• Aucun résultat trouvé

MIELS-Québec aujourd'hui : la réalité des pratiques

4.5 La crise du VIH-sida et le mouvement de refus du condom

Au début des années 1980, la communauté gaie est touchée par la crise du VIH-sida et de nombreux hommes de minorités sexuelles meurent sans avoir accès à des soins médicaux de base. La création de groupe communautaires sida tels que MIELS-Québec en 1986 a permis de démystifier cette maladie et de venir en aide aux personnes atteintes à Québec. Depuis l'arrivée des trithérapies en 1996, le destin de nombreuses personnes diagnostiquées s'est transformé radicalement. Aujourd'hui, les traitements médicaux ont fait évoluer la maladie mortelle en maladie chronique dans la majorité des cas au Québec. Malheureusement, des gens meurent encore du VIH-sida et de nombreux effets indésirables sont liés aux traitements médicaux. De plus, on ne sait pas encore quels sont les effets à long terme des différents médicaments. Après de nombreuses années de lutte contre l'épidémie et contre la discrimination, les organismes VIH-sida font face à l'épuisement des messages de prévention et à de nouvelles croyances envers la maladie. Pire, au sein de la communauté gaie, un mouvement de refus du condom est apparu au milieu des années 1990 aux États-Unis. Ce mouvement inquiète les groupes communautaires de lutte contre le VIH-sida et les autres ITSS, dont MIELS-Québec. Aujourd'hui, la pratique du « Barebacking » est revendiquée au Québec et les groupes communautaires commencent à s'intéresser à ce mouvement afin de mieux lutter contre cette pratique. Dans cette section, il est question de la crise du VIH-sida en 2010-2011 et du mouvement de refus du condom.

En 2010, les hommes de minorités sexuelles sont les plus touchés par l'épidémie du VIH au Québec avec 57,0% des cas de l'année 2010 (INSP, 2011). De plus, il est estimé que plus de 18 % des hommes de minorités sexuelles sont porteurs du VIH-sida au Québec. Également, on estime à près de 1000, le nombre de personnes qui décèdent du VIH-sida par année dans la province. Aujourd'hui, les personnes séropositives qui ont été diagnostiquées tôt peuvent aspirer à une espérance de vie normale. Toutefois, malgré les avancées des traitements médicaux, des gens meurent encore de la maladie au Québec et il existe des effets secondaires importants à la trithérapie tels que le vieillissement prématuré, l'ostéoporose et des problèmes cardiaques. Durant l'enquête de terrain, les intervenants de MIELS-Québec et de PRISME-Québec m'ont fait part de leurs inquiétudes sur le mouvement de refus du condom au sein de la communauté gaie et plusieurs intervenants ont identifié cette pratique comme le problème le plus grave aujourd'hui dans la lutte contre le VIH-sida et les autres ITSS. Selon les intervenants de PRISME, il est possible de trouver à Québec quotidiennement des hommes qui recherchent ce genre de relations sexuelles non-protégées par l'entremise de sites Web de rencontres gaies.

Pour en apprendre davantage sur ce sujet, les intervenants de PRISME-Québec m'ont remis un document produit par l'organisme Séro-Zéro de Montréal qui décrit le mouvement du « Barebacking ». Selon ce dépliant, ce mouvement de refus du condom serait apparu aux États-Unis au milieu des années 1990. Le « Barebacking », c'est le choix délibéré de pratiquer la pénétration anale sans condom avec un partenaire séropositif ou de statut sérologique inconnu. Cette pratique possède des risques élevés de transmission du VIH et des autres ITSS. Le mot Bareback a été emprunté au milieu équestre et signifie faire de l'équitation sans selle. Le terme aurait fait son apparition dans l'autobiographie d'un acteur de films pornographiques décédé depuis du sida. Selon le groupe communautaire Séro-Zéro, il existe maintenant des sites de rencontre pour les adeptes de cette pratique et des maisons de films pornographiques qui se spécialisent dans le « barebacking ». Dans le dépliant informationnel de Séro-Zéro, on peut lire des raisons invoquées par certains hommes qui se réclament de ce mouvement de refus du condom :

« C'est le désir d'être plus près de l'autre, de vivre une fusion avec son partenaire, de partager tout, le bon et le moins bon. »

« Comme maintes fois dans l'histoire, les campagnes de prévention ne sont qu'une nouvelle tentative par la société de juger et de contrôler la sexualité des hommes gais. »

« Les nouveaux traitements ont fait du sida une maladie chronique avec laquelle on peut bien vivre. »

« Au lieu de se questionner toujours sur le statut sérologique et le besoin de se protéger, devenir séropositif simplifie la situation. En plus, le fait d'être séropositif procure la sensation d'appartenir à un groupe. »

Les raisons invoquées par les adeptes du mouvement de refus du condom font écho des fausses croyances envers le VIH-sida. En effet, il faut savoir qu'une infection au VIH peut favoriser le développement de cancers et d'infections rares. De plus, pour une personne séropositive, la transmission d'autres ITSS telles que l'herpès et la syphilis peut entraîner des symptômes et complications plus importantes que pour les personnes séronégatives. Aussi, parce qu'il y a différentes souches du VIH, une personne séropositive peut contracter une nouvelle souche et développer une surinfection plus agressive et résistante aux médicaments. Également, même si les multithérapies contribuent à augmenter l'espérance de vie des PVVIH, les effets indésirables sont multiples et la qualité de vie des PVVIH est affectée par les différentes thérapies médicales. Finalement, selon la loi canadienne, toute personne séropositive a l'obligation légale de divulguer sa séropositivité avant de s'adonner à une activité sexuelle à risque de transmission du VIH.

En résumé, la crise du VIH-sida au Québec s'est transformée énormément depuis l'arrivée des trithérapies en 1996. Aujourd'hui, les personnes vivant avec le VIH-sida diagnostiquée tôt peuvent espérer vivre longtemps. De nombreux inconvénients sont causés par les traitements médicaux et les effets à long termes de ces médications sont peu connus. Après des années de lutte contre la transmission du VIH, un mouvement de

refus du condom est apparu dans la communauté gaie. Les organismes communautaires tels que MIELS-Québec et Séro-Zéro sont très inquiets par ce mouvement revendiqué au Québec. Les adeptes du « Barebacking » font face à de graves problématiques à cause des risques d'infection en plus des responsabilités légales liées au statut sérologique. Dans la section suivante, il sera question des droits et du VIH-sida.