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Délégations, conférenciers et profil des participants

Chapitre 3 : Description de Healing Our Spirit Worldwide

3.4 Rassemblement Healing Our Spirit Worldwide 2010

3.4.2 Délégations, conférenciers et profil des participants

Les délégations sont formées, d’une part, de leaders et de représentants d’organisations et, d’autre part, de l’ensemble des personnes provenant d’un même pays. D’après les descriptions qui sont données des délégations dans les discours analysés, leur structure n’est pas rigide et absolue. Il semble que des organisations autochtones agissent à titre de leaders et de rassembleurs au sein des délégations : elles favorisent le recrutement de participants dans leurs pays respectifs et participent à l’élaboration du

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programme du rassemblement en ce qui a trait aux plénières matinales et d’après-midi de la journée qui leur est dédiée. Toutefois, une fois sur les lieux du rassemblement, ce sont toutes les personnes provenant du même pays qui sont décrites comme appartenant à la délégation canadienne, la délégation des États-Unis, etc. Les personnes qui forment une délégation ne se connaissent pas toutes, elles ne se sont pas nécessairement toutes coordonnées dans le cadre de leur participation au rassemblement et ne travaillent pas nécessairement ensemble une fois sur les lieux, bien que cela puisse être le cas. Une délégation est donc plutôt un ensemble de personnes venues d’un même pays et chacune peut être animée de relations lui étant propres dans le cadre du rassemblement auquel elle participe. En 2010, les délégations les plus grandes étaient respectivement celle du Canada, d’Hawai’i, d’Aotearoa/Nouvelle- Zélande, d’Australie et des États-Unis continentaux. Plus de détails sont données sur la participation au rassemblement à la section suivante.

Une fois sur les lieux du rassemblement, il est possible que les membres d’une délégation travaillent plus étroitement et tissent des liens plus solides. La délégation australienne au rassemblement d’Honolulu offre un exemple intéressant en ce sens. Le 9 septembre, lorsque l’IIC annonce pendant les cérémonies de clôture que le septième rassemblement aura lieu en Australie, des membres de la délégation australienne qui ont parlé lors de la plénière matinale montent sur scène et invitent toutes les personnes originaires d’Australie à les y rejoindre. Des représentants de différentes organisations qui ont le mandat officiel d’organiser le prochain rassemblement présentent ce qu’ils envisagent, c’est-à-dire de planifier, à l’aide d’organisations aborigènes additionnelles et d’autres partenaires, un événement à Alice Springs en 2013. Bien qu’officiellement le rassemblement sera organisé par un comité local, ils annoncent que c’est l’Australie qui accueillera le mouvement. Parallèlement, Dr. Allen Benson demande à tous les Hawaïens de se lever pendant les cérémonies de clôture du rassemblement le 9 septembre, et leur offre ses remerciements. Ainsi, bien que le comité local qui organise le rassemblement soit reconnu comme l’hôte des rassemblements, les peuples autochtones locaux le sont aussi.

Les conférenciers invités (keynote speakers) sont les personnes qui présentent lors des plénières matinales et d’après-midi. Elles sont choisies, d’après Dave Baldridge, par l’IIC et selon les recommandations des comités locaux : ces derniers peuvent profiter du rassemblement pour partager leur culture, leur expertise et leurs expériences avec les participants d’autres pays et d’autres régions. Il ajoute que les frais de transport et d’hébergement des conférenciers invités sont couverts par les comités locaux et que ceci peut influencer le choix de considérer d’abord des personnes vivant dans le pays où a lieu le rassemblement (Dave Baldridge, entrevue réalisée le 3 juin 2014). De même, Rod Jeffries estime que parce que les rassemblements permettent de mettre en valeur les expertises et les cultures locales,

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30 à 40% des présentateurs (presenters) habitent dans le pays où a lieu le rassemblement. Ils doivent néanmoins se soumettre au processus de sélection comme tous les autres présentateurs (Rod Jeffries, entrevue réalisée le 23 juillet 2013). Leurs présentations prennent la forme des ateliers, démonstrations, présentions magistrales décrites préalablement. Tout au long du mémoire, je fais référence, lorsque j’utilise le terme « conférenciers » tant aux conférenciers invités qu’aux présentateurs dont j’ai analysé les discours.

La participation aux rassemblements provient en grande majorité de quatre anciennes colonies britanniques, le Canada, les États-Unis, l’Australie et Aotearoa/Nouvelle-Zélande. Le rapport d’évaluation du rassemblement de 2006 fournit des données riches sur les gens qui y ont pris part, les motivations qui expliquent leur participation et les réseaux de contacts qu’ils y sont développés. Ainsi, en 2006, 2115 personnes participent au processus d’évaluation de l’événement. Parmi celles-ci, 97% sont originaires d’anciennes colonies britanniques : 69 % sont d’origine canadienne, 22 % viennent de l’Australie ou d’Aotearoa/Nouvelle-Zélande et seulement 6 % des États-Unis (Currie, LaBoucane-Benson et Gibson 2006 : 149).

Le rapport d’évaluation du rassemblement de 2010 fournit des données encore plus denses. En effet, Papa Ola Lokahi rassemble les informations fournies par les participants sur les formulaires d’inscription. Selon celles-ci, 3141 personnes prennent part au rassemblement à Honolulu (2 588 participants, 177 invités et 376 bénévoles55) (LGT 2012: 17). Le Canada fournit le plus grand nombre de participants (898),

suivi d’Hawai’i (527), d’Aotearoa/Nouvelle-Zélande (327), de l’Australie (250) et des États-Unis continentaux (174). Les Îles Cook sont représentées par quatre personnes, et huit personnes proviennent d’Argentine, du Chili, de Tahiti (France), d’Allemagne, de la République d’Irlande, de la République de Palau et du Royaume-Uni. Toutefois, le rapport indique que quelques 400 personnes n’indiquent pas sur leur formulaire d’inscription un pays d’origine précis : parmi celles-ci, 293 ne fournissent aucune réponse, 65 s’identifient comme Native Hawaiian, 42 comme Native American, American Indian, Alaska Native ou First Nation people (LGT 2012 : 17). Cette précision importante nuance les données précédentes ; néanmoins, il est évident que la participation canadienne est très importante. L’absence de réponse à la question sur le pays d’origine est en soi intéressante et fait peut-être écho à des idées exprimées par plusieurs personnes lors du rassemblement quant aux frontières des pays et à l’auto-identification des Autochtones en fonction de leur nation ou tribu plutôt que du pays d’où ils proviennent. Des conférenciers

55 La description des données qui suivent ne concerne que les 2 588 participants, et ne tient pas compte des invités

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du Canada estimant par exemple que les frontières entre le Canada et les États-Unis ne sont pas reconnues par les Autochtones de l’Amérique du Nord s’identifient à leur nation plutôt qu’en tant que Canadiens. Je reviens sur cet élément important, qui fait écho aux débats sur l’autochtonéité que je souligne dans le premier chapitre (voir la section 1.4.1) à la section 4.4.

Le programme du rassemblement fournit des informations complémentaires sur la participation, puisque les pays d’origine des présentateurs y sont indiqués. Sur un total de 341 activités, 94 présentateurs sont originaires du Canada, 65 d’Hawai’i, 63 d’Aotearoa/Nouvelle-Zélande, 56 d’Australie et 41 proviennent des États-Unis continentaux. Seulement 14 proviennent d’autres pays, et huit sont d’origine inconnue. La séparation d’Hawai’i du reste des États-Unis a été conservée dans la présente recherche telle qu’elle apparaît dans le programme et le rapport d’évaluation. Toutefois, il faut noter que si les données pour Hawai’i et les États-Unis continentaux sont rassemblées, ce pays dépasse le Canada en terme de nombre de présentateurs. Les présentateurs provenant d’autres origines incluent quatre personnes des Îles Cook et une personne pour chacun des pays suivants : l’Allemagne, le Mexique, la Malaisie56 et

l’Argentine. Par contre, l’écoute de certains enregistrements de présentations révèle qu’il arrive dans certains cas qu’une seule personne soit indiquée comme conférencière dans le programme, mais que plusieurs prennent la parole lors de la présentation : dans les cas de ce genre que j’indique dans le tableau en annexe, les conférenciers additionnels proviennent toutefois du même pays.

Les données précédentes ne permettent pas de déterminer clairement combien de personnes non autochtones prennent part au rassemblement de 2010, ni de quel pays elles proviennent. Dans le cadre des activités du 3 au 5 septembre, je rencontre quatre femmes non autochtones qui font partie de l’équipe des bénévoles : une Française habitant les États-Unis continentaux, une Espagnole récemment déménagée à Hawai’i et deux femmes originaires des États-Unis continentaux, une demeurant en Australie et l’autre à Hawai’i. Par ailleurs, certains présentateurs sont non autochtones ; ils présentent tous en collaboration avec des présentateurs autochtones. C’est le cas de Terry Adler qui présente avec Williams Mussell, Gaye Hanson et Victoria Smye Building Bridges project: a unique healing aboriginal/non-aboriginal partnership (Honolulu, le 6 septembre 2010); d’Hector Balcazar et de Ruth Perot qui présentent avec Dave Baldridge et Kim Kuulei Birnie People building - cross cultural coalitions - the OMO example (Honolulu, le 9 septembre 2010).

56 La participation des présentateurs du Mexique et de la Malaisie n’est pas révélée dans les données présentées

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Mes recherches en ligne ont permis de tracer une arborescence des réseaux d’acteurs internationaux prenant part dans HOSW, et semblèrent confirmer une participation majoritairement issue du Canada, de l’Australie, des États-Unis et d’Aotearoa/Nouvelle-Zélande. Le rapport d’évaluation du sixième rassemblement comprend également une liste des organisations autochtones, des tribus et des Premières nations majeures présentes à l’événement. Celle-ci fournit des indications intéressantes quant à la participation au sein d’HOSW : 58 proviennent du Canada, 41 d’Aotearoa/Nouvelle-Zélande, 28 d’Hawai’i, 17 des États-Unis Continentaux, 15 d’Australie, une des Îles Cook, une de Guam et une de Tahiti. Bien que cette liste ne soit pas exhaustive, elle révèle elle aussi une participation canadienne plus élevée que celle des autres pays, incluant celle d’Hawai’i où l’événement se déroule (LGT 2012). La combinaison des différentes données analysées permet donc de dresser un portrait assez complet de la participation au sein d’HOSW, particulièrement au rassemblement de 2010.