• Aucun résultat trouvé

Selon Villar92 Le discours peut prendre plusieurs interprétations, les dictionnaires ont tendances à relier le terme « discours » à la notion de « texte ». Sur le plan formel ceux-ci s‟intéressent à l‟oralité invoquant une communication publique sur un sujet spécial comme par exemple un discours électoral, une allocution à l‟ONU93

, etc. Ce terme fait référence aussi à un essai littéraire ou bien philosophique.

92 C. Villar, Le discours diplomatique Paris, Éd. L‟Harmattan, coll., Pouvoirs comparés, 2006, p. 65

57

Pour ce qui est du champ de la linguistique, le discours peut être associé à un ou différents énoncés dont le but est de réaliser la langue à travers leur enchainement, concevant ainsi un code linguistique virtuel. De ce fait, le discours manifeste une pensée et un raisonnement.

Le discours peut qualifier aussi un style, c‟est-à-dire, la façon de retransmette une expérience. Il peut aussi envelopper une posture ou une idéologie édifiée dans les discours d‟un parti politique, d‟un individu ou encore d‟un collectif détenteur d‟un pouvoir. C‟est à partir de tous ces éléments qu‟il faudra bien faire la distinction entre les discours comme (variantes de réalisation) et le discours comme (type d‟énonciation).

L‟approche sémiotique, pour sa part, conçoit le discours comme le produit d‟un procès de sélection qui maintient des éléments à divers plans de profondeur du dispositif signifiant et de leur émission sur le pôle syntagmatique. Louis Panier, définit le discours comme étant « une interaction entre la dimension figurative (descriptive) et thématique (catégorisante) du langage »94. Dans la même optique, il serait mieux de privilégier une certaine manière d‟appréhension langagière à plusieurs plans de saisie, au lieu de cibler un horizon d‟investigation restreint, Villar estime qu‟un discours

« (…) peut alors être un positionnement dans un champ discursif qui exprime un système de valeurs. Il peut encore être un type lié au langage d‟un corps professionnel, ou un ensemble de productions de catégories de locuteurs sociaux (produit par le « sens commun »), ou enfin l‟expression d‟une fonction du langage (polémique, pamphlétaire, prescriptive, normative, persuasive, prédictive, émotive, épique…) » 95

De l‟intérieur des couches d‟un « feuilleté » aux capacités et aux degrés multiples, jaillit l‟idée de conception d‟un mécanisme. Le discours prétend l‟articulation langagière sur des éléments extralinguistiques et ne peut être l‟objet d‟une approche exclusivement linguistique. En effet, le discours est avant tout, le produit d‟une interaction complexe entre différents sujets indépendants dans des liens de sens. De ce fait, deux visions de la communication sont en général maintenues, à savoir l‟approche traditionnelle représentée par Shannon et Weaver et qui se focalise principalement sur la diffusion de message, dont le schéma fondamental est défini ainsi

94 L. Panier, cité dans C. Villar, Le discours diplomatique Paris, Éd. L‟Harmattan, coll., Pouvoirs comparés, 2006, p. 65

95

58

« Toute communication suppose (...) une source, distincte ou non d‟un émetteur (…), qui code dans un message la signification (…). Le message ainsi constitué est transmis par un support matériel (…), canal de transmission vers un récepteur qui déchiffre ou décode le message dans l‟état où il le reçoit (après pertes et brouillages éventuels dus au bruit) et en tire ainsi sa propre version ou signification (version du destinataire) »96

Les recherches de communication qui reposent sur ce modèle s‟adonnent à détailler et à analyser la réussite ou l‟échec de la diffusion, de même que la démarche structuraliste qui tente d‟étudier « l‟articulation » entre le texte et une « réalité ».

La deuxième vision de la communication est celle de l‟approche constructiviste qui s‟appuie particulièrement sur les représentations et les phénomènes d‟ « étiquetage ». Le sens est alors perçu tel qu‟un mécanisme en activité produit par le biais d‟une interaction entre un texte et un public, ou alors entre un nombre indéterminé de textes (inter-discursivité).

Chaque objet social est discerné comme le résultat d‟un rapport marqué par un mouvement d‟informations qui va identifier les faits des agents. De ce fait, le discours devient « un complexe culturel qui dépasse les comportements et les paroles en tant qu’objets

isolés les uns des autres. Il est ainsi porteur d’un sens global, contextualisé, fonctionnel et structuré : on peut parler d’« agir communicationnel » dans les systèmes sociaux »97

Dominique Maingueneau et le philosophe Frédéric Cossutta parlent de « discours constituants » dans lesquels, l‟énonciateur s„exerce tel qu‟un mécanisme de légitimation de l‟espace de son énonciation. Ils ajoutent que

« Les discours concernés (religieux, scientifique, philosophique, juridique,

littéraire) partagent un certain nombre de propriétés quant à leurs conditions d‟émergence et de fonctionnement énonciatif. Ils sont à la fois auto-constituants et hétéro-constituants : seul un discours qui se constitue en thématisant sa propre constitution peut prétendre jouer un rôle constituant à l‟égard d‟autres discours »98

Pour eux, les discours constituants tels que le religieux, le philosophique, le scientifique, le juridique, le littéraire…etc. partagent tous une position fondatrice où sont fortement

96

C. Villar, Le discours diplomatique Paris, Éd. L‟Harmattan, coll., Pouvoirs comparés, 2006, p. 65

97 J. Habermas, cité dans C. Villar, Le discours diplomatique Paris, Éd. L‟Harmattan, coll., Pouvoirs comparés, 2006, p. 66

98 D. Maingueneau, F. Cossutta, cité dans C. Villar, Le discours diplomatique Paris, Éd. L‟Harmattan, coll., Pouvoirs comparés, 2006, p. 66

59

associés « la constitution discursive des opérations énonciatives par lesquelles s’institue le

discours, qui construit ainsi [sa] légitimité (…) et le mode d’organisation institutionnel que le discours (…) présuppose et structure »99

Le champ de l‟analyse du discours dont l‟objet est le discours, « désigne moins un champ

d’investigation délimité qu’un certain mode d’appréhension du langage […] l’activité de sujets inscrits dans des contextes déterminés »100, en d‟autres termes, pas de discours sans contexte et vice versa. De ce fait, le contexte du discours diplomatique corrobore avec l‟espace des bureaucraties diplomatiques et les rapports qu‟entretiennes les états entre eux dans une période précise.

Subséquemment, le discours peut être assimilé comme construction sensée et articulée de messages. Il a la possibilité d‟être analysé soit en étant inscrit à l‟intérieur d‟un contexte, ou alors, renfermé sur lui-même. Pour le premier cas, le discours est pensé comme action enregistrée dans un contexte, autrement dit, les circonstances de réalisation sont déterminées par le contexte soumis.

Quant au second cas, il est une unité linguistique formée d‟un enchainement de phrases. L‟approche de la linguistique textuelle estime que le discours constitue un assortiment clos par lequel la cohésion est garantie à travers une série de moyens et de systèmes linguistiques qui conçoivent la jonction des sections internes et successives d‟un texte.

Le but de l‟analyse est alors la compréhension totale du texte qui est attachée entièrement à des connexions supposées du parcours de la pensée, en y associant des systèmes extralinguistiques. La cohérence est alors élaborée par le Co-énonciateur possédant un savoir et qui situe le thème, le genre, puis reconnait un acte langagier. Le discours est compris comme structure construite de façon arbitraire. Le langage est alors un maniement de la langue par un acte individuel d‟utilisation, pour reprendre les propos de Benveniste..