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Partie 1 Contexte, enjeux et méthodes

2.4 Déroulement de l’étude

L’objectif de mes enquêtes fut de collecter des données sur les moyens de subsistance des communautés et sur les dynamiques de leur territorialité pour comprendre les stratégies adoptées par ces communautés face à l’exposition aux aléas hydrologiques.

Ce travail de géographie s’est appuyé sur les méthodes de l’ethnographie : l’étude de terrain reposait sur la combinaison de plusieurs grandes formes de production de données ethnographiques : l’immersion, l’observation participante, l’entretien semi-directif, l’enregistrement audio et vidéo ainsi que la collecte de sources écrites (cf. Olivier de Sardan 1995b ; Céfaï 2003 ; Fassin et Bensa 2008 ; Beaud et Weber 2010) ; sur celles de l’ethno-écologie : l’étude a accordé une attention particulière à l’usage des ressources et aux savoirs écologiques locaux. Elle s’est appuyée sur les méthodes et les outils de la géographie grâce, entre autres, à l’usage de la cartographie. Les outils employés pour produire des données ont été testés, ajustés et remaniés sur le terrain en fonction des situations. Une longue immersion (18 mois) m’a permis de collecter un vaste corpus de données. 217 personnes ont ainsi été interrogées. Les informations et connaissances acquises ont été consignées dans les carnets de

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terrain ou enregistrées. La collecte de son et de séquences filmées a permis de réaliser un documentaire vidéo ethno-géographique dont le scénario suit la problématique centrale de la thèse. Pour cela, parmi les 217 entretiens, 50 entretiens ont été filmés ainsi que des scènes de la vie quotidienne et des plans de paysage (Annexe 13). Le film documentaire, utilisé comme support pour rendre compte des données de terrain, s’avère être un outil efficace de médiation, d’information et de diffusion des recherches en sciences sociales (Rouch 1979 ; Colleyn 1993, 2009 ; Piault 2000 ; Gauthier 2003). Une immersion dans la vie quotidienne

Pour des questions pratiques, dans chaque site, je me suis d’abord installée dans les bourgs ruraux. Celui de Bokakhat est traversé par la nationale (NH 37), la voie de communication la plus importante de l’Assam, tandis que ceux de Dhakuakhana et de Majuli sont loin des grands axes. Les bourgs s’étirent le long de rues animées par les commerces dont l’expansion reste encore restreinte. Ils se trouvent au centre de vastes zones rurales, mais sont alimentés en électricité et disposent d’accès aux moyens de communication. C’est aussi dans ces bourgs que se situent les bureaux de l’administration indienne, ainsi que ceux des ONG. Les bourgs furent pour moi des camps de base pour explorer les réseaux politiques, religieux, familiaux qui se composent d’une grande diversité d’acteurs (agents administratifs, leaders politiques, agents des ONG, paysans) dans un éventail assez large de la hiérarchie sociale. Les familles qui m’hébergèrent me recommandèrent aussi à leurs amis ou à leurs proches. Certains acceptèrent de m’héberger à leur tour dans les villages reculés. En m’intégrant dans ces villages, je pouvais alors commencer une enquête ethnographique plus approfondie.

À Bokakhat, lors de ma première visite, j’ai été hébergée par des familles assamaises ou dans la Tourist lodge du PNK, ce qui convenait peu à mes enquêtes, car il aurait été plus approprié d’être logé au cœur des villages mising. J’ai essayé de m’installer dans le village de Beloguri mais les familles ne proposaient pas de service adapté (logement et alimentation). Plusieurs projets d’éco-tourisme furent entamés, en vain. Gautam Saïkia (vidéaste renommé de Bokakhat) a investi pour ouvrir le Dhansirimukh Ecocamp, à proximité des villages de Beloguri et de Bamun Gaon. Ce lieu fut finalement une bonne base pour poursuivre les enquêtes dans les villages. Dip et Pranab Bori (étudiants appartenant à la communauté mising) m’ont également invité dans leur village natal à Bortika, où leurs familles m’ont accueillie avec beaucoup d’enthousiasme et m’ont montré les particularités de leur culture et de leur territoire rural.

À Majuli, j’ai d’abord été hébergée dans la maison d’hôtes du satra d’Uttar Kamalabari, à proximité des villages de Sonowal et de Sumoï Mari, puis je me suis installée chez une famille mising d’agriculteurs et de fonctionnaires à Garamur, tandis qu’à Jengraimukh, Puruhuttom Doley (fonctionnaire et élu du MAC) et Padmadhar Pegu (fonctionnaire retraité) m’ont accueillie en 2009 et

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2011. À Malapindha, les institutrices de l’école primaire ARDA furent les premières à me loger, puis je fis connaissance avec la famille de Nilakanta Pegu (agriculteurs et enseignants) chez qui je fus hébergée pendant plusieurs semaines.

À Dhakuakhana, Indreshwar Pegu (60 ans, directeur retraité de l’école All Assam Miri Higher Secondary) et ses nièces, Dipti Pegu (40 ans, institutrice) et Tilu Pegu (40 ans, entrepreneuse), m’ont hébergée dans le bourg. Plusieurs membres de cette famille ont quitté le village de Matmora en 2008, lorsque leurs maisons furent emportées par une crue et leurs terres érodées par le fleuve. Leur oncle, Padmeshwar Pegu (60 ans, instituteur retraité), est resté avec sa famille dans la zone sinistrée et s’est réinstallé sur un fragment de digue à Ekoria Matmora (Baghchuk). Il a bien voulu que je reste sous son toit, même si les conditions y étaient particulièrement difficiles en raison du manque de place. Puis, la famille de Nobin Doley (35 ans, instituteur) m’a accueillie à Kardoïguri, enfin Pramananda Pegu (60 ans, instituteur) m’ouvrit aussi la porte de sa maison à Moderguri. En vivant avec les familles mising, je devais bien sûr m’adapter et accepter de dormir avec les jeunes femmes de la maison, tandis que Loïc, lorsqu’il m’accompagnait, devait dormir du côté des jeunes hommes.

À Dhakuakhana et à Majuli, la situation économique des villages de l’étude était difficile, car les familles disposaient de peu de ressources. J’apportais la nourriture nécessaire à ma consommation pour ne pas peser sur le budget du foyer. En effet, les villageois n’avaient pas de récolte et dépendaient des rations de riz du PDS (Public Distribution System). Il faut préciser que toutes les personnes qui m’ont accueillie étaient des familles d’enseignants et d’agriculteurs dont certains membres parlaient anglais, à l’exception de Dipti et de Tilu Pegu avec qui j’ai beaucoup progressé dans mon apprentissage de l’assamais et du mising.

Pour comprendre comment les inondations agissent sur les modes de subsistance de la société mising et pour pouvoir appréhender l’organisation des acteurs sociaux pendant les crues et les décrues, il fut nécessaire de faire des allers-retours entre mes différentes zones d’étude, inondées et exondées. J’ai donc été amenée à me déplacer en vélo, en bus ou en bateau.

Observation participante et observation directe

La méthode ethnographique employée s’est initialement basée sur l’observation et l’immersion. Cette observation fut d’abord généraliste. Il s’agissait d’étudier les faits sociaux dans leur ensemble. Puis, elle s’est affinée lorsque j’ai commencé à participer à la vie quotidienne des familles qui m’ont hébergée. L’intégration au sein des communautés mising nécessita une familiarisation avec la culture et un apprentissage des bases des langues qu’ils emploient : l’assamais, langue véhiculaire, et le mising, langue vernaculaire. L’initiation au hindi et au sanskrit, acquise au cours d’une étude au

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Madhya Pradesh en 2005, s’avérait peu utile en Assam. La langue assamaise, localement prononcée « Ahomiya », est proche cousine des langues du Bengale (bengali65), de l’Orissa (oriya) et aussi de certains parlers du Bihar (Jacquesson 1999). Lors de mes retours en France entre deux terrains, j’entrepris d’étudier le bengali sur les bancs de l’Inalco. Néanmoins, les Mising s’expriment au sein de leur communauté en mising, langue tani. L’apprentissage de cette langue orale récemment transcrite nécessita de travailler avec l’aide de mes hôtes et sur des manuels d’initiation (Tayeng 1983 ; Miband et Abraham 2004), plusieurs ouvrages lexicographiques (Needham66 1886) et des dictionnaires (Lorrain67 1910 ; Doley 2004 ; Taïd 2010). Ces ouvrages regroupent les termes principaux du vocabulaire mising collectés dans tout le Haut-Assam. Toutefois, pour certains intellectuels de la société littéraire mising, les transcriptions proposées restent imparfaites et nécessitent d’être rediscutées (Pegu P. 2011). L’apprentissage des langues parlées localement reste un effort indispensable pour comprendre une société. La connaissance de la langue permet aussi de saisir les perceptions du monde, matériel et immatériel. Le langage est bien sûr le support initial des représentations sociales. Cet apprentissage est long et a progressé au cours des terrains. J’ai finalement réussi à comprendre le contexte des discussions de manière globale, bien que les discussions plus approfondies aient nécessité de l’aide d’un interprète bilingue (anglais-assamais ou anglais-mising). Ces derniers détenaient une éducation secondaire et exerçaient les métiers d’instituteur, de journaliste (Mitu Katoniar à Majuli ou Uttam Saïkia à Bokakhat) ou d’ingénieur territorial. Il fut toutefois difficile de trouver des personnes ayant un bon niveau d’anglais et les connaissances nécessaires sur les méthodes de traduction pour la collecte de données, disponibles pour m’accompagner dans les villages afin de réaliser des questionnaires courts et de porte-à-porte de manière systématique. Les traducteurs-interprètes improvisés et peu avisés répondaient trop souvent à la place des personnes interrogées, pensant qu’ils détenaient la réponse. Certains de mes hôtes m’ont accordé du temps, suivant leurs disponibilités, pour m’aider à collecter des données détaillées et explicites dans les villages de l’étude, mais ils n’étaient pas disponibles pour m’assister plusieurs semaines ou plusieurs mois de suite sur le terrain. J’ai donc parfois dû me détacher de tout soutien pour affronter directement la réalité du terrain en m’appuyant sur un questionnaire traduit en mising et en assamais.

En m’installant dans les villages, j’ai commencé par observer l’ensemble et les détails du quotidien sans intervenir. Puis ma démarche a évolué vers une observation participante et directe, avec une immersion dans les bourgs et les villages, suivant la méthode décrite par B. Malinowski (1989),

65 Pour étudier le bengali, je me suis appuyée sur l’ouvrage de Jean Clément (1994) et sur la méthode de France Bhattacharya (1991).

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J.F. Needham était un Assistant Political Officer, en poste à Sadiya. 67

J. Herbert Lorrain, un missionnaire chrétien, résidait à Sadiya au cours de la période de compilation du dictionnaire (1900-1903).

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dans « les Argonautes du Pacifique ». Je suis progressivement entrée en immersion au sein des réseaux de la communauté mising et des unités villageoises, afin de comprendre et de m’approprier les représentations du monde de la communauté étudiée. J’ai participé à la vie quotidienne des populations locales, dans une situation d’interaction prolongée, afin de produire des connaissances in situ, contextualisées, transversales, visant à rendre compte au plus près du « point de vue de l’acteur », des représentations ordinaires, des pratiques usuelles et de leurs significations autochtones (Olivier de Sardan 1995b). J’accompagnais les habitants dans leurs activités et participais à la routine des travaux domestiques (cuisine, lavage, égrainage). Au moment des repas, j’ai très rapidement pris goût à manger le riz avec les mains. Suivant la méthode de l’observation participante, je me suis insérée dans le quotidien en espérant que ma présence soit progressivement « oubliée ». Mais l’enquête fut surtout un moment d’échange très riche avec mes hôtes. Les habitants des villages m’ont questionné tout comme je l’ai fait moi-même.

Pour saisir les relations qu’entretiennent les hommes avec les écosystèmes et appréhender l’organisation globale de l’espace et du temps mising, j’ai contribué aux tâches collectives telles que les activités agricoles : repiquage, récolte et traitement du riz. Cette contribution m’a permis de gagner la confiance des paysannes et des paysans. J’ai ainsi observé le travail effectué suivant les cycles agricoles et leurs séquences, pour recomposer l’ensemble du processus de production, l’usage des ressources des écosystèmes et la création des agro-écosystèmes. Il fut ainsi plus aisé de dresser une description du paysage villageois. Dans chaque site, j’ai recueilli les savoirs, les pratiques, les stratégies, mais aussi les histoires de vie des communautés, les perceptions des aléas du milieu fluvial ainsi que les pratiques mises en œuvre pour s’y adapter. J’ai ainsi essayé de comprendre comment ces espaces sont vécus et perçus. J’ai moi-même observé la puissance du fleuve au travers des inondations de juin à septembre 2010 et les forces tectoniques en octobre de la même année. Cette recherche, portant sur les modes de vie et donc en partie sur les productions agricoles locales, a nécessité d’enregistrer des données relevant de l’agronomie (surfaces et variétés cultivées, calendrier agricole, rendements, matériel agricole, pratiques et techniques). La collecte de données consistait à établir un plan d’occupation de l’espace, à situer les établissements villageois, les différents écosystèmes, les ressources disponibles et les techniques employées pour les exploiter. Il s’agissait d’analyser les pratiques en croisant des données agronomiques et géographiques (territoire, espace de production, espace de coopération) afin de faire émerger les caractéristiques spécifiques de ces systèmes agricoles locaux. La collecte des noms, des usages, des outils, des expressions techniques relatives aux procédés et l’observation des techniques mises en œuvre par les villageois pour lutter contre le processus d’érosion, m’a permis d’identifier les stratégies d’adaptation aux situations de crise et de résilience après celle-ci.

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La collecte d’une grande série de faits et de témoignages constitue l’un des points essentiels de la méthode empirique inductive permettant de procéder à des déductions et à des généralisations. Mais le processus d’imprégnation et l’expérience du quotidien ont contribué à construire le savoir qui m’a ensuite permis de dépouiller, de traiter, d’analyser et de restituer les données consignées. L’observation des activités du quotidien, des rituels, des événements culturels m’a conduite à comprendre les relations sociales au sein des villages, l’existence de sympathies ou de conflits entre les habitants ainsi que les rapports de pouvoir et de domination. J’ai relevé la répartition des familles par classe sociale et par affinité clanique afin de comprendre l’organisation des communautés villageoises dans l’espace, par rapport aux autres groupes sociaux et à différentes échelles. J’ai ainsi essayé de révéler la place du territoire dans les stratégies d’adaptation socio-culturelles, les pratiques religieuses et les mouvements politiques utilisés par les communautés mising pour s’ajuster aux contraintes sociales et environnementales de chacune de ces zones d’études.

De plus, j’ai consacré une partie de mon temps à observer le travail des ONG et celui des agents de l’État sur le territoire des Mising. Pour cela, j’ai accompagné ces acteurs sur leurs lieux de travail et participé à des réunions. Ainsi, une approche qualitative et extensive a été choisie, car malgré de nombreux biais, elle permet de produire des données de qualité plus fine rendant mieux compte de la réalité quotidienne des populations.

Des entretiens semi-directifs

Au total, 217 personnes issues de catégories socio-professionnelles distinctes ont été interrogées de manière individuelle (Figure 9). Cet échantillonnage est réparti sur les 3 secteurs Bokakhat (52 personnes), Majuli (66 personnes) et Dhakuakhana (70 personnes), mais aussi dans d’autres sites (29) (Figure 10). Parmi les personnes interrogées, on peut compter : 57 paysans68

(26%), 28 enseignants d’écoles primaires et secondaires (13%), 14 étudiants (6%), 2 jeunes chômeurs (1%), 8 universitaires (5%), 29 agents administratifs (13%), 9 agents administratifs des forêts (4%), 21 représentants politiques (10%), 17 religieux (8%), 26 agents des ONG (12%) et 6 journalistes (3%). Ces catégories ne sont pas exclusives.

Bien que l’objectif soit de prélever un échantillonnage équilibré couvrant toutes les catégories, d’âges, de genres et de statuts socio-professionnels, il est important de considérer que cette classification reste arbitraire dans la mesure où les enseignants des écoles primaires et secondaires

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Selon Wolfer (2010), les paysans sont des producteurs agricoles, attachés à un territoire, à une terre, héritiers de savoirs locaux, porteurs de valeurs spécifiques, soumis à l’évolution des marchés et des techniques, contraints de s’y adapter, parfois de résister ou souvent de quitter leurs terres.

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ainsi que les représentants politiques, c’est-à-dire les chefs de villages (Gaon Bura)69

, les élus des panchayat et les Membres de l’Assemblée législative (MLA), résident dans leurs villages, y travaillent les terres, mais ils exercent souvent leurs fonctions dans les villages voisins ou dans le bourg. De même, si les étudiants et les chômeurs se rendent régulièrement dans les bourgs locaux, ils demeurent dans leurs hameaux d’origine et aident leur famille dans les travaux agricoles. La catégorie « Paysan » se limite ici aux individus qui ne vivent que de leurs productions agricoles. Sur un ensemble de 217 individus, 29 (agents administratifs des différents départements, membres d’ONG, universitaires et journalistes) sont extérieurs à la communauté, mais interviennent sur ces territoires. En outre, les entretiens dépendent des personnes qui ont été disponibles pour discuter.

Au cours des entretiens, je me suis appuyée sur un questionnaire (Annexe 4). L’enquête s’est appuyée sur une grille d’analyse des différents contextes et des relations entre acteurs (Annexe 5). La retranscription de 217 entretiens semi-directifs constitue le support principal de cette thèse (Annexe 6, Figure 9).

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Le gaon bura est nommé par le gouvernement pour représenter la communauté villageoise.

Catégories Personnes Paysan 57 Enseignant 28 Etudiant 14 Jeune Chômeur 2 Universitaire 8 Administratif 29 Administratif-Forêt 9 Politique 21 Religieux 17 ONG 26 Journaliste 6 Total 217

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Figure 9 : Diagramme présentant la répartition des personnes interrogées par catégorie socio-professionnelle.

Figure 10 : Diagramme présentant la répartition des personnes interrogées par zone d’étude.

Les entretiens semi-directifs sont importants pour parvenir à une compréhension approfondie des questions qualitatives en particulier (FIDA 2003). Le guide d’entretien devait s’adapter à chaque groupe d’acteurs. Il fut traduit en anglais, puis en assamais et en mising, mais sa structure est restée globalement la même. Il se compose de plusieurs parties et de plusieurs thèmes (Annexe 4) : la première partie a permis de collecter des informations sur l’identité de la personne questionnée, son lieu de naissance, ses activités professionnelles et ses expériences dans la gestion des ressources. La deuxième partie porte sur l’organisation du territoire villageois : l’établissement du village, le système de gouvernance local, la population, les aménités publiques (routes, électricité, écoles, centre de soins), l’économie locale (commerces), les ressources naturelles disponibles aux abords, la propriété des terres, la composition des fermes, les activités agricoles, la pêche et l’élevage, l’alimentation, les pratiques religieuses et rituelles et leur importance dans la transmission des savoirs et dans la structuration de l’espace. Enfin, dans la troisième partie, nous avons collecté des données concernant les relations entretenues avec les institutions par les populations locales. Il s’agissait de définir les formes d’aides provenant de l’extérieur reçues pendant les catastrophes, les modes de réponses collectives face aux perturbations et les actions mises en oeuvre après les événements extrêmes. Les questions du canevas ont été reformulées, ajustées, et d’autres questions ont émergé suivant les contextes.

Pour comprendre le contexte administratif, des enquêtes dans les centres des subdivisions m’ont également amenée à rencontrer les différents acteurs institutionnels dans le cadre des structures de l’administration territoriale et les membres des ONG. Afin de recueillir les données nécessaires au développement de l’analyse, une grille d’observation et des guides de conversation spécifiques ont été définis pour chaque groupe d’acteurs interrogé. L’enquête dans les institutions publiques et les collectivités territoriales m’a permis de collecter des données sur les modes de gestion dans les

Zone d'étude Personnes

Bokakhat 52

Majuli 66

Dhakuakhana 70

Autres 29

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territoires qu’ils administrent. J’ai ainsi rencontré les agents des services publics dans les bureaux des administrations territoriales : gestionnaires des cadastres (Circle Office), des ressources en eau (Water Resources Departement), des Forêts (Forest Departement), du développement rural (Rural Development Department), de l’agriculture (Agricultural Departement) et du Conseil autonome mising (Mising Autonomous Council - MAC). Les données recueillies au cours des entretiens ont été validées en croisant les énoncés des différents acteurs.

Enquêtes collectives

De plus, soixante enquêtes (10 à Bokakhat, 25 à Majuli et 25 à Dhakuakhana) furent réalisées lors de rencontres collectives, dans le cadre de réunions organisées par les ONG avec les chefs de villages et les élus, ou lors d’activités agricoles, de rituels religieux et de rassemblements politiques et culturels (Annexe 7). Les groupes réunissaient 10 à 15 habitants appartenant aux villages enquêtés, et les participants venaient de différentes catégories socio-professionnelles mais les paysans étaient majoritairement représentés (Figure 11).

Figure 11 : Diagramme présentant la proportion des catégories socioprofessionnelles des groupes enquêtés.

Ces enquêtes collectives furent l’occasion de prendre connaissance des relations hiérarchiques entre les différents individus et les groupes d’acteurs ainsi que des prises de position et des solutions collectives envisagées pour sortir des situations de crises.

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Représentations graphiques enfantines et cartes mentales

Pour appréhender les représentations spatiales des enfants concernant leurs territoires, des