De plus en plus de déchets à gérer et à exploiter à Dakar et à Addis Abäba
Encadré 1. Définition des ordures ménagères selon les pouvoirs publics sénégalais*
5- les résidus en provenance des écoles, casernes, hôpitaux, prisons ou tous bâtiments publics groupés sur des emplacements déterminés, dans des récipients réglementaires (à
1.2.1. À Dakar : plus de plastiques, moins de déchets organiques
Nous comparons l’évolution de la nature des déchets à Dakar à partir de trois typologies : 1997, 2004 et 2007. Celle de 1996-‐1997 combine les informations issues du rapport de la Communauté Urbaine de Dakar [CUD] intitulé Nouveau système de nettoiement de la Commune Urbaine de Dakar et publié en septembre 1996 et de la thèse de Michel SECK soutenue en 1997, La gestion des déchets à Dakar, perceptions et effets environnementaux106. Au milieu des années 1990, les déchets dakarois étaient composés de six éléments principaux
102 On entend par ordures, tout objet représentant ou non une certaine valeur, incluant le verre, les métaux, les
mégots de cigarettes, les tissus papiers, la nourriture, les déchets des jardins, et tous les autres matériaux qui d’une manière ou d’une autre rendent les lieux inesthétiques ou insalubres (traduction A.P.).
103 On entend par déchets solides, toutes choses rejetées et non désirées qui seraient ni liquides ni gazeuses
(traduction A.P.).
104 Pour illustrer cette affirmation, citons l’exemple des stations de compostage, dont le fonctionnement devient
rentable à condition que l’ensemble des déchets urbains comporte une part non négligeable de déchets organiques. Nous reviendrons sur la technique du compostage à plusieurs reprises au cours de la démonstration.
105 Les déchets banaux [ou DIB – Déchets Industriels Banaux] sont constitués de déchets non dangereux et non
inertes.
: entre 40 % et 48 % de matières organiques fermentescibles107
, ce pourcentage variant entre l’hivernage et la saison sèche (déchets de cuisine et de jardin, déchets « verts » de marchés108), 15 % de textiles, papiers et cartons, 8 % pour les textiles, 25 % de sables, pierres et
cendres diverses, 3 % plastiques, 3 % de métaux ferreux. Amadou Diawara propose également une synthèse de la nature des déchets solides dakarois à partir des enquêtes réalisées dans le cadre de ses recherches doctorales en 2004. La troisième source, plus récente, est le compte rendu du programme PURE (Pauvreté Urbaine et Environnement) de l’IAGU et du CRDI109
. Il convient de noter deux éléments. D’abord, il s’agit de la composition générale des déchets de l’agglomération dakaroise mais les pourcentages diffèrent selon les quartiers. En effet, les sources de production liées aux activités et aux modes de consommation varient aussi selon les niveaux de vie110.
Les figures 8.a, 8.b et 8.c ne représentent que les six catégories principales : les déchets fermentescibles (ou organiques), les fines et gravats, les papiers et les cartons, les textiles et les métaux ferreux et non ferreux111. La catégorie « autre » qui regroupe les verres,
les caoutchoucs, le bois et le cuir ne figure pas sur cette synthèse. Elle correspond à environ 2%, après addition des natures sous-‐représentées dans la composition générale.
107 C'est-‐à-‐dire décomposables, avec lesquels on peut fabriquer une matière fertilisante comme le compost ou le
terreau après compostage. Le compostage est défini comme « un procédé biologique contrôlé de conversion et de valorisation de substrats, sous-‐produits de la biomasse, stabilisés, hygiéniques, semblable à un terreau riche en composé unique » (Mustin, 1987).
108 Epluchures de fruits et légumes, déchets de viande, feuillages, herbages etc.
109 Dans le cadre du projet « villes ciblées » du CRDI, le programme de recherche-‐action PURE s’est déroulé de 2007
à 2011.
110 Nous reprenons ici le constat formulé par Gérard Bertolini, « au stade de l’observation, l’inventaire du contenu
des poubelles permet de saisir des différences, suivant les caractéristiques socio démographiques et celles de l’habitat : à travers l’empreinte détritique, la géographie du déchet est aussi une géographie sociale » (Bertolini, 1990 : 10).
111 Ce que l'on appelle communément « métaux non ferreux » (MNF), pour les distinguer des métaux ferreux ou «
ferrailles» tels que les aciers, fontes et différents alliages de fer comme l'acier inoxydable ou l'acier galvanisé, sont avant tout des alliages de métaux à base d'aluminium, de cuivre, d'étain, de plomb, de zinc, de chrome, d'or, d'argent etc. Il est en effet très rare de trouver dans les rebuts et déchets des métaux purs ou alors en quantités extrêmement faibles. En fait les professionnels de cette filière distinguent trois catégories de métaux non ferreux : les métaux de base (Aluminium, Cuivre, Plomb, Zinc, Nickel, Chrome, Etain), les métaux spéciaux (une vingtaine environ) et les métaux précieux (Or, Argent, Platine). Le recyclage de produits en fin de vie sera de plus en plus incontournable puisqu’il est la seule source de métal non ferreux secondaire alors que la ressource primaire s’amenuise, au moins provisoirement, en raison du faible nombre de nouveaux projets miniers engagés ces dernières années ».
Figures 8.a.b.c. L’évolution de la nature des déchets à Dakar en 1990, 2004 et 2007112
Sources : Seck,1997 ; Diallo pour VIE, 2007 & Diawara, 2009 : 548 ; réalisation A.P., 2013
112 Pour consulter les chiffres correspondant à la part respective des différentes natures de déchets, voir
l’annexe B. La catégorie « autre » n’étant pas prise en compte, l’addition des six pourcentages ne donne pas un total égal à 100. Pour cette raison, les chiffres ne sont pas indiqués sur les trois graphiques. Cela n’empêche pas de conserver les proportions et de rendre compte de l’évolution de la nature des déchets.
Sur les six natures de déchets identifiées, on note une prédominance de matières fines (sable, cendres, gravats) et des fermentescibles. Cette comparaison des prélèvements à trois époques montre une diminution des fines entre 2004 et 2007 qui peut s’expliquer par les
nombreux travaux effectués au début des années 2000 dans la capitale. La part des plastiques a globalement augmenté au détriment de la part des papiers et cartons. Les déchets d’emballages confirment ces chiffres, le plastique ayant remplacé progressivement les emballages traditionnels, tels que le papier. Enfin, la part de la ferraille a légèrement augmenté mais ces chiffres officiels semblent sous estimer les quantités en circulation, une proportion importante de déchets de métaux ferreux et non ferreux étant prélevée à la source par les acteurs du secteur informel et les ménages (voir chapitre 3).