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Des seigneurs de Craon fidèles à leur suzerain

PREMIÈRE PARTIE : LA GENÈSE D’UN LIGNAGE(XI e – XIIIe

FONTAINE – DANIEL

3.1 Dans le sillage des Plantagenêts : des seigneurs fidèles et courtois

3.1.1 Une prise de position à contre-courant de l’aristocratie angevine mais relevant d’un système de valeurs familiales système de valeurs familiales

3.1.1.1 Des seigneurs de Craon fidèles à leur suzerain

3.1.1.1.1 Un contexte politique particulier : le comté d’Anjou aux mains du roi d’Angleterre, Henri II Plantagenêt

La seigneurie de Craon faisait partie du comté d’Anjou et se situait dans sa partie septentrionale. Au début du XIIe siècle, le comte d’Anjou avait pour voisins au nord-est le comte de Blois ; à l’est et au sud, le roi de France, qui possédait le duché d’Aquitaine par son mariage avec Aliénor. À l’ouest, se trouvait le duché de Bretagne et au nord, le comté du Maine appartenait, avec la Normandie, au comte d’Anjou. Nous ne pouvons pas déterminer de manière exacte les limites du comté à ce moment-là, du fait des indications fragmentaires fournies par les documents.218 De plus, l’enchevêtrement des seigneuries rendait encore plus vagues ces indications, déjà imprécises par elles-mêmes. Cependant, dans la partie septentrionale du comté, la limite peut être assez précisément tracée. En effet, l’Anjou atteignait Durtal219, la Suze220 et Sablé.221 Il comprenait les seigneuries de Château-Gontier,

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C’est à l’aide des cartulaires des abbayes que nous pouvons reconstituer approximativement la géographie angevine au XIIe siècle, mais les informations restent rares et incomplètes.

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Geoffroy Martel avait construit le château de Durtal (L. Halphen, Le comté d’Anjou au XI e siècle, Paris,

1906, p. 156-157 et 161), qui était ensuite passé aux mains de Renaud de Maulevrier.

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La Suze faisait partie de l’Anjou comme possession de la maison de Sablé (J. Chartrou, L’Anjou de 1109 à

de Craon et de la Roë.222 La limite du comté laissait en dehors les seigneuries de la Guerche et de Pouancé, mais englobait Segré au début du XIIe siècle.

Or, au milieu de ce siècle, lorsque Geoffroy Plantagenêt mourut à Château-du-Loir, au moment où il venait de réduire un de ses vassaux rebelles, le comté d’Anjou n’était plus tel qu’on l’avait vu cent cinquante ans plus tôt. Les conquêtes de Foulques Nerra et de Geoffroy Martel, les luttes de Foulques V et de Geoffroy le Bel contre les ducs de Normandie en avaient modifié l’étendue. Les chroniqueurs présentent les plus importantes de ces modifications, même si les renseignements demeurent bien vagues. L’Anjou n’était plus qu’une partie d’un vaste domaine qui s’étendait de la Manche à la Loire. Puis, en 1154, à la mort d’Étienne, roi d’Angleterre et au moment du mariage d’Henri Plantagenêt avec Aliénor d’Aquitaine, l’Anjou ne fut plus qu’une petite province au milieu d’un vaste espace sous domination Plantagenêt ; « en un mot, l’Anjou, naguère centre d’un État féodal, devint partie d’un État monarchique ».223

La famille de Craon, comme les autres familles angevines, paraît avoir ressenti les effets de cette évolution territoriale et politique, d’autant plus que dès le début, les liens étaient extrêmement forts entre les seigneurs de Craon et la cour angevine. En effet, ce fut du comte d’Anjou que Robert le Bourguignon, fils de Renaud Ier

de Nevers, comte d’Auxerre, reçut la seigneurie de Craon, à la suite de la forfaiture de Suhart le Vieux ou d'un de ses fils, Guérin ou Suhart le Jeune, entre 1041 et 1054 : Geoffroy Martel prononça la confiscation du fief et, après l’avoir conservé un certain temps, il en donna l’investiture à Robert le Bourguignon, un fils puîné du comte de Nevers. Les liens entre la maison d’Anjou et les comtes de Nevers remontaient au mariage de Bodo, second fils de Landry IV et de Mathilde, fille aînée d’Otte-Guillaume, comte de Bourgogne, avec Adèle, fille de Foulques III dit Nerra, comte d’Anjou et d’Élisabeth, comtesse de Vendôme. D’ailleurs, l’alliance entre les deux familles, de Bourgogne et d’Anjou, fut scellée une nouvelle fois par le mariage d’Agnès de Bourgogne et

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Le château de Sablé, construit et inféodé par Hugues III, comte du Maine, avait dû être conquis par le comte d’Anjou. Geoffroy le Barbu y est enfermé par son frère en 1067 et la seigneurie est unie à celle de Craon quelques années plus tard. (Halphen, p. 168).

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La seigneurie de la Roë était vassale de Craon. Nous voyons Maurice II de Craon confirmer un don de Suhart de la Roë (B. de Broussillon, La maison de Craon, n° 122).

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J. Boussard, Le comté d’Anjou, chapitre 1 : Le comté, Paris, 1977. Nous ne rentrerons pas dans le débat sur la formulation de ce regroupement territorial. Les auteurs opposés à l’expression « Empire Plantagenêt » évoquent la fragilité d’une telle construction politique pour expliquer la rapidité et la facilité de cette dislocation. En 1984, Robert–Henri Bautier proposait pour cette juxtaposition d’entités » de substituer le mot « espace » aux expressions « Empire Plantagenêt » ou « État anglo-angevin », soulignant ainsi la multiplicité et la fragilité de cet espace (Bautier, « Conclusions. « Empire Plantagenêt » ou « espace Plantagenêt ». Y eut-il une civilisation du monde Plantagenêt ? », CCM, 29, 1985, p.139-147.

de Geoffroy Martel. Dès lors, nous ne sommes pas étonné de voir les deux neveux de Bodo présents à la cour des comtes d’Anjou : l’un deux était Robert le Bourguignon.

Tout au long du XIe siècle, l’Anjou avait connu une évolution paradoxale : en même temps que s’affermissait l’autorité comtale, les seigneurs angevins, qui jadis tenaient leurs terres du comte à titre personnel et révocable224, avaient eux aussi accru leur autorité sur leurs domaines qu’ils possédaient maintenant en propre. À la faveur du règne de Foulques le Réchin, ils avaient pris des habitudes d’indépendance telles que l’autorité comtale n’était plus respectée et que des guerres continuelles désolaient le pays. Fut ainsi accrue la puissance de certaines seigneuries qui, par leurs ressources, par la dispersion et l’étendue de leurs fiefs arrivaient à imposer leur domination sur des régions parfois fort importantes. « On voit une foule de seigneuries s’étendre de tous côtés, s’enchevêtrer, se ramifier, se diviser ou, plus souvent, s’unir en groupes de fiefs qui appartenaient à une même famille. »225

L’histoire de l’Anjou au XIe

siècle est marquée par les luttes entre seigneurs pour la possession de tel ou tel château. Au siècle suivant, chacune des seigneuries cherchait à conserver la position acquise contre l’extension du pouvoir comtal, parfois au prix d’une révolte générale du baronnage angevin. D’ailleurs, au moment où Henri II prit le pouvoir, les seigneurs angevins, qui avaient été vaincus par Geoffroy le Bel, n'étaient pas définitivement calmés. Soumis pour un temps, ils ne cherchèrent qu’une occasion pour reprendre les armes, s’insurger à nouveau et reconquérir leur indépendance.

Dans ce vaste territoire, qui était soumis à Henri, l’Anjou, quoique très important par sa situation, n’était plus qu’une simple province. Le chef de l’empire angevin était avant tout un roi, et c’était comme tel qu’il agissait. À partir de 1154, le comte d’Anjou possédait la fortune des rois d’Angleterre. Arrivé à ce degré de puissance, Henri pouvait disposer de ressources importantes qui ne calmaient pas pour autant les barons. Il s’efforça, dès lors, d’unifier son empire, et surtout d’accroître son pouvoir en menant une double tâche : ruiner l’indépendance des seigneurs angevins, et créer une administration suffisamment forte pour imposer partout son autorité.

Face à cette évolution, qui fit passer l’Anjou d’un état féodal à une partie d’un empire monarchique, quelle fut l’attitude des seigneurs de Craon ? Surent-ils profiter de la puissance

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En effet, « au début du XIe siècle, on ne distinguait pas nettement le domaine du comte de celui des seigneurs vassaux. Le comte faisait des concessions de terres à titre personnel et révocable, et lorsqu’il bâtissait un château, il y plaçait un gardien, ou, le plus souvent, l’inféodait à l’un de ses fidèles ; dans les deux cas, il était prêt à reprendre le bien concédé, si le bénéficiaire déméritait. » (Halphen L., p. 158 ; c’était le cas de Suhart-le-Jeune, qui fut dépossédé de son bien). Les vassaux étaient ainsi à la merci du comte qui pouvait ainsi maintenir son autorité. Il n’en était plus de même au XIIe

siècle.

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du comte d’Anjou, devenu roi d’Angleterre, comte de Bretagne et duc d’Aquitaine ou au contraire, subirent-ils l’œuvre centralisatrice d’Henri II et la pression de son administration ?

3.1.1.1.2 La collaboration loyale du seigneur de Craon envers le Plantagenêt, son suzerain

Henri II Plantagenêt est né au Mans en mars 1133. Fils de Geoffroy le Bel, dit Plantagenêt, comte d’Anjou, et de Mathilde de Normandie, fille de Henri Ier

Beauclerc, il devint comte d’Anjou en 1151, au moment où Maurice de Craon prenait possession de la seigneurie de Craon à la mort de son frère, Guérin, en 1150. Maurice était encore mineur à cette date, mais en 1158, il participait au siège de la ville de Thouars puis prenait un certain nombre d’actes en faveur de l’abbaye de la Roë. Cette prise de possession de la seigneurie de Craon par Maurice II intervenait à la suite d’une longue période de minorité qui avait duré deux décennies en raison de la mort prématurée du père et du décès des héritiers. Henri II et Maurice de Craon étaient donc de la même génération et s’étaient certainement déjà rencontrés au cours de leur jeunesse, comme l’atteste un acte daté de 1153, en faveur de l’Hôpital d’Angers, dans lequel Maurice II apparaissait comme témoin du comte d’Anjou, qui n’était pas encore roi d’Angleterre. Âgés de moins de vingt ans au moment de la prise en main de leur domaine respectif226, nous pouvons même imaginer que les deux personnages, Henri et Maurice, avaient reçu une éducation militaire semblable. Un fils de comte était entouré dans sa jeunesse des fils des vassaux : le jeune seigneur de Craon et Henri Plantagenêt ont vraisemblablement dû jouer à la quintaine et c’est au moment de ces joutes que pouvait naître une complicité, renforcée par la suite dans l’adversité. Devenu roi, Henri II pouvait s’appuyer alors sur quelques seigneurs locaux qui lui étaient fidèles, comme nous allons le voir, dans une région instable face à une aristocratie dont la docilité était louvoyante et incertaine et constituait une menace sérieuse pour l’intégrité de son autorité.

Il est vrai que les seigneurs angevins avaient compris que leurs révoltes locales et partielles seraient facilement vaincues par le comte, et ils s’efforcèrent de s’unir pour rejeter l’autorité comtale. Cette union était d’ailleurs facilitée par le fait qu’ils étaient presque tous parents ou alliés les uns des autres.227 De plus, l’aristocratie, consciente de ce rapport de force déséquilibré, prenait appui sur des ligueurs capables de rassembler des troupes dans

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Henri II était âgé de dix-huit ans au moment où il prenait en main le comté d’Anjou. L’âge de Maurice II est incertain : en tant que fils puîné, issu d’une seconde alliance, il n’était pas très utile de retenir sa date de naissance. Nous ne pouvons qu’émettre des hypothèses prenant en compte les premiers actes qu’il émet en tant que seigneur de Craon et le moment où il accède à la chevalerie.

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Le comte d’Anjou devait faire face, de surcroît, à une situation bien moins favorable que celle de ses ancêtres du XIe siècle. En effet, au moment où Henri prit le pouvoir, la terre était en majeure partie aux mains des barons, et le comte ne possédait en propre qu’une assez faible part des territoires compris dans les limites du comté.

l’ensemble du territoire Plantagenêt comme Geoffroy, le frère d’Henri II ou, plus tard, comme ses propres fils. C’est ainsi qu’en 1154, une fois qu’Henri II était devenu roi d’Angleterre228

, Geoffroy déclencha une nouvelle révolte à laquelle participèrent nombre de seigneurs angevins et poitevins. Maurice II faisait alors partie de l’ost d’Henri II et participa à la prise du château de Thouars le 10 octobre 1158, comme l’indique la charte 189 du cartulaire de la Roë, qui constitue l’acte le plus ancien faisant référence à l’activité militaire de Maurice II de Craon. Henri II enleva alors les biens du seigneur, les engloba dans son domaine puis mit le château sous la garde de Brient de Martigné qui y resta jusqu’en 1161. Cependant, les seigneurs angevins, qui avaient été soumis, gardaient de la rancœur à l’égard du Plantagenêt, rancœur attisée par le roi de France, trop faible pour soutenir un effort de guerre et c’est dans ce contexte qu’éclata la grande rébellion de 1173 engendrée par des querelles de succession.229

Parmi les seigneurs rebelles se trouvaient les Angevins230 : Hugues, Joscelin et Guillaume de Sainte-Maure

Geoffroy de la Haye Robert de Sablé Raoul de la Haye Geoffroy de Lavardin Mathieu de la Jaille Philippe de la Chartre Vivien de Montrevault

En Anjou, ce fut Maurice de Craon qui fut chargé de conduire l’armée d’Henri II : il détruisit Chantoceau et rasa les forteresses de Sablé, de Saint-Loup et de Saint-Brice comme nous l’apprend la chronique de Saint-Aubin d’Angers :

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Geoffroy Plantagenêt avait voulu assurer un héritage à ses fils cadets et légua l’Anjou à Geoffroy lorsque Henri serait proclamé roi d’Angleterre. À la suite du mariage d’Henri avec Aliénor, Louis VII trouva des complicités auprès de Geoffroy, aux prises avec son frère aîné Henri II, qui était pressé de prendre possession du comté. Henri avait été proclamé roi d’Angleterre et couronné le 19 décembre 1154 ; il aurait dû, selon le serment qu’il avait prêté aux fidèles de son père, remettre l’Anjou à Geoffroy, mais il demanda au Pape de le délier de sa parole. Après une nouvelle défaite, Geoffroy accepta d’abandonner toutes ses prétentions sur le comté en échange de Loudun et d’une rente annuelle.

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Henri avait décidé, de son vivant, de partager ses états entre ses fils : il réservait l’Anjou, le Maine, la Normandie et la Touraine à Henri, en l’associant au trône d’Angleterre ; donnait l’Aquitaine à Richard ; la Bretagne à Geoffroy. Cependant, les fils n’avaient aucun pouvoir dans les états dont ils étaient nominalement les seigneurs et Henri, le fils aîné, soutenu par Aliénor, sa mère, Louis VII, son beau-père et par certains seigneurs mécontents, se révolta contre son père lorsque Henri II décida d’attribuer à Jean sans Terre Chinon, Loudun et Mirebeau. Il refusa de reconnaître l’apanage et demanda à son père de lui donner l’Anjou, la Normandie ou l’Angleterre. Devant le refus d’Henri II, Henri s’enfuit auprès du roi de France et organisa la révolte. Il fut rejoint par ses frères, Richard et Geoffroy. Avec l’appui du roi de France, Henri le Jeune agissait en souverain, se faisant prêter hommage par les seigneurs rebelles.

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Interea dum rex in Anglia moraretur, consilio habito, Richardus filius ejus Pictaviam ingressus est, plures ejus conversi sunt. Henricus vero superveniens terras et oppida eorum subvertit Sanctonas vi coepit ; Richardum et illos qui cum illo seditionem fovebant usque ad munitionem Tabellici fugavit : cum autem praedictus rex, in Anglia placanda moraretur, exercitus Andegaviae, Mauricio de Credone duce, castellum celsum invasit, insuper Sabolium et munitiones adjacentes, videlicet de Sancto Lupo et de Sancto Brictio funditus, evertit.231

Maurice II fut ainsi chargé de contenir les provinces d’Anjou et du Maine révoltées et reçut le commandement du château d’Ancenis qu’Henri II venait de construire à la limite de l’Anjou et de la Bretagne, ce qui prouve la dimension acquise par le seigneur de Craon auprès du Plantagenêt : « In confino Nannetensium et Andegavensium praesidium quoddam vocatum

Ancenis extruxit Henricus II rex Angliae… et Mauricio de Creum tradidit custodiendum ».232

Non seulement lui étaient reconnues des compétences militaires en tant que meneur d’hommes, mais de surcroît Henri II lui faisait pleinement confiance soulignant peut-être l’amitié qui pouvait exister entre les deux compagnons. En effet, le 13 novembre 1177, le seigneur de Craon était désigné par Henri II pour le représenter lors de la convention233 avec Louis VII. Le roi de France et Henri II devaient nommer chacun six commissaires, dont trois ecclésiastiques et trois laïcs : Maurice II se trouvait à la tête des barons, accompagnés de Guillaume Maingot et de Pierre de Montrevaut.

Une mission de diplomatie, ou au moins d’arbitrage, fut une nouvelle fois confiée à Maurice II lorsqu’il fut envoyé par Henri II en Bretagne afin de traiter avec Geoffroy, le troisième fils du roi et le 28 juin 1180, à Gisors, le seigneur de Craon apparaissait en tant que garant de la paix entre Philippe Auguste et Henri II.234 Envoyer cet homme négocier auprès de Philippe Auguste représentait une marque de confiance accordée par Henri II dans un contexte difficile où le soupçon d’une trahison était permanent. Dans les années difficiles, Maurice II apparaissait aux côtés d’Henri II, il faisait partie des vieux amis qui serraient les rangs lors des querelles avec ses fils : il occupait, à partir de ce moment là, une place essentielle.

Cette confiance envers le seigneur de Craon transparaît également dans les actes émanant d’Henri II puisque son nom revient fréquemment, cité parmi les témoins des chartes. Dès la deuxième année du règne (1155-1156), Maurice II était inscrit sur le rôle de l’Échiquier: « Mauricius de Creon debet I accipitrem norrensem et I grifalconem ». Nous ne

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Chronique de Saint-Aubin, cité par Ménage, Histoire de Sablé, livre V, p. 144.

232

Radulf de Diceto, Chron., ad an. 1174, t. I, p. 380.

233

T. Rymer, Fœdera …, année 1177, p. 16 ou nouvelle édition, t. I, part. I, p. 35.

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savons pas à quel titre il apparaissait comme devant des oiseaux pour la chasse au vol : il peut s’agir d’un simple devoir lié à son fief, « devoir » honorable. Était-il auprès d’Henri II ? La même année, il était témoin d’un acte d’Henri II en faveur de l’Hôpital d’Angers. Les informations trouvées dans le travail235 de L. Delisle confirment la présence récurrente du seigneur de Craon dans les actes du Plantagenêt. En 1179 et 1180, Maurice II et son neveu paraissent avoir promis à Henri II cinq marcs pour faire homologuer par le roi un accord conclu avec Gervais Painel « Mauricius de Creon et Wido, nepos suus, debent V marcas ut

loquela de Waltham quam habent versus Gervasium Painel sit coram rege ».236 Le tableau ci-dessous recense les différents actes émanant d’Henri II, dans lesquels figurait Maurice II de Craon en tant que témoin ou en tant qu’arbitre.

Domaine Référence Date Contenu

Fonction du seigneur de Craon Politique et diplomatique Rymer, année 1174, p. 12 1174 (Falaise)

paix entre Henri II et ses fils Témoin

Rymer, année 1177, p. 16 13 nov. 1177 convention entre Louis le Jeune et Henri II

Arbitre

Rymer, année 1180, p. 17 28 juin 1180

(Gisors)

paix entre Philippe Auguste et Henri II

Religieux

Baluze, Armoires 77, 246 1165/1182

(Craon)

Privilèges accordés à Notre-Dame de Saintes, après le sac de la ville

Témoin

Abbé Grasilier, Cartulaire de Notre-Dame de Saintes, charte n° 83 1174 Donation Cartulaire de l’Hôtel-Dieu d’Angers, p. 106 1181-1183 (Le Mans)

Ratification d’un don fait par Isabelle de Meulan

AN, L. 974, n°937 1184 Confirmation de l’accord passé

entre Robert de Torigni et Guillaume du Hommet

Divers Chronique de Robert de

Torigni, t. II ,p. 307

Vers 1175 Témoin

Tableau 19 : Actes d’Henri II dans lesquels figure Maurice II de Craon en tant que témoin ou en tant qu’arbitre

Se dégagent, à partir du tableau, les missions confiées à Maurice II et les fonctions qu’il a pu remplir auprès du Plantagenêt. Proche d’Henri II, le seigneur de Craon apparaît la plupart du