3.2 Terthiophènes
3.2.2 Discussion
Nous discutons, ci-dessous, des propriétés thermotropes en fonction des
paramètres structuraux des molécules, à savoir : la longueur des chaînes al-
- Jcyles, la préspncp Hp br«^^<"hiyi2ggDsiA^lg_djRRyTriétHsatinn des molécules.
Pour commencer intéressons-nous aux températures de transition et, dans
un premier temps plus particulièrement aux molécules 5a à 5d, dont les
chaînes alkyles sont linéaires. Les températures de transitions sont reprises
dans le graphique 3.7. On constate que pour chaciue carbone supplémentaire
sur la chaîne alkyle, il y a globalement une augmentation des températures
3.Propriétés thermotropes
de transition. Cette observation peut être mise en parallèle avec l’évolution
des températures de transition des alcanes. Pour ces derniers, chaque CH^
supplémentaire provoque l’augmentation de la températures de fusion (voir fi
gure 3.2). Cependant, la température de la transition SmG/H vers SmF baisse
de 10°C entre le 5,5"-diheptylterthiophène 5b et le 5,5"-dioctylterthiophène
5c, ce qui est contraire aux observations pour les autres transitions. Aucune
explication à cette différence n’a pu être trouvée.
95 90- 85-ü 80-
75-d>
3
(D
.fc 70Q.
0
65 I- 60- 55-50 6,0 ♦ T ▲ ♦▼
^ Cr vers SmG/H
• SmG/H vers I
^ A SmG/H vers SmF
▼ SmF vers SmC
♦ SmC vers 1
- Cr vers SmF
--- 1--- '--- 1--- '--- 1--- '--- 1--- '--- T" 7,0 8,0 9,0Nombre de carbones
Fig. 3.7 - Graphique des températures de transition pour chaque dialkylter-
thiophène 5a-d en fonction du nombre de carbones par chaîne alkyle greffée.
Les enthalpies de transition montrent une tendance à augmenter avec le
nombre d’atomes de carbone (graphique 3.8). L’enthalpie de la transition
entre la phase cristalline et la première phase smectique (SmG/H ou SmF)
prend des valeurs entre 13.6 et 29.3 kJmol“^. Par contre les enthalpies de
A ▼
♦
Cr vers SmG/H
SmG/H vers I
SmG/H vers SmF
SmF vers SmC
SmC vers I
Cr vers SmF
♦ ♦ ♦ A A ▼ T---1---- '----
1---'---1---7,0 8,0Nombre de carbones
Fig. 3.8 - Graphique des enthalpies de transition des composés 5a-d en
fonction du nombre de carbones par chaîne alkyle greffée.
transition entre phases smectiques sont de l’ordre de quelques kJmol“^, de
même que pour l’enthalpie associée à l’isotropisation ( voir tableaux 3.3).
Ces résultats s’alignent sur ceux de la littérature pour d’autres mésogènes
calamitiques formant des phases smectiques [73].
Les entropies ont été calculées à partir des enthalpies et des températures
-de transit ions ta,blea,u.3JLj5L figure _3.9)_. Nqusp^uyojrs regrouper les
transitions en trois catégories en fonction de la valeur de leur entropie. La
transition entre la phase cristalline et la première phase smectique apparais
sant en augmentant la température présente une entropie de transition entre
42.2 et 86.2 Jmol“^K“L L’entropie des transitions entre phases smectiques
varie entre 2.2 et 9.4 Jmol“^K~^. La transition conduisant à une phase
iso-3.Propriétés thermotropes
85-
80-
75-
70-
65-
60-
^55-
Ô 50-
ë 45-
- 40-
35-
30-
25-
20
-15-
10-5-
0-CO
<J
■ CrversSmG/H
■ SmG/H vers I
■ SmG/H vers SmF
■ SmF vers SmC
■ SmC vers 1
■ Cr vers SmF
Cr vers I
T--- '--- 1--- '--- 1---' T7 8 9 10
Nombre de carbones
Fig. 3.9 - Graphique des entropies de transition des composés 5a-d en fonc
tion du nombre de carbones par chaîne alkyle greffée.
trope présente une entropie entre 14.9 et 32.0 Jmol'‘^K“F La somme des
entropies des transitions conduisant de la phase cristalline à la phase iso
trope augmente logiquement avec le nombre d’atomes de carbone par chaîne
alkyle latérale. Elle est respectivement de 74.0, 85.3, 93.9 et 119.6 Jmol~^K“^
pour les composés 5a-d. Il n’y a apparemment pas de relation mathématique
simple entre ces deux paramètres.
Le nombre de transitions étant un facteur important, nous allons nous
intéresser à son évolution en fonction de la longueur de la chaîne alkyle
(voir tableau 3.3). Pour les composés possédant des chaînes alkyles courtes
comme le 5,5”-dihexylterthiophène 5a, la fluidité apportée par la présence
des chaînes alkyles est assez restreinte, la seule phase cristal liquide obser
vée pour ce composé est une phase smectique G/H aussi appelée “cristal
G/H”, ce type de phase est très proche d’une phase cristalline (voir figure
1.21). Lorsque l’on passe à des longueurs de chaînes plus élevées comme pour
le 5,5'-dinonylterthiophène 5d, il y a disparition de la phase SmG/H, la
première phase cristal liquide est une smectique F dont l’ordre au sein des
plans smectiques est plus faible que pour la SmG/H. Plus on augmente la
longueur des chaînes plus le système sera fluide et donc il est logique d’ob
server la disparition de phases très organisées telle que la SmG/H. De plus,
pour ces composés 5b-d, on observe la présence d’une phase cristal liquide
smectique pour laquelle les molécules ne possèdent plus d’ordre de position
au sein des plans smectiques; il s’agit de la phase SmC (voir figure 1.21).
Le raisonnement inverse peut être fait, pour les phases les moins organisées,
pour le 5,5"-dihexylterthiophène 5a, les phases SmC et SmF sont absentes,
la longueur des chaînes greffées étant trop courte (6 carbones), la fluidité du
système est fortement réduite.
Jusqu’ici, il n’a été question que de l’évolution des propriétés thermo
tropes en fonction du nombre d’atomes de carbone dans les chaînes alkyles
latérales. Intéressons-nous maintenant à la présence de chaînes alkyles bran
chées par des méthyles. Selon les résultats décrits pour les alcanes, la pré
sence de branchement (s) a pour effet de diminuer la température de fu
sion (voir graphique 3.2)“^. Les résultats obtenus pour les composés 5,5'-
di(2-méthylhexyl)terthiophène 5f et 5,5"-di(3,7-diméthyloctyl)terthiophène
5e concordent avec ceux des alcanes. OiTconstaté”une diminutioinieLte des
^La tendance générale à une diminution du point de fusion des alcanes avec la présence
de branchements illustrée dans le graphique 3.2 et commentée par Israelachvili dans la
référence [121], souffre néanmoins d’exceptions notables. Un exemple flagrant est constaté
en comparant le point de fusion du n-octane (-57 °C), avec celui de l’hexaméthyléthane qui
ne fond qu’à 94 —97°C. De toute évidence, la tendance générale observée de l’abaissement
du point de fusion ne s’applique qu’à des alcanes dont le nombre de branchements reste
modeste par rapport aux nombre de carbones en chaîne linéaire.
3.Propriétés thermotropes
températures d’isotropisation. L’introduction d’un méthyle en position 5 des
chaînes latérales du composé 5f induit une diminution modeste de la tempé
rature d’isotropisation , 3°C, par rapport au composé 5a pris comme réfé
rence. La présence de deux méthyles en positions 3 et 7 des chaînes latérales
du composé 5e induit une dépression sensible de la température d’isotropi
sation, par rapport au composé 5c.
Une partie de l’effet marqué du méthyle en position 3 dans le cas de 5e
provient du fait que ce composé est un mélange de trois stéréoisomères (voir
figure 3.10). Vu que les centres stéréogéniques sont éloignés, il est raisonnable
de penser que la composition de 5e est statistique : meso 50%, R,R 25%, S,S
25%.
F
ig. 3.10 - Stéréoisomères du composé 5e ; 5e S,R ou R,S est un composé
méso optiquement inactif, 5e S,S ou R,R sont des énantiomères.
modeste qu’est l’introduction d’un ou deux méthyles sur les chaînes alkyles
des composés 5e-f induit la disparition des phases cristal liquides. Nous
n’avons pas d’explication à ce phénomène. D’antant plus que rien parmi
les valeurs des enthalpies et entropies de transition ne permet de vraiment
différencier les composés 5a-d et 5e-f.
Par rapport aux molécules 5a-f, les molécules 7a-c présentent en plus
une dissymétrie qui est responsable de la diminution des températures de
transition. L’évolution des enthalpies et des entropies de transition pour les
composés dissymétriques semble beaucoup plus difficile à rationaliser. Com
parons dans un premier temps des molécules qui possèdent le même nombre
d’atomes de carbone dans les chaînes alkyles, c’est-à-dire 5b et 7a (14 atomes
de carbone) et 5d et 7c (18 atomes de carbone). Nous constatons une di
minution de la température d’isotropisation de 14 °C pour 7a par rapport
à 5b. Par contre l’apparition de la première phase cristal liquide se produit
à la même température de 52 °C. Il est à noter que 7a et 5b ont le même
nombre de carbones moyens par chaînes alkyles mais ces composés diffèrent
par leur symétrie. Il en va de même pour 7c et 5d qui en plus se caracté
risent par des chaînes latérales de volume différent à température ambiante
V3= 300Â^ et V4= 244Â^ pour 7c et V5= 271Â^ pour 5d (voir figure 3.11)
La température d’isotropisation et la température d’apparition de la pre
mière phase cristal liquide sont notoirement plus basses pour 7c que pour 5d.
5
VCH, = 26.5616 4- 0.02023r (3.5)
Vch3
= (27.14
-H0.01713T -)- O.OOOdlSlT^) -|- V
ch2 (3.6)
^chaîne
= nVcH2 + mVcHs (3.7)
OÙ
T est la température (en degrés Celsius),
ii= le nombre de CII
2dams la chaîne et m
= le nombre de CH^ dans la chaîne Le volume du groupement CH est de 1 ou 2 et ne
dépend pas de la température en première approximation. Il est négligeable par rapport
aux volumes des CH
2et CH^ calculé par dilatométrie [130].
3.Propriétés thermotropes
Comparons dans un second temps des molécules qui possèdent un nombre
d’atomes aliphatiques différent. L’ajout d’un méthyle en position 5 d’une
des deux chaînes hexyles, dans la molécule 7b n’aura pas beaucoup d’effet
sur la température d’istropisation (81 °C) par rapport à 5a (80 °C), l’effet
intéressant de cette dissymétrisation est la diminution de la température de
la première phase cristal liquide (de 51 °C à 34°C). La différence de volume
d’une chaîne 5-méthylhexyle (Vi= 218A^) par rapport à une chaîne hexyle
(V2= 190Â^) est pourtant faible. La troisième molécule dissymétrique 7c,
a une température d’isotropisation {Tiso = 43 °C) nettement plus basse que
7a et 7b. Cela peut être attribué du moins en partie, au fait que 7c est un
mélange racémique. La comparaison des valeurs des enthalpies et des entro
pies de transition des composés 7a-c, 5a,b et 5d ne permet pas de tirer des
conclusions particulières. Nous notons cependant une phase métastable pour
le composé 7c qui conduit à une transition monotrope endothermique ( AH=
5.11kJ mol“^) ciui consiste en le passage d’une phase cristalline (Cri) vers
une autre phase cristalline (Cr2).
Parmi les modifications structurales réalisées sur les dialkylterthiophènes,
il apparaît que l’utilisation conjointe de la dissymétrisation et du branche
ment des chaînes latérales est nécessaire pour amener la température d’appa
rition de la première phase cristal liquide proche de la température ambiante.
Nous concluons, de cette section sur les propriétés thermotropes des ter-
thiophènes substitués en position a. et a; par des chaînes alkyles, que les
températures et enthalpies de transition se corrélent de manière non évi
dente avec la structure moléculaire, même au sein d’une série homologue.
De subtiles différences structurales comme l’ajout d’un méthyle ou d’un mé
thylène induisent des modifications majeures des propriétés thermotropes.
Cette conclusion s’étend aussi à la nature des phases observées. L’absence
Fig. 3.11 - Comparaison des différences géométriques des composés dissymé
triques 7a-c avec leurs analogues symétriques 5a-d. A) Longueur des chaînes
alkyles différentes, B) Volume des chaînes alkyles différent, C) Longueur et
volume des chaînes alkyles différentes. AL 1.5Â, Vi = 218Â^ , V2 = 190Â^
, V3 = 300Â, V4 = 244Â^ , V5 = 27lÀ^ . Les volumes sont calculés grâce
aux équations 3.5, 3.6 et 3.7 en considérant T=25°C.
de phase cristal liquide pour les composés symétriciues branchés 5e-f est
particulièrement frappante.
3.Propriétés thermotropes
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