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CHAPITRE 4 – LA REPRÉSENTATION SOCIALE DE L’INSTITUTION

4.1 Description de la représentation sociale de l’institution

4.1.2 Description de la visée de développement académique

La visée de développement académique a été spontanément évoquée dans toutes les entrevues, presque toujours de manière directe. Comme le présente le tableau 4.2 ci- dessous, la presque totalité des informateurs, soit 16 d’entre eux, mentionne clairement l’apport des études collégiales relativement à la préparation à la poursuite d’études universitaires comme élément de la mission des collèges.

Tableau 4.2 : Aspects évoqués quant à la visée de développement académique

Sur le lot, 4 mentionnent cet élément directement, mais sans en spécifier le sens. Par exemple, l’informateur 2 (M, O, SH) affirme que la mission du collégial envers les étudiants c’est de « les préparer à la poursuite d’études universitaires » ainsi que l’informateur 12 (F, O, SN), qui affirme pour sa part que « C’est un passage vers l’université! ». Pour sa part, l’informateur 11 (F, O, SH) précise que le cégep est un « […]

Informateur Mention sans spécification Mention avec spécification

indirecte directe Maturité intellectuelle Maturité personnelle

1 X 2 X 3 X 4 X 5 X 6 X 7 X 8 X 9 X 10 X 11 X 12 X 13 X 14 X 15 X 16 X 17 X Total 1 4 9 3

tremplin, un accès aux études supérieures, qui favorise la persévérance scolaire ». En outre, un seul des professeurs interviewés (informateur 8 : F, O, SN) ne réfère que très indirectement à cet aspect en évoquant que le cégep « est une période pour se trouver […], pour découvrir divers domaines [d’études universitaires] » référant par-là plus franchement à la visée de développement professionnel, mais impliquant tout de même un apport du collégial à la poursuite d’études universitaires.

Toujours selon le tableau 4.2, les 12 autres informateurs, au moment d’évoquer cette visée de la formation collégiale, spécifient plus précisément ce qu’ils entendent par « préparer à l’université ». On constate alors que cet apport, quoique faisant consensus, est conçu de manière différente selon chacun. Deux grandes tendances se dégagent à cet effet. Un premier groupe (9 informateurs) voit la préparation à la poursuite d’études universitaires surtout sur le plan de l’acquisition d’une « maturité intellectuelle », selon la dénomination utilisée par l’informateur 7 (M, O, SH). Le second groupe (3 informateurs) conçoit cette maturation plutôt sur le plan, plus large, du développement de la personne. Par exemple, dans le premier groupe où se situent la plupart des informateurs, soit 9 des professeurs rencontrés, l’informateur 3 (M, O, SH) mentionne que « […] préparer [les étudiants] à l’université le mieux possible, c’est l’objectif premier. […] Développer leur sens critique, les faire réfléchir avec un niveau intellectuel supérieur ». C’est aussi, selon l’informateur 6 (M, N, SN), leur donner les « […] outils nécessaires à l’université : la rigueur, la logique, leur apprendre à penser par eux-mêmes pour qu’ils développent leur autonomie dans le travail [en augmentant] graduellement les exigences de rédaction dans les rapports ». Bref, toujours selon l’informateur 6, c'est favoriser l’apprentissage d’ « […] habiletés méthodologiques pour [que les étudiants] soient outillés pour bien faire les travaux. Leur donner une discipline et des méthodes de travail ».

Plusieurs insistent sur des aspects encore plus précis de la contribution de la formation collégiale à cette « maturité intellectuelle », comme « l’apport d’outils intellectuels, [de] méthodes de travail comme la recherche d’informations, le sens critique par rapport aux sources » (informateur 1 : F, N, SN). Également, « […] les aspects méthodologiques comme les normes bibliographiques, la manière de citer les sources, le travail d’équipe et tout ce que l’on appelle les HMI [les habiletés méthodologiques et intellectuelles] » (informateur 4 : M, N, SH) reviennent souvent dans le discours des informateurs. L’informateur 17 (F, N, SN) nuance cette idée en faisant ressortir que si la mission du

collège est, entre autres, de préparer à la poursuite d’études préuniversitaires, il n’est pas toujours aisé d’y arriver :

Tu prends des étudiants qui arrivent d’origines très différentes, qui ont des connaissances différentes, des niveaux différents et tu essayes de les amener vers des techniques de travail, des concepts, avec un bagage équivalent, commun […] En même temps, il y a tellement de niveaux différents et chaque cégep est tellement différent que dans les faits ce n’est pas ça […]. Dans le texte on vise ça, mais dans la pratique c’est très différent. (Informateur 17 : F, N, SN)

Le second groupe qui mentionne cette visée en en précisant la nature est moins nombreux, soit 3 des professeurs interviewés. Ce groupe perçoit lui aussi le cégep comme une transition facilitant l’adaptation entre le secondaire et l’université, mais essentiellement sur le plan de l’acquisition d’une certaine maturité en termes de responsabilisation, d’initiative et d’autonomie, plutôt que sur le plan de l’outillage intellectuel et méthodologique. C’est le cas, notamment, de l’informateur 9 (M, O, SN) qui dit « c’est une préparation pour le niveau universitaire, un entre-deux [avec] un horaire d’université, mais un meilleur contact avec les professeurs qui sont plus disponible […], des professeurs qui sont là pour être professeurs et non pas pour être chercheurs [comme à l’université] ». L’informateur 5 (F, O, SN) va dans le même sens et affirme que la mission du cégep c’est de « […] préparer à entrer à l’université [car c’est un] passage nécessaire pour ne pas foirer sa première année [d’université] et gagner de l’autonomie dans le travail ». L’informateur 10 (M, N, SH), confirme, en précisant :

Avoir une étape entre le secondaire et l’université, je pense que c’est vraiment une bonne chose et que c’est un rôle important, […] avoir des profs qui sont spécialisés dans l’enseignement dans le sens où il y a beaucoup moins de recherche qui se fait au collégial qu’à l’université, et spécialisés dans le fait d’avoir devant eux des jeunes qui arrivent du secondaire. Puis c’est intéressant pour les étudiants, je pense, même au niveau du développement de la personne, parce que passer directement du secondaire à l’université ça doit être une méchante grosse marche, pis déjà que du secondaire au collégial, ça l’air d’être une bonne marche pour certains, pas juste au niveau du contenu, mais au niveau de la maturité, de l’autonomie de ces personnes-là… Fait que c’est bien qu’il y ait ce moment-là. (Informateur 10 : M, N, SH)

Bref, l’ensemble des enseignants identifie, sous différentes formes, la visée de développement académique en vue de la poursuite d’études universitaires, comme étant faisant partie de leur vision de la raison d’être de l’institution collégiale.