• Aucun résultat trouvé

Des pratiques de réécriture locales et occasionnelles

L ES PRATIQUES DECLAREES DE L ’ ECRITURE D ’INVENTION

3.3. Des pratiques de réécriture locales et occasionnelles

La question précédente a porté sur les objets de tutelle et l’étayage pédagogique destinés à faciliter l’entrée dans l’écriture. La question suivante constitue un prolongement : elle s’intéresse à autre versant des apprentissages de l’écrit, organisé autour de la notion de réécriture. Cela implique une conception de l’écriture comme un processus, incluant des étapes de révision voire d’amélioration des productions.

Fréquence Pour cent Pourcentage valide Pourcentage cumulé Valide Jamais 25 21,6 25,8 25,8 Parfois 50 43,1 51,5 77,3 Souvent 19 16,4 19,6 96,9 Manquante 3 2,6 3,1 100,0 Total 97 83,6 100,0 Manquante Système manquant 19 16,4 Total 116 100,0

Fréquence Pour cent Pourcentage valide Pourcentage cumulé Valide Jamais 44 37,9 41,9 41,9 Parfois 47 40,5 44,8 86,7 Souvent 8 6,9 7,6 94,3 Manquante 6 5,2 5,7 100,0 Total 105 90,5 100,0 Manquante Système manquant 11 9,5 Total 116 100,0

En première, mettez-vous en place des pratiques de réécriture des textes des élèves ?

La lecture des réponses fait état du caractère occasionnel voire exceptionnel de la pratique de réécriture. En Seconde, la valeur « jamais » est retenue dans 25,8% des cas ; en Première, le pourcentage est de 41,9%. Le cumul des valeurs « jamais » et « parfois » donne un résultat de 77,5% pour la seconde, et 86,7% pour la première. Cette orientation est confirmée par les pourcentages réservés à la valeur « souvent » établis à 19,6% et seulement 7,6% pour la classe de première. Le questionnaire n’invitait pas à apporter un complément d’information dans le cas d’une pratique non retenue. Nous pouvons toutefois avancer quelques explications à cette désaffection de la réécriture dans les apprentissages de l’écrit au lycée. La réécriture relève d’une logique de l’apprentissage du savoir-écrire qui n’est pas retenue comme prioritaire au lycée. Les pratiques du commentaire littéraire et de la dissertation sont moins envisagées sous l’angle des procédures concrètes d’écriture que sous l’angle des savoirs littéraires qu’un écrit doit restituer dans un cadre rhétorique stable, défini une fois pour toutes. À ceci s’ajoute le fait que les I.O. ne font pas figurer la réécriture comme une condition d’exercice de l’É.I. et ne proposent pas de pistes pour son introduction éventuelle. Enfin, le facteur « temps » est régulièrement invoqué pour renvoyer la réécriture à une proposition certes intéressante et formatrice mais dont la mise en œuvre s’avère difficile voire impossible, compte tenu des horaires de la classe de français.

Autre point qui mérite d’être éclairci : le questionnaire ne définissait pas la notion de réécriture et posait le terme dans une compréhension ordinaire de retour sur un écrit. 64 des 116 questionnaires introduisent toutefois des précisions quant à la nature et la visée de la réécriture quand elle est convoquée. Le dépouillement des informations nous conduit à différencier trois catégories de réécriture.

Il y a d’une part ce qui relève des activités de transposition telles qu’elles ont été décrites par l’institution. Un texte-source fait l’objet d’un re-traitement à partir d’une consigne précise : transposition générique, modification du registre, changement du cadre énonciatif ou référentiel etc : « À propos d’une séquence sur le portrait dans le roman du

XIXe, introduire un personnage fictif dans un épisode » (Q55), « Travail sur les préfaces du récit picaresque. Transposition des époques XVIe, XVIIe en situation contemporaine. Personnage roman du XIXe en roman « nouveau roman » à partir de textes fondateurs comme Robbe-Grillet sur le personnage » (Q56).

Ces propositions, pour intéressantes qu’elles soient, n’entrent pas explicitement dans la problématique que nous avions arrêtée et qui envisageait la réécriture par l’élève de sa propre production, quelles que soient l’amplitude ou les modalités de réalisation de cette réécriture.

D’autres questionnaires font état de transpositions textuelles dont le texte-source est celui de l’élève. Les propositions d’écriture reprennent celles précédemment énumérées :

« changement d’énonciation, changement de point de vue » (Q10) et également Q14,

Q23, Q35, Q112, « réécrire son texte en changeant le registre, en variant les visées, jeux

sur l’ethos, « à la manière » d’un autre auteur étudié » (Q29), « réécriture sur changement de genre, exemple : du roman à la lettre, de registre » (Q19), « à partir d’un travail de réflexion sur les difficultés rencontrées (recherche/action) » (Q28).

Enfin, une dernière catégorie de réponses (36/116) traite de la réécriture en terme d’amélioration des écrits. Une aide ponctuelle du professeur est apportée pour engager l’élève dans la révision de la production, un premier état est évalué, certaines de ses parties présentent des dysfonctionnements, une incitation au perfectionnement de la rédaction est orientée par un rappel ou une reformulation des contraintes contenues dans la consigne initiale. Il ressort des contributions décrivant ce type de réécriture que l’activité s’applique essentiellement à mettre en adéquation le texte avec trois exigences qui ont en partage « la mise en règle » de la production.

La première des exigences vise à mettre le texte produit en conformité avec la consigne d’écriture, qu’une première textualisation n’aurait pas pleinement réalisée : non respect des codes génériques, rhétoriques ou discursifs ; savoirs littéraires non mobilisés dans la

constitution du matériau de l’É.I.. La seconde exigence concerne plus directement la révision de la production sous l’angle de la norme langagière, la réduction des erreurs au plan morpho-syntaxique, orthographique etc :

« je ne sais pas si on peut parler de pratiques de réécriture mais remaniements du texte, le plus souvent pour élaguer ou au contraire donner plus de consistance à certains passages » (Q1)

« Il s’agit de reprises ciblées et liées davantage à l’expression qu’au contenu » (Q7) ; « amélioration, correction du texte initialement produit individuellement ou collectivement » (Q23)

« photocopie d’une copie d’élève sur transparent : mesure, en commun, des écarts vérifiables par rapport à l’objectif fixé : propositions validées et recopiées par toute la classe. » (Q31)

« dans le cadre d’une correction : mises en parallèle, comparaison de productions d’élèves puis travail de reformulation ou de redéfinition d’une progression, collectivement » (Q45)

« des remédiations ciblées, en classe ou à la maison, individuellement ou en groupes. »

(Q52) ; « Il s’agit d’apporter une consigne pour la réécriture plus dirigée d’un passage

(travail sur le style en particulier). » (Q53)

« par exemple, dans le cadre d’un projet d’écriture longue (nouvelle), travail de réécriture de certains extraits, avec deux objectifs : correction/enrichissement du texte. »

(Q60)

« correction des fautes d’orthographe et de syntaxe, grammaire. Réécriture d’un passage, enlever les incohérences » (Q66)

« enrichissement de l’argumentation et/ou recherche de formulations plus expressives ; correction de l’expression ; travail sur les niveaux de langue. » (Q68)

« Etude comparative, travail de la langue, stylistique, suppression, ajouts » (Q71) « relecture par un autre élève et reprise du texte en binôme » (Q76)

« En aide individualisée, reprise collective d’un texte avec pour objectif de l’améliorer ou reprise individuelle de son texte avec une consigne unique et variable selon l’élève. »

« dans le cadre de la correction, réécriture qui ne porte que sur une partie du texte. »

(Q94)

« devoir à refaire, reprendre en cas de mauvaises notes » (Q99) ; « en fonction des élèves, soit réélaboration d’un plan, soit réécriture d’un paragraphe » (Q100)

« 1- travail sur le sujet : compréhension de la consigne, des enjeux. 2-réécriture d’un paragraphe. 3- ajout de contraintes non respectées. » (Q105)

« lors du corrigé : lecture par les élèves d’un devoir ou d’une partie de devoir d’un élève, suivie d’une correction et d’une critique par eux-mêmes. » (Q110)

« séance consacrée à une copie dont les réussites ou erreurs sont caractéristiques afin de les reformuler ou de les exploiter en guise de correction. » (Q115)

La réécriture est assimilée à un exercice de correction des écrits, les dysfonctionnements avérés entraînant des révisions ponctuelles et locales.