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Chapitre I – Méthodologie de recherche

1.5. Le déroulement des enquêtes

Pour l’administration des trois instruments de recueil de données auprès des

enseignants choisis, nous avions défini la chronologie suivante : nous commencions par

l’observation, ensuite, à la fin de de laquelle nous remettions le questionnaire à

l’enseignant(e) observé(e). Nous attendions qu’il/elle le remplisse. Nous avons souvent

attendu qu’ils nous disent qu’ils l’avaient rempli mais, pour certains, nous avons eu besoin de

leur rappeler qu’il était nécessaire qu’ils nous rendent le questionnaire. L’entretien, enfin,

avait lieu le jour où l’enseignant nous rendait le questionnaire. Pour les autres, ceux à qui

nous avons seulement demandé de répondre au questionnaire, nous le leur avons soit remis ou

envoyé, selon les cas, et nous avons attendu leur retour.

1.5.1. Les observations

Naturellement, les observations ont eu lieu dans les sept écoles qui nous ont autorisés

à faire notre enquête et dans les salles de cours respectives. Nous avons toujours respecté la

disponibilité, les horaires et les dates des enseignants pour observer, même si parfois nous

avons dû négocier avec eux pour voir si cela pouvait avoir lieu à une autre date ou durant une

autre plage horaire en fonction de notre disponibilité nous aussi, étant donné que nous avons

mené cette enquête pendant l’exercice de notre activité professionnelle. Dans la mesure du

possible, nous avons toujours souhaité que les observations de deux enseignants de chaque

école aient lieu le même jour. Ainsi, pour certains, nous avons proposé une autre date pour

l’observation afin que nous puissions observer les deux. Les enseignants avaient, cependant,

le dernier mot et, de fait, ils fixaient la date et l’heure qui leur convenaient.

En ce qui concerne les observations proprement dites, généralement, elles se sont

toutes passées de la même manière. Nous entrions dans la salle, l’enseignant nous proposait

une place au fond et nous nous y asseyions. Nous suivions le cours et nous regardions la

manière de faire de l’enseignant à l’aide de notre fiche d’observation. Dans certaines salles,

les enseignants nous ont présentés aux apprenants au début de la séance alors que dans

d’autres la présentation s’est faite à la fin de la séance. Il y a même eu des situations où les

enseignants ne nous ont pas présentés, nous sommes entrés et repartis sans que les élèves

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sachent qui nous étions. Rien de grave là non plus, le plus important, pour nous, étant

d’observer les cours et de recueillir les données pour notre recherche. Ci-dessous nous

présentons le tableau qui synthétise les dates et les horaires des observations.

Tableau 7 - Les horaires et les dates des observations

Code enseignant Classe Date Heures

Nombre

d’élèves

présents

1 BA 11

e

11/10/2017 7h – 8h45 45

2 RM 9

e

11/10/2017 12h45 – 14h20 42

3 LJ 12

e

17/10/2017 8h40 – 9h 20 56

4 PM 10

e

17/10/2017 9h35 – 10h 20 65

5 CS 10

e

16/10/2017 10h 25 – 11h 20 65

6 MS 12

e

16/10/2017 12h 45 – 14h 20 33

7 XM 11

e

19/10/2017 12h 45 – 14h 20 13

8 SE 12

e

20/10/2017 12h45 – 14h 20 11

9 MF 9

e

20/10/2017 14h20 – 16h 20 27

10 SA 11

e

26/10/2017 16h 25 – 17h 55 55

1.5.2. Le questionnaire

En ce qui concerne le questionnaire, il importe de décrire comment nous avons

effectué la passation aux enquêtés. En effet, nous avons fait la passation sous trois voire

même quatre formes (ou moyens) différentes. D’abord concernant ceux dont nous avons

observé le cours, nous leur avons remis le questionnaire à la fin de la séance. Pour les autres,

nous avons utilisé tous les moyens à notre disposition pour leur faire parvenir le

questionnaire. Aux enseignants que nous connaissions, nous leur avons donné le

questionnaire là où nous les avons rencontrés, le plus souvent dans la rue. Nous avons aussi

profité de l’occasion de la tenue d’une réunion de l‟Associação Francofona de Nampula,

composée majoritairement de professeurs de français et avons remis le questionnaire à ceux

qui étaient présents. Enfin, une dernière forme de passation du questionnaire, a consisté à

utiliser les technologies d’information et de communication. Ainsi, nous avons pu remettre

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quelques questionnaires par courriel, via Facebook et d’autres enfin par le biais de

l’application mobile whatsap.

Le recueil du questionnaire a suivi, naturellement, la même logique de passation.

Certains nous l’ont remis directement et d’autres, nous l’ont rendu par le biais des voies

mentionnées ci-dessus. En général, ils remplissaient le questionnaire, le prenaient en photo et

nous l’envoyaient. Ensuite, nous prenions un exemplaire non rempli et nous le retranscrivions

à l’identique. Nous avons eu besoin d’utiliser ces moyens et cette stratégie afin de faire

participer les enseignants qui travaillent dans les districts. Nous avons eu beaucoup de mal à

récupérer les questionnaires. Selon nos estimations, nous avons distribué plus de

cent-cinquante questionnaires sur lesquels seulement soixante-six questionnaires nous ont été

restitués, moins de la moitié donc. Cela nous laisse penser que les enseignants n’ont pas

accordé beaucoup d’importance à notre enquête. Nous ignorons encore pour quelles raisons

mais nous imaginons que ce puisse être, éventuellement, par crainte de ne pas faire bonne

figure, de ne pas vouloir donner une mauvaise image en cas de réponse incorrecte ou par

méconnaissance du sujet traité. Ainsi avons-nous eu un échantillon sur lequel travailler de

soixante-six questionnaires.

1.5.3. L’Entretien

En ce qui concerne la réalisation des entretiens, plusieurs auteurs convergent sur le

même principe et considèrent en général que les conditions sociales, spatiales et temporelles

dans lesquelles a lieu l’entretien peuvent influencer considérablement ce dernier. À ce propos,

Blanchet & Gotman (ibidem, pp. 69-80), dans ce qu’ils appellent les paramètres de la situation

d’entretien, relèvent trois niveaux hiérarchiques qui agissent sur le déroulement d’un

entretien. Le premier niveau tient à l’environnement, il s’agit ici du temps et de la scène ; le

deuxième relève du cadre contractuel de la communication (statuts des interlocuteurs, maîtrise

du sujet par l’interviewé) ; et le troisième et dernier niveau concerne les modes d’intervention,

c’est-à-dire la manière dont les deux interlocuteurs s’écoutent mutuellement.

Beaud & Weber (2010, pp. 169-175) parlent quant à eux de la nécessité de négocier

les conditions de l’entretien tout en reconnaissant cependant que l’enquêteur n’a parfois pas,

sinon généralement, les moyens de mener une telle négociation, il se limite aux conditions

que lui impose/offre l’interviewé. Ces auteurs soulignent la nécessité de négocier les horaires

et les dates et d’accorder une attention particulière au choix du lieu de l’entretien.

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Enfin, pour Campenhoudt, Marquet & Quivy (ibidem, pp. 88-89), « le contexte dans

lequel se déroule l‟entretien peut influencer considérablement son déroulement et son

contenu». Ces auteurs soulignent l’importance du cadre spatio-temporel et le rapport social

entre l’interviewer et l’interviewé.

Les conseils et les mises en garde contenus dans les trois ouvrages que nous venons de

citer ci-dessus nous laissent quelque peu insatisfaits de nos entretiens parce que nous n’avons

pas eu les moyens et les conditions de contrôler et de réduire ces biais. Tout d’abord, les

enseignants que nous avons interviewés ne possèdent pas de bureau individuel dans lequel

nous aurions pu mener nos entretiens. Ils disposent seulement d’une salle des professeurs

qu’ils partagent avec leurs collègues. De fait, il était impossible de mener nos entretiens dans

ces salles. Les entretiens ont donc eu lieu là où il était possible de les réaliser. Les lieux sont

hétérogènes comme en témoigne le tableau ci-dessous.

Ensuite, nous n’avons pas pu non plus gérer et contrôler le biais de la proximité et de

la connaissance mutuelle entre l’intervieweur et l’interviewé. Pour cause, nous connaissions,

avant cette enquête, tous les interviewés. Parmi les huit personnes interrogées, trois ont été

nos collègues de formation à l’Université entre 2005 et 2008. Les cinq autres ont été nos

étudiants, nous avons fait partie de leur processus de formation à la profession d’enseignant

de FLE, (voir aussi le tableau ci-dessous), depuis 2009.

Malgré tout, nous avons fait le nécessaire pour rassurer et faire comprendre à nos

interviewés la nécessité de séparer les moments et de ne considérer que la casquette de

chercheur que nous portions lors de ces entretiens. En effet, avant le début de chaque

discussion nous avons expliqué notre rôle de chercheur qui n’est pas celui d’évaluateur que

pourrait laisser penser notre statut de formateur, d’ancien formateur et très probablement

d’expert en la matière. Pour certains, nous avons dû recommencer l’enregistrement ou

l’entretien parce qu’au bout de quelques instants nous avons remarqué qu’ils étaient trop

tendus. Il a fallu composer avec ces inconvénients parce que sinon l’enquête n’aurait pas lieu,

au moins dans la province de Nampula, contexte de notre recherche. Il serait, en effet,

difficile, voire impossible, de mener cette enquête avec des sujets qui nous soient totalement

étrangers et qui n’appartiendraient pas à l’une des catégories mentionnées ci-dessus.

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Tableau 8 - Conditions de réalisation des enquêtes

Code enquêté Date de

réalisation

Lieu de réalisation de l’entretien Statuts des

interlocuteurs

1 BA 25/10/2017 Enceinte de l’école et dans la

voiture de l’intervieweur

Ancien étudiant

2 RM 04/11/2017 Sous un arbre sur un terrain

appartenant à l’interviewé

Ancien collègue

3 LJ 26/10/2017 Dans une salle, sur le lieu de travail

de l’intervieweur

Ancien étudiant

4 PM 26/10/2017 Dans une salle, sur le lieu de travail

de l’intervieweur

Ancien étudiant

5 MS 24/10/2017 Enceinte de l’école et dans la

voiture de l’intervieweur

Ancien collègue

6 SE 08/11/2017 Au bord d’une route, dans la

voiture de l’interviewé

Ancien collègue

7 MF 13/11/2017 Dans une salle, sur le lieu de travail

de l’interviewé

Ancien étudiant

8 SA 04/11/2017 Dans l’épicerie/boutique

appartenant à l’interviewé

Ancien étudiant

Enfin, ces entretiens ont eu lieu dans un contexte exolingue. La langue des interviewés

(le portugais) est différente de celle de rédaction de notre thèse (le français). Il a donc fallu

décider dans quelle langue nous allions mener les entretiens. Après réflexions et conscients

des difficultés que peut éprouver un locuteur non natif à exprimer réellement ce qu’il pense,

nous avons décidé de mener ces discussions en portugais. Toutefois, nous avions aussi

préparé une version de l’entretien en français. Ainsi, au début de chaque entretien, nous

demandions aux personnes interrogées dans quelle langue elles souhaiteraient que l’entretien

soit réalisé. La plupart d’entre elles n’a pas clairement choisi la langue de l’entretien. En effet,

choisir le portugais, dans leur inconscient, était un signe d’échec parce que, après tout, ce sont

des enseignants de français. Cependant, ces enseignants ne pouvaient pas non plus préférer le

français parce qu’ils étaient également conscients de leurs limites éventuelles à s’exprimer

efficacement dans cette langue.

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Pour débloquer la situation, nous avons toujours décidé de mener l’enquête en

portugais surtout auprès des enseignants de nationalité mozambicaine. Ainsi, parmi les huit

entretiens, six nous les avons faits en portugais et seulement deux en français. Ces derniers

concernent ceux dont les interviewés sont de nationalité congolaise, réfugiés au Mozambique

depuis un bon moment, qui ont suivi leur formation universitaire à Nampula, et qui auraient

donc plus de mal à s’exprimer en portugais.