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CHAPITRE 3 : Méthodologie

3.3 Une grille d’analyse thématique

3.3.1 Description des catégories d’intervenants

En plus d’identifier les trois catégories des arguments utilisés, nous avons procédé à une catégorisation des intervenants définie à partir de notre corpus afin de prendre en compte le positionnement des organisations dans le triangle entreprise-journaliste-citoyen (voir le tableau 1). Pour assurer ce classement, nous avons choisi d’utiliser les catégories d’intervenants élaborées dans le Rapport préliminaire de 1972 auxquelles nous avons ajouté des sous-catégories pour mieux correspondre à la réalité des années 2000.

Tableau 2 : Les catégories d’intervenants

Commission sur la liberté de la presse (1969)

Commission parlementaire

sur les impacts des mouvements de propriété dans l’industrie des médias (2001) LES J O UR NA LISTES Organisations professionnelles Fédération professionnelle des journalistes du Québec

Fédération professionnelle des journalistes du Québec Association des journalistes indépendants du Québec Syndicats de journalistes Syndicat des journalistes de

Montréal Fédération nationale des communications (CSN) Syndicat des employés-es de TVA, section locale 687 du Syndicat canadien de la fonction publique

Syndicat des travailleurs et travailleuses du Lac-Saint-Jean (CSN) et Syndicat des travailleurs et travailleuses de l’Étoile du Lac (CSN)

Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal

Syndicat de la rédaction du Devoir Regroupement des syndicats de Gesca Syndicat de la rédaction du Soleil

Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse Mémoires individuels de professeurs de journalisme ou d’histoire, de journalistes et d’anciens journalistes David Dent Antonio Boisclair Elzéar Lavoie Marc-François Bernier Claude-Jean Devirieux Judith Dubois Jean-Claude Picard LES ENTR EPRISES DE P RES S

E Commerciales Entreprises Gelco Éditions la Presse Journaux Trans-Canada Québec Télémédia Gesca Le Devoir Médias Transcontinental Quebecor Média

Radio Nord Communications

Charles Desmarteau , journal la Relève de Boucherville Communautaires ou sans

but lucratif

Les Éditions Maintenant inc.

Corporation de télédiffusion du Grand Chateauguay Télévision communautaire du Grand Saint-Jérôme Recto Verso et l’aut’journal

Association d’entreprises de presse commerciales

Les Hebdos du Canada Association d’entreprises de

presse communautaires

Association des radiodiffuseurs du Québec

Fédération des télévisions communautaires autonomes du Québec LES O RG AN ISATI O NS NO N JO UR NA LISTIQ UES ET LES CI TO YEN S

Syndicats (non exclusivement journalistiques)

Fédération des travailleurs du Québec et la Corporation des enseignants du Québec

Centrale des syndicats du Québec (CSQ) Confédération des syndicats nationaux (CSN) Organisations citoyennes ou

culturelles Syndicat des écrivains du Québec Association des libraires du Québec Association nationale des éditeurs de livres Centre de ressources en éducation aux médias Assemblée des évêques du Québec

Familis

Mouvement pour la démocratie dans les villes STRUCTURE QUI REGROUPE

ENTREPRISES/

JOURNALISTES/CITOYENS

Conseil de presse du Québec

3.3.1.1 Commentaires sur les intervenants aux deux consultations

à ces deux commissions parlementaires. Alors que la syndicalisation dans les salles de presse se développe graduellement depuis la fin des années 1940 (Le Cam, 2009), seul le Syndicat des journalistes de Montréal dépose un mémoire à la Commission spéciale sur la liberté de presse débutée en 1969. Cette syndicalisation est par contre bien établie dans les années 2000 comme en témoigne la forte proportion de syndicats de journalistes (huit sur trente-trois répondants, soit près de 25 %) sur l’ensemble des participants à la commission parlementaire de 2001. Notons aussi la présence en 2001 d’associations de médias communautaires, inexistantes en 1969. Du côté des associations de médias commerciaux, si les Hebdos du Canada ont participé à la consultation de 1969, l’organisation appelée depuis Hebdos Québec n’a pas participé à la consultation de 2001. Cet exemple nous amène à une précision : toutes les organisations ne décident pas de participer aux consultations organisées par l’Assemblée nationale du Québec et ses commissions parlementaires régulières ou spéciales. Ces consultations mobilisent temps et énergie, ce dont ne disposent pas nécessairement toutes les organisations. De plus, il est possible que pour certaines d’entre elles, l’intérêt politique de ce genre de consultation — ou l’absence de suites concrètes sur ce sujet depuis les années 1970 — ne justifie pas de tels investissements. Nous ne sommes pas en mesure de comprendre et encore moins d’expliquer les motivations des organisations qui ont décidé de ne pas participer aux consultations. Nous porterons évidemment toute notre attention sur celles qui ont décidé de le faire, en sachant bien que tous les groupes concernés ne sont pas représentés dans notre corpus.

Malgré ces nuances, on peut toutefois affirmer que l’augmentation considérable du nombre d’organisations participantes en 2001, de même que la diversité de leurs secteurs d’activités, témoignent non seulement de l’organisation du milieu de la presse québécoise, mais aussi de l’intérêt pour les enjeux de l’information et de la presse dans d’autres réseaux que ceux des médias et des journalistes.

3.3.1.2 Les journalistes

La catégorie des journalistes se divise en trois parties :  les organisations professionnelles;

 les syndicats de journalistes;

Les organisations professionnelles et les syndicats sont faciles à identifier par leur structure organisationnelle et leur membership. Nous ajoutons les professeurs de journalisme et d’histoire et les journalistes (individuels) à cette catégorie, car leurs connaissances théoriques et pratiques des enjeux liés à la presse en font des observateurs privilégiés, des « spécialistes » dont le point de vue reflétera la compétence particulière.

3.3.1.3 Les entreprises de presse

La catégorie des entreprises de presse compte quatre sous-catégories : les entreprises de presse commerciales; les entreprises de presse communautaires ou sans but lucratif; les associations d’entreprises de presse commerciales et les associations d’entreprises de presse communautaires. Il faut dire que dans le cas de la consultation de 1969, le groupe Power Corporation détient des parts dans toutes les entreprises de presse qui ont participé à la commission parlementaire de 1969 : GELCO (80,3 %), Gesca (100%), les Journaux Trans-Canada (62,2%) et Québec Télémédia (100%), comme le souligne la FPJQ dans son mémoire (1969).

Nous avons décidé de distinguer les entreprises de presse commerciales des entreprises de presse communautaires, car leur finalité comporte une différence fondamentale sur la logique marchande et la recherche de profits. Les entreprises communautaires se positionnent habituellement en marge du marché, ce qui fait que leur rapport à l’État peut différer de celui des entreprises commerciales. De plus, les médias communautaires10 reçoivent des subventions gouvernementales pour leur fonctionnement (ou du moins une partie de leurs frais de fonctionnement).Nous faisons la même distinction entre les associations de médias commerciaux et communautaires, essentiellement pour les mêmes raisons de leur finalité sociale, leur vocation à but non lucratif et un rapport différent au financement gouvernemental.

10 Voici de quelle façon les définit le Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition

féminines sur son site Web (page consultée le 31 mars 2012) : « Les médias communautaires jouent un rôle essentiel pour le secteur des communications. Dans un contexte de concentration des médias, ils représentent un outil indispensable au rétablissement d’un certain équilibre de l’information et au maintien d’une diversité des voix dans notre société. Les médias communautaires sont des organismes à but non lucratif, enracinés dans leur communauté. Soucieux d’entretenir une vie collective, ils recherchent l’engagement des membres et favorisent la participation populaire. Parce qu’ils sont gérés par des conseils d’administration démocratiquement élus, ils sont libres de déterminer leur mission, leur approche, leurs pratiques et leur orientation. Ces critères leur assurent la liberté d’expression essentielle à une production journalistique valable. »

3.3.1.4 Les organisations citoyennes et culturelles, les syndicats non journalistiques et les citoyens

D’autres groupes de la société québécoise ont décidé d’intervenir sur la question de la liberté de la presse et sur la concentration des entreprises médiatiques. Nous les regroupons sous la grande catégorie des organisations citoyennes, des syndicats non journalistiques et des citoyens. Ce choix n’est pas idéal, car nous aurions préféré différencier les organisations culturelles, citoyennes ou syndicales, mais le relatif petit nombre d’intervenants de cette catégorie rend cette option impraticable pour l’analyse des résultats.

3.3.1.5 Une exception : le Conseil de presse du Québec

Une organisation spécifique ne trouve pas sa place dans notre grille d’analyse : le Conseil de presse du Québec (CPQ). Il regroupe en effet les trois composantes de la grille, ce qui en fait une exception dont nous devrons tenir compte dans l’analyse de ses arguments. Inexistant en 1969, le CPQ a participé à la consultation de 2001.

Il a été créé en 1973, à l’initiative conjointe de journalistes et de dirigeants de médias d’information, auxquels ont été associés dès le départ des représentants du public. Le Conseil est donc né des besoins convergents et des inquiétudes communes de ces trois composantes. Il est tripartite, son conseil d’administration et tous ses comités étant composés de journalistes, de membres désignés par les entreprises de presse et de représentants du public. (Conseil de presse du Québec; en ligne)