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TROISIEME PARTIE : ANALYSE DU TRAVAIL D’EDUCATION DANS LES LIEUX DE VIE DE LA PROTECTION DE L’ENFANCE

Chapitre 7 : Présentation de l’échantillon

9.4 Configurations du paradigme de la forme.

Notre souhait est de comparer le travail d’éducation au sein des lieux de vie de la protection de l’enfance et de la jeunesse, en France et au Québec. A partir de l’analyse de l’activité décrite précédemment, nous espérons pouvoir modéliser cette dernière à partir d’entretiens menés auprès d’éducateurs et éducatrices. La didactique professionnelle offre un cadre théorique permettant cette démarche (via les concepts de schèmes, d’orientation de l’activité et de situations).

Nous intégrerons les formes d’échanges (Macquet, Vrancken, 2003) dans l’analyse de contenu, en codant les occurrences à partir de catégories construites selon les deux grandes configurations décrites dans l’ouvrage : la configuration domaniale/salariale et la configuration communautaire. Il s’agit d’intégrer ces dimensions à l’analyse de l’activité, puis de les analyser thématiquement, afin de mettre en évidence de possibles affinités entre ces contextes d’échanges et les pratiques d’éducation.

145 Comme pour les situations et orientations de l’activité, les catégories en lien avec le paradigme de la forme ont été pensées à partir des retranscriptions d’entretiens, notre objectif étant de ne pas forcer le texte dans des grilles préconstruites, risquant d’apporter autant de biais d’analyses.

9.4.1 Catégories issues de la configuration domaniale et salariale.

Il s’agit de formes de l’échange de type holiste, animées par des relations chaudes et une proximité physique et émotionnelle intense, dans laquelle le contrôle social est diffus et omniprésent. L’appartenance au domaine est une condition de vie et de survie, et l’individu ne peut se concevoir en dehors de cette de cette société (Macquet, Vrancken, 2006). Elle évolue ensuite vers la figure de l’homo clausus (Elias, 1975).

- Biographie (BIOGR) :

Cette catégorie intègre les informations à propos de l’histoire de vie de l’enfant. Elle désigne les éléments mobilisés concernant le parcours familial et institutionnel, les divorces, séparations, et autres événements antérieurs mobilisés pour comprendre la situation et intervenir pertinemment. Ces éléments sont notamment convoqués pour rechercher la cause d’un épisode et/ou d’un comportement violent, ou expliquer certaines difficultés.

- 20. Ch : Tu penses à d’autres freins ?

- 20. Ed : Sa famille. […]. Il fait partie des gens du voyage mais il ne s’y identifie pas encore. Il prend dans le quartier. Il prend son cousin qui fait des conneries. Il est en train de se chercher mais son parcours l’influence négativement. La pomme ne tombe jamais loin du pommier.

(Alfred, ME, FRA)

L’extrait présenté ici décrit dans quelle mesure le parcours du jeune constitue un frein à son développement adapté. Il s’agit d’une justification en soi, considérée comme vraie à l’égard du comportement de l’enfant.

146 - Collectif (COLLE) :

Nous incluons au sein de cette catégorie les occurrences renvoyant explicitement à l’idée que la conscience et la raison collectives doivent l’emporter sur la conscience individuelle. Dans cette idée, l’institution est conçue comme une entité (un domaine…), dont l’enfant et l’éducateur font partie intégrante.

Exemple :

- 17. Ch : Pour que ces postures évoluent, par exemple les cris…est-ce qu’il y a eu des instances institutionnelles pour soutenir ce travail ?

- 17. Ed : Non non. En fait oui euh…Pierre parce que c’est son référent au jeune Louis…et…euh…son référent…Euh…du coup c’était un travail qui était important pour lui. Euh…donc voilà. Et euh…et moi comme c’est, comme je te l’ai dit tout à l’heure, je me répète…mais comme il venait d’arriver sur le groupe et que le groupe était déjà apaisé, et que euh…le jeune Louis quand il est arrivé il a un peu secoué tout ça…du coup ça mettait mal à l’aise les jeunes, mal à l’aise l’équipe…et euh…nous euh…il était hors de question

que le groupe soit perturbé.[…] Louis a demandé une attention plus particulière, parce

que je t’ai dit enfant très violent dans ses paroles, dans ses mots, dans ses gestes…et du coup euh…du fait de communiquer entre nous il nous a semblé évident de…de…de rester focus un temps sur ce jeune-là.

(Nassim, ME, FRA).

L’éducateur explique ici qu’il est inadmissible que le comportement d’un jeune puisse perturber un groupe ayant une dynamique calme. Cela déclenche une activité spécifique de la part de l’équipe.

- Corps (CORPS) :

Au sein de l’univers holiste de la configuration domaniale, les différences se manifestent essentiellement par les corps (âges, sexes, somatisations…). Les occurrences intégrées dans cette catégorie représentent des éléments significatifs intégrant directement ou indirectement une description et analyse des individus selon des critères physiques et corporels, et les relations physiques entre intervenants et des enfants (câlins, contentions, violences…).

Exemple :

- 12. Ch : Vous travaillez comment avec lui ?

- 12. Ed : On a deux psychologues, pas à temps plein. Mais du coup ils sont là pour les réunions, et puis euh…d’autres jours pour rencontrer les…les enfants. Parce que là…c’est un jeune qui somatise beaucoup. Le matin au réveil on sait comment il se sent, comment il

147 est moralement. Tu sais quand ça monte il devient rouge, tremble…son corps nous

donne beaucoup d’informations qu’il n’arrive pas forcément à verbaliser.

(Pierre, ES, FRA)

- Égalité (EGALI) :

Cette catégorie renvoie à la notion d’égalité dans le travail d’éducation, c’est-à-dire « l’absence de toute discrimination entre les êtres humains, sur le plan de leurs droits et la qualité de ce qui est égal, constant ; uniforme, régulier ». (Dictionnaire Larousse29). Il peut s’agir de la vigilance concernant l’absence de discrimination positive, faisant ainsi écho à la catégorie COLLE. Exemple :

- 26. Ch : Ce temps est systématique ou c’est déterminé par le projet du jeune ?

- 26. Ed : Non ça a été déterminé pour lui parce que c’est pertinent. Après ben…on essaie

que tout le monde ait ces petits temps-là. Mais euh… y a des enfants qui sont plus dans

le besoin que d’autres. Mais ce n’est pas pour ça qu’on traite tout le monde…pas de la

même façon. C’est vraiment important que chacun reçoive la même…part d’attention de notre part.

(Margot, ME, FRA).

- Négatif (NEGAT) :

Il s’agit des occurrences renvoyant à la conception de l’individualisme négatif tel que défini par Macquet et Vrancken (2003 : 71) :

Le libéralisme européen fait du sujet un sujet indépendant, un véritable homo clausus, au sens d’Elias. A savoir, un individu séparé des autres, mais impensable sans le collectif, un « je » distinct d’un « nous », orienté vers sa propre intériorité. Un « je » qui ne peut se former que par arrachement au collectif tant l’ordre collectif est suspect d’être une entrave à sa volonté et à ses intérêts personnels. De ce point de vue, l’idée de souveraineté du sujet est résolument dominante dans la pensée du libéralisme européen.

Par exemple :

- 20. Ch : Y avait-il des objectifs particuliers pour ce travail ?

- 20. Ed : C’est un jeune qui a du mal à se positionner. Il n’est pas sujet de son suivi…c’est toujours la faute des autres. Et on voudrait lui faire comprendre que c’est lui…en tant

que sujet, qui peut faire avancer ses envies et ses souhaits.[…] Et pour ça il faut qu’il réussisse à prendre du recul par rapport au groupe. Ce n’est pas une bonne influence

toujours ici tu sais. (Margot, ME, FRA)

148 - Pardon (PARDO) :

Cette catégorie inclue les occurrences à propos d’une importante modalité de régulation identifiée dans les entretiens en France à propos des conflits et violences : l’aveu et le pardon. Au sein de la configuration domaniale, la participation et l’échange doivent avoir lieu. La proximité et l’appartenance au domaine entretiennent cet état de fait : la participation est acquise naturellement, et non pas socialement. La tolérance vis-à-vis des comportements déviants est importante (Macquet, Vrancken, 2003). Nous incluons ici les données concernant la régulation via la peur d’être livré à soi-même, en tant qu’elle est outil de régulation diffus, ou mobilisée en conscience par les éducateurs. L’aveu et le pardon fonctionnent avec la peur que le lien se brise, et le désir que ce dernier soit réaffirmé en cas de conflit.

Exemple :

- 19. Ch : Est-ce que vous sanctionnez ou excluez du foyer ou autre ?

- 19. Ed : Alors on essaie de ne pas exclure…notamment ce jeune. Il a détruit le bâtiment

mais euh…on a toujours essayé de créer du lien. Alors on y arrive par période. C’est des

cycles. Tu crées un lien…le jeune est bien. Ça dure un mois ou deux. Et puis euh…on ne s’est pas trop expliquer pourquoi…peut-être que le placement devient long, qu’ils ont envie de retourner chez eux…ça re-pète. Ils font des conneries. Et du coup tu dois tout

recommencer, refaire un peu de lien. […] et euh…du coup tu es euh…on essaie toujours

de ne pas les enfoncer. (Alfred, ME, FRA).

Dans cet extrait, l’éducateur explique que son accompagnement tente de préserver le lien avec le jeune à tout prix, malgré ses comportements violents. La gestion institutionnelle de la violence n’est pas abordée. Il s’agit d’un positionnement personnel que l’éducateur étend ensuite de fait à ses collègues. L’enfant ne doit pas être exclu, pour conserver la relation. L’on distingue ici une dynamique de pardon conditionnée par la souffrance du jeune, et l’importance de le maintenir dans le domaine d’appartenance malgré ses déviances.

- Profondeur (PROFO) :

Cette catégorie regroupe les occurrences faisant référence, par un mode évocatoire ou analytique, à la psychologie des profondeurs. Cette dernière notion regroupe la psychanalyse (Freud), ainsi que les psychologies individuelles (Adler) et analytiques (Jung). Ces trois courants ont pour point commun de mobiliser le concept d’inconscient, et à ce titre, renvoient aux « profondeurs » de la psyché.

149 - 25. Ch : Tu mobilises quels outils avec ce public ?

- 25. Ed : Ben…je ne crois pas que j’en mobilise vraiment. Je travaille vachement avec mon instinct en fait…Oui certainement c’est inconscient tu vois. […] Alors je…je…j’observe ce que fait le psychologue, j’écoute ces analyses des liens entre mère

et enfant, les questions de transfert tout ça… pour moi c’est important d’avoir ces retours et ces analyses quoi la relation c’est vachement important et ce qui…s’y joue dans le transfert oui.

(Julien, ES, FRA).

9.4.2 Catégories issues de la configuration communautaire.

Il s’agit de formes de l’échange promouvant l’autocontrôle et la responsabilité personnelle, ainsi que le renforcement de l’internalité dans une dynamique globale encourageant la liberté plutôt que l’égalité. (Macquet, Vrancken, 2006). Cette dynamique s’ancre dans une conception positive de l'individualisme, dans laquelle l’individu ainsi envisagé doit pouvoir participer à la construction de son environnement.

- Attachement (ATTAC) :

Cette catégorie rassemble les occurrences renvoyant à la théorie de l’attachement. Nous l’avons abordé dans l’étude de la loi de 2006, cette dernière occupe une place importante dans les prescriptions. Mais que vient-elle signifier des formes de l’échange ?

Miljkovitch (2004 : 132) souligne que l’influence de Darwin apparaît chez Bowlby dans la notion de Système comportemental d’attachement : si l’enfant met en œuvre des comportements d’attachement innés dont l’effet est de faire venir la mère ou, plus tard, de la suivre, « ces schèmes comportementaux se modifieraient très vite, de manière à ce que

l’enfant adapte ses réponses aux soins que lui procurent ses figures d’attachement ». (Goldbeter-Merinfeld, 2005 : 16)

La théorie de l’attachement illustre une conception dynamique du développement et de l’identité. Élaborée peu après la Seconde Guerre mondiale par un psychiatre et psychanalyste britannique, John Bowlby (1907-1990), elle valut à ce dernier une exclusion de la communauté psychanalytique. Celui-ci rejetait certaines idées majeures de cette discipline concernant le développement précoce des enfants, les propositions autour de leurs vie interne et pulsions. Il préfère développer une approche se focalisant sur les relations précoces et la communication du nourrisson avec son environnement.

150 L’attachement désigne le comportement de l’individu qui cherche à se rapprocher d’une personne particulière (sa figure d’attachement) dans les situations potentiellement dangereuses. Le processus d’attachement a donc essentiellement une fonction adaptative. Il constitue un besoin social primaire.

(Goldbeter-Merinfeld, 2005 : 15)

Bowlby propose le concept de modèles internes opérants, pour désigner les modèles cognitifs que l’enfant se construit. Est désigné le modèle initial de l’individu à propos des relations qu’il entretiendra dans le futur, et de représentations que l’enfant se construit précocement, influençant ses futures interactions. Si ce modèle est défaillant, les relations qu’il créera à l’avenir seront rattachées à cette base insécure :

Lorsqu’un individu apprend très tôt qu’il est digne d’être aimé et que les adultes lui répondront et seront disponibles quand il en aura besoin, il aura plus de chances d’établir des relations satisfaisantes avec d’autres partenaires et d’avoir l’envie et la capacité d’essayer de résoudre les problèmes relationnels et de gérer les émotions de telles manières qu’elles n’entrent pas en escalade en dehors de contrôle.

(Goldbeter-Merinfeld, 2005 : 19)

Le nourrisson est considéré comme un être social avant tout. Le principe de sécurité dans les interactions en est la pierre angulaire, et si les relations précoces sont apaisées, l’enfant s’autorisera à explorer le monde et à tenter des expériences nouvelles. Au cours de l’adolescence, ces relations seront testées dans des mouvements d’allers et retours entre rejets et amours avec ses objets de référence. Enfin et à l’âge adulte, l’individu entretient dans ses relations ce qu’il a conservé de ses représentations initiales et de ses expériences.

La qualité des relations parentales, ou avec des adultes de références, est considérée comme premières instances de développement. Selon Bowlby, repris et développé par Ainsworth30, et inspiré par les travaux de Spitz31 sur l’hospitalisme, il s’agit d’un besoin aussi important que la nourriture, ou la boisson. Parce que l’attachement est nécessaire très tôt, il y a urgence à ce que des parents plus ou moins défaillants dans la sécurisation de leurs relations à leur(s) enfant(s) soient accompagnés rapidement et efficacement dans une consolidation de ces interactions. Si cela n’est pas possible, la séparation, parfois jusqu’à la majorité, doit être organisée pour que l’enfant puisse recréer des liens avec d’autres figures d’attachement. Il peut s’agir d’un membre de la famille élargie ou d’une famille d’accueil.

30 Mary Ainsworth (1913-1999). Psychologue américaine du développement. 31 René Spitz (1887-1974). Psychiatre et psychanalyste américain.

151 C’est ainsi que la loi de la protection de la jeunesse, remise à jour en 2006, contient d’innombrables références à l’attachement, en particulier les délais d’intervention rapides et la possibilité de placement majoritaire. Cette dernière modalité, n’existant pas en France, prévoit qu’un enfant peut être placé en famille d’accueil ou en structure jusqu’à sa majorité, ne remettant pas en cause les liens d’attachement par une visite au tribunal ou devant le DPJ tous les ans ou tous les deux ans. A partir de cette théorie de l’attachement, les différents projets de vie pouvant être décidés pour l’enfant sont les suivants :

- Les projets de vie privilégiés sont le maintien de l’enfant ou le retour de l’enfant dans son milieu familial.

- Les projets de vie alternatifs, portés par la DPJ, sont : le placement de l’enfant jusqu’à sa majorité ou temporaire auprès d’une personne significative, dans une famille d’accueil ou dans une ressource offrant des services spécifiques, l’adoption de l’enfant, la tutelle à l’enfant en vertu de la DPJ, ou un projet de vie axé sur l’autonomie du jeune. Une rapide étude lexicologique fait apparaître au sein de la Loi de 2006 une soixantaine d’associations directes des occurrences « sécurité » et « développement ». Qu’est-ce qu’une telle théorie peut venir signifier du contexte d’échanges dans lequel elle s’est développée ?

Selon Darwin (1859), la survie constitue l'objectif principal d'une espèce. Les caractéristiques de l'espèce qui permettent l'adaptation à l'environnement participent à sa préservation à travers le temps. Les individus dotés de ces caractéristiques parviennent à assurer leur descendance et à perpétuer leurs gènes, tandis que ceux qui ne disposent pas de telles caractéristiques sont voués à disparaître. Ainsi, les espèces qui résistent au temps sont celles qui disposent des « programmes » les plus biologiquement avantageux. Pour Bowlby, la tendance à s'attacher serait un de ces programmes qui favorisent la survie de

l'espèce à travers les millénaires.

(Miljkovitch, 2017 : 25)

Considérant l’Histoire du Québec, nous affirmons que cette nation offre un terrain socioculturel favorable à une approche trouvant ses racines dans la théorie darwinienne de l’évolution, et à l’idée que le système d’attachement permette de maintenir une proximité avec des adultes protecteurs. Repensons aux dangers quotidiens dans la domestication de l’environnement, et à la figure du colon, apprivoisant une nature et des populations parfois hostiles, en misant fortement sur les solidarités immédiates et une coopération interindividuelle efficiente. Selon Kirkpatrick (1992 : 22), l’attachement est une :

théorie à large échelle du développement de la personnalité, qui met l’accent sur l’impact des expériences émotionnelles et relationnelles significatives à propos des croyances individuelles concernant le monde et sa place en son sein. La nécessité d'un havre de sécurité et d'une base sécurisée, et les histoires individuelles des tentatives réussies et

152 infructueuses pour répondre à ces besoins, ont des implications importantes à propos des différents parcours de vie. Ces différences, à leur tour, peuvent influencer les croyances et les expériences religieuses de diverses manières.

Ce dernier auteur propose des liens d’affinité forts entre l’attachement et de nombreuses traditions religieuses promouvant l’altruisme et la solidarité. Il établit un lien entre la fameuse recherche de Darley et Batson (1973) et l’hypothèse de Bowlby à propos de la compulsion de soins. Il s’agit d’un modèle de comportement d'attachement dans lequel la personne insiste sur l'importance de prodiguer des soins dans les relations plutôt que de les recevoir (West et Keller, 1991). S’inspirant de Kaufman (1981) et Reed (1978), Kirkpatrick met en lien, dans le contexte de la chrétienté et de la culture occidentale, la conception d’un Dieu aimant et miséricordieux, avec la figure d’attachement prototypique décrite dans la théorie du même nom. Cette idée, renforcée par les études de Kakar (1978) et Wulff (1991) à propos des liens entre modèles d’éducation et religion, admet à nouveau que l’outil, et la théorie le soutenant, est un artéfact chargé d’un contexte socioculturel donné. Kirkpatrick développe que la théorie de l’attachement permet une pensée large et ouvre sur de nombreuses perspectives cognitives individuelles et normatives. Elle est en effet bien plus facile à opérationnaliser que l’éthique religieuse.

Pour terminer à propos de l’attachement, nous noterons que Bowlby et les individus ayant repris ses travaux pour les compléter, se sont inspirés de l’éthologie, science étudiant le comportement des espèces animales, incluant l'humain, dans leur milieu naturel ou dans un environnement expérimental. Nous avons abordé précédemment Darwin, et son principe de continuité évolutive. Ces travaux, et ceux de Pavlov à propos des réflexes conditionnés, influenceront directement la réflexion d’un chercheur ayant particulièrement influencé la psychologie américaine : John Broadus Watson (1878-1958), considéré comme le fondateur du comportementalisme, avec Edward Throndike (1874-1949).

Exemple à propos de l’attachement :

- 48. Ch : Est-ce que tu peux me dire en quoi cela consistait ? En termes de théorie ? - 48. Ed : Oui tout à fait. En fait la théorie se base sur le fait qu’en très bas âge… on

parle de 0 à 4 ans ou 0 à 6 chez certains enfants, l’enfant va développer une réaction à l’adulte qui l’environne, selon la capacité de confiance qu’il peut donner à cet adulte-là. Donc on a différents types d’adulte, qui vont donner différents types de sécurité affective. Y a aussi certaines situations dans la vie qui vont créer une aliénation dans notre capacité à être en sécurité. A partir de ce moment-là, on va développer des…des patterns…des routines et des mécanismes d’adaptation, qui vont nous permettre de mieux vivre avec l’environnement avec lequel on a peu confiance finalement. Par contre ça va venir biaiser toutes les relations qu’on va avoir parce