• Aucun résultat trouvé

Le cadre théorique nous permet de considérer que l’individu est singulier, qu’il se construit et construit ses compétences de et/ou par l’expérience et que ses raisons d’agir sont, soit de nature individuelle (motif), soit fonction de déterminants externes. Le but de l’action a, quant à lui, une finalité (collectif) ou une intention (individu).

Le but de cette recherche est de comprendre en quoi ou comment les entretiens de collaboration peuvent apporter une plus-value à l’activité d’un service de formation au sein d’une grande entreprise et plus spécifiquement de l’Hôpital du Valais. (§ 3. Contexte institutionnel et terrain de recherche)

Notre intention est donc d’utiliser une méthode, issue des sciences sociales, qui nous permette de faire émerger d’une partie des entretiens de collaboration, et sans entrer dans

65

l’analyse fine du langage, ce que disent les co-auteurs de l’évaluation (le collaborateur et son supérieur hiérarchique) des besoins en formation.

Notre démarche de recherche s’inscrit dans un paradigme compréhensif avec une démarche qualitative et se situe dans une première phase, exploratoire, ouvrant sur nombre de questions nécessitant la mise en œuvre d’autres recherches dépassant l’envergure d’un mémoire de master.

6.1 Recherche en compréhension

La recherche en compréhension permet d’adopter une méthodologie d’analyse dont l’objet d’étude peut, notamment, être des phénomènes sociaux et humains. C’est ainsi, qu’en reprenant Apel, Schurmans nous invite à mener une réflexion qui nous permet de dépasser l’opposition entre « […] des postures relatives à l’explication causale et la compréhension herméneutique32, […en se fondant] sur “l’intérêt émancipatoire de la connaissance” et ainsi, les considérer comme complémentaire et donc comme « une conception renouvelée de la compréhension ». (Schurmans, 2006, p. 68)

Un autre chercheur, Von Wright s’interroge sur la signification de la question

« pourquoi ? » Deux sens sont relevés par Schurmans, l’un faisant référence, à la suite de travaux de von Wright, à des unités de sens relatives à des « causes, évènements, régularités, observations » et le deuxième concernant les unités de sens qui touchent aux « motivations, intentions, actions, sens, normes ». (ibid., p. 71) Aussi, « chacun de ces registres sémantiques serait ainsi relié à une construction d’objet spécifique et à des attentes de validation distinctes, [… et] von Wright propose donc un dualisme fondé dans le langage ». (ibid., p.71)

Schurmans nous invite à dépasser ce dualisme en considérant, à la suite d’Apel, que deux types d’intérêts entourent la connaissance. Le premier est relatif « au contrôle sur le monde » et le deuxième à « l’orientation de l’agir » et ce dernier « doit passer par une reformulation du contexte dans lequel s’effectue l’acte de connaissance ». De la sorte, selon Schurmans

« l’intérêt de contrôle et l’intérêt d’orientation de l’agir se complètent [… et,] les éléments sont en place pour identifier le troisième intérêt de connaissance, l’intérêt émancipatoire de la connaissance, relatif à la rationalité éthique » (ibid., pp.75-77)

Schurmans nous rappelle l’importance de la méthodologie qui doit « …échapper à une appréhension réductrice centrée sur la technique […mais qui] intègre une réflexion critique

32 Appel utilise le terme d’herméneutique pour celui d’interprétation.

66

concernant la définition de l’objet de recherche, la construction de l’information et la restitution des résultats ». (op. cit., p.82)

Nous allons donc aborder cette recherche en référence à la recherche en compréhension nous permettant ainsi de donner du sens à ce que les acteurs disent ou ne disent pas sous l’angle de leur agir, en confrontant notre hypothèse, d’une part, à la réalité du terrain et, d’autre part, à notre cadre théorique. Un nécessaire aller et retour entre le terrain et la théorie sera donc nécessaire.

6.2 Analyse de données secondaires

Le travail sur le recueil de données existantes est une approche fréquemment utilisée en sciences sociales (Van Campenhoudt & Quivy, 2006).

Néanmoins, il est nécessaire d’aborder les données secondaires de manière systémique et avec une méthodologie permettant la compréhension de l’objet de recherche par la création d’unité de sens.

De la sorte, pour René L’Ecuyer (1990) l’analyse du contenu peut porter sur « le contenu manifeste » ou le contenu « latent ». Ainsi, l’analyse du contenu manifeste « porte sur ce qui est dit ou écrit, tel quel, directement et ouvertement. Dans l’analyse du contenu manifeste, le chercheur pose comme postulat, que tout le sens, la totalité de la signification, existe déjà dans le matériel tel que obtenu ». (L’Ecuyer, 1990, p. 22)

Par contre, l’analyse du contenu latent porte sur « …les éléments symboliques du matériel analysé […] le chercheur pose comme postulat, que la signification réelle et profonde du matériel réside au-delà des Théories et principes généraux » (ibid., pp.22-23).

L’analyse du contenu nécessite de la part du chercheur outre la bonne compréhension de la langue utilisée par les sujets « …la capacité de “comprendre les idées exprimées au-delà des mots, mais en s’appuyant sur eux” » (ibid., p.47).

Pour « comprendre les idées exprimées au-delà des mots » nous allons nous référer à L’Ecuyer qui propose six étapes permettant l’analyse du contenu : la lecture préliminaire, le choix des unités de classification, le processus de catégorisation, la quantification et le traitement statistique, l’analyse et l’interprétation des résultats. (ibid., p.57)

La lecture préliminaire du corpus, permet de « pressentir le type d’unité informationnelle à retenir » et, le choix des unités de classification (ou de sens) permet de « classer » un mot, une phrase ou une section de phrase « ayant un sens complet en soi ». Quant au processus de catégorisation, il permet le regroupement de ces unités de sens et constitue la « réorganisation

67

du matériel […] pour finalement mettre en évidence les caractéristiques et la signification du phénomène ou du document analysé. » (op.cit., pp. 62-63)