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DEVELOPPEMENT DURABLE ET VALORISATION DES PFNL, ETAT DES LIEUX EN CHIQUITANIE

3. La valorisation des PFNL dans les Terres Basses de Bolivie

3.2. L’appui à la valorisation des produits de Dipteryx alata

3.2.2. Dipteryx alata, une espèce multi-usages

Les usages potentiels de D. alata, sont nombreux : alimentaire (amande et pulpe), fourrager (pulpe et feuilles), médicinal (huile d’amande et écorce), combustible (coque du

fruit), construction (bois), etc. Seule une partie d’entre eux s’observent en Chiquitanie, comme nous le verrons dans le chapitre 7.4.

Dans le

Tableau 8 nous nous sommes employé à regrouper les usages potentiels des différents produits issus de D. alata.

Tableau 8 : Usages potentiels des différentes parties de Dipteryx alata – Élaboration propre sur la base de Sano et al. 2004

Partie de D.alata Usa ge Détail de l'usage Amande Alime n taire

 Il est déconseillé de consommer l’amande crue, car elle contient un inhibiteur de trypsine qui affecte l’absorption des aminoacides essentiels, son effet est cependant réduit avec la cuisson (Togashi et Scarbieri 1994)

 L’amande peut être consommée grillée ou bouillie ; entière, brisée ou en farine dans de nombreuses recettes moderne ou traditionnelles (gâteaux, biscuits, nougat, muesli, boissons, soupes, glaces, liqueurs, etc.). Un certain nombre de ces recettes se retrouve dans ouvrages comme celui d’Almeida (1998) ou dans des livres de cuisines brésiliens et boliviens. M éd ic in al

 L’huile d’amande était utilisée par les peuples autochtones pour ses propriétés médicinales. Elle préviendrait les rhumes et insolations, soulagerait les rhumatismes (Ferreira 1980) et présenterait aussi des propriétés sudorifiques, toniques et régulatrices de menstruation (Corrêa 1931).

 Nous avons également pu observer que l’huile d’amande est utilisée en phytothérapie au Brésil

 Les acides gras de l'amande sont à 81% insaturés et l'amande contient de l’alfa-tocoferol (5.0 mg/100g), éléments recherchés par l’industrie pharmaceutique et oléochimique (Takemoto et al. 2001).

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d

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L'huile d'amande est riche en acide oléique (Takemoto et al. 2001) recherché pour ses propriétés lubrifiantes pour cosmétiques, machines, etc.

 Selon Corrêa (1931) l'huile d'amandes aurait également été utilisée comme arome dans l'industrie du tabac.

Pulpe du fruit

Alime

n

taire

 La pulpe des fruits est consommable crue lorsque ceux-ci sont bien mûrs. Immature, ils contiennent une forte concentration en tanins qui altère leur goût et leur digestibilité (Sano et al. 2004).

 Séchée et réduite en farine, la pulpe peut également servir à l'élaboration de gâteau, liqueurs, etc.

Fo

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rra

ger

 La pulpe, riche notamment en calories, potassium et phosphore (cf. Figure 38 constitue un fourrage apprécié par de nombreux animaux sauvages et domestiques, dont les bovins. Elle est disponible de surcroît durant la saison sèche, pendant laquelle le fourrage est plus susceptible de manquer.

Coque du fruit Comb u st ib le

 La coque, très dense, permet de fabriquer un très bon charbon. Au Brésil un charbon ‘écologique’ fait de cette coque est d’ailleurs commercialisé sous la marque « Emporio do Cerrado ».

B

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 La coque polie, entière ou brisée, peut être utilisée dans la fabrication de bijoux.

M

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al  La coque du fruit, râpée et mélangée dans de l’eau, servirait comme moyen de contraception définitif comme nous l’a expliqué une femme chiquitanienne.

Au

tre  Après extraction de l’amande certains producteurs brésiliens déversent les coques dans les rues ou sur les chemins pour les stabiliser

Feuilles

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ger  Les feuilles des jeunes arbres sont consommées par les bovins (Sano et

al. 2004). Le contenu nutritif des feuilles est intéressant avec 0,14% de

phosphore, 0,68% de calcium 150 ppm de manganèse et 40 ppm de zinc (Araujo et Haridasan 1988).

M

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al  Les jeunes feuilles de l’amandier, râpées et mélangées à l’huile d’amandes, étaient auparavant utilisées en Chiquitanie en friction pour fortifier les jambes des bébés (communication personnelle d’Augustina Aponte). Écorce M éd ic in al

 Au Brésil l'écorce est traditionnellement utilisée pour soulager les douleurs de dos (Sano et al. 2004), également contre les allergies, les irritations et les douleurs arthritiques (communication personnelle d’Elizane Amaral). En Chiquitanie elle est utilisée en infusion contre la diarrhée (communication personnelle d’Augustina Aponte).

 De l'écorce du tronc peuvent s'extraire trois triterpènes pentacycliques aux propriétés pharmaceutiques : lupéol, lupen-3-ona et bétuline (Kaplan et al. 1966).

Bois Con

st

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ion  Pour sa densité importante (1,1 g/cm3), sa bonne résistance aux intempéries et sa faible putrescibilité, le bois est indiqué pour la fabrication de poteaux de clôture, de poutres, de meubles ou encore d’outils à usage agricole (Lorenzi 1992; Mucci et al. 1992)

Comb

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st

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le

Le bois dense de D. alata peut également être utilisé comme bois de chauffe

In

d

u

st

riel  La cellulose de ce bois, présentant une bonne résistance à l’étirement, permet la fabrication de papier, d’une qualité inférieure à celui à base d'Eucaliptus grandis cependant (Andrade et Carvalho 1996)

Autre

Cosmét

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D’après Sano et al. (2004), Ichimari Pharcos Inc. a fait en 2002 une demande de brevet pour une substance inhibant la formation de mélanine, à partir d’une partie de D. alata non divulguée.

D. alata, outre les différents produits qu’elle peut fournit à l’homme, fournit une

variété de services écosystémiques (cf. chapitre 1.1.2). Nous en présentons ici un résumé sur la base des communications personnelles faites par les producteurs et techniciens interrogés et les ouvrages présentant D. alata de manière relativement détaillée comme ceux de Sano

et al. (2004), Ribeiro et al. (2000) et Herrera-Flores et Gutierrez (2011).

D. alata est tout d’abord une espèce légumineuse, qui aide alors à maintenir, voire à

améliorer la fertilité du sol. Son système racinaire permet de surcroît une bonne rétention du sol permettant de réduire l’érosion des sols dégradés et fortement déboisés. Elle est d’ailleurs adaptée à différents types de sols dont les sols pauvres en nutriments, peu profonds, acides ou encore sablonneux et rocailleux qui caractérisent les zones de forêt basse et savane dont elle est native (cf. chapitre 2.1.2 et 3.2.1). Elle ne perd pas ses feuilles à la saison sèche et permet donc le maintien d’ombre et d’une certaine humidité sous son houppier durant cette saison critique. Héliophile, elle présente une bonne croissance dans les zones déboisées comme les champs et les pâturages. Elle résiste à la sécheresse et surtout aux feux de brousse : les jeunes plants perdent une année de croissance, mais rejettent après le passage du feu, et à partir d’une certaine taille, y résistent. En outre, on lui connaît peu d’ennemis naturels.

Toutes ces caractéristiques en font une espèce particulièrement intéressante pour la restauration de zones dégradées, ou encore la conservation et la plantation sous des systèmes agro-forestiers comme l’indiquent en particulier les travaux de l’institut de recherche brésilien EMBRAPA-Cerrado.