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2. Plan du travail

3.5. Conclusions

Dans ce chapitre, j'ai examiné le comportement de deux noms événementiels du roumain, en -RE et en -AT, dans le cadre de la théorie générale de la nominalisation. Comme l'a remarqué Cornilescu (1999)a, le comportement de la nominalisation d’événement formée sur le participe a des implications théoriques sur la conception de la nominalisation telle qu'elle a été établie par Grimshaw (1990), qui considère que la nominalisation implique la suppression de l'argument externe du verbe de départ. Les phénomènes analysés peuvent être utilisés comme argument pour justifier la révision de la théorie de Grimshaw sur les nominalisations comme opérations sur la structure argumentale du verbe de base, solution proposée par Cornilescu (1999)a, en s’appuyant sur les propriétés aspectuelles différentes des affixes nominalisateurs.

J'ai proposé d'expliquer ces phénomènes par la projection des compléments dans la syntaxe: le "supin" est une forme qui exige l'externalisation d'un argument interne, donc la projection de cet argument (voir l'analyse proposée par Dobrovie-Sorin (1994), (1998) pour le

se moyen-passif). Ceci conduit à l'idée que la différence entre les nominalisations de l’infinitif

et du "supin" réside dans la dérivation différente au niveau de la syntaxe. Le "supin" nominal est dérivé par l'externalisation d’un complément d’objet nul, alors que la nominalisation de l'infinitif ne suppose pas cette opération; ceci peut être relié au fait que -RE est un affixe nominalisateur, tandis que -AT est un suffixe de participe sous-déterminé. Cette proposition permet de maintenir l'analyse unitaire du participe, qui conserve les mêmes propriétés dans le cas de la nominalisation.

4 Le "supin" comme Groupe Prépositionnel vs. Groupe Complémenteur

Dans les deux premiers chapitres, j'ai montré que le "supin"1 dont parlent les grammaires traditionnelles n'est que l'un des emplois du participe, qu'il y a par conséquent un seul item lexical "Participe". Le Participe donne lieu aux constructions de "participe" et de "supin" de la grammaire traditionnelle; il est utilisé en roumain dans une classe plus large de contextes que dans les autres langues romanes: c'est une base pour des dérivés noms d'action, et qui, d'autre part, peut être insérée dans des positions syntaxiques plus variées. J'ai rejeté l'analyse de type "catégorie mixte", en montrant que le caractère nominal vs. verbal est dépendant du contexte. Dans le chapitre 3, j'ai analysé le "supin nominalisé" par comparaison avec d'autres dérivés déverbaux du roumain et d'autres langues romanes, et les problèmes posés par la construction des compléments. La projection d'un objet nul est une propriété qui m'a servi à rendre compte de certaines différences entre les nominalisations basées sur l'infinitif et celles du supin.

A partir de ce chapitre, j'examinerai ce qui est considéré comme "supin verbal" par la grammaire traditionnelle. Ce "mode non fini" de la grammaire du roumain est défini dans les grammaires traditionnelles de façon contextuelle, comme étant toujours précédé de prépositions. En d'autres termes, la grammaire traditionnelle accorde aux prépositions qui précèdent le "supin" un statut de Flex2. En effet, un certain nombre d'auteurs incluent plus ou moins implicitement la préposition dans la définition d'une "forme modale" (le supin) censée être distincte du participe, en faisant de la préposition un marqueur3.

Ce traitement, qui est passé tel quel de la grammaire traditionnelle dans les études plus récentes, pose de multiples problèmes. D'abord, il implique que l'on fasse le même sort à tous les syntagmes qui sont en apparence des Prépositions + Participe; or, ces structures ont un comportement syntaxique différencié (cf. §4.1.2).

1 Je vais utiliser parfois cette appellation pour la commodité (pour désigner le participe dans le contexte propositionnel); les guillemets attirent l'attention sur le fait que je ne considère pas le "supin" comme une catégorie à part, distincte du participe passé.

2 Ce noeud correspondrait au Mode, dans un cadre qui prend en compte ce niveau fonctionnel, (p.ex. Rivero (1988), qui accorde ce statut à a, să, de.

3 Par exemple, chez Irimia (1997), qui applique de manière cohérente ce qui est implicite dans la GA: toutes les prépositions qui peuvent se construire avec le "supin" sont considérées aussi comme des morphèmes constitutifs du supin. Ainsi, le "supin" est marqué par la préposition (qui change selon les besoins sémantiques) et le participe, comme un morphème discontinu. C'est en fait la seule manière, discutable, de distinguer le "supin" du participe.

Ensuite, cette analyse pose un problème concernant la nature du "supin". Si le "supin" est distinct du participe, et marqué formellement par la présence des prépositions, on doit conclure qu'il a une nature "mixte" verbo-nominale. En effet, conformément à cette analyse, le "supin" dans les contextes prépositionnels est tantôt un verbe, tantôt un nom, autrement dit une forme "mixte". L'analyse adoptée ici, et argumentée dans le Chapitre 1 de ce travail, s'attache à montrer la non-autonomie du "supin" d'un côté et le caractère non-mixte (sous-déterminé du point de vue catégoriel) du participe comme base se prêtant à plusieurs emplois. Ce problème se réduit finalement au statut qui doit être accordé à la Préposition, qui mérite la plus grande attention: la préposition est-elle une préposition lexicale, une marque flexionnelle ou bien un élément de type Comp?

Pour répondre à ces questions, je vais essayer dans ce chapitre de distinguer dans un premier temps les syntagmes prépositionnels des syntagmes non-prépositionnels prenant pour complément un participe et préciser le statut du participe dans les deux types de contextes. Ensuite, je vais établir le statut de l'élément de qui introduit les syntagmes non-prépositionnels, en distinguant entre un de qui a un statut de préposition lexicale et un de qui a un statut fonctionnel.