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Description générale des comparatives de notre corpus

43) Hunc Chrysippus negat loqui, sed ut loqui ; quare, ut imago hominis non sit homo, sic in coruis, cornicibus, pueris primitus incipientibus fari uerba non esse

1.4 Description générale des comparatives de notre corpus

D’un point de vue général, les comparatives que nous avons inventoriées répondent aux caractéristiques des grammaires et ouvrages de référence telles que nous venons de les voir : ainsi au niveau modal, par exemple, sauf raison particulière de sens ou de style indirect, l’indicatif est employé.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous voudrions encore présenter deux données préalables, l’une ayant trait à la répartition générale des marqueurs introducteurs et l’autre touchant à la proportion de constructions corrélatives et non corrélatives.

1.4.1 Répartition des marqueurs

Nous avons relevé et analysé quelque 2300 constructions comparatives à partir des oeuvres de notre corpus, introduites par ut, quam, qualis, quantus, quot et idem... qui. Nous rappelons que nous n’avons pas pris en compte, dans cette étude, les comparatives conditionnelles, ni les comparatives introduites par sicut, uelut, quemadmodum et quomodo.

La fréquence d’emploi, en pourcentage, de chaque marqueur fait apparaître les résultats suivants :

Les résultats de cette répartition ne sont pas étonnants en soi. Les deux marqueurs les plus employés dans les constructions comparatives en latin sont, comme on pouvait s’y attendre, quam et ut.

Malgré leur fréquence beaucoup plus faible, cependant, nous n’avons pas négligé les autres marqueurs. Chacun, en effet, on le verra, présente des problèmes linguistiques méritant un examen approfondi.

La répartition entre les emplois corrélatifs et non corrélatifs offre des résultats plus surprenants.

1.4.2 Constructions corrélatives et non corrélatives

Si, par corrélation, on entend les structures telles qu’elles sont généralement définies en linguistique latine, c’est-à-dire essentiellement les structures bâties sur les thèmes kw-... t-,

u-... i-, et kw-... i- ou autre thème pronominal, alors, la répartition est la suivante :

Dans ces résultats, idem... qui n’a pas été pris en compte puisque ce tour ne connaît pas d’emploi hors corrélation.

Si l’on s’attache maintenant à cette même répartition pour chaque marqueur, nos relevés laissent apparaître les données que voici :

Ces résultats sont à pondérer étant donné le très faible nombre d’occurrences de quot. Cependant, force est de constater que, pour ce qui est des données de notre corpus, qualis,

quantus et quot présentent indéniablement une tendance plus nette à la corrélation que ut et quam.

Corollairement, ce qui nous paraît pourtant tout à fait digne d’intérêt, c’est que, pour les deux marqueurs les plus employés, ut et quam, les structures corrélatives, telles que définies supra, sont loin d’être aussi fréquemment employées que les structures non corrélées. Pour ut, par exemple, un examen, même rapide, des textes fait apparaître une fréquence tout à fait considérable de constructions en ut + uerba dicendi, sentiendi, etc., ou de constructions exemplifiantes, qui, comme nous le verrons, ne sont pratiquement jamais corrélées. Pour

quam, le pourcentage de constructions en D1 parle de lui-même : 0,5%.

Ainsi, d’un point de vue global, les comparatives de notre corpus affichent une nette dissymétrie entre constructions corrélées et constructions non corrélées. Or, les grammaires ou études consacrent généralement une grande partie de leur description aux structures corrélées, les autres étant peu étudiées ou simplement mentionnées. A titre d’illustration, signalons que G. Fontana Elboj (1997) réserve 4 pages aux constructions en ut corrélées et 5 pages à l’ensemble des constructions non corrélées, Er-Th (19532 : 354 sq) traitent les constructions du type ut + uerba dicendi et les constructions exemplifiantes en quelques lignes alors que la corrélation ut... ita/sic occupe une page.

La corrélation est une structure linguistique très importante, d’un point de vue historique et théorique. Son étude est naturellement légitime et pertinente. Il nous semble cependant gênant, si l’on examine l’usage, au moins en ce qui concerne notre corpus, de ne pas s’intéresser davantage aux structures non corrélées47.

1.5 Conclusion

Comme dans les autres langues, les comparatives, en latin, posent donc nombre de problèmes linguistiques intéressants, liés à leur statut et à leur fonctionnement syntaxico- référentiel. Mais, les phénomènes observés en latin dépassent un cadre strictement circonscrit à cette langue. La description des faits linguistiques latins, dans le domaine des comparatives, peut enrichir de manière tout à fait sensible nos connaissances du fonctionnement général des comparatives.

Aussi plaidons-nous en faveur d’une approche linguistiquement croisée pour l’étude des comparatives en latin. Nous utiliserons donc, dans notre étude d’un phénomène linguistique latin, certains concepts de linguistique générale que nous avons présentés supra, comme ceux, entre autres, d’identification et de repérage, ainsi que les analyses spécifiques appliquées aux langues romanes, et plus spécifiquement au fr., aux langues anciennes et au latin en particulier. Nous espérons que ce « va-et-vient » entre les concepts théoriques généraux et les phénomènes linguistiques attestés par l’usage, tels qu’ils apparaissent dans les textes, sera fécond.

Fort de concepts généraux que nous considérons déterminants pour notre sujet en latin, nous proposons maintenant une étude individuelle des marqueurs et constructions comparatifs

idem... qui, qualis, quot, quantus, ut et quam, à travers un parcours dont le premier jalon sera

donc idem... qui : « le même que » et le dernier « alius... quam » : « autre que ». Entre ces deux pôles intuitivement opposés, nous pourrons observer, grâce à ces comparatives en latin, un nuancier de valeurs comparatives tout à fait remarquable.

47 G. Calboli (1985 : 368) signale à propos de la corrélation et de la théorie de Haudry : « Je crois qu’en réalité J.

Haudry surestime l’importance de la structure à diptyque, mais je lui reconnais le grand mérite d’avoir indiqué une démarche convaincante où l’on ne travaille pas seulement avec une proposition particulière, mais avec des groupes de propositions associées. »

2 La subordination comparative/relative