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Démarche systémique, économie de la connaissance et Système Régional d’Innovation

Démarche systémique et Système Régional d’Innovation

3.2 Démarche systémique, économie de la connaissance et Système Régional d’Innovation

L’enjeu de ce dernier développement est de mobiliser un concept opérant et efficace dans les différents contextes présentés précédemment. On pense à ce titre, à la dimension systémique et complexe du système productif, aux contextes de globalisation et d’économie de la connaissance, comme aux crises plus fréquentes et plus brutales qui y sont associées.

Nous reviendrons sur la notion de système d’innovation comme faisant référence { l’apprentissage, à la connaissance et aux interactions entre acteurs (3.2.1). Dès lors, au regard des différentes échelles et typologies d’application des systèmes d’innovation, la région nous paraît comme un échelon central des dynamiques de connaissances dans la globalisation (3.2.2). Enfin, il convient d’évaluer l’existence d’un Système Régional d’Innovation. En effet, un des objectifs centraux de cette thèse est de questionner

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101 l’existence ou l’absence d’un SRI dans la région PACA, et d’en identifier la structure de fonctionnement de l’organisation étudiée.

3.2.1 Système d’innovation et économie de la connaissance

L’intérêt de ce premier développement est de montrer en quoi le concept de système d’innovation est opérant dans l’économie de la connaissance. En ce sens, il s’agit de rappeler que l’idée de système rapportée aux agglomérations spatiales des activités économiques n’est pas nouvelle (a), mais qu’elle est aujourd’hui tout { fait opératoire, car renforcée par les activités créatrices et utilisatrices de connaissances (b).

-a- Les systèmes territoriaux de production prémices des systèmes d’innovations

Depuis la crise des économies occidentales en 1970-1980, le système territorial de production se présente comme « un ensemble caractérisé par la proximité d’unités productives au sens large (entreprises industrielles et de services, centres de recherche et de formation, organismes d’interface, organisations professionnelles, etc.), qui entretiennent des rapports marchands et non marchands d’intensité plus ou moins forte et qui génèrent une dynamique productive d’ensemble » (Maillat, 2003, p.8, d’après Gilly, Grossetti, 1993).

Ces systèmes territoriaux de production renvoient { l’école des districts industriels centrée sur la qualité des relations sociales, économiques et politiques formelles et informelles, dont le modèle générique est défini comme « une entité socio-territoriale caractérisée par la présence active d’une communauté de personnes et d’une population d’entreprises { l’intérieur d’une aire géographique spécifique » (Beccatini, 1979).

On compte ensuite les modèles de spécialisation flexibles développés par Piore et Sabel et qui croisent des réseaux de petites entreprises spécialisées dans un secteur de production avec les districts industriels marshalliens et/ou italiens (Piore et Sabel, 1984). La désintégration verticale démarrée avec la spécialisation flexible s’étend aussi aux nouveaux espaces industriels théorisés par l’école californienne, qui montre que le regroupement des entreprises est dû à la minimisation des coûts de transaction (Scott 1988 ; Scott et Storper 1989 ; Williamson 1989). Dans ces premiers modèles, la dimension systémique s’observe surtout dans le lien entre entreprises et territoires. -b- Le système d’innovation fondé sur les besoins territoriaux de la connaissance

Dans la mesure où l’innovation devient l’élément central des systèmes territoriaux de production (Chabault, 2006), sa géographie repose sur un constat simple : la performance des entreprises innovantes dépend de leur collaboration avec tout un ensemble d’acteurs. « The economic performance of territories (regions or countries)

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102 depends not only on how business corporations perform, but also on how they interact with each other and with the public sector in knowledge creation and dissemination » (Fischer, 2000, p.12).

L’innovation, { l’inverse de la production industrielle et de certains modèles évoqués plus haut est donc nécessairement interactive. Elle présente par ailleurs un fort caractère « glocal » nourri par l’enjeu de maîtrise des connaissances tacites hautement stratégiques, les plus susceptibles de faire apparaître des logiques d’innovation, mais aussi des organisations systémiques. « Tacit knowledge is a key determinant of the geography of innovative activity. […] tacit knowledge is difficult to exchange over long distances […] Tacit knowledge does not travel easily because its transmission is best shared through face-to-face interaction between partners who already share some basic commonalities: the same language; common codes of communication and shared conventions and norms that have been fostered by a past history of successful collaboration or informal interaction » (Asheim et Gertler, 2005, in Fagerberg et al, 2004, p.293).

On comprend ainsi le croisement entre apprentissage par interaction et le contexte local catalyseur de la circulation des connaissances. Il y a donc aussi l’idée d’un environnement propice dans la constitution des systèmes d’innovation (Ben Hassen, 2012) et donc de régulation.

Le passage des systèmes territoriaux de production aux systèmes territoriaux d’innovation évoque donc la prise en compte de la dimension institutionnelle dans l’organisation systémique (Chabault, 2006). Le triptyque enracinement local- connaissance-apprentissage clé de l’avantage compétitif (Mc Kinnon, 2002), justifie donc la lecture systémique de l’innovation dans l’économie de la connaissance. En ce sens, le système d’innovation désigne un ensemble d’acteurs qui interagissent et coopèrent pour produire et diffuser l’innovation { une échelle donnée.

Nous soutenons la vision de Fischer pour qui le système d’innovation doit être performant, en utilisant et en diffusant l’innovation (Figure 12, P.103).

Le système d’innovation ou système territorial d’innovation apparaît alors comme un

système ouvert à la fois sur le territoire sur lequel il agît directement et dont il se sert,

sur les autres systèmes d’innovations ayant un autre ancrage territorial et sur des acteurs individuels ayant des logiques territoriales ou a-territoriales annexes. Il est

composite, puisqu’il compte des acteurs de l’entreprise qui suivent une logique de

production, des acteurs institutionnels qui accompagnent les logiques d’innovation et d’autres acteurs apportant leurs spécificités au processus d’innovation comme les universités, les laboratoires de recherche, les acteurs financiers ou encore les institutions. On peut dire à ce titre qu’il est potentiellement subdivisé en sous-systèmes. Il est évolutif dans le temps, parce que modulable aux évènements micro et macro- économiques. La performance d’un système d’innovation renvoie notamment { sa

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103 capacité à se maintenir dans le temps et donc à faire perdurer des logiques d’apprentissage par le faire, l’utilisation et l’interaction (Acherman, 2013).

Figure 12. Le système territorial d'innovation. D'après Fischer, 2000.

Enfin, elle s’insère dans des logiques multiscalaires allant du micro au macro en passant par le méso économique, toutes ces échelles de fonctionnement suivant le même objectif { savoir l’innovation et la performance. L’innovation occupe donc une place centrale entre acteurs, structure et territoire (Alter et al, 2002). Elle émerge dans des systèmes et diffère donc en fonction des lieux dans lesquels ses processus se construisent et les systèmes se territorialisent ; d’où la question de la délimitation du système.

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3.2.2 Système Régional d’Innovation et concept de région

Il s’agit notamment de choisir l’échelle la plus adaptée. En ce sens, nous présentons d’abord la région comme une échelle géographique spécifique et un échelon administratif et institutionnel revalorisée dans la globalisation (a). Nous continuerons par justifier notre entrée régionale, à travers la genèse du concept de Système Régional d’Innovation (b). De cette façon, nous pourrons définir notre vision du SRI, ses limites et notre méthodologie pour conclure le chapitre (c).

-a- La région : une échelle géographique stratégique dans la globalisation

L’échelle régionale nous semble être une échelle de représentations sociales fortes et un échelon administratif efficace. Sous l’effet combiné de la globalisation, de la décentralisation et de la construction européenne, elle a progressivement acquis, en France notamment, des prérogatives croissantes qui en font le principal interlocuteur institutionnel de l’État comme de l’Union Européenne.

La région, une géographie construite et vécue

Située quelque part entre le national et le local, elle varie selon les époques, les lieux, les stratégies et les dynamiques spatiales (Brunet, Ferras, Thery, 1993, p.421).

« La région n’est pas une entité naturelle ou absolue qui existerait de façon indépendante dans le monde réel et n’attendrait qu’{ être découverte […] il s’agît plutôt d’une construction, d’un construit intellectuel qui n’existe que dans l’esprit du régionalisateur » (Coffey, 1995, p.149). La région apparaît ainsi comme un découpage

social et délibéré, puisque cet espace résulte de sélections successives, en fonction de

multiples critères ayant pu varier eux-mêmes au fil du temps (Wackermann, 2005). La région n’est donc pas seulement une entité naturelle comme certaines définitions pourraient le faire croire, et son appréhension nous impose de dépasser les simples caractéristiques physiques, paysagères au profit d’espaces marqués par l’empreinte humaine et sociale.

L’élément essentiel qui définit la région est son unité spatiale. Au sens le plus large, la région désigne en effet « une portion d’espace ayant une unité du fait de ses caractères physiques, de son passé historique, de ses capacités économiques et éventuellement de la volonté organique de l’État » (George, Verger, 2004, p.362).

La géographie distingue les régions homogènes décrivant une certaine uniformité, les régions polarisées composées d’une relation fonctionnelle allant des points { des pôles et donc présentant certaines interactions ou encore la région plan, désignée pour une intervention politique. Enfin, la région décrit aussi un espace vécu « c'est-à-dire la réinterprétation d’un espace par les représentations d’un individu, une telle région géographique s’imprime volontiers dans les pratiques, dans l’affect et dans la culture, dans l’imaginaire de chacun » (Frémont, 1999, p.249).

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105 Cette variété de définitions et d’acceptations de l’échelle régionale prend sa source dans la science régionale qui permet de voir l’évolution de la perception du terme de « région ». La géographie régionale trouve son sens dans les travaux de Vidal de la Blache qui considère la région en référence au paysage, c’est { dire comme un lieu d’uniformité et de rapport d’équilibre instable entre conditions naturelles, techniques et économiques. Sorre justifie ce point de vue en disant que « la région est l’aire d’extension d’un paysage géographique » (Sorre, 1957). On est donc d’abord, entre la première moitié du siècle et l’après-guerre, sur une vision « traditionnelle » de la région.

C’est dans les années 1960-1970 que de nouvelles conceptions apparaissent. D’abord, Etienne Julliard évoque le fait qu’il existe deux facettes de la région, l’une paysagère par sa physionomie et l’autre fonctionnelle en référence { l’espace polarisé (Juillard, 1962). À chaque région correspondent des fonctions qui agissent en complémentarité, celles-ci devenant l’espace des relations. Sont alors questionnés { l’intérieur des régions : les aires d’influence des villes, les flux se développant au sein d’un espace donné, les relations entre les sous-espaces tout comme le débat sur la cohérence, la solidarité ou les liens entre les habitants. C’est dans cette période et sous l’inspiration d’Yves Lacoste que la région commence à apparaître non plus comme quelque chose de donné, mais comme quelque chose de construit (Lacoste, 1986). De cette vision découlent les régions dites de programme qui traduisent une volonté d’aménagement.

Finalement, ces trois grands courants que sont la région comme espace planifié, comme espace vécu et comme système, interpellent notre démarche systémique. Le premier parce que le système adapté à une échelle questionne, on le verra, le rôle de l’acteur institutionnel dans la dynamique d’innovation. Le second, parce que le processus d’innovation en étant territorialisé mobilise les us et coutumes locaux et donc potentiellement ce qui caractérise un espace régional. Dans sa vision humaniste, l’espace n’existe pas en lui-même, mais il existe parmi et pour nous (Frémont, 1999). Enfin, le troisième courant rappelle qu’un système territorial est organisé en interne et ouvert vers l’extérieur ce qui est également le cas d’un territoire régional.

Ainsi, la région est donc un construit intellectuel, fondé sur un potentiel découpage territorial { partir d’une unité géographique et sociale. Vue sous son versant paysager, la région est un donné, tandis que selon ses fonctions c’est un construit qui fait apparaître une multitude de logiques et d’imbrications d’échelles. Ici, c’est en tant qu’échelle administrative, système ouvert et espace du vécu que nous abordons la région, en observant d’abord ce qu’est la région en France.

La région en France : des particularités locales aux collectivités de plein exercice

L’échelle régionale s’est imposée dans les politiques d’aménagement en France { l’issue d’une longue gestation. A l’époque moderne, le royaume de France est un ensemble de provinces avec des statuts politiques et administratifs variés et { l’heure de la révolution, la commune ayant remplacé la paroisse, le département est devenu l’interface entre la collectivité locale et les instances nationales de la République.

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106 Jusqu’en 1918, l’unité de la France jacobine reste stable (sans intermédiaire entre le département et l’état). Toutefois, l’état constatant que le quadrillage du territoire par les trains n’est plus valable, l’élaboration de régions dîtes « Clémentel » donne aux régions de nouvelles attributions industrielles et commerciales, qui aboutît à une différenciation spatiale grandissante. Ces régions se couplent de groupements économiques régionaux. Un certain « fédéralisme » émerge alors sous le principe de subsidiarité, soit une logique d’appartenance où ce qui est { la commune revient { la commune, ce qui est au national revient { l’état.

Progressivement, la révolution industrielle et l’exode rural transforment le cadre régional. C’est en 1955 qu’apparaissent les régions programmes dans le but de promouvoir le développement économique et social, grâce aux circonscriptions d’actions régionales en 1960, ou encore avec les établissements publics régionaux en 1972. Les régions obtiennent ainsi une personnalité juridique et une autonomie budgétaire. Mais, ce n’est que vingt ans plus tard, en 1982, sous la décentralisation encouragée par Gaston Deferre et Pierre Mauroy, que la région est dotée d’un statut de collectivité territoriale de plein exercice (Boyer, 2005). En effet, le pouvoir exécutif départemental ou régional est transféré du préfet aux présidents des conseils généraux ou régionaux. Ce nouveau statut fait que la région s’administre librement { partir de lois déterminant la répartition des compétences.

La région est ainsi devenue la collectivité bénéficiant de transferts publics. À ce titre, elle possède la compétence du développement économique de son territoire, par la planification, la programmation des équipements et l’aménagement. C’est l’échelon régional qui gère les aides directes ou indirectes aux entreprises pour les inciter à s’implanter sur le territoire régional, qui élabore et exécute la partie régionale du contrat de plan ou encore qui gère les transports régionaux et participe aux financements des infrastructures. Par ailleurs, depuis le 27 janvier 2014 la région, dans le but de moderniser l’action publique territoriale et d’affirmer l’importance des métropoles doit se charger de l’aménagement numérique. L’échelle régionale possède enfin une dimension européenne. La région est en effet le principal réceptacle des aides européennes qui encouragent au développement économique et social des territoires et dont une partie va { destination des politiques d’innovation.

La région présente donc l’intérêt de définir une certaine unité tant du point de vue administratif que dans sa dimension vécue. En France, l’échelle régionale est très clairement le territoire de création et de reproduction de politiques d’innovations majeures, en se basant notamment sur les nombreux flux de connaissances créés par les acteurs en présence. L’importance prise par l’échelon régional confirme aussi la volonté des pouvoirs publics d’encourager les territoires { être compétitif en revendiquant leurs spécialisations et leurs identités locales. Territoire de spécialisation économique, d’action politique et d’aménagement, de construction de connaissance et d’innovation, d’ouverture géographique et de développement socio-économique, c’est ainsi que nous

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107 mobilisons dans un premier temps la région dans la démarche en système d’innovation. Il s’agit maintenant d’en affiner les contours { partir des définitions du concept de SRI. -b- Genèse du Système Régional d’Innovation

Pour bien délimiter notre vision du Système Régional d’Innovation, nous proposons de mettre en lumière les courants qui ont contribué à son émergence et à sa définition par le croisement des concepts de réseaux d’acteurs et d’institutions.

Du Système National au Système Régional d’Innovation

Bien que de nombreux travaux se soient d’abord orientés sur la dimension scientifique et technologique des systèmes d’innovation (Nelson et Rosenberg 1993, in Ben Hassen, 2012), le premier grand concept abordé d’un point de vue systémique est le Système National d’Innovation (SNI), défini comme « l’ensemble des acteurs interdépendants créant, diffusant ou exploitant des innovations, les gouvernements centraux et régionaux jouant le rôle de coordinateur avec les producteurs de recherche et d’industrie » (Chung, 2002, d’après Freeman 1987, p.486). Il désigne de façon générique la somme des systèmes locaux d’innovation, mais souligne surtout le rôle de l’État dans la distinction compétitive des systèmes d’innovation, et montre de façon plus générale que la performance nationale ne dépend pas seulement de l’activité des entreprises, mais aussi d’autres facteurs et acteurs qui jouent un rôle en termes de connaissances (Evangelista et al, 2002). Par son caractère général, de réseau d’innovation encadré par une organisation institutionnelle, le système d’innovation tel qu’abordé { l’échelle nationale a constitué un vaste champ d’étude illustré par de nombreuses autres transpositions fonction de la technologie, du secteur ou du territoire spécifique adapté (Asheim et Coenen, 2005).

Formellement, on compte plusieurs autres concepts de la même famille : les systèmes technologiques d’innovation (STI) (Carlsson, 1995) ; les systèmes sectoriels d’innovation (SSI) qui renvoient { une communauté de pratiques et une proximité cognitive et organisationnelle autour d’une problématique commune (Breschi et Malerba 1997 ; Malerba, 1999, 2002, 2004) ; les systèmes sociaux d’innovation, qui sont la projection d’un mode de régulation dans un espace comprenant l’activité industrielle, scientifique et technique, la formation de la main-d’œuvre, certaines composantes du rapport salarial et le système financier (Amable, Barré et Boyer, 1997) ; les systèmes métropolitains d’innovation (SMI) selon lesquels les régions urbaines qui offrent une variété de sources d’informations et de collaborateurs potentiels avec lesquelles l’entreprise innovante collabore, créant ainsi un bassin de connaissances plus grand et ayant pour résultat de faire progresser plus rapidement le développement technologique (Diez, 2002) ; les systèmes locaux de compétences (SLC) territorialisés non plus autour des logiques de produits, mais par des passerelles intersectorielles autour de compétences spécifiques (Grossetti, Zuliani et Guillaume, 2006).

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108 Dans l’ensemble de ces cas, nous sommes en présence à la fois de théories qui jouxtent celles des systèmes d’innovation, mais surtout de variantes du système d’innovation initial formulé par l’école scandinave. L’approche régionale va alors s’imposer, car avec la mondialisation on observe une régionalisation de la création de connaissance et de l’apprentissage qui justifie les études régionales. « The region is increasingly the level at which innovation is produced through regional networks of innovators, local clusters and the cross-fertilising effects of research institutions » (Lundvall et Borrás 1997, p.1188). On note ainsi un intérêt politique renouvelé pour la régionalisation dans le monde (Caracostas et Soete, 1997). La requalification régionale est exprimée par le dynamisme et la réactivité de cet échelon territorial, capable de conduire des effets d’entraînements sur les grappes d’activités industrielles et de développer des avantages importants via des représentants institutionnels aux plus grandes responsabilités (Chang, 2009 ; De Propris, 2013).

Par ailleurs, « la région est l’échelle la plus adaptée pour une économie de l’apprentissage et de l’innovation basée sur la création et la diffusion de la connaissance » (Hudson 1999, in Fischer 2000, p.16). On observe ici une idée réaffirmée de l’enjeu du local pour les entreprises en vue de la maîtrise des connaissances tacites qui ont besoin de relations localisées, d’être au plus près des utilisateurs et de s’intégrer à des routines, des valeurs, des normes et de la confiance, ancrées dans les territoires favorisant les processus interactifs. Fischer évoque la pertinence de l’échelle régionale en combinant les économies d’agglomérations de Marshall, les retombées dans la création de connaissance et les interdépendances non commerciales (Fischer, 2000).