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Définition de critères qualitatifs et quantitatifs

SATISFACTION DES HABITANTS ( 1 )

2.3. C RITERES DE R EVITALISATION

2.3.1. Définition de critères qualitatifs et quantitatifs

Le statut particulier du processus de revitalisation fait qu’il a dès ses débuts eu pour unique objet les quartiers déqualifiés. Il a donc fallu d’emblée proposer des critères si possible quantitatifs pour identifier ces quartiers. Que ce soit au sud ou au nord du pays, ces critères – ou indicateurs – ont toujours porté sur les dimensions socio-professionnelles de la population qui est domiciliée dans des quartiers assimilés aux secteurs statistiques tels que définis par l’INS ainsi qu’à la qualité physique et structurelle – souvent apparente – des logements qu’elle occupe. On comprendra la nécessité, pour des raisons purement pratiques, de procéder de la sorte. En effet, l’INS propose un éventail de données sur la population et sur les caractéristiques du parc de logements sur l’ensemble du territoire national et disponibles immédiatement. Pourtant, ces données – dont certaines ont plus de dix ans – , bien qu’influentes sur la qualification des zones à revitaliser et démontrant une pertinence non contestée, semblent inappropriées pour supporter la totalité du rôle qu’on entend leur faire jouer.

Rapidement, examinons les indicateurs – ou familles d’indicateurs – utilisés dans les trois Régions.

• Région wallonne : en plus d’un seuil minimum d’habitants et d’une densité d’habitants, 20 indicateurs doivent présenter une caractéristique « défavorable » par rapport à la moyenne régionale. Ces indicateurs concernent :

− profil de la population ;

− données socio-économiques ;

− qualité du logement.

• Région flamande : 23 indicateurs déterminent quatre dimensions spatiales de la pauvreté.

− La première dimension mesure les structures des ménages par rapport à leur position sur le marché du logement.

− La deuxième dimension mesure les positions sur le marché du travail en relation avec les formations.

− La troisième isole les indicateurs de qualité du logement.

− La quatrième dimension met en valeur les quartiers à forte concentration immigrée et identifie celle-ci.

• Région bruxelloise : la démarche est ici quelque peu différente puisque certains indicateurs ne sont pas quantifiables et nécessite des relevés et entretiens auprès d’un échantillon de témoins privilégiés du quartier. Les indicateurs quantifiables doivent permettre de déceler :

− une concentration élevée d’immeubles dégradés :

− une forte présence de terrains ou d’immeubles inoccupés ;

− l’inconfort de logements ;

− des espaces publics en mauvais état ;

− une forte densité de population ;

− une proportion élevée de délits ;

− un taux de chômage important ;

− un faible taux de scolarisation.

Suite aux travaux menés jusqu’ici, il nous apparaît que plusieurs dimensions importantes ne sont pas prises en considération dans la désignation des zones nécessitant un besoin de revitalisation. C’est du moins ce qui semble être le cas dans les Régions wallonne et flamande. Bruxelles présentant une approche différente et plus proche de nos préoccupations qualitatives. L’établissement des profils de satisfaction des habitants met assez clairement en valeur une série de paramètres intervenant dans la modulation de cette satisfaction et qui pourraient venir renforcer utilement les critères maintenant classiques énumérés ci-avant.

Ces critères s’attachent à décrire la qualité de l’habitat d’une part et du fragment urbain d’autre part. L’habitat et le fragment urbain dont on parle ici doivent s’entendre dans le sens que nous leur avons donné depuis le début de nos travaux. En substance, rappelons que ces notions permettent de considérer l’environnement au sens large comme support de pratiques et de perception déterminant dans la construction du sentiment de satisfaction de tout habitant pratiquant cet environnement. L’idée sous-jacente est de ne pas considérer le

logement comme une entité autonome « décontextualisée » dont il serait possible de maîtriser les relations avec l’extérieur mais plutôt comme un des éléments du système relationnel complexe qu’est la ville d’aujourd’hui.

Le concept d’habitat fait principalement référence à l’environnement dont il est question ici.

Quant au fragment, il tente de mettre en évidence l’aspect relationnel et discontinu – dans l’espace et dans le temps – qui structure les pratiques et perceptions dont cet habitat est à la fois le support et l’objet. On est donc en présence d’un système dont les caractéristiques vont bien au-delà de la description quantitative du profil socio-économique des habitants et de leur logement.

Cette idée, qui n’est pas neuve mais dont il existe peu d’exploitations pratiques, a été partiellement développée dans l’Audit urbain mis en place par la Commission européenne (ERECO, 2000). Cet audit s’appuie sur un référentiel destiné à mesurer la qualité de vie dans une cinquantaine de villes européennes et se base sur 33 indicateurs regroupés en 21 domaines illustrant les divers aspects de la qualité de la vie en milieu urbain. La condition nécessaire étant que, dans la mesure du possible, l’information soit collectée de manière comparable dans les différentes villes.

Il nous semble intéressant de dresser la liste des 21 domaines établis :population

− nationalité

− structures des ménages

− marché du travail et chômage

− revenus, disparités et pauvreté

− logement

− santé

− criminalité

− emploi

− activité économique

− citoyenneté

− offre d’éducation et de formation

− niveaux d’instruction de la population

− qualité de l’air et nuisances sonores

− eau

− déchets

− utilisation du sol

− déplacements

− consommation d’énergie

− climat et géographie

− culture et loisirs

Une fois encore, bien que couvrant pratiquement tous les domaines influents sur le territoire urbain, ces indicateurs (ou plutôt groupe d’indicateurs) relèvent essentiellement de données quantitatives. Nécessaires mais non suffisantes dans notre problématique, voyons quels sont les critères qui permettraient d’introduire la notion qualitative dans l’appréciation et l’évaluation d’une zone urbaine.

Dans cette optique, nous proposons d’inclure les critères qui « façonnent » les profils de satisfaction dans la liste de ceux qui déterminent actuellement l’éligibilité des zones en besoin de revitalisation. L’utilité d’une telle démarche est de deux ordres :

• isoler des zones urbaines par une analyse multicritères se référant également à la perception et aux pratiques des habitants et des usagers de ces zones ;

• mettre en évidence les points forts et faibles de ces zones urbaines et tracer les premières lignes de force des interventions à mener.

Les critères s’appuient sur les concepts suivants :

- mixité raisonnée, - nuisances, - équipements, - accessibilité, - proximité,

- transports publics et privés, - vie associative, - patrimoine,

- espaces publics et espaces verts, - éléments verts, mobilier urbain, - espaces privatifs extérieurs.

De ces onze critères, il est possible d’établir un véritable tableau de bord de zones urbaines pouvant servir à de multiples usages et à différentes échelles. Chacun d’eux devra être évalué suivant une méthode permettant au mieux d’éviter les appréciations subjectives ou équivoques. La stratégie s’appuie donc sur l’évaluation de la qualité de l’habitat en plus des habitants et de leur logement.

Mais contrairement aux caractéristiques socio-économiques de la population, les données auxquelles nous nous intéressons ici sont rares, difficilement accessibles ou inexistantes.

L’établissement de ce tableau de bord de quartier nécessite donc un relevé sur place combiné à des données plus fines, éventuellement relevées dans les services communaux et régionaux concernés.

Une première approche pourra être réalisée sur base d’études sur plan ou sur dossier permettant une analyse globale de certains sites aux niveaux multifonctionnels, mobilité et transports publics, services, etc. On ne pourra malheureusement pas s’abstenir d’un ou de plusieurs relais locaux provenant directement du « terrain ».