• Aucun résultat trouvé

Les consommations intermédiaires ont une forte origine internationale qui n’est pas (ou mal) prise en compte dans l’analyse input-output de base. La question de l’origine des flux est pourtant primordiale dans le cadre d’une étude sur les prix de l’énergie car les politiques énergétiques sont différentes d’un pays à l’autre ce qui a une influence sur la quantité et le prix de l’énergie incorporée au sein des consommations intermédiaires. De façon plus fine, l’origine sectorielle internationale est elle aussi primordiale car au sein d’un même pays les prix et quantités d’énergie incorporée dans la production varient d’une branche à l’autre.

L’étude de l’effet d’un choc des prix de l’énergie dans sa globalité nécessite de prendre en compte l’énergie dite grise, qui est l’énergie incorporée dans les consommations intermédiaires. Pour ce faire, le recours à l’analyse input-output semble l’approche la plus adaptée car elle offre des outils permettant de mesurer les variations induites sur les consommations intermédiaires de chacune des branches d’activité suite à un choc de prix.

Nous avons vu que l’analyse input-output se décline sous de nombreuses approches, elle peut être effectuée en unités monétaires ou en unités physiques, suite à un choc de demande ou suite à un choc sur les coûts. L’analyse input-output repose sur une hypothèse principale de coefficients techniques fixes qui est essentielle au calcul d’un nouvel équilibre suite à un choc exogène. Cette hypothèse est contraignante car elle sous-entend que l’ensemble des inputs sont non-substituables ce qui, même à court terme, a été fortement critiqué. De plus, de cette hypothèse principale découle la contrainte que les rendements d’échelle soient constants dans l’ensemble des secteurs de production.

L’étude des fonctions de production qui seraient sous-jacentes à l’analyse input-output en prix montre que c’est une fonction de production de Cobb-Douglas qui correspond à l’analyse input-output en unités monétaires alors que c’est une fonction de Leontief qui correspond à l’analyse input-output en unités physiques. En effet chacune de ces fonctions répond aux contraintes de rendements d'échelle constants et de coefficients techniques fixes.

Dans le chapitre suivant, nous nous intéresserons à des fonctions de coût dites flexibles permettant la substituabilité entre l’ensemble des facteurs de production. Nous discuterons des modalités permettant de les concilier avec les fonctions de coût sous-jacentes de l’analyse input-output.

Chapitre 2 Dépassement des limites de l’analyse input-output

65

66

Sommaire

Introduction ... 68 1 Flexibilité des coefficients techniques ... 68 1.1 Les fonctions de coût flexibles ... 69 1.1.1 Cas général ... 71 1.1.2 La fonction Translog (TL) ... 74 1.1.2.1 La fonction de coût Translog ... 74 1.1.2.2 La fonction Translog sous contrainte de l’analyse input-output ... 75 1.1.2.3 Demande de facteur ... 76 1.1.3 La fonction de Leontief Généralisée (LG) ... 77 1.1.3.1 La fonction de coût de Leontief Généralisée ... 77 1.1.3.2 La fonction de Leontief Généralisée sous contrainte de l’analyse input-output ... 78 1.1.3.3 Demande de facteur ... 79 1.1.4 Choix de la meilleure fonction ... 79 1.2 Les mises en œuvre pratiques ... 80 1.2.1 Les fonctions de coûts flexibles ... 80 1.2.2 Conciliation des approches : le modèle de Hudson et Jorgenson (1975) ... 83 2 Introduction d’une forme récursive d’analyse input-output ... 87 2.1 Choix de la forme adaptée ... 87 2.1.1 Discussion sur la mise en commun des formes flexibles et de l’analyse input-output .... 87 2.1.2 Les limites de l’analyse input-output en unités monétaires dans une cadre dynamique 89 2.1.3 Le recours à une analyse en unités physiques dans le cadre d’un modèle dynamique... 90 2.2 Introduction d’un modèle canonique et dynamique en prix ... 91 2.2.1 Choix des anticipations de prix ... 91 2.2.1.1 Les anticipations statiques ... 91 2.2.1.2 Les anticipations extrapolatives ... 92 2.2.1.3 Les anticipations adaptatives ... 92 2.2.1.4 Les anticipations rationnelles ... 93 2.2.1.5 Choix des anticipations adaptées au modèle ... 94 2.2.2 Présentation d’un modèle dynamique simplifié ... 95 2.2.2.1 Structure du modèle... 95 2.2.2.2 Application du modèle sur données fictives ... 96 3. Distinction des coefficients techniques entre court et long terme ... 99 3.1 L’apport des facteurs fixes dans l’estimation des fonctions de coût ... 100 3.1.1 Le taux d’utilisation des capacités de production ... 100

Chapitre 2 Dépassement des limites de l’analyse input-output

67

3.1.2 Intérêt du recours à la littérature sur les formes flexibles de court terme au sein de notre modèle ... 102 3.2 La fonction de Leontief de court terme... 103 3.2.1 Présentation du modèle retenu ... 103 3.2.2 Justification de la fonction de court terme retenue dans le cadre de notre modèle .... 105 Conclusion du Chapitre 2 ... 106

68

Introduction

À la suite de la crise pétrolière des années 1970, les fortes variations du prix du pétrole ont obligé les entreprises à rapidement adapter leur consommation d’énergie en diminuant leur intensité énergétique et en substituant de nouveaux facteurs de production au pétrole. La forte variation dans les rapports d’utilisation des facteurs de production, et donc des coefficients techniques, qui en a résulté n’a pas pu être prise en compte par les modèles input-output limités par l’hypothèse de non substituabilité. Ceci a favorisé l’émergence de travaux s’appuyant sur des fonctions de coût flexibles. Les fonctions de coût flexibles font suite aux travaux de Diewert (1971) et apportent une complémentarité à l’analyse input-output. En effet, alors que l’analyse input-output a pour hypothèse des coefficients techniques fixes permettant l’application de prévisions de court terme, les fonctions de coût flexibles permettent la substitution entre l’ensemble des inputs ce qui permet de réaliser des études à moyen/long terme. Cependant, la finalité d’étude n’est plus la même. En effet, alors que l’analyse input-output permettait d’étudier l’effet indirect des consommations intermédiaires sur la production totale, les fonctions de coût flexibles sont principalement utilisées pour calculer les élasticités entre les facteurs de production.

Alors que les matrices input-output permettent de faire des prévisions d’équilibre suite à un choc exogène sur la rémunération d’un facteur primaire ou sur la demande finale, leur utilisation dans la littérature économique s’appuyant sur les formes flexibles est différente. Les matrices input-output sont utilisées leur fonction initiale, celle de base de données. En effet, elles décomposent l’ensemble des achats d’inputs de chacune des branches ce qui permet de retracer l’évolution des parts de dépenses de chaque branche dans chacun des inputs et donc d’estimer des élasticités de substitution entre les inputs.

Dans ce chapitre nous allons nous intéresser à la recherche d’une fonction de coût permettant une substitution entre l’ensemble des facteurs de production et qui correspond aux critères d’une fonction de coût sous-jacente à l’analyse input-output. Nous étudierons pour cela les fonctions de coûts flexibles dans une première partie. Nous verrons ensuite comment concilier l’approche par les fonctions de coût flexibles et l’analyse input-output en utilisant un modèle à anticipation de prix. Dans une dernière partie nous discuterons de l’importance d’adopter une approche de court terme et nous verrons comment adapter notre fonction de coût dans ce cadre.