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La France entretient des liens avec le Mozambique depuis 1895 avec l’ouverture de sa

première représentation à Lourenço Marques (nom de l’actuelle Maputo à l’époque

coloniale). La forme de représentation de la France au Mozambique n’a cessé d’évoluer. D’un

vice-consulat en 1895, la France a été représentée successivement par un consulat en 1925, un

consulat-général en 1953 pour, enfin, ouvrir son ambassade en 1976. Le Mozambique est

aussi représenté en France par une ambassade. La coopération entre ces deux pays s’étend sur

trois domaines : politique, économique et éducatif/linguistique/culturel.

Sur le plan politique, ces deux pays entretiennent des relations de voisinage à travers

les territoires outre-mer français de l’Île de la Réunion et de Mayotte. À travers ces deux

territoires, la France partage avec le Mozambique le canal maritime dans l’océan indien qui

prend le nom de Canal du Mozambique. Les trois derniers présidents du Mozambique ont

visité la France (Joaquim Alberto Chissano, en 2004 ; Armando Emilio Guebuza, en 2013 ; le

dernier en poste jusqu’en 2019, Filipe Jacinto Nyusi, a visité la France l’année de sa prise de

pouvoir, en 2015). Ces présidents ont toujours rencontré leurs homologues français Jacques

Chirac et François Hollande, respectivement. Du côté français on relève la visite du président

Jacques Chirac en 1998, celle de Madame Nicole Bricq (ministre du Commerce extérieur) en

2014 et encore celle de Madame Ségolène Royal (ministre de l’Écologie) en 2016. Sur le plan

économique, la France fait des échanges commerciaux avec le Mozambique depuis la fin du

XIX

e

siècle.

Même si nous reconnaissons l’importance de la coopération dans les domaines

politique et économique, sachant que c’est la coopération dans ces deux domaines qui

détermine le degré de coopération linguistique, éducative et culturelle, nous porterons une

attention particulière sur cette dernière, en rapport direct avec le sujet de cette thèse. La

coopération dans le domaine éducatif et linguistique se caractérise par le soutien de la France

à la formation des enseignants de français et à l’amélioration de l’enseignement du français au

Mozambique. Entre les années 1995 et 2012 des étudiants de différentes universités françaises

faisaient leurs stages longs (Master 2) dans les départements de français de l’UP Maputo,

Beira et Nampula. Depuis 2010, il y a encore des stagiaires français qui se rendent au

25 Nous avons obtenu les informations concernant cette partie dans les différentes rubriques du site de l’Ambassade de France au Mozambique et au Swaziland. Accessible sur https://mz.ambafrance.org, site consulté le 11/07/2018 à 15h00

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Mozambique chaque année pour faire leur stage à l’Académie militaire Maréchal Samora

Machel

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.

Un autre projet au service de l’amélioration de l’enseignement du français au

Mozambique concerne les professeurs d’appui pédagogique provinciaux (PAPP). Mis en

place depuis 2004, il est le résultat d’un partenariat entre trois institutions : le ministère de

l’Éducation et du Développent humain (MEDH), l’Ambassade de France à Maputo à travers

le service de coopération et d’action culturelle (SCAC) et le Centre international d’étude

pédagogiques (CIEP) de la Réunion. Ce programme vise à former des conseillers

pédagogiques qui assureraient à leur tour le suivi pédagogique des professeurs de français

dans chaque province.

Il y a aussi un(e) expert(e) technique international(e) nommé(e) par la France et un (e)

chargé(e) de mission Francophonie/culture à l’ambassade. L’expert(e) est basé (e) à la

direction générale de l’enseignement secondaire du MEDH, institution qui coordonne les

activités et toutes les réformes concernant l’enseignement secondaire. Sa mission est d’assurer

les relations institutionnelles entre différents organismes (universités, ministère, instituts,

ambassade) et de fournir un appui technique en cas de besoin. Concernant la personne en

change de la mission francophonie/culture, elle complète en quelque sorte le dispositif de

coopération éducatif et linguistique en menant des actions ponctuelles dans les universités

publiques et privées.

La coopération culturelle est essentiellement assurée par le SCAC à travers le Centre

culturel franco-mozambicain (CCFM) chargé de la diffusion de la langue et de la culture

françaises. Il mène aussi des actions de sensibilisation à la diversité culturelle notamment en

appuyant la célébration de la semaine de la francophonie chaque année et en invitant des

artistes originaires de différents pays à y animer des concerts ou proposer des expositions en

tous genres. C’est donc pour cette raison que l’Ambassade de France à Maputo considère le

CCFM comme un « opérateur naturel de l‟Ambassade de France pour la diffusion culturelle

et comme un acteur incontournable de la vie culturelle de la capitale mozambicaine ». Enfin,

depuis les années 1990, la France accorde des bourses d’études aux citoyens mozambicains

désireux de poursuivre leurs études en France, principalement concernant les masters et

doctorats. Ces bourses sont attribuées à un public diversifié. On peut trouver en France des

26 L’Académie militaire Maréchal Samora Moisés Machel est une institution d’enseignement supérieur qui forme des officiers de l’Armée à la plupart des spécialités militaires. Elle est basée dans la province de Nampula, au nord du Mozambique. Elle accueille aussi des étudiants étrangers originaires de certains pays africains.

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étudiants mozambicains en formation dans différents domaines scientifiques et différentes

universités françaises. Il nous a été possible, en effet, de mener ce travail de recherche et de

rédiger cette thèse dans une université française grâce à cette politique d’attribution de

bourses d’études aux citoyens mozambicains.

De cette brève description de la coopération franco-mozambicaine ressort une donnée

incontestable : il existe un important investissement en moyens financiers et humains de la

part de la France pour l’enseignement-apprentissage et la diffusion de la langue et de la

culture françaises au Mozambique. On pourrait donc s’attendre à leur diffusion massive au

Mozambique et à une connaissance linguistique et (inter)culturelle mutuelle approfondie.

Est-ce le cas sur le terrain ? Cette recherche pourra apporter la réponse à la question précédente,

dans la mesure où, à partir des pratiques des enseignants en classe, nous saurons si la culture

française est effectivement enseignée et connue des apprenants.

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