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Carte 5 : La figuration du bassin hydrographique du Yangzi dans le monde

I.2. La répartition du maillage hydrographique

I.2.4. Le cours inférieur du Yangzi

En aval de Hukou, le Yangzi serpente encore sur 938 km, jusqu’à la mer de Chine orientale. En s’élargissant, ce tronçon est caractérisé par la multiplication des bancs de sable et des hauts-fonds, ainsi que par l’augmentation des embranchements et des bifurcations fluviales. À partir d’Anqing (Anhui), le fleuve s’élargit et son cours devient très lent. En aval de Tongling (Anhui), sur 600 km de parcours, le Yangzi traverse une zone où l’effondrement des berges et les glissements de terrain sont très fréquents. Chaque année, le fleuve dépose en moyenne 480 millions de tonnes d’alluvions dans son cours inférieur ; l’abaissement de la vitesse des eaux et les marées montantes et descendantes provoquent la formation de bancs de sable et de hauts-fonds127. La mer arrivait autrefois jusqu’à Yangzhou, mais aujourd’hui elle se trouve à 130 km à vol d’oiseau du littoral. Le limon s’est déposé pendant des millénaires, créant lentement de nouvelles terres que traverse aujourd’hui le fleuve dans son cours inférieur. Après Jiangyin (Jiangsu), la largeur du lit du Yangzi passe de 1,4 à 5,7 km, lorsque le fleuve arrive à l’est de l’île de Chongming, son embouchure mesure 90 km de large. Ici, plusieurs îles alluviales sont nées de l’accumulation des sédiments déposés par le fleuve. Dans cet estuaire, on trouve la troisième plus grande île chinoise128, l’île de Chongming, qui mesure 32 km de long sur environ 6,5 km de large.

Dans son cours inférieur, le Yangzi reçoit, sur sa rive gauche, les eaux de la rivière Chu, du lac Cao, puis un canal lui permet de relier le fleuve Huai afin de réaliser la connexion avec le fleuve Jaune. Sur sa rive droite, les affluents Qingge, Shuiyang et Huangpu, ainsi que le troisième plus grand lac chinois d’eau douce, le lac Tai129, le rejoignent. Il est à noter que, lorsque l’ancien Grand Canal traverse perpendiculairement le delta du Yangzi, ses deux branches nord et sud confluent avec le grand fleuve et animent la ville de Yangzhou sur la rive gauche et Zhenjiang sur la rive droite, ce qui en fait le nœud de communication le plus important du Yangzi. C’est ici qu’on retrouve la vraie appellation du nom « Yangzi ».

127 Changjiang liuyu dituji [Atlas du bassin du Yangzi], op. cit., p. 246.

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Après les îles de Taiwan et de Hainan, l’île alluviale de Chongming, avec une superficie de 1 041,38 km2 forme la troisième plus grande île chinoise.

129 Dans le delta du Yangzi, au sud de Wuxi et à l’ouest de Suzhou, s’étend le lac Tai. Avec une surface de 2 460 km2, il est le troisième plus grand lac chinois d’eau douce. Néanmoins, ce lac est peu profond (en moyenne de 1, 80 m à 2,10 m).

71 Les terres du bas Yangzi sont parmi les plus riches de Chine : 70 % du riz chinois et près de la moitié des produits de la pêche sont produits ici130. Notamment, dans le cœur du delta, la région du lac Tai est entourée de terres fertiles et limoneuses. Ici, l’agriculture est très intensive. Souvent, les champs peuvent fournir trois récoltes annuelles : deux de riz et une de blé. Le delta du Yangzi est constitué non seulement de la région agricole la plus prospère de la Chine, mais aussi de l’espace le plus industrialisé et urbanisé du pays.

Shanghai, qui se situe à l’embouchure du Yangzi, est l’un des centres économiques, financiers et commerciaux de la Chine. Elle est également la plus grande ville industrielle et le plus grand port international du pays. La capacité de chargement et de déchargement du port de Shanghai a atteint 443 millions de tonnes en 2009131. Formant le cœur de la région, l’aire d’influence de Shanghai s’étend sur plusieurs centaines de kilomètres en englobant tout le delta voire l’ensemble des deux provinces du Jiangsu et du Zhejiang. Des villes de diverses tailles et d’activités variées (Nankin, Hangzhou, Suzhou, Zhenjiang, Nantong, etc.) s’agglomèrent et se complètent les unes les autres, ce qui développe une véritable mégalopole132 sur ce dernier tronçon du Yangzi.

L’espace nourri par le Yangzi qui s’étend sur trois fuseaux horaires est évidement gigantesque. Néanmoins, comparé à l’Amazone, qui traverse sept pays de l’Amérique latine sans obstacle, et au Nil, qui coule dans neuf pays africains, le Yangzi est l’un des rares grands fleuves à ne parcourir qu’un seul pays et à l’unifier. Dans le bassin du Yangzi, plusieurs centaines d’affluents s’assemblent au fil de leur trajet vers le cours principal, cette convergence contribue à créer un réseau hydrographique d’ensemble complet, tant pour le milieu naturel que pour le milieu humain. D’une part, l’ensemble des zones habitables du Yangzi est soumis pour les régions tropicales à des flux de mousson renforcés, qui offrent à

130 Zhongguo chengshi tongji nianjian [Annuaire statistique des villes chinoises], Pékin, Bureau national des statistiques, 2010.

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Ibid.

132 La constellation urbaine chinoise Nankin-Shanghai-Hangzhou, suggérée par J. Gottmann dans les années 1970, est en plein développement aujourd’hui. Au débouché de la vallée du Yangzi, le pôle régional de Shanghai fait interface entre la région deltaïque et le système économique mondial. Dominé par Shanghai, l’ensemble de la région du delta du Yangzi réunit des terres qui relèvent de trois entités de rang provincial : la municipalité de Shanghai et les deux provinces du Jiangsu et du Zhejiang, cette ensemble constitue aujourd’hui une véritable aire urbaine continue. Il englobe les trois principales villes littorales et portuaires (Shanghai, Nankin, Hangzhou), puis soixante autres grandes villes (comme Suzhou, Wuxi, Changzhou), villes moyennes et petites villes. L’ensemble de cette région est relié par le réseau autoroutier et les lignes ferroviaires, souvent au moyen de trains rapides. Avec une population non agricole de 60 millions d’habitants, le delta du Yangzi représente le cinquième du produit intérieur brut de la Chine en 2008. Sources : Sanjuan Thierry, Atlas de Shanghai, Paris, Autrement, 2009, pp. 57-59 ; Changjiang he zhujiang sanjiaozhou ji Gang-ao-tai tongjinianjian [Annuaire statistique du delta du Yangzi, du delta de la rivière des Perles et de Hong Kong-Macao- Taiwan], Pékin, Bureau national des statistiques, 2009, p. 113-114.

72 ces régions d’abondantes précipitations et un climat favorable ; d’autre part, chaque année, les débordements du fleuve déposent un limon très riche sur les terres, tous ces phénomènes contribuent à nourrir les basses terres en alluvions, elles deviennent ainsi un lieu idéal pour l’agriculture. De plus, l’ensemble du réseau fluvial du Yangzi crée 70 000 km de voies navigables en formant une véritable « voie d’eau dorée » 133. Les communications entre les « régions économiques clés » alluviales s’en trouvent renforcées, en permettant l’émergence du corridor économique du Yangzi axé sur une trentaine de villes riveraines. Les cours d’eau jouent un rôle incontournable dans l’organisation comme dans la détermination de cet espace.

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Le réseau navigable du Yangzi offre les voies de transport fluvial les plus actives et développées de la Chine. On y compte plus de 3 600 cours d’eau navigable se développant sur 82 739 km (y compris les voies navigable du fleuve Huai), soit 70 % du total du pays, dont 57 000 km dépassent 0,7 m de profondeur. Source : TANG Guanjun, Lun Changjiang hangyun fazhan zhanlue [Les stratégies de développement pour le transport fluvial du Yangzi], Journal du collège des techniques et des communications de Wuhan, vol. 12, no. 1, 2010, p. 55.

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