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Définition du positionnement épistémologique de notre recherche

Dans le document «Etude du comportement stratégique de (Page 194-199)

environnement concurrentiel

Section 1. Méthodologie et résultats préliminaires de la recherche

1.1. Le positionnement épistémologique de la recherche

1.1.3. Définition du positionnement épistémologique de notre recherche

Notre recherche empruntera, en fait, des éléments aux différents paradigmes ci-dessus présentés, et ce, comme une grande partie des recherches en sciences de l’organisation.

Ce choix se justifie également, eu égard à la complexité du sujet abordé, qui, à notre avis, ne peut pas être inclus dans un seul paradigme. Une combinaison des différentes démarches nous est alors parue nécessaire pour tenter d’apporter des éléments de réponse à nos questionnements.

1.1.3.1. Le choix du paradigme positiviste

Le paradigme positiviste repose sur cinq grands principes : le principe ontologique, le principe d’univers câblé, le principe d’objectivité, le principe de naturalité de la logique et le principe de moindre action. En ce sens, les positivistes considèrent que la réalité possède

une propre essence ou ontologie. La réalité est ainsi repérable. De ce fait, il y a donc indépendance entre l’objet et le sujet qui l’observe ou l’expérimente. Cette situation d’indépendance permet de poser le principe d’objectivité selon lequel « l’observation de l’objet extérieur par un sujet ne doit pas modifier la nature de cet objet» (Thietart, 1999).

C’est un univers câblé car la réalité a ses propres lois, immuables et quasi invariables. « Dès lors, la connaissance produite par les positivistes est objective et acontextuelle dans la mesure où elle correspond à la mise à jour de lois, d’une réalité immuable, extérieure à l’individu et indépendante du contexte d’interactions des acteurs», (Girod-Seville et Perret, in Thietart, 1999). Le principe de moindre action fait référence à l’existence d’une solution unique.

Notre motivation s’inscrit principalement dans ce sens, puisque nous allons tenter de comprendre certains comportements des entreprises familiales dans un contexte concurrentiel.

Nous allons donc essayer de comprendre certaines réalités observées puis les décrire. Ce travail (de description) est nécessaire pour nous permettre de donner un sens scientifique à des réalités quotidiennes qui se déroulent au niveau d’un espace qui est notre terrain de recherche, c’est-à-dire diverses communes de la wilaya de Tizi Ouzou. Nous allons donc tenter de présenter où s’implantent les entreprises familiales, quelles sont les structures juridiques, les politiques d’investissement, les stratégies financières qu’elles adoptent, comment tissent-elles des réseaux relationnels, comment se présentent les interactions famille/entreprise, etc.

1.1.3.2. Insuffisances de la limitation au seul paradigme positiviste

Le paradigme positiviste est marqué par une vision déterministe de la réalité qui fait basculer la science vers la recherche d’explications, vers la recherche de réponses à la question « pour quelles causes ». De plus, les principes de base de ce paradigme ont, en quelque sorte, une certaine volonté d’uniformisation de la science, puisque nous pouvons remarquer qu’il y a application de critères de validité précis et universels qui permettent de distinguer les connaissances scientifiques des connaissances non scientifiques, comme suit :

1. Le principe de vérifiabilité : suivant ce principe, toute proposition n’a de sens que si elle est susceptible d’être vérifiée empiriquement.

2. Le principe de confirmabilité : ceci implique alors que toute proposition peut être confirmée soit par des expériences, ou bien en la reliant à des

résultats d’autres théories, cette proposition n’est pas vraie universellement, elle est seulement probable.

3. Le principe de réfutabilité suivant lequel, « On ne peut jamais affirmer qu’une théorie est vraie, mais on peut en revanche affirmer qu’une théorie n’est pas vraie »(Popper, in Thietart, (1999)).

Ainsi, pour respecter ces critères, le mode de raisonnement sera la logique déductive, c’est-à-dire qui «conclut à partir de prémisses, d’hypothèses à la vérité d’une proposition en usant de règles d’inférence» (Girod-Seville et Perret, in Thietart, 1999).

Sur la base de ces principes du courant positiviste, nous constatons qu’il y a quelques inadéquations qui empêchent d’inclure totalement notre recherche dans ce paradigme :

1) Le principe ontologique suppose que la réalité existe et est repérable. Cela implique donc que le comportement stratégique des entreprises familiales soit un fait repérable. Or, il n’existe pas de base de données qui répertorie ces stratégies. Ces comportements stratégiques existent, mais où et quand les repérer ? Il sera donc nécessaire de construire cette base de données.

2) Selon le principe de l’univers câblé, l’analyse des comportements stratégiques peut être effectuée par exemple sans l’acteur, sans tenir compte du contexte économique spécifique des entreprises, etc. Or nous savons que la stratégie est un domaine déjà trop complexe, et qu’à cette complexité vient s’ajouter le caractère transversal de l’étude (puisqu’il s’agit d’entreprise familiale), ce qui fait qu’effectuer une étude séparée n’est plus possible.

3) Le principe de moindre action implique qu’il n’existe qu’une seule solution pour définir la stratégie de l’entreprise familiale. Or, nous pouvons clairement remarquer qu’il existe de nombreux domaines dans la stratégie ainsi que de nombreux outils nécessaires pour bien analyser le comportement stratégique et qu’il n’existe donc pas, en conséquence, une solution unique.

Après avoir brièvement précisé les raisons qui nous ont poussés à ne pas inscrire notre recherche uniquement sous l’influence du paradigme positiviste, il nous reste alors à justifier les arguments en faveur du paradigme constructiviste qui nous semble le plus adéquat pour renforcer notre positionnement épistémique.

1.1.3.3. Les paradigmes constructiviste et interprétativiste

Le paradigme constructiviste est caractérisé par cinq grands principes : le principe de représentabilité, le principe de l’univers construit, le principe de subjectivité, le principe de l’argumentation générale et le principe d’action intelligente.

Selon les constructivistes et interprétativistes, «la réalité ne peut pas être indépendante de l’esprit et de la conscience de celui qui l’observe ou l’expérimente » (Girod-Seville et Perret, in Thietart, 1999), c’est-à-dire, que la réalité est dépendante de l’observateur.

Ainsi, puisque la réalité est dépendante du sujet, il n’y a pas de connaissance objective de la réalité. «La connaissance ainsi produite sera alors subjective et contextuelle» (Girod-Seville et Perret, in Thietart 1999).

Notre recherche peut donc bien s’inscrire dans le courant constructiviste, dans la mesure où elle est datée et s’inscrivant dans un contexte économique, politique et culturel de l’Algérie du début du 21ème siècle. C’est un contexte qui est marqué par divers bouleversements dont les effets ne sont pas encore très bien définis, et notamment en ce qui concerne l’objet central de notre propre recherche.

En outre, dans le paradigme constructiviste, la connaissance est construite par le chercheur. En ce sens, (Thietart, 1999) considère que la réalité est construite à partir et d’après la propre expérience du chercheur, et dans le contexte d’action qui est le sien. De ce fait, la construction de l’objet évolue alors en fonction de l’expérience que le chercheur tire de son travail de recherche de la réalité. Le principe de représentabilité nous conduits à analyser les comportements stratégiques et la performance des entreprises familiales sous un angle qui nous est nécessairement propre.

Ainsi, nous analyserons les stratégies de ce type d’entreprise à travers plusieurs manœuvres stratégiques bien connues des entreprises évoluant dans un contexte concurrentiel (externalisation, intégration verticale), mais en analysant dans certains cas de figure, les spécificités inhérentes à l’influence familiale qui constitue en fait l’objet central de notre recherche. Ceci nous amènera d’ailleurs, à étudier certaines stratégies propres à ces entreprises, telles que la transmission et la résolution des conflits.

Le principe d’action intelligente nous indique que nous n’avons pas à suivre une méthode de recherche déterminée mais que celle retenue et utilisée doit convenir à l’objet de

recherche. En effet, pour les interprétativistes, il s’agit de comprendre la réalité au travers des interprétations qu’en font les acteurs et non pas de l’expliquer comme le font les positivistes.

De ce fait, pour comprendre, suivant ce principe, il faut alors développer une démarche qui doit prendre en compte les motivations, les raisons, les croyances des acteurs et les situer dans l’espace et dans le temps dans lesquels la recherche se déroule, c’est-à-dire, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Cet espace fait partie d’un pays en transition, qu’est l’Algérie.

Le temps se situe au début du 21ème siècle, après plus de deux décennies de changements structurels de l’économie.

Cette approche de la recherche est à peu près semblable pour les constructivistes, sauf que pour ces derniers, la connaissance se construit et qu’elle est liée à la finalité du projet de connaissance que le chercheur s’est donné. Dans ce cas, le mode de raisonnement sera la logique inductive puisque ce raisonnement passe d’observations particulières à des énoncés généraux. Les deux principaux critères de validité du constructivisme sont les suivants :

1. Le critère d’adéquation suivant lequel, toute connaissance n’est valide que si celle-ci convient à une situation donnée.

2. Le critère d’enseignabilité, c’est-à-dire, toute connaissance produite doit être à la fois, argumentée, constructible et reproductible.

1.1.3.4. Synthèse de notre positionnement épistémique

Notre objet de recherche étant assez complexe du fait que, traiter de la stratégie d’entreprise est toujours délicat pour le chercheur en organisation, nous nous sommes alors appuyés sur les trois paradigmes afin de tenter de cerner au mieux le sujet et en faire ressortir des résultats et conclusions satisfaisants.

Le tableau ci-après donne un aperçu sur cette position multicritères que nous avons choisie.

Tableau 21 : Le positionnement épistémique de notre recherche Les questions

abordées

Nos réponses Paradigme de

référence

Exemples

La nature de la réalité observée.

La réalité est indépendante du chercheur tout en étant perçue par lui.

Positivisme et interprétativisme

L’entreprise familiale de la région d’étude est prédominante, et est de petite dimension.

Les relations du chercheur

avec le terrain de l’étude.

Le chercheur n’agit pas sur la réalité observée mais il tente d’interpréter ce que disent et font les acteurs observés.

Le chercheur observe et tente de comprendre.

Positivisme et interprétativisme

Il y a certaines différences entre les entreprises familiales urbaines et rurales.

Les connaissances scientifiques engendrées.

Observation, explication et compréhension des résultats de la recherche.

Construction de modèles et de projections.

Positivisme, interprétativisme et constructivisme

Perspectives

d’internationalisation de l’entreprise familiale.

La culture des compétences par la formation sur le tas, et les formations

diplômantes.

Source : Nous-mêmes.

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