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« Leur anatomie squelettique complexe et l’intégration nécessaire des processus de croissance et de maturation ne permettent pas la transposition directe des méthodologies adultes aux non-adultes » (Garcin, 2009, p. 69).

Les protocoles d’étude métrique portant sur les individus immatures se fondent principalement sur ceux élaborés pour les adultes, et notamment sur les variables définies par Martin (1928) et rééditées par Braüer (1988). Cette transposition, d’autant plus aisée que les sujets s’approchent de l’âge adulte, l’est moins pour les tout-petits, pour lesquels les mesures ont été adaptées par Schutkowski (1990) puis Duday et collaborateurs (1995). La fréquente mauvaise conservation de certains éléments pousse cependant autant à tester la répétabilité (via des tests intra-observateurs) et la reproductibilité (via des tests inter-observateurs) des variables, qu’à augmenter leur nombre. Dans le cadre de l’étude non métrique, les ouvrages de référence (Cf. infra, chap. X.) relatifs aux variations anatomiques non métriques (VANM) ou caractères discrets, soit des variations phénotypiques osseuses ou dentaires qui ne sont pas d’origine pathologique (Berry et Berry, 1967) n’ont quant à eux - et à notre connaissance - fait l’objet d’aucune adaptation globale. Nous avons donc choisi d’effectuer une sélection parmi les VANM couramment observées chez l’adulte en fonction de l’état de maturation du sujet.

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Afin de tenter de renseigner au mieux la variabilité de la classe d’âge périnatale en s’adaptant à la représentation et la conservation du corpus, une approche étendue incluant des variables métriques, des variables non métriques ainsi que l’observation de critères de maturation a été privilégiée.

I. Protocole d’étude métrique

I.1. Sélection des variables métriques

I.1.1. Aperçu général

Notre protocole d’étude métrique suit celui des études de référence sur le sujet, et en premier lieu celui mis en place par Fazekas et Kósa (1978), repris et amélioré par Duday et collaborateurs (1995) pour l’étude des individus du site gallo-romain de Sallèles d’Aude. Une partie de ces mesures est inspirée des protocoles utilisés pour l’étude des individus adultes (Martin, 1928 ; Schutkowski, 1990). Le protocole comprend 197 variables intéressant l’ensemble du squelette. Toutes sont détaillées en annexe (Cf. annexe 3) par région anatomique et élément osseux concerné, avec le code de référence utilisé dans la présente étude (e.g. Fe1, longueur maximale du fémur), la définition de la variable, son origine dans la littérature scientifique (par exemple Fazekas et Kósa, 1978), ainsi que le code de référence correspondant dans les autres publications de référence le cas échéant. Pour la hauteur du pariétal, le code correspondant dans Duday et collaborateurs (1995) est par exemple « Pa1 » tandis que dans Fazekas et Kósa (1978) il est « Fka ». Les mesures sont illustrées dans un catalogue en annexe (Cf. annexe 4).

Nous avons proposé de nouvelles mesures dans trois cas :

lorsqu’il manquait une dimension pour compléter les analyses sur un élément osseux, par exemple la variable Zy3 du zygomatique (Cf. annexe 4).

lorsque les régions d’intérêt de certaines variables ne sont que très rarement conservées dans notre corpus mais que des régions d’intérêt proches le sont, par exemple Pe2bis sur le pétreux (Cf. annexe 4).

dans une perspective exploratoire, sur certaines régions anatomiques identifiées comme fréquemment conservées.

Certaines variables n’ont pas été prises en compte pour des raisons techniques, comme les dimensions des osselets de l’oreille interne (Noussios et al., 2016), pour lesquelles les mesures manuelles au pied à coulisse ne sont pas préconisées (risques de dommage de l’élément

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osseux). Les mesures ont été effectuées manuellement grâce à un pied à coulisse électronique avec une précision au 10e de mm. Elles ont été acquises sur l’ensemble de l’échantillon du côté gauche et du côté droit. Par souci de cohérence avec la publication de référence, nous avons repris et complété les codes terminologiques de Duday et collaborateurs (1995). Les résultats des tests inter et intra-observateurs sur les variables métriques sont présentés ci-après (Cf. infra, chap. VI, I.2.).

I.1.2. Origines des variables dans la littérature scientifique

Parmi les 197 variables observées, la majorité (n = 115) est issue de Duday et collaborateurs (1995). Un quart (n = 53) provient sans modification de Fazekas et Kósa (1978), et un petit nombre (n = 4) de Schutkowski (1987). Les variables proposées dans la présente étude constituent 13 % (n = 25) de l’ensemble des mesures considérées (figure 86).

I.1.3. Régions anatomiques concernées par les mesures

Parmi les régions anatomiques concernées par ces variables, un quart concerne le bloc maxillo-facial (figure 87).

Figure 82. Origines bibliographiques des variables

Figure 83. Effectifs de variables métriques considérées par région anatomique, BCF : bloc crânio-facial

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Les membres supérieurs et inférieurs font l’objet respectivement de 18,5 et 14,5 % des variables, les ceintures des membres inférieurs et supérieurs de 11 et 9 % d’entre elles. Le gril costal, le rachis, ainsi que les mains et les pieds sont concernés par 4 à 7% des variables.

I.2. Répétabilité et reproductibilité des variables

I.2.1. Choix du test

La représentation et la conservation des individus du corpus sont toutes deux fortement variables. Une partie des sujets est remarquablement bien représentée et conservée (par exemple S41), une autre, au contraire, n’est représentée que par quelques rares vestiges osseux (par exemple B96-2). Ces différences ne dépendent pas des sites. Les variables métriques acquises sur l’ensemble du squelette ont été testées quant à leur répétabilité et leur reproductibilité grâce à un test de concordance de Lin (I-Kuei Lin, 1989) 18 qui a été privilégié à un test de corrélation (de type coefficient de corrélation de Pearson, test-t pour données appariées) pour plusieurs raisons. La première est que la possibilité qu’il existe une corrélation entre deux jeux de données sans que les deux correspondent entre elles. Dans le cas d’un biais systématique (comme la surestimation répétée d’une variable dans un des deux), la corrélation serait par exemple excellente mais la concordance mauvaise (Mukaka, 2012). La seconde raison poussant à le privilégier est que sa représentation visuelle permet d’identifier immédiatement les cas pour lesquels les résultats seraient faussés par une discordance dans les données testées. Le test de concordance de Lin (I-Kuei Lin, 1989) est particulièrement intéressant, dans la mesure où il est aussi robuste sur des petits échantillons. Le résultat du test n’est pas donné sous la forme d’une p-valeur mais comme un degré de concordance entre les deux jeux de données. Le test, particulièrement utilisé dans les disciplines médicales, est fourni avec une « échelle d’interprétation » que nous avons adaptée (tableau 7).

Concordance Coefficient Presque parfaite >0,99 Très bonne >0,95–0,99 Bonne 0,90–0,95 Moyenne 0,80-090 Faible 0,70-0,80 Mauvaise <0,70

Tableau 7. Échelle d'interprétation proposée dans la présente étude pour l’interprétation des coefficients de concordance

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I.2.2. Tests inter-observateurs

La reproductibilité des variables métriques a été testée avec l’aide de deux observateurs, l’observateur n°1 ayant acquis des mesures sur le bloc crânio-facial, et l’observateur n°2 sur le squelette infra-crânien. Les deux n’ont eu accès qu’au protocole rédigé (Cf. annexe 4) auquel nous renvoyons pour les définitions des variables ci-après. Parmi les 52 variables acquises sur le bloc crânio-facial, 21 obtiennent un coefficient de concordance entre 0,80 et 0,99, correspondant à une reproductibilité variant, d’après notre échelle d’interprétation, entre moyenne et presque parfaite (tableau 8).

Tableau 8. Variables du bloc crânio-facial considérées comme reproductibles, pour les définitions des mesures se reporter aux annexes 3 et 4

Dix-huit autres variables (tableau 9) obtiennent un coefficient de concordance inférieur à 0,7, ce qui correspond à une reproductibilité faible, voire nulle. Treize n’ont pas pu être testées pour des raisons pratiques (élément osseux jamais conservé ou trop rare pour effectuer les tests).

Tableau 9. Variables du bloc crânio-facial considérées comme non reproductibles ou non testées, pour les définitions des mesures se reporter aux annexes 3 et 4

Variable p-valeur Reproductibilité Variable p-valeur Reproductibilité

Bo2G 0,999 Presque parfaite Ma1 0,978 Très bonne

Zy1G 0,994 Presque parfaite FR1 0,978 Très bonne

Ma4G 0,992 Presque parfaite Pe1G 0,974 Très bonne

Fr1G bis 0,991 Presque parfaite Cs3 0,950 Très bonne

Et1G 0,989 Très bonne Pas2G 0,917 Bonne

Mx4G 0,987 Très bonne Ma1bis 0,882 Moyenne

Bo1G 0,986 Très bonne Zy2G 0,862 Moyenne

Ex1G 0,986 Très bonne Vo1 0,850 Moyenne

FR2G 0,984 Très bonne Gas1G 0,823 Moyenne

Eo2G 0,984 Très bonne Pas1G 0,805 Moyenne

Ma2G 0,982 Très bonne / / /

Variable Pc Reproductibilité Variable Pc Reproductibilité

Eo1 0,794 Faible Na2G 0,013 Mauvaise

Et2G 0,773 Faible Na3G 0,013 Mauvaise

Mx2G 0,714 Faible Pal1G NR /

Zi1bisG 0,709 Faible Gas2G NR /

Pe3G 0,673 Mauvaise Eo 1 bis NR /

Ma3 0,661 Mauvaise At1 NR /

Ex2G 0,584 Mauvaise At3 NR /

Pe2G 0,528 Mauvaise Cor1 NR /

Mx1bisG 0,520 Mauvaise Cor2 NR /

At2 0,45 Mauvaise Mx2bisG NR /

Cs2 0,432 Mauvaise Mx3G NR /

Mx1G 0,257 Mauvaise Pas3 NR /

Cs1 0,215 Mauvaise Pe2bisG NR /

Pe4G 0,137 Mauvaise Pa1 NR /

Mx3bisG 0,108 Mauvaise Pa2 NR /