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CHAPITRE I PROBLÉMATIQUE

1.4 Description du dispositif de formation les exposés oraux

1.4.3 Description d’une séance de préparation à un exposé type

Dans ce volet du cours, les étudiants sont subdivisés en 4 groupes d’environ 15 étudiants chacun, nous les nommons cellules. Chaque groupe est jumelé à un étudiant qui a au préalable brillamment réussi cette partie du cours (étudiant du BES ou de la maîtrise). Ceux-ci sont responsables d’amener les étudiants de leur groupe à discuter et à analyser chacune des prestations orales. Pour ce faire, une plage horaire de deux heures par semaine est allouée à ce volet du cours MAT2024. Durant la session, deux évaluations des exposés types sont prévues : une à la mi-session et une autre à la fin de session. Pour chaque évaluation, les étudiants ont à préparer 5 à 8 exposés types qui ont été travaillés dans les séances. C’est en arrivant sur place que les étudiants prennent connaissance de l’exposé qu’ils auront à réaliser devant l’évaluateur et quelques-uns de leurs collègues. Le choix de l’exposé se fait en pigeant le sujet dans un chapeau10.

9 Voir annexe A pour le document d’accompagnement relatif à l’exposé sur l’addition de fractions. 10 L’utilisation d’un chapeau pour la pige lors des évaluations orales est un clin d’œil à M. Claude Janvier

qui est un des professeurs qui a mis sur place ce dispositif de formation. M. Janvier était connu pour être souvent coiffé d’un chapeau, il en avait une grande collection. Pour faire piger les étudiants, il enlevait son chapeau dans lequel il plaçait les morceaux de papier sur lesquels était écrit chacun des sujets. Les exposés types ont été nommés rapidement les chapôs par les étudiants et formateurs (orthographe proposée par Denis Tanguay, professeur à l’UQAM). Les étudiants qui supervisent les séances d’exposés types sont appelés les chapeliers.

28 Durant les séances autour des exposés types, les étudiants sont d’abord invités à se prononcer sur les interventions qu’ils feraient face à une situation qui leur est soumise, et ce, sans avoir visionné préalablement la vidéo. Par exemple, dans la séance portant sur l’addition de fractions, le responsable de la cellule demande aux étudiants comment ils interviendraient si un élève écrivait que !"+#$= %&$. En équipe ou seuls, selon leur préférence, les étudiants se mettent au travail pendant quelques minutes. Le responsable du cours demande alors à un ou deux volontaires de présenter devant leurs collègues les interventions qu’ils ont planifiées. Les étudiants inexpérimentés dans les exposés types et les principes qui les sous-tendent diront habituellement que l’égalité est fausse et expliqueront qu’il faut d’abord « mettre sur un même dénominateur » avant d’additionner les numérateurs. Il est même possible que les mots dénominateurs et numérateurs ne soient pas utilisés puisqu’oubliés par l’étudiant. Leur premier réflexe est donc de dire que ce n’est pas bon et d’expliquer « comment il fallait faire », ce qui n’est pas dans l’esprit du principe didactique 11. Les collègues de l’étudiant volontaire lui donnent ensuite quelques commentaires sur leurs impressions de la présentation avant que le responsable de la cellule ne le fasse. Il peut s’agir de critiques portant sur les verbalisations utilisées, les gestes (clairs ou non), les représentations visuelles ou encore simplement la prestance de l’étudiant. Au début, il est nécessaire de répéter plusieurs fois, par exemple, l’importance pour un enseignant de ne pas faire face au tableau trop longtemps pour avoir l’œil sur la classe en tout temps, ce qui est nécessaire lorsque de vrais élèves se trouveront dans la classe. Cette discussion suivant la présentation permet aux étudiants de donner leur avis sur la façon d’amener le sujet, les verbalisations, les représentations visuelles et les gestuelles utilisées.

Par la suite, les étudiants visionnent la vidéo de l’exposé type travaillé. Plusieurs prennent des notes sur ce qu’ils voient. Une nouvelle discussion est alors enclenchée à la suite du visionnement mettant en perspective les deux prestations orales vues par les étudiants, celle proposée par l’étudiant volontaire et celle de la vidéo. Les discussions

reposent sur les éléments de l’analyse conceptuelle sollicités ainsi que sur les principes didactiques mis en œuvre. Les intentions que le présentateur de la vidéo a en tête quand il présente son oral sont ainsi mises à nu.

Finalement, un étudiant est invité à « reproduire » à sa façon l’exposé en respectant les éléments de l’analyse conceptuelle travaillés et les principes didactiques privilégiés. Les commentaires des autres étudiants de la cellule ainsi que ceux du responsable du cours permettent à l’étudiant ayant présenté à l’avant d’identifier ses bons et ses mauvais coups. Cette première prestation de l’exposé type est souvent près de celle présentée dans la vidéo exemple puisque les étudiants n’ont pas nécessairement le temps de se l’approprier. Il est de la responsabilité du responsable de la cellule de faire comprendre aux étudiants qu’il leur est possible de ne pas répéter chacune des phrases exactement tel qu’elles sont prononcées dans la vidéo. Il est plutôt souhaité que les étudiants comprennent les intentions poursuivies dans l’exposé pour bien comprendre le rationnel qui guide le présentateur. Ainsi, il ne s’agit pas de faire le perroquet, mais bien de développer une aisance à expliquer à l’avant d’une classe en prenant en considération des éléments de l’analyse conceptuelle du sujet à traiter ainsi que certains principes didactiques, étant ainsi capable de se prononcer sur le rationnel qui guide les choix effectués. Nous forçons alors l’étudiant à entrer dans une nouvelle manière de concevoir l’enseignement des mathématiques.

1.4.4 Les exposés oraux dans les quatre cours de didactique : prise en compte d’une