparition d’une nouvelle fonctionnalité de l’instrument (visibilité, créneau).

De plus, une autre caractéristique importante du corpus DORIS semble être la tendance des termes apparus à pouvoir être regroupés dans un même mouvement d’évolution. Mais avant de détailler ce phénomène, il convient de décrire les termes disparus afin d’observer si ces tendances se confirment dans le corpus.

B. Disparition de termes

Parallèlement à la liste des termes apparus, la liste des termes disparus est proposée à l’expert. Pour cette tâche, la même consigne a été donnée que pour le TTVS. Dans cette liste, l’expert a proposé de regrouper les termes en deux séries.

Une première série de termes réunit des éléments obsolètes disparus sur l’instrument. Dans ce cas, les concepts renvoient à des éléments de la génération 1 que l’on ne retrouve pas dans la génération 3 : touche, afficheur, touche VAL. Comme dans le cas de Modèle Instrumental décrit supra pour le TTVS, le concept touche n’est pas obsolète, mais l’instance présente sur la

première génération l’est : il n’y a plus de touche VAL sur les nouvelles balises. Dans le cas d’afficheur par contre, c’est bien le concept qui est obsolète, remplacé par le concept plus

moderne écran (cf. §7.3.4, p.243 et §9.1.3, p.281).

La seconde série proposée regroupe des termes disparus qui peuvent être mis en lien avec la série précédente. En effet, la disparition d’éléments obsolètes entraîne la disparition d’actions

ou d’événements qui leur sont liés. Ces actions ne peuvent plus être réalisées et disparaissent à leur tour de la terminologie du projet DORIS. Il s’agit de appuyer, opérateur appuyer, appuyer sur touche, opérateur appuyer sur touche, afficheur indiquer.

Ces deux regroupements, dégagés nettement par l’expert interrogé, indiquent que dans le corpus DORIS les termes apparus/disparus tendent bien à évoluer de concert, élément que l’on n’a pu observer dans le corpus TTVS, pourtant plus gros. Encore une fois, les interprétations d’évolution sont multiples et nous pouvons mettre en lien la disparition de termes du corpus DORIS avec notamment :

- la disparition d’instances obsolètes (touches),

- la disparition de concepts obsolètes (afficheur),

- la disparition d’actions ou d’événements liés à la disparition d’instances ou de concepts (appuyer, position).

4.3.1.3 Synthèse

Les descriptions proposées pour chacun des corpus permettent de souligner plusieurs aspects importants quant à l’analyse de l’évolution des connaissances à partir de corpus.

Le premier élément à souligner, et qui n’est que rarement mentionné dans la littérature, est la multiplicité des interprétations d’évolution à partir de corpus. Dans le cas de l’indice de fréquence, pour une même empreinte, les experts ont pu associer différentes interprétations telles que la néologie, le rappel de termes/concepts anciens pour décrire des évolutions, l’apparition de nouvelles fonctionnalités, le développement d’un domaine connexe, l’apparition de variantes de termes, la mise en place de projets, la modification de la structure des documents, etc. De plus, dans la mesure où les observations menées dans cette recherche ne le sont que sur deux corpus assez petits et – à ce stade de notre étude – sur un seul indice, ces diverses interprétations pourront être complétées par d’autres aspects susceptibles d’intervenir dans l’évolution des connaissances d’un domaine.

évoluer sans que cela implique un changement conceptuel. De la même manière, à l’évolution du terme et du concept doit être ajouté un troisième niveau d’évolution : celui des instances de concepts. En effet, dans les cas de Modèle Instrumental (TTVS) et touche VAL (DORIS) il ne

s’agit ni de la disparition/obsolescence d’un terme/concept ni de celle d’une dénomination mais de la disparition/obsolescence de l’instance d’un concept présente dans un projet ou sur un instrument donné.

Le troisième élément que l’on peut établir est que le type de corpus semble avoir une influence sur les observations possibles. En effet, la comparaison de l’indice de fréquence entre le corpus TTVS et le corpus DORIS montre au moins deux différences. Premièrement, l’indice de fréquence semble beaucoup plus marqué dans le corpus technique DORIS que dans le corpus didactique TTVS : les valeurs χ2 sont plus fortes et les termes/concepts apparus et disparus sont susceptibles d’être regroupés massivement par les experts dans des séries d’évolution homogènes. Deuxièmement, les évolutions repérables dans DORIS sont principalement des évolutions techniques et fonctionnelles dans la mesure où la représentativité du corpus ne se situe pas au niveau d’un domaine de connaissance (comme c’est le cas pour le TTVS) mais au niveau d’un domaine d’activité. Nous l’avons vu avec l’exemple de visibilité satellite, cet aspect est susceptible de se répercuter sur la question de la

néologie : il pourra en effet être plus difficile de parler de néologie dans un corpus projet où les évolutions se concentrent sur un domaine d’activité que dans un corpus représentatif d’un domaine de connaissance.

Quoiqu’il en soit, à ce niveau, on ne dispose que de trop peu d’informations pour véritablement généraliser ces éléments, mais ils constituent des pistes et des tendances très riches à partir desquelles poursuivre l’observation.

Pour finir, revenons sur un autre élément essentiel dans notre recherche : la collaboration avec des experts dont nous avons questionné ici le sentiment sur des termes identifiés en corpus grâce aux empreintes de fréquence. À travers ces premiers entretiens, une tendance est apparue : dans le cas du TTVS, où il n’est pas possible de regrouper massivement les termes en séries d’évolution, les experts ont été obligés de proposer des analyses locales pour chacun des termes isolés de la liste. Cette manière de proposer une interprétation est

beaucoup plus délicate pour eux que dans le cas de DORIS où les termes sont regroupables en séries. En effet, le fait de pouvoir traiter des séries de termes permet de proposer une interprétation globale sur un mouvement d’évolution et d’asseoir ainsi leur sentiment sur l’évolution du domaine.

Pour tenter de développer cet aspect et offrir un second point de vue sur l’indice de fréquence, la prochaine section propose l’analyse de formes chrono-homogènes dont l’intérêt