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Conclusion du chapitre 3

La complexité de la question étudiée, à savoir l’identification des capacités d’adaptation des paysans aux mesures de conservation et de leurs ancrages territoriaux nécessite la mise en œuvre d’une diversité de méthodes de collecte de données, quantitatives et qualitatives, et d’analyse, à différentes échelles spatiales et temporelles résumées dans le Tableau 10 ci-dessous.

S’intéresser à l’ancrage territorial des capacités d’adaptation nécessite d’identifier la façon dont les caractéristiques socio-spatiales du territoire participent à la constitution des capacités d’adaptation (c’est à dire leurs déterminants), et vice versa, à la projection sur un espace des stratégies d’adaptation et leur participation à la construction territoriale. L’analyse des déterminants des capacités d’adaptation repose sur l’analyse empirique des stratégies d’adaptation au niveau des exploitations agricoles et nécessite l’articulation de trois niveaux auxquels s’organisent les activités agricoles et s’appréhendent les déterminants des capacités d’adaptation : l’espace régional correspondant au système régional de référence, les territoires locaux qui sont à définir selon le fonctionnement social et l’unité de gestion de la conservation, et les territoires des exploitations agricoles.

Le passage entre exploitations et territoire local se fait au moyen de typologies spatialisées des exploitations qui incluent comme critère l’appartenance à des entités spatiales intermédiaires, les unités agrophysionomiques, qui permettent d’appréhender les enjeux de gestion de la conservation et de gestion des activités agricoles. Le passage entre territoires locaux et espace régional se fait par identification de facteurs régionaux déterminants dans les processus de réorganisation des territoires locaux.

La région du corridor Ranomafana-Andringitra est l’espace régional de référence, niveau auquel sont planifiées et coordonnées la mise en œuvre des dispositifs de conservation et les interventions pour le développement de l’agriculture. Elle présente une double particularité :

- Le corridor est localisé à la marge de deux espaces agro-écologiques et sociaux bien distincts, aux systèmes agraires et dynamiques de déforestation contrastées ; mais dont la

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proximité autorise des liaisons économiques annuelles fondamentales qui assurent le fonctionnement des systèmes de culture actuels.

- Le corridor est l’objet d’une multitude de découpages territoriaux : territoires villageois des communautés rurales, territoires administratifs, territoires de conservation, qui ont tous été remaniés à de nombreuses reprises au cours du 20ème siècle et qui ne s’articulent que partiellement. Les communes constituent les unités de base d’intervention des opérateurs de la conservation et du développement.

- Les dispositifs de conservation ont été mis en œuvre par différents opérateurs et à différentes échelles : à l’échelle de fokontany ou de territoires villageois, qui constituent alors les territoires locaux étudiés.

En conséquence, sur le plan méthodologique, le choix des territoires-test s’est fait selon un transect est-ouest qui assure des cas d’étude contrastés et permet de tenir compte des dépendances interterritoriales entre systèmes agricoles betsileo et tanala.

Pour les premières étapes de l’analyse, deux territoires-test ont été choisi : c’est le fokontany d’Iambara qui a été choisi comme unité d’étude coté betsileo, et le territoire villageois d’Ambalavero coté tanala. Trois autres territoires ont été choisi pour l’étape de validation de la démarche d’analyse : les fokontany de Ranomena et de Soatsihanino en pays betsileo, et le

fokontany de Tsaratanana en pays tanala.

Le protocole de collecte de données tient compte d’un ensemble de difficultés liées au contexte délicat de la conservation (relations entre Etat et paysans), aux spécificités de Madagascar (relations entre paysans et chercheurs) et aux contraintes pratiques (manque de données fiables, accès difficiles aux sites d’étude, barrière de la langue et méfiance des populations). Il combine des outils de l’agronomie (enquêtes en exploitation) et de la géographie (analyses cartographiques, paysagères, relevés GPS), et certaines techniques de l’ethnologie pour mener des analyses des discours et rétrospectives (entretiens semi-dirigés, entretiens exploratoires et complémentaires).

C’est la combinaison d’observations de terrains, d’enquêtes, d’entretiens semi-dirigés, exploratoires et complémentaires, et de discussions informelles qui permet au final de mieux saisir les logiques, les stratégies, de vérifier la fiabilité des données, de connaitre le fonctionnement d’activités cachées (qui peuvent être illégales dans le contexte de conservation) et de cerner les enjeux relatifs aux mesures de conservation. Le temps passé et la diversité des méthodes utilisées doivent me permettre de faire un bilan qualitatif détaillé pour clarifier les données quantitatives. Des allers-retours permanents entre les terrains d’étude et l’élaboration des résultats sont finalement indispensables pour comprendre au mieux les processus d’adaptation en cours.

La démarche d’analyse étant précisée, la Figure 32 ci-dessous présente la structuration des résultats en trois chapitres (chapitres 4, 5 et 6) : le chapitre 4 correspond à la première étape, le chapitre 5 à la seconde et le chapitre 6 présente la troisième étape avec le détail de la méthodologie de validation des résultats et de leur utilisation possible par les acteurs concernés. L’ensemble des concepts, méthodes et résultats thématiques sont synthétisés et discutés dans le chapitre 7.

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Tableau 10: Concepts, niveaux d’étude, outils et méthodes utilisés dans la seconde partie de la thèse

Unités d’étude

Espace régional (ensemble de communes du corridor Ranomafana-Andringitra) Territoires locaux : territoires villageois, fokontany Exploitation agricole Processus analysés

Diversité des modèles de réorganisation des activités

agricoles à l’échelle locale

Réorganisation des activités agricoles Constitution des capacités d’adaptation Concepts mobilisés

Système régional de référence Unité agrophysionomiques (sous-zones) Système territorial Communauté villageoise et réseaux sociaux Structures agraires Unités agrophysionomiques (sous-zones) Système famille-exploitation Typologies d’exploitation Territoire de l’exploitation et systèmes de culture Sensibilité, stratégie d’adaptation et capacité d’adaptation Acteurs concernés

Agents des EEF, des ONG, des services techniques décentralisés, de l’ANGAP

Chefs de région et maires

Service déconcentré de l’Etat : chefs de fokontany Autorités traditionnelles Associations, COBA Communautés villageoises Ménages paysans Sources de données Bibliographie Entretiens semi-directifs Cartes d’archive et image

satellite

Bibliographie Entretiens semi-directifs Photos aériennes et image

satellite Relevés GPS Enquêtes et entretiens semi-directifs Relevés GPS Méthodes d’analyse

SIG : analyses spatiales Statistiques Modélisation graphique (analyse et représentation)

Interprétation de photos aériennes SIG : analyses spatiales

Analyses paysagères Modélisation graphique (analyse et représentation) Interprétation de photos aériennes SIG : analyses spatiales Traitements statistiques et typologies Modélisation graphique (analyse et représentation) Echelle temporelle des processus analysés Long-terme

(un siècle : tendances de fond d’évolution de l’agriculture et

de la déforestation)

Moyen terme (processus qui expliquent l’organisation actuelle des activités agricoles)

Quelques années à une génération selon l’ancienneté de création

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Figure 32: Déroulement des chapitres de résultats de la thèse en correspondance avec les étapes de l’itinéraire méthodologique

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PARTIE 2

RESULTATS

Dans cette seconde partie sont présentés l’ensemble des résultats liés à l’élaboration du modèle d’ancrage territorial des capacités d’adaptation (étapes 1 et 2 de la démarche d’analyse, voir chapitre 3).

Le chapitre 4 a pour objectif de comprendre le contexte institutionnel et environnemental dans lequel se sont élaborées les stratégies d’adaptation des exploitations agricoles aux mesures de conservation. Une analyse des modalités de mise en œuvre des dispositifs de conservation dans la région du corridor Ranomafana-Andringitra permet de comprendre les relations des communautés rurales avec les gestionnaires de l’environnement, le cadre de contraintes des dispositifs de conservation et les marges de manœuvre des agriculteurs vis-à-vis de l’application des règles de conservation. L’analyse détaillée de deux cas d’étude permet ensuite de construire la typologie spatialisée de la sensibilité des exploitations.

Dans le chapitre 5, la constitution des capacités d’adaptation est analysée ainsi que la réorganisation des activités agricoles qui en a découlé. Les modèles élaborés à partir des deux premiers cas d’étude sont testés sur trois nouveaux cas, ce qui permet de valider la méthode de modélisation spatiale utilisée et de généraliser les processus observés.

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