• Aucun résultat trouvé

U N ITINERAIRE METHODOLOGIQUE QUI COUPLE TROIS NIVEAUX D ’ETUDE : EXPLOITATIONS AGRICOLES, TERRITOIRES LOCAUX ET

Section 1. Une démarche d’analyse en trois étapes

2. Analyse de la constitution des capacités d’adaptation

L’objectif est de caractériser les déterminants qui contribuent à la constitution des capacités d’adaptation et d’identifier ceux qui peuvent devenir des leviers d’action dans le cadre d’un aménagement intégré des territoires visant à mieux concilier conservation et développement aux échelles locale et régionale.

2.1. Stratégies d’adaptation, déterminants des capacités d’adaptation et leviers d’action pour un aménagement intégré

Pour chaque type d’exploitation, la stratégie d’adaptation est déduite des changements effectués après la mise en œuvre du dispositif de conservation, lors de l’analyse des trajectoires d’évolution construites dans l’étape précédente. Elle est recoupée avec les discours des agriculteurs sur les adaptations effectuées.

Les déterminants des capacités d’adaptation sont déduits des stratégies d’adaptation. On distingue ceux qui relèvent des caractéristiques intrinsèques de l’exploitation et constituent des marges de

manoeuvre (réallocation de main d’œuvre,

changement de la hiérarchie des cultures, etc.), de ceux qui relèvent des opportunités externes à l’exploitation (accès à un marché pour vendre du rhum, des bananes, accès à des aides techniques pour intensifier les cultures, etc.). Chaque stratégie d’adaptation peut résulter de la mobilisation d’un ensemble de déterminants.

L’objectif est de spécifier les déterminants qui peuvent relever d’actions d’aménagement du territoire : aménagements du territoire local (barrages, autres modalités de zonages de conservation, etc.), aménagements régionaux (écotourisme, marchés et filières, aires de production, accès à des bassins d’emploi, axes de communication, etc.).

135

2.2. Inscription spatiale des stratégies d’adaptation et réorganisation des activités agricoles au niveau du territoire local

En réponse aux contraintes et/ou avantages de la conservation, certains types d’exploitation ont mis en œuvre de nouvelles pratiques agricoles et aménagements du milieu qui se traduisent par des évolutions paysagères.

Les chorèmes des types d’exploitations sont alors reconstruits pour représenter les changements d’organisation spatiale qui ont eu lieu. L’objectif méthodologique est d’identifier les éléments paysagers qui témoignent des stratégies d’adaptation mises en œuvre au niveau des exploitations agricoles, et ainsi d’affiner les critères de typologie des sous-zones homogènes d’usage des ressources. Il s’agit donc de mettre en relation les dynamiques paysagères observées au sein des sous-zones avec les changements d’usage du sol mis en œuvre par les exploitations qui possèdent des champs dans la sous zone considérée.

L’identification des changements paysagers en lien avec les pratiques agricoles permet dans un second temps, une lecture critique des effets du dispositif de conservation.

Il s’agit d’identifier les exploitations:

- qui possèdent des capacités d’adaptation, c'est-à-dire qui maintiennent ou développent leurs fonctions et projets préexistants à la conservation ; ou qui tirent avantage des opportunités pour développer de nouvelles fonctions ou de nouveaux projets,

- et dont la configuration spatiale et les activités sont compatibles avec les objectifs de conservation de la forêt.

On peut alors envisager la compatibilité ou non des changements au niveau des exploitations avec les enjeux de conservation à l’échelle du territoire local au niveau de chaque sous-zone. Dans un second temps une lecture critique du dispositif de conservation peut être faite, dans la perspective d’une meilleure prise en compte des dynamiques de développement des exploitations.

A l’issue des étapes 2a et 2b, il est possible de proposer un modèle de l’ancrage territorial des capacités d’adaptation. Le modèle relie :

- Un type d’exploitation dans une configuration spatiale spécifique correspondant à un niveau de sensibilité ; la sensibilité constitue un indicateur permettant de comparer les capacités d’adaptation des exploitations au sein d’un territoire et entre territoire; - Une stratégie d’adaptation mobilisant un ensemble de déterminants aux niveaux de

l’exploitation (marges de manœuvre), du territoire local ou de l’espace régional (opportunités externes). La stratégie d’adaptation explique certains processus de réorganisation des activités agricoles au niveau du territoire local par le biais des sous-zones.

- Une capacité d’adaptation qui témoigne du maintien ou de l’intégration de nouvelles fonctions par l’exploitation.

136

2.3. Validation du modèle d’ancrage territorial des capacités d’adaptation

Cette troisième étape vise à :

- valider le modèle d’ancrage territorial des capacités d’adaptation en le testant sur d’autres sites d’étude présentant des caractéristiques territoriales différentes, c'est-à-dire en faisant varier « les opportunités externes » constitutives des capacités d’adaptation.

Le développement d’une démarche comparative en testant le modèle dans plusieurs sous-zones régionales nous semble essentiel pour tenter une généralisation. La vertu heuristique des démarches comparatives a été soulignée dans les travaux des géographes (Bonnamour, 1997).

- vérifier la possibilité de diagnostiquer des actions d’aménagement pouvant accroitre les capacités d’adaptation des exploitations à partir d’une démarche de modélisation spatiale (validation de la correspondance entre forme et fonctionnement).

2.3.1. Zonage de l’espace régional de référence et identification d’une diversité de modèle d’organisation des activités agricoles au niveau des territoires locaux

Sur le même principe que la méthode des UAP mais à une échelle plus petite, il s’agit d’identifier des zones au niveau régional selon des critères identifiés a priori comme déterminants des capacités (opportunités externes) et facteurs de variabilité dans l’organisation spatiale des territoires locaux.

Les critères retenus a priori sont : - La densité de population,

- l’enclavement, la présence de réseaux urbains et ruraux (infrastructures, marchés, équipements, services, interventions d’aide au développement),

- Les dynamiques de déforestation liées aux modes d’utilisation des ressources forestières par les exploitations.

137

Ces critères seront complétés ou modifiés de deux façons :

- A partir des résultats sur les déterminants des capacités d’adaptation identifiés sur les premiers sites d’étude pour la mise au point des modèles ;

- A partir d’entretiens auprès de personne-ressources, c'est-à-dire des acteurs régionaux qui interviennent sur le terrain et peuvent constituer des « experts » en matière de conservation et de développement. Ils seront à même de définir des situations contrastées au sein de l’espace régional et de donner des facteurs de différenciation qui leur semble discriminant.

La modélisation graphique est à nouveau utilisée pour représenter les principales structures et dynamiques spatiales expliquant la différenciation de zones au niveau régional.

Au sein des zones identifiées, un territoire local soumis à un dispositif de conservation sera choisi pour appliquer le modèle reliant {un type spatialisé d’exploitation, un ensemble de contraintes, et une capacité d’adaptation}. On fait l’hypothèse qu’on pourra généraliser le modèle d’organisation du territoire à tout autre territoire au sein de la sous-zone considérée.

2.3.2. Application de la typologie spatialisée des exploitations

Une fois un territoire local choisi au sein d’une sous-zone régionale, la validation se décompose en trois étapes :

- Identifier des sous-zones au sein du territoire local, à partir des éléments paysagers qui peuvent témoigner des stratégies d’adaptation mises en œuvre au niveau des exploitations agricoles,

- Identifier l’ensemble de contraintes issues du dispositif de conservation par sous-zone, et faire des hypothèses sur la distribution des types d’exploitation, leurs capacités d’adaptation et les différents déterminants mobilisés à partir du modèle élaboré dans l’étape 2,

- Vérifier en effectuant quelques enquêtes approfondies au niveau des exploitations agricoles dans les différentes sous-zones du territoire ; analyser les écarts au modèle.

138

La nature des opportunités externes mobilisées par les exploitations pour s’adapter permet en retour de questionner les critères choisis pour le découpage de l’espace régional et les affiner. L’enjeu est de montrer qu’on peut avoir une approche de modélisation spatiale par sous-zones au sein du territoire local pour comprendre les enjeux d’aménagement qui accompagnent l’adaptation des exploitations sans faire une analyse détaillée et exhaustive des exploitations au sein de chaque sous-zone.

Cette dernière étape de la démarche d’analyse doit permettre d’établir une grille de résultats finale croisant types spatialisés d’exploitation et sensibilité aux mesures de conservation, déterminants mobilisés aux différents niveaux d’organisation (système famille-exploitation, territoire local et espace régional) pour s’adapter et processus de réorganisation des activités agricoles.

3. Validation des résultats avec les acteurs et perspectives d’utilisation

Outline

Documents relatifs