De plus en plus de déchets à gérer et à exploiter à Dakar et à Addis Abäba
Carte 5. Densités de population dans les communes d’arrondissement de Dakar
Source : Lombard, 2006 ; réalisation A.Pierrat, 2014
79 96,5 selon les estimations de la ANSD (Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie) au Sénégal. 80 Données disponible sur le site internet de l’ANSD, http://www.ansd.sn/, consulté le 19 septembre 2014.
81 Données de la Situation économique et sociale de la région de Dakar de l’année 2008. À titre de comparaison, la
Au nord-‐ouest de Cambérène, les Parcelles Assainies ont été aménagées progressivement depuis 1990 (projet lancé par la Banque Mondiale) pour recevoir les « déguerpis » de l’ancien centre. Associé à Pikine, cet ensemble constitue une seconde ville, celle des catégories populaires. Les routes secondaires82 ne sont pas souvent goudronnées et
les embouteillages posent de nombreux problèmes d’accessibilité (pour les déplacements humains comme pour ceux des marchandises). Lorsque l’on dépasse « Pikine régulier83 » on
découvre encore un autre visage de cette région urbaine.
La banlieue s’étend en intégrant d’anciens villages desservis par les transports en communs depuis le Cap Manuel : Thiaroye Kao, Yeumbeul, Malika ou encore Keur Massar. Dans ces espaces en transition, les installations sont précaires, insalubres, les habitations sont construites de façon anarchique et ne suivent aucun plan d’urbanisme. Dakar est une ville en chantier. L’urbanisation gagne tous les interstices mais les réseaux restent incomplets et la pauvreté y est exacerbée en banlieue.
Le développement d’Addis Abäba
Depuis les années 1960, la capitale éthiopienne a connu une augmentation considérable du nombre de ses habitants, notamment durant les décennies 1970 et 1980, au moment de la prise de pouvoir de Mâgestu Haylä Maryam (figure 6). Ainsi, comme l’explique Alain Gascon, « le recensement de 1984 montrait combien la Révolution avait accéléré la centralisation84 commencée sous l’Ancien Régime » (Gascon, 2006 : 131).
82 C'est-‐à-‐dire en dehors des axes Pikine–Rufisque au sud de la Presqu’île et Pikine–Keur Massar au nord. 83 Voir carte 12 de localisation des terrains d’enquêtes au chapitre 2-‐3.
84 Alors que depuis 1991, la réforme sur la décentralisation, qui a conduit à la création de la ville région d’Addis
Abäba, est à l’origine d’une augmentation de la croissance urbaine dans la capitale de 1 % entre 1950 et 1984, le taux de croissance urbaine est passé à 4 % entre 1984 et 1999 (Central statistical Authority, Statistical report on the 1999 Labour Force Survey, Addis Ababa, November 1999 : 7).
Figure 6. L’évolution de la population de l’agglomération d’Addis Abäba
Sources : Size and Average Annual Population Growth rate of Addis Ababa (1961-2004), (CSA, 2008 ; AAFEDB, 2009 et AASBPDA, 2008) ; réalisation A.P., 2013
Ces évolutions de la population correspondent à une double tendance : le développement spatial de la capitale et l’afflux important de ruraux vers la ville. Le développement urbain d’Addis Abäba est caractérisé par deux étapes importantes. À la fin du XIXème siècle, la « stabilisation pérenne de la capitale Addis Abäba et sa sédentarisation sur un site géographique est un fait très marquant au regard de l’histoire urbaine de la ville dite « itinérante » d’Éthiopie entre la fin du XVIIIème et la moitié du XIXème siècle » (Tamru, 2006). La
situation de l’agglomération additienne sur les hauts plateaux est-‐africain fait d’elle la plus haute capitale africaine85. Le climat est de type tropical montagnard (Atlas de l’Afrique,
2009). L’origine de sa construction est liée à l’expansion et au contrôle des territoires du sud du pays sous le règne de Menelik II (1889–1913) marqué par la construction de villes fortes appelées kätäma en des points stratégiques86
. Addis Abäba était une kätäma centrale bien reliée aux autres par un réseau de pistes caravanières en développement, et par lequel étaient acheminées les denrées, butins de pillage et tributs de la guerre. En 1886, la reine Taytu (femme de Menelik II) décide de déplacer cette kätäma en contrebas de la colline d’Entotto sur laquelle elle était originellement perchée pour profiter des sources chaudes
85 Le site d’Addis Abäba est un plateau compris entre 2300 m et 2600 m d’altitude au centre de l’Éthiopie. 86 L’histoire des villes d’Éthiopie est liée au pouvoir en place (Aksum, Gondär et la dynastie Zagwe, etc.). Les villes étaient toujours situées dans les hauteurs (stratégie de prévention contre le paludisme et pour assurer la défense de ces places fortes).
situées à une altitude inférieure. Ainsi naît Addis Abäba la « nouvelle fleur », addis [nouvelle] et abäba, [fleur]87.
L’Éthiopie est encore aujourd’hui le pays le plus rural d’Afrique avec seulement 15 % d’urbains88. La capitale abrite plus de trois millions d’habitants selon les estimations de 2008
établies par la Central Statistical Agency. Jusqu’en 1984, la capitale comptait moins d’un million d’habitants. Elle connaît depuis lors une croissance urbaine importante, qui témoigne des évolutions de la société éthiopienne. L’exode rural et les conflits répétés ont attiré des réfugiés et des ruraux aspirant à une vie urbaine dans la capitale. Alain Gascon (Gascon, 1999), reprenant les propos d’Alula (Alula, 1985), explique l’urbanisation tardive de l’Éthiopie par la faiblesse des surplus dégagés par l’agriculture. La population d’Addis Abäba a ainsi plus que doublé depuis 1984, passant de 1 423 000 habitants à 3 146 000 en 2008. En 1991, la chute de la dictature du därg89 [junte militaire]90 de Mâgestu Haylä Maryam, en place depuis 1974
(1974-‐1991), marque un tournant dans l’urbanisation de l’Éthiopie : « toutes les observations recueillies auprès des Éthiopiens et des éthiopisants s’accordent à propos d’une accélération de la croissance de la population des villes depuis 1991, année de la chute de Mâgestu Haylä Maryam » (Gascon, 1999). Depuis 1995 et l’instauration de l’ethnofédéralisme à l’échelle nationale, conçu en partie pour rompre avec la traditionnelle domination du pouvoir amhara et la centralisation (sous Menelik et sous Haylä Sélassé), Addis Abäba, comme Dirré Dawa, sont des villes-‐États administrées séparément par le gouvernement fédéral. Les nouvelles divisions territoriales du pays, représentées sur la carte 6, fondaient dès 1995 l’établissement de la République Démocratique Fédérale d’Éthiopie (RDFE) (Vaughan, 2007).
87 En amharique.
88 Définition de la ville en Éthiopie : selon la Central Statistical Authority « une localité sera définie comme ville si
elle correspond à une population agglomérée de plus de 2000 habitants dont la majorité a une profession principale non agricole » (Guitton, 2012).
89 Ou « régime du Därg » dont le principal souvenir reste les déplacements coercitifs de population dans des
régions hostiles (Fontrier, 2000).