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DEVELOPPEMENT DURABLE ET VALORISATION DES PFNL, ETAT DES LIEUX EN CHIQUITANIE

1. Cadre conceptuel : Développement durable et valorisation commerciale des PFNL commerciale des PFNL

1.2. Le développement durable

1.2.3. Agriculture et développement durable

La place centrale de l’alimentation dans toute société humaine et ses implications, aussi bien dans les domaines socio-économiques qu’écologiques justifient de s’intéresser, dans le cadre de la réflexion sur le développement durable, à l’évolution des systèmes de production alimentaires. Dans ce domaine, le développement de la production agro-industrielle a longtemps été présenté comme le modèle à suivre. De plus en plus de voix s’élèvent néanmoins en faveur de modèles alernatifs.

L’approche par les filières agricoles pour le développement rural

Les effets des réformes d’ajustement économique mises en place à partir des années 1980 et de la libéralisation des échanges, sur le monde rural et en particulier sur la petite agriculture, ont révélé l’importance de cette dernière, notamment en tant que pourvoyeur de revenus et d’emplois. A partir des années 1990, le développement rural est alors intégré aux stratégies de lutte contre la pauvreté promues par les institutions internationales comme le FMI et la Banque Mondiale, qui confèrent à l’agriculture le rôle moteur de ce développement. Cette stratégie s’appuie sur l’hypothèse que, puisque la majorité des

pauvres vit en milieu rural, où le principal pourvoyeur de revenus et d’emplois est le secteur agricole, ce dernier devrait jouer un rôle primordial pour lutter contre la pauvreté6.

« L’approche filière7 » fait alors son entrée dans les débats sur le développement rural dans les pays considérés comme « sous-développés ». Le développement des filières agricoles est désigné comme un moyen efficace pour réduire la pauvreté en milieu rural, et au-delà, pour promouvoir le développement des pays dits « sous-développés » (Fontan 2006). De nombreuses études corroborent cette hypothèse, comme celles de la FAO (2001), de USAID (Mellor 2000) ou encore de la Banque Mondiale (Ravallion et Datt 1996). Armés d’arguments relativement similaires sur le plan du développement, mais combinés à des préoccupations d’ordre écologique, certains prônent, au lieu du développement des filières agricoles ou en complément de celles-ci, le développement des filières de Produits Forestiers Non-Ligneux (PFNL). Nous y reviendrons dans le chapitre 1.3.

Selon la définition de Goldberg (1968), reprise avec quelques modifications par Bencharif et Rastoin (2007), l’approche filière en agriculture englobe tous les participants impliqués dans la production, la transformation et la commercialisation d’un produit agricole. Elle inclut les fournisseurs de l’agriculture, les agriculteurs, les entrepreneurs de stockage, les transformateurs, les grossistes et détaillants permettant au produit brut de passer de la production à la consommation. Elle concerne enfin toutes les ‘institutions’, telles que les institutions gouvernementales, les marchés, les associations professionnelles et associations de consommateurs qui affectent et coordonnent les niveaux successifs sur lesquels transitent les produits. Nous retenons cette définition qui nous semble englobante et permet d’approcher la filière comme un objet complexe.

Agriculture multifonctionelle et attentes sociétales

La montée en puissance du concept de développement durable fait progressivement émerger sur le devant de la scène les multiples fonctions de l’agriculture familiale. Outre sa capacité à créer de l’emploi et à fixer les populations en zone rurale, sa capacité à fournir des services environnementaux (cf. chapitre 1.1.2) est de plus en plus reconnue, de même que sa capacité à renforcer les liens sociaux entre producteurs et consommateurs et à assurer la sécurité alimentaire en termes quantitatifs et qualitatifs (Retière et al. 2014).

La préoccupation croissante des sociétés, particulièrement dans les pays dits « développés », quant aux composantes écologiques et sociales du développement durable ne s’exprime pas seulement en politique, mais également sur le marché des biens et services. Les débats sociaux et enjeux politiques d’une période font émerger de nouvelles valeurs, qui influent sur la constitution et la diffusion de nouvelles « doctrines de la qualité »

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La FAO (2001) constatait ainsi que (i) la croissance de l'agriculture dans les pays en développement a un impact plus marqué sur l'atténuation de pauvreté que la croissance des autres secteurs ; (ii) l'expansion de l'agriculture atténue la pauvreté principalement par le biais du marché du travail, et spécialement par l’augmentation des salaires ; (iii) son impact sur la réduction de la pauvreté est moindre si l'inégalité de la répartition des revenus s'accroît ; iv) l'expansion en milieu rural réduit la pauvreté en milieu aussi bien rural qu'urbain.

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Selon Bencharif et Rastoin (2007), « le concept de filière a été imaginé par les économistes industriels pour faire référence à un ensemble d’activités liées dans un processus de production-transformation-distribution d’un bien ou d’un service ». Depuis les travaux fondateurs, datant de l’entre-deux guerres, le concept de filière a fait l’objet d’un foisonnement sémantique, paradigmatique et instrumental, chaque courant théorique développant sa propre approche d’analyse filière. Dans le chapitre 4.2.1 nous aborderons plus en détail les aspects méthodologiques de ces approches.

orientant les choix des consommateurs (Allaire 2013). Rastoin et Ghersi (2010) observent ainsi que les attentes du marché des biens alimentaires prennent de plus en plus en compte la contribution citoyenne, c'est-à-dire les aspects environnementaux et éthiques liés aux modes de production et commercialisation des produits.

Ces nouvelles attentes sociétales sont favorables à l’agriculture familiale et contribuent en outre à populariser des pratiques comme la production biologique et le commerce éthique en termes de rémunération des producteurs. Cette popularisation s’accompagne de l’émergence de nouveaux mécanismes de marketing comme la certification « agriculture biologique » et « commerce équitable ». La certification, commune dans le domaine de l’industrie, a ainsi récemment évolué pour répondre aux préoccupations des consommateurs quant aux aspects sociaux, environnementaux et éthiques des processus de production (Shanley et al. 2008). Nous verrons néanmoins dans le chapitre 1.3.3 que la certification de produits tels que les PFNL n’est pas toujours faisable ni nécessairement opportune.

L’indication géographique (IG) des produits alimentaires et la référence au terroir prennent aussi de l’ampleur. Elles répondent aux attentes sociétales croissantes quant au contenu identitaire des produits, se référant à une multiplicité de savoirs et de valeurs qui en construisent la « qualité » (Allaire 2013). Selon la définition accordée entre l’INRA et l’INAO, « un terroir est un espace géographique délimité défini à partir d’une communauté

humaine qui construit au cours de son histoire un ensemble de traits culturels distinctifs, de savoirs et de pratiques, fondés sur un système d’interactions entre le milieu naturel et les facteurs humains. Les savoir-faire mis en jeu révèlent une originalité, confèrent une typicité et permettent une reconnaissance pour les produits ou services originaires de cet espace et donc pour les hommes qui y vivent. Les terroirs sont des espaces vivants et innovants qui ne peuvent être assimilés à la seule tradition » (Terroirs&Cultures 2005).

La notion de « produits de terroir » est souvent associée à celle de marchés locaux (Allaire 2013), c’est à dire à l’agriculture dite « de proximité » et aux filières courtes (ou circuits courts). La réflexion sur les filières courtes, avant de s’ancrer dans les pays dits « en voie de développement », a émergé de mouvements dans les pays dits « développés » tels que les Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (AMAP) en France ou encore les Teikei au Japon qui les ont inspirées (Labo-de-l'ESS 2013). A l’inverse des filières longues et d’exportation au sein desquelles les petits producteurs sont généralement confinés au rôle de fournisseurs de matière première, les filières courtes associent souvent à la production agricole -ou de PFNL- les opérations de conditionnement, le transport voire la vente (Maréchal 2008). Elles représentent donc l’opportunité pour les petits producteurs de capter plus de valeur ajoutée sur leur production. De nombreux travaux de recherche, menés entre autres par l’INRA en France, soulignent les avantages des filières courtes, non seulement pour la génération d’emplois et la fixation des populations en zone rurale mais aussi pour l’amélioration de l’alimentation des populations et la réduction de l’empreinte environnementale du système alimentaire.

Systèmes agro-alimentaires localisés et développement territorial

Vers la fin des années 1990, les travaux en science régionale et en particulier la notion de Système Agro-alimentaire Localisé (SYAL) -dérivant de celle, plus générale, de Systèmes de Production Localisés, cf. chapitre1.2.2- apportent un nouvel éclairage à la relation entre agriculture et développement. Les SYAL sont définis comme des ensembles

«d'organisations de production et de service (unités de production agricole, entreprises agroalimentaires, commerciales, de services, restauration) associées à un territoire spécifique par leurs caractéristiques et leur fonctionnement. Le milieu, les produits, les hommes, leurs institutions, leur savoir-faire, leurs comportements alimentaires, leurs réseaux de relations, se combinent dans un territoire pour produire une forme d'organisation agroalimentaire à une échelle spatiale donnée» (Cirad-Sar 1996). Les SYAL impliquent une

forme particulière d’organisation des filières, caractérisée par des relations qualifiées de « circulaires » entre leurs acteurs (plutôt que verticales ou horizontales). Les rapports y sont plus intenses que sur une filière classique. Comme pour les SPL ils peuvent porter sur les flux matériels, de service, de main-d’œuvre, de technologie ou encore de connaissance, et peuvent être en partie informels et non-marchands (Courlet 2000).

Ce type de système, s’il n’est applicable que dans certains contextes, a le mérite de faire ressortir l’importance de la collaboration entre les différents acteurs du secteur agro-alimentaire. Cette collaboration, assise sur une proximité à la fois spatiale et socio-économique, favoriserait le développement des stratégies compétitives de valorisation de ressources et de produits locaux (Muchnik et al. 2007). Ainsi l’intérêt manifesté pour les SYAL à partir des années 1990 tient beaucoup à l’hypothèse comme quoi la spécialisation territoriale (concentration géographique des activités d’un même type, renvoyant à la notion de bassin de production) constituerait une base de compétitivité. Elle pourrait être un facteur de résilience de l’agriculture locale, d’autant plus si elle est associée à la diversification productive à l’échelle des unités de production.

La réflexion sur les SYAL recoupe celle sur les territoires (Requier-Desjardins 2010). Les stratégies de valorisation des terroirs et la mise en place d’indications géographiques au sein d’un territoire par exemple reflètent l’inscription de son système agro-alimentaire dans une démarche collective de compétitivité par différentiation de l’offre, jouant sur l’identité territoriale. Cette démarche se distingue de celle de recherche de compétitivité par les coûts qui prédomine généralement dans le modèle de production agro-industrielle. Le concept de territorialisation, considérée comme l’une des formes d’organisation permettant l’intégration dans le processus de globalisation (Maillat 2010), est ici transposée aux systèmes de production agro-alimentaires.

Système alimentaire mondial et Développement durable

Rastoin et Ghersi (2010) approfondissent la rélexion entre agriculture/alimentation et développement durable en se plaçant à l’échelle du système alimentaire mondial. Le système alimentaire est entendu comme la manière dont une société s’organise pour s’alimenter (Denechère 2007), ou selon la définition très complète de Rastoin et Ghersi (2010) comme « un réseau interdépendant d’acteurs […], localisé dans un espace

géographique donné […], et participant directement ou indirectement à la création de biens et services orientés vers la satisfaction des besoins alimentaires d’un ou plusieurs groupes de consommateurs localement ou à l’extérieur de la zone considérée ».

De nombreux chercheurs prévoient que, dans les décennies à venir, la croissance démographique et l’évolution des modes de consommation continueront d’entraîner une augmentation de la demande de produits alimentaires. La croissance de classes moyennes dans les pays émergents entraînera une augmentation de la demande sur certains produits qui ne sont pas de première nécessité ; mais surtout de la demande en viande, ce qui se

répercute sur la demande en céréales. Il est par ailleurs probable que certains pays atteindront leur limite en terme de production agricole, notamment pour des questions de disponibilité en eau et/ou en terres arables. Les pays du Moyen-Orient, la Chine, l’Inde voire les États-Unis devraient atteindre relativement rapidement ces limites (Griffon 2006). Par contraste, l’Amérique latine serait l’une des régions du monde où le potentiel d’extension des surfaces agricoles est le plus important, ce qui laisse imaginer qu’elle devra compenser le déficit de production agricole d’autres régions du monde. Selon l’analyse de scénarios d’évolution du système alimentaire mondial effectué dans le cadre du projet de recherche Agrimonde (INRA-Cirad 2009), elle serait ainsi en 2050 l’une des régions générant un surplus (avec l’OCDE et l’ex-URSS), approvisionnant les régions déficitaires (Afrique, Asie et Moyen-Orient).

Dans ce contexte, Rastoin et Ghersi (2010) envisagent deux scénarios d’évolution du système alimentaire mondial :

- Le modèle agro-industriel tertiarisé (MAIT) est un scénario tendanciel, suivant les tendances observées par exemple au Brésil et en Argentine sur le front pionnier du soja. Ce modèle repose sur des modes de production intensifs, impliquant l’utilisation de haut niveau d'intrants naturels, chimiques et énergétiques conduisant à des rendements élevés. Le système alimentaire y est spécialisé par produit et filière. Il fournit des produits standardisés à des consommateurs « formatés » (Deleuze 2003; Stiegler 2004). Il est concentré tant au niveau de la production, où dominent de grands domaines agricoles, qu’au niveau de la transformation et distribution, où de grandes firmes détiennent un oligopole. C’est un système financiarisé, le capital des grandes firmes étant coté en bourse et détenu par des fonds d'investissement. Ces firmes multinationales proposent des produits mondiaux, issus de filières longues, inscrivant pleinement le système alimentaire dans la mondialisation. Il est qualifié de tertiarisé car une part significative du prix final est formée par les services8.

- Le modèle alimentaire de proximité (MAP) est un scénario alternatif car il marque une rupture par rapport au modèle dominant. Il se base sur une multitude d’unités de production à capitaux familiaux et d’entreprises à taille humaine, organisées en réseaux, mobilisant le savoir-faire traditionnel et les ressources scientifiques et technologiques les plus actuelles. Il privilégie des modes de production respectueux de l’environnement (rotations culturales, intrants peu polluants, etc.). Les systèmes de production locaux fournissent, par le biais de filières courtes, des produits diversifiés et différenciés sur des critères organoleptiques et culturels.

Certains chercheurs comme Fournier et Touzard (2014) ou encore Sonnino et Marsden (2006), s’intéressant eux-aussi à l’évolution des systèmes alimentaires, précisent que la catégorie « alternative » est composite. Fournier et Touzard (2014) identifient ainsi les modèles « domestique », « de proximité », « circuits traditionnels vivriers » et « de qualité différenciée », qui reposent sur des pratiques agricoles, circuits, modes de régulation des filières et formes de consommation différenciées.

8 D’après Bencharif et Rastoin (2007), aux Etats-Unis, « près de la moitié du prix final du produit alimentaire moyen est formée par des prestations de service ou des prélèvements: transport, marketing […], intérêts bancaires et assurances, marges de distribution, impôts et taxes, profits. La part constituée par les matières premières agricoles est tombée en dessous de 20%. Le reste, soit 30%, va à l’industrie alimentaire et à celle de l’emballage principalement. »

Il nous semble important de souligner cette complexité, bien que pour notre analyse nous continuerons d’utiliser principalement le MAP proposé par Rastoin et Ghersi (2010), comme une sorte de modèle alternatif « utopique ».

Rastoin et Ghersi (2010) qualifient la situation actuelle du système alimentaire d’« oligopole à frange », hybride entre le MAIT et le MAP, avec de très grandes firmes transnationales dominant le système alimentaire mais laissant malgré tout des interstices à l’agriculture familiale9 et aux TPE/PME10. Ces dernières, ne pouvant jouer sur les économies d’échelle, tâchent de se différencier par la qualité. Elles adoptent par exemple des stratégies d’ancrage territorial en valorisant des produits de terroir, commercialisés sur les marchés locaux voire sur des niches du marché international lorsque la différenciation des produits est très poussée. Elles peuvent aussi se différencier en s’inscrivant dans différents types de certification, comme l’agriculture biologique ou le commerce équitable. Cependant comme le remarquent les auteurs, les firmes agroalimentaires, toujours à l’affut des dernières tendances de consommation, reprennent un à un ces concepts, rognant toujours plus la part des TPE/PME.

Fournier et Touzard (2014) considèrent ce phénomène sous un autre angle et explorent la complémentarité de ces modèles. D’une part les modèles « alternatifs » assureraient une pluralité de fonctions complémentaires à celles jouées par le modèle agro-industriel ; d’autre part ils permettraient une sensibilisation de l’opinion publique aux enjeux de durabilité de l’alimentation et susciteraient certains processus d’innovation dans les systèmes alimentaires dominés par le modèle agro-industriel. Néanmoins ces auteurs reconnaissent eux aussi que la progression rapide du MAIT fait peser une menace sur les modèles alternatifs et mettent en danger cette complexité.

Rastoin et Ghersi (2010) concluent de leur analyse de ces modèles que le scénario tendanciel (MAIT) n’est pas durable, selon les préconisations du développement durable. Ils estiment ainsi que le modèle de consommation dit « occidental » est « nocif au plan

personnel et sociétal » et n’est « pas extrapolable à l’ensemble de la planète ». Quant au

modèle de production, qu’ils qualifient d’« asymétrique et prédateur », ils le jugent non-généralisable du fait de « son impact négatif sur l’environnement physique et social et son

pilotage par des logiques purement financières ». Selon eux le second modèle correspond

mieux aux préconisations du développement durable, en particulier sur les aspects environnementaux et sociaux (systèmes de production diversifiés, alimentation plus équilibrée, meilleur partage de la valeur des produits agricoles, ancrage d’activités économiques en zone rurale, etc.). Nous avons synthétisé les conclusions de leur analyse

dans le

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D’après la définition de Neves (2007) cité dans Retière et al. (2014), l’agriculture familiale est un modèle d’organisation de la production agricole où la gestion de l’exploitation n’est pas dissociée du travail et où le travail familial est au cœur du processus productif, éventuellement complété par du travail salarié.

Tableau 1 : Réponse des modèles de système alimentaire tendanciels (MAIT) et alternatif (MAP) aux préconisations du développement durable

Composantes du développement

durable

Modèle agro-industriel tertiarisé (MAIT)

Modèle alimentaire de proximité (MAP)

Pilier économique

- Économies d'échelles - Gains de productivité par substitution capital/travail - Baisse du prix des aliments

- Productivité du travail inférieure - Moindre capacité d'exportation - Prix des aliments supérieur

Pilier écologique

- Forte pression sur les ressources naturelles (terres, eau, etc.)

- Perte de biodiversité

- Pollution (intrants chimiques et énergétiques, transport,

emballages sophistiqués, etc.)

- Meilleure gestion des ressources naturelles renouvelables

- Maintient d’une certaine biodiversité

- Pollution réduite (utilisation raisonnée d'intrants, filières courtes, emballages simples, etc.) - Moins de gaspillage

Pilier social

- Dépeuplement des zones rurales

- Amplification des disparités entre pays

- Risques de contamination massive par concentration de la production

- Déséquilibres alimentaires - Dominance de la restauration rapide et des aliments « prêt à consommer »

- Occupation équilibrée du territoire par tissu dense de PME/TPE

- Développement local réducteur des disparités de revenus

- Alimentation variée et ‘naturelle’ - Recomposition de l'acte

alimentaire (convivialité)

- Temps de préparation des repas supérieur car produits peu

élaborés

Pilier gouvernance

- Gouvernance par le marché - Poids considérable des grandes firmes multinationales, États faibles

- Gouvernance mixte : marché encadré par des politiques publiques

- Organisation de filières de type "interprofession"

Élaboration propre d’après Rastoin et Ghersi (2010)

Sauf crise majeure qui renverserait totalement les tendances actuelles du système alimentaire et des modes de vie en général, il est improbable que le système MAP prédomine. Les forces à l’œuvre sont en effet inégales, en particulier car les performances économique du MAP sont inférieures, le cadre institutionnel international lui est peu favorable, les économies reposent sur le principe de la consommation de masse et leur mondialisation est déjà très avancée (certaines dépendent de manière significative des exportations agricoles) et finalement le poids des grandes firmes multinationales dans la gouvernance du système alimentaire mondial est déjà extrêmement important (Rastoin et Ghersi 2010; Fournier et Touzard 2014).

Le maintien voire l’expansion du modèle alternatif n’est cependant pas impossible, mais dépendra en grande partie des pressions sociétales et de la volonté politique à exercer une sorte de « discrimination positive ».

1.2.4. La mise en œuvre des politiques et actions de développement