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I.3. Entre matériau et décor, les gemmes

I.4.2. Décors sculptés

I.4.2. Décors sculptés

Un autre terme dérivant de la racine rac-, racanā, apparaît dans le sens d’« ornement », mais semble pouvoir être cette fois utilisé pour évoquer un décor n’impliquant pas nécessairement un apport de métal, et donc effectué directement sur les objets. C’est par exemple le cas dans la stance XXXIII de l’inscription K. 842 :

racanā-dhāra-bhṛṅgāra, « un vase portant un ornement » (890 śaka ; IC I, p. 150). Il

n’apparaît pas dans les parties khmères avant le XIIIe śaka, dans l’inscription K. 470, dans laquelle il prend un sens verbal : thma goll racanā khpvar viṅ, « des bornes en pierre ornées de dessins » (l. 22 ; IC II, p. 187). Cette unique occurrence tardive est assez remarquable car, contrairement à racita, racanā est passé en moderne, tant dans le sens de « décoration », que de « décorer » (ANTELME & BRU-NUT 2001, s. v., P. 273).

occurrences de srajāṅ. En effet, ce terme figure aux côtés d’épées (khān) dans les listes de biens des inscriptions K. 669 C (khān II srajāṅ 10 ; l. 27 ; 894 śaka ; IC I, p. 185) et K. 1001 (srajāṅ mvāy khān

vyar ; l. 14 ; IXe śaka ? ; JACQUES 1969, p. 63). Ceci n’est naturellement pas suffisant pour déduire que cet

objet était une arme, mais sachant que dans, K. 669, ces deux objets sont précédés de laṃveṅ toṅ tek II, « 2 lances à manche de fer », il sera peut-être intéressant de chercher dans cette direction.

158 cak a conservé ces deux sens en moderne (HEADLEY 1997, p. 238).

159 Interrogé à ce sujet en mai 2009 à la veille de la parution de son dictionnaire et de l’achèvement de notre étude, Philip N. Jenner nous a communiqué son interprétation de pañcak, qui va également dans le sens de celle de Cœdès : « n. Decorative work set into a surface: inlay » et « v.ps. To be inlaid ».

En khmer, plusieurs termes renvoient précisément à des décors effectués directement sur des objets. Le premier verbe à signaler est chlāk, chlyak, chlyāk, « graver, sculpter, ciseler », qui a conservé ce sens en moderne (ANTELME & BRU-NUT

2001, s. v., p. 750). Ces trois orthographes apparaissent effectivement dans ce sens dans plusieurs occurrences, comme dans l’inscription K. 194 B, en ce qui concerne chlāk :

hemavitāna ti chlāk padma tāṃ sarvvaratna, « un dais en or gravé d’un lotus160

et incrusté de pierres précieuses » (l. 1-2 ; 1041 śaka ; CŒDÈS & DUPONT 1943, p. 143)161

. On notera que la variante chlyak apparaît dans le même texte : cok chlyak (A, l. 32 ; ibid., p. 147). Cœdès et Dupont n’avaient pu donner d’interprétation satisfaisante de cok chlyak, mais proposaient alors de rapprocher chlyak du moderne sliek, « vêtir les membres inférieurs », en s’étonnant toutefois du fait que l’on retrouve le dérivé canlyāk dans ce même texte avec un ā long (ibid., n. 1). Saveros Pou a proposé depuis d’identifier cok à une petite tasse (POU 2004, s. v., p. 167) ; il faudrait donc interpréter

cok chlyak comme « une petite tasse ciselée » Or, chlyak qualifie également un

vêtement de type canlyāk dans l’expression canlyak chlyak yau 2, « 2 yau de canlyak

chlyak » (K. 153, l. 10 ; 923 śaka ; IC V, p. 194). L’interprétation de Cœdès et Dupont

semble alors plus satisfaisante, même si canlyak chlyak est une façon un peu répétitive de désigner un « sampot couvrant le bas du corps ». Le fait que chlāk et chlyak apparaissent dans la même inscription est un peu surprenant, et l’interprétation de cok serait donc peut-être à revoir, mais il n’en reste pas moins que les occurrences de K. 153 et K. 258 B laissent supposer que chlyak pouvait prendre ces deux sens.

Un dérivé de ce verbe, caṃlak, caṃlāk, « fait de graver, sculpter. Gravure, motif de sculpture » (POU 2004, s. v., p. 161), apparaît ponctuellement dans le corpus pour qualifier des objets sculptés : … prak caṃlak, « … en argent sculpté » (K. 947 A, l. 1 ;

IXe śaka ; cf. p. 536). À ce sujet, il faut signaler qu’il est fait allusion à la corporation des caṃlāk dans l’inscription K. 374162

. Cependant, ce terme peut également désigner le mode d’écriture par incision sur ôles jusqu’à prendre, par extension, le sens de « [registre] gravé » dans l’inscription K. 165 S (l. 16 ; IC VI, p. 134, 137). Pour autant

160 « de figure de lotus », selon Cœdès et Dupont (ibid., p. 149).

161 valvyal chlyak mvay, « un porte-cierge sculpté », (K. 258 B, l. 44 ; 1018 śaka ; IC IV, p. 175) ; K. 1073 B : dūk mās chlyāk, « une jonque d’or sculptée » (l. 10 ; 1000 śaka ; NIC II-III, p. 103-104).

que l’on sache, cette corporation pourrait alors correspondre à des scribes et non à des graveurs ou sculpteurs comme le pensait Cœdès (IC VI, p. 253, n. 8).

On notera que ce terme est utilisé indifféremment pour des décors sur métal ou sur d’autres matériaux : kaṃpyat toṅ vluk caṃlak, « couteau à manche d’ivoire sculpté » (K. 947 A, l. 1, 20-21 ; cf. p. 536). Ce détail est important car le vocabulaire relevé ici peut sembler essentiellement lié à l’art du métal, mais il ne faut sans doute y voir qu’une conséquence de la nature des objets qui étaient mentionnés dans les listes que nous étudions.

Chlāk et caṃlāk restent des termes assez généraux désignant des gravures et

sculptures au sens large. Dans le cas de décors d’objets métalliques, ils peuvent donc recouvrir différentes techniques : ciselure, gravure, etc. L’une d’entre elles est précisée dans l’inscription K. 21 N dans laquelle le terme saṃruk qualifie caṃlak. George Cœdès avait remarqué que ce terme correspondait à la technique du repoussé et traduisait alors kaṭaka caṃlak saṃruk I par « un bracelet gravé en repoussé » (l. 3 ; VIe śaka, IC V, p. 6, n. 3).

L’expression « gravé en repoussé » est assez malheureuse puisque, contrairement à la gravure, la technique du repoussé n’implique pas d’enlèvement de métal. Il s’agit en effet de la mise en forme de plaques en repoussant le métal de l’envers sur l’endroit. Ce « modelage » est complété le plus souvent par un travail de ciselure, terme technique qui désigne un « décor de traits et de surfaces enfoncées, pratiqué sur l’endroit » sans enlèvement de matière, par opposition à la gravure dans laquelle le décor est obtenu par soustraction de copeaux de métal (ARMINJON & BILIMOFF 1998, p. 40, 120, 137) ; ces deux techniques sont bien attestées au Cambodge163

. On préfèrera alors « mis en forme en repoussé », ou éventuellement « sculpté en repoussé », à la traduction de Cœdès, et l’on pourra conserver « sculpter » pour les occurrences dans lesquelles saṃruk n’est pas précisé, si l’on ne souhaite pas choisir arbitrairement entre « graver » et « ciseler » qui renvoient en français à deux techniques différentes164

.

163 En ce qui concerne les inscriptions, par exemple, on pourra constater la différence entre le traitement de K. 1219 qui est gravée et n’est donc visible que sur l’endroit et celui de K. 1217, dont le ciselage a fortement marqué l’envers des parois des vases (ill. 252, 268, p. CXXIX, CXXXVII).

164 Selon Headley, chlāk recouvre également en moderne ces deux techniques, « to carve, to sculpt, to engrave » (1997, s. v., p. 306).

On notera que saṃruk apparaît parfois seul, a priori dans le même sens : karap

saṃruk I, « un revêtement en repoussé » (K. 21, l. 5 ; IC V, p. 6). Selon Cœdès, cette

interprétation est improbable dans le passage suivant de l’inscription K. 370 : … mvāy

saṃmruk kriyā paṃmre mvāy saṃmruk, qu’il traduit : « un saṃruk de …, un saṃruk de

nourriture des serviteurs »165

. Cependant, la traduction proposée par Cœdès pour kriyā, « nourriture », est discutable puisque ce terme désigne des « accessoires » – en particulier des accessoires de culte – dans plusieurs occurrences (POU 2004, p. 117)166

. Il nous semble donc possible de supposer que saṃruk se rapporte aux décors d’objets et l’on ne peut alors que regretter que l’inscription soit trop lacunaire pour permettre de préciser la première occurrence.

Saveros Pou a déjà signalé que saṃruk dérive du verbe ruk, « enfoncer », mais n’avait pas relevé d’occurrence de ce terme dans les inscriptions (2004, s. v., p. 486).

Ruk apparaît pourtant dans l’inscription K. 1034 D, dans l’expression kataka ruk I, « 1

bracelet ruk » selon Claude Jacques, qui supposait que ruk désignait une sorte de bracelet (D, l. 19 ; 895 śaka ; JACQUES 1970, p. 84, n. 7). De nouvelles occurrences permettent d’infirmer cette hypothèse. Plusieurs objets mentionnés dans K. 947 – jlvañ, « piques », cracyāk, « boucles d’oreilles » et koṅ, « gongs » – sont en effet qualifiés de

ruk ; il est alors plus vraisemblable d’y voir un équivalent du terme moderne et de

supposer qu’il est fait référence dans ces deux inscriptions à des objets « [sculptés en] repoussé ».

Il faut également considérer le verbe khmer cār, qui désignerait, dans le contexte du décor, « graver des lettres, dessiner » (POU 2004, s. v., p. 164). Ce verbe perdure en moderne dans le sens de « graver, inscrire » (ANTELME & BRU-NUT 2001, p. 453). Il est utilisé à plusieurs reprises dans le sens de graver [une inscription]167

, mais apparaît également dans l’inscription K. 936 S pour décrire le décor d’un objet métallique :

padigaḥ car II, « 2 crachoirs gravés » (l. 13 ; IXe śaka ; cf. p. 448).

Il est alors tentant d’interpréter padigaḥ car comme un « crachoir inscrit », comparable aux petits objets métalliques comportant une courte inscription

165 Cœdès ne propose pas de traduction alternative de saṃruk, mais ajoute « il doit s’agir dans tous les cas d’un “ensemble” » (l. 12 ; Xe śaka ; IC VII, 59, n. 9).

166 À ce sujet, cf. p. 145-146.

167 cār śīlāprasaṣṭa pour cār śīlāprasaṣṭa, « graver un édit de pierre » (K. 754 B, l. 4 ; 1230 śaka ; CŒDÈS

commémorant leur donation, dont nous connaissons plusieurs exemples168

. En effet, comme le souligne la définition proposée par Saveros Pou, le verbe car a un lien très fort à l’écrit. Selon Headley, c’est par exemple ce verbe et non chlāk qui est utilisé en moderne dans le cas de l’écriture sur ôles au moyen d’un stylet (1997, p. 244). Par ailleurs, une autre forme de cār, cārik, est utilisée en khmer moderne dans le composé

silācārik pour désigner les inscriptions lapidaires169

. Enfin, les deux occurrences dans lesquelles apparaît caṃnār, un dérivé de cār signifiant « ce qui est gravé, inscrit », concernent dans les deux cas des [textes] inscrits170. Cependant, aucun élément ne permet de garantir que cet objet était le support d’un texte et l’on gardera donc à l’esprit qu’il ne s’agissait peut-être que d’un motif ornemental. Comme dans le cas de chlāk, on peut se poser la question du choix entre « graver », et « ciseler », mais là encore, il semble que le verbe khmer ne permette pas de distinguer de choix technique.

Enfin, un terme est utilisé pour préciser cār dans une occurrence : tanlāp prāk ti

cār chdvāl II (K. 263 D, l. 11 ; 906 śaka ; IC IV, p. 118). Cœdès avait proposé la

traduction suivante : « 2 boîtes gravées (de motifs en forme) de chaînes », mais notait que la traduction de chdvāl, « chaîne » était conjecturale (ibid., p. 137, n. 1).

Il avait d’abord émis cette hypothèse dans deux occurrences de l’inscription K. 669 dans lesquelles chdvāl qualifiait des objets sans l’intervention de cār : khse

chdvāl I, « 2 [sic] chaînes » et tanlāp chdvāl III, « 3 boîtes à chaîne » (C, l. 10, 17 ; 894 śaka ; IC I, p. 170). Il arguait pour cela du fait que certaines boîtes à chaux étaient

« faites de deux hémisphères retenus par une chaîne » et que, dans le premier cas, « ce mot pourrait désigner la chaîne ou anneau en forme de ressort qui se porte sous l’anneau de cheville171

» (ibid., p. 182, n. 10), démonstration assez peu convaincante, il faut le reconnaître.

168 On notera toutefois que cet usage n’est pas encore attesté à l’époque de l’inscription K. 936, les plus anciens exemples datés d’« inscriptions étiquettes » connus à ce jour étant du Xe siècle de l’ère śaka (K. 1048, 962 śaka et K. 1218, 929 śaka ; cf. p. 92, 593 et suiv.). En dehors de K. 1218 – et peut-être K. 779 – qui semble avoir été inscrite dans la cire avant la fonte du vase, la plupart de ces textes sont effectivement gravés ou ciselés postérieurement ; quatre exemples en sont présentés dans le recueil d’inscriptions : K. 1219, K. 1251, K. 779 et K. 1217 (cf. p. 602, 612, 614, 622).

169 śilācārik, « une pierre inscrite », n’apparaît que tardivement dans les inscriptions (K. 413 D, l. 4 ; 1283

śaka ; POU 1978, p. 345, 354, n. 9) ; à propos de cārik, « graver, inscrire », cf. LEWITZ 1967 [b], p. 129-131.

170 roḥ caṃnār praśasta, « (conformément à) ce qui est inscrit dans l’édit » (K. 200 A, l. 5 ; 1067 śaka ;

IC VI, p. 314) ; pre thve roḥh caṃnār ta vraḥ śilāstambha, « il enjoint d’agir (conformément à) ce qui est

inscrit sur le saint pilier de pierre » (K. 380 E, l. 61 ; 960 śaka ; IC VI, 265).

171 Ce lien (khse) chdvāl, qui est en fait probablement une sorte de collier (cf. p. 283-285) suivait en effet des anneaux de chevilles dans cette liste de biens.

Saveros Pou a alors proposé de voir dans chdvāl un dérivé de dval, « monticule, colline et ṛdval, « très rugueux », à l’origine du moderne kanduol, « qui présente des pustules, bosselé » (2004, p. 169). Elle y voit dans notre contexte « un relief dans la gravure et ciselure ». Cette définition est bien plus satisfaisante que celle de Cœdès, mais si elle donne une idée de l’aspect que prenait ce décor, elle ne permet pas vraiment de déterminer le parti technique adopté pour élaborer le décor de ces objets. Cependant, on notera que l’expression cār chdvāl de l’inscription K. 263 implique manifestement que l’aspect « bosselé » en question n’est pas obtenu au moment de la fonte ou du forgeage de la pièce, mais bien lors de l’élaboration de son décor « sculpté » (cār). Il serait troublant que les deux seuls termes précis livrés par le corpus renvoient à la même technique, mais il faut reconnaître que la définition de Saveros Pou pourrait encore une fois évoquer le repoussé.

Un quatrième verbe doit être ajouté à cette liste. Il s’agit de gvar, « tracer, dessiner »172. Il est utilisé dans une expression de l’inscription K. 262, que nous avons déjà mentionnée : phnāṅ ti gvar nu dik mās, « 1 cloison ornée de dessins d’or »173

. La deuxième occurrence connue de ce terme avait été mal interprétée par George Cœdès et mérite d’être corrigée. La ligne 21 de la face C de K. 669 (894 śaka) mentionne en effet l’objet suivant : phuru jhe snāp prāk ti gvar nu mās I, ce que Cœdès avait interprété comme « 1 phuru de bois à revêtement convenable d’argent et d’or »174 (IC I, p. 170, 184). Quel que soit l’objet nommé phuru dont il est question ici175

, il semble certain que son revêtement est « en argent orné de dessins d’or », sans qu’il soit encore une fois possible de préciser s’il s’agissait de plaquage, d’incrustation ou de toute autre technique.

172 On notera qu’un autre sens possible de gvar est « calculer » et que son dérivé gmvar n’apparaît dans les inscriptions que dans le sens de « calcul, décompte » (K. 165 S, l. 16 ; 879 śaka ; IC VI, p. 134) ; en revanche, le sens de khpvar est bien lié au dessin, mais se rapporte plus spécifiquement à un plan dans trois des quatre occurrences où nous l’avons relevé : K. 470 (l. 22 ; XIIIe śaka ; IC II, p. 188), K. 542 (plan ; IC III, p. 223), K. 1238 A (l. 42-43 ; 958 śaka), khpvar apparaîssant dans un toponyme dans K. 549 (l. 25 ; XIIe śaka ; IC II, p. 156). Ce point sera développé dans le cadre de la publication de

l’inscription K. 1238, en collaboration avec Arlo Griffiths.

173 Cette traduction a été proposée par George Cœdès (K. 262 N, l. 16 ; 904 śaka ; IC IV 110, 115) ; littéralement : « 1 cloison ornée de dessins avec un peu d’or » ; on gardera à l’esprit l’hypothèse que cette petite quantité implique que le dessin était réalisé en dorure à la feuille (cf. p. 92).

174 Cœdès avait alors sans doute assimilé gvar au moderne guor, « to be acceptable, suitable, good enough » au lieu de gūr, « to draw » (HEADLEY 1997, s. v., p. 187, 186).

On a déjà signalé que les techniques de fabrication des objets métalliques sont très peu évoquées dans le corpus épigraphique khmer. Comme on le voit, malgré un vocabulaire sensiblement plus riche, les techniques de décoration ne sont qu’à peine plus détaillées. Les seuls éléments précis à ce sujet restent ruk, son dérivé saṃruk, ainsi que le terme chdvāl, bien que ce dernier ne soit pas exactement identifié.

Par ailleurs, en dehors de l’aspect bosselé qu’évoquerait également le terme

chdvāl, les termes que nous venons de présenter ne sont que rarement complétés par des

précisions relatives à l’aspect même de ces ornements. Tout au plus faut-il évoquer à nouveau l’expression rvvat vakam qui apparaît dans l’inscription K. 211 (l. 2 ; 959

śaka ; IC III, p. 26) et qui désignerait une « rangée de perles ». La description de l’objet

qu’elle qualifie – une aiguière à bec en forme de serpent tricéphale, a priori – n’est pas évidente (cf. p. 74, n. 114), mais cette rangée de perles pourrait correspondre à un décor constitué d’une frise de perles métalliques soudées.

En dehors de ces rares exemples, les expressions utilisées sont très générales, et couvrent donc un large éventail de formes allant de simples frises de motifs géométriques incisés aux représentations sculptées de divinités les plus complexes. Seules des études exhaustives du mobilier exhumé au Cambodge pourront nous donner une idée plus précise. Dans le cas de la céramique, ce travail a déjà été initié par Dawn Rooney, qui présente un premier répertoire des motifs géométriques utilisés (1984, p. 41-44). On ne peut pour l’instant que supposer que le mobilier métallique adoptait le même type de décor, mais malheureusement, l’épigraphie ne permettra pas de connaître la terminologie qui leur était associée.

Nous clôturerons d’ailleurs cette énumération du vocabulaire précisant le décor des biens du dieu par le terme khpac – défini par Cœdès comme désignant « toute espèce de motif décoratif – dont l’usage dans l’inscription K. 669 est caractéristique de la pauvreté de ces descriptions : bhājana khpac I « 1 récipient décoré (K. 669 C, l. 16 ;