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Vers une comparaison entre mod` ele et r´ esultats exp´ erimentaux

3.4 Mod` ele poro´ elastique

3.4.3 Vers une comparaison entre mod` ele et r´ esultats exp´ erimentaux

La mod´elisation de notre syst`eme m`ene `a une relation entre la contrainte normale, le module de cisaillement G0 et la variation de fraction volumique du gel poro´elastique pen-dant son s´echage. Pour v´erifier cette affirmation, il faudrait r´ealiser des mesures classiques de rh´eologie afin de d´eterminer le module de cisaillement G0 en fonction de la concentra-tion. Cette ´etude n’est cependant pas facilement envisageable car il faudrait ˆetre capable de formuler `a hautes concentrations et en quantit´e suffisante notre dispersion.

Des mesures rh´eologiques sur des Ludox HS sont rapport´ees dans les travaux de E. Di Giuseppe, pour des concentrations allant jusque ϕs≈ 0.47 [91]. `A l’instar de ces travaux, nous avons laiss´e ´evaporer quelques millilitres de notre dispersion de Ludox AS dans des vials sous agitation `a 40C. Cependant, d`es la formation d’un gel, pour des fractions vo-lumiques ϕs > 0.3, la dispersion ne peut plus ˆetre agit´ee correctement et elle ne semble plus homog`ene. Les mesures rh´eologiques ne sont donc plus envisageables.

Pour contourner ce probl`eme, nous proposons d’estimer le module de cisaillement G0 de notre dispersion `a partir de la compressibilit´e osmotique, K(ϕs), de la dispersion de Ludox AS et d’une approximation du coefficient de Poisson drain´e. En effet, le module de cisaillement est a priori reli´e `a la compressibilit´e osmotique et au coefficient de Poisson par la relation :

K = 2G0(1 + ν)

3(1 − 2ν) . (3.52)

K(ϕs) correspond au changement de volume d’un corps soumis `a une pression uniforme et s’´ecrit en fonction de la pression osmotique Π :

K(ϕs) = ϕs∂Π ∂ϕs

. (3.53)

Connaissant la pression osmotique Π et le coefficient de Poisson ν, on peut ainsi estimer le module de cisaillement G0 de notre dispersion.

Pour rappel, l’´equation d’´etat de la dispersion de Ludox AS a ´et´e d´etermin´ee par dialyses successives de la dispersion contre un r´eservoir contenant des solutions de NaCl

(a) (b) 0.2 0.4 0.6 10−3 10−2 10−1 ϕs Π (M P a ) 0.2 0.4 0.6 10−3 10−2 10−1 100 ϕs K (M P a ) 0 0.2 0.4 0.6 0.1 0.3 0.5 ϕs ν 0.2 0.4 0.6 10−3 10−2 10−1 100 ϕs G0 (M P a ) 0.2 0.4 0.6 0 0.05 0.1 ϕs σzz (M P a )

Figure 3.20 – (a) ´Equation d’´etat pour la dispersion de Ludox AS. Les cercles noirs corres-pondent aux donn´ees exp´erimentales de pressions osmotiques obtenues par dialyses successives contre des solutions de NaCl `a 10−4 mol.L−1, pH = 9.2 `a diff´erentes concentrations de PEG (voir le protocole et les r´esultats dans le chapitre 1, page 38). La courbe bleue correspond au meilleur ajustement des donn´ees par le mod`ele de cellule pour une densit´e de charge de 0.4´electrons.nm−2 (voir annexe C). Les courbes verte et rouge correspondent respectivement `a la r´esolution du mod`ele pour la mˆeme densit´e de charge et pour des concentrations en sels de 10−3 et 5 × 10−3 mol.L−1. (b) Compressibilit´es osmotiques K(ϕs), pour diff´erentes concentra-tions en sels, calcul´ees `a partir des mod`eles de pressions osmotiques avec la relation 3.53. L’insert pr´esente une loi arbitraire pour le coefficient de Poisson (voir texte). (c) Module de cisaillement G0 calcul´e avec les donn´ees pr´ec´edentes et la relation 3.52. Les + correspondent aux donn´ees de G0 mesur´ees en rh´eologie classique pour des Ludox HS [91]. (d) Les points bleus correspondent aux donn´ees exp´erimentales de σzz pr´esent´ees page 106. Les courbes en pointill´es correspondent au mod`ele (voir ´equation 3.51).

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a une concentration de 10−4 mol.L−1, `a pH = 9.2, et un polym`ere  stresseur  `a diff´e-rentes concentrations (voir protocole et r´esultats dans le chapitre 1, page 38). Ces r´esultats (cercles noirs) sont pr´esent´es sur la figure 3.20 (a). Ces points ont ´et´e ajust´es `a partir de la r´esolution de l’´equation de Poisson-Boltzmann pour le mod`ele de cellule. Les explica-tions concernant cette r´esolution sont d´etaill´ees dans l’annexe C. Le meilleur ajustement (courbe bleue) est obtenu pour une densit´e de charge de 0.4 ´electrons.nm−2, en accord avec des valeurs similaires `a ce pH [4]. Les courbes verte et rouge correspondent `a la r´ e-solution du mod`ele pour la mˆeme densit´e de charge mais pour des concentrations en sels dans le r´eservoir de 1 × 10−3 et 5 × 10−3 mol.L−1. Ces courbes montrent que la pression osmotique ne d´epend pas trop de la concentration en sels dans le r´eservoir notamment `a hautes fractions volumiques.

La figure 3.20 (b) correspond aux valeurs de compressibilit´e osmotique K(ϕs) calcul´ees avec l’´equation 3.53 `a partir des mod`eles de pressions osmotiques pr´esent´es sur la figure 3.20 (a). Ces courbes montrent que la compressibilit´e osmotique est quasi ind´ependante de la concentration en sels pour des hautes fractions volumiques.

L’insert de la figure 3.20 (b) propose une loi arbitraire pour le coefficient de Poisson. On estime que pour les concentrations inf´erieures `a la concentration de g´elification ϕs ≈ 0.32, le module ´elastique de la dispersion est nul et donc que le coefficient de Poisson vaut 0.5. Pour un mat´eriau sec de particules de silice, le coefficient de Poisson est commun´ement consid´er´e comme proche de 0.2 [91, 213]. Nous avons donc imagin´e la loi pr´esent´ee en insert de la figure 3.20 (b) pour laquelle : ν(ϕs < 0.32) = 0.5 et ν(ϕs= 0.64) ≈ 0.2.

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A partir de ces consid´erations, nous estimons le module de cisaillement G0 en fonction de la fraction volumique de notre dispersion de Ludox AS grˆace `a l’´equation 3.52. Celui-ci est pr´esent´e sur la figure 3.20 (c). Le mod`ele pr´edit que G0 passe de 1.5×10−3 `a 0.85 MPa lorsque la concentration passe de 0.32 `a 0.64. Ces valeurs sont du mˆeme ordre de grandeur que les valeurs de G0 obtenues par rh´eologie classique (+ noirs) sur des dispersions de Ludox HS [91]. Il apparaˆıt par ailleurs que ce module est ind´ependant de la concentration en sels dans le r´eservoir.

Ces estimations sont r´ealis´ees `a partir de la r´esolution de l’´equation de Poisson-Boltzmann en consid´erant que les dispersions sont en ´equilibre osmotique contre un r´ e-servoir contenant une solution sal´ee. Ceci pr´esente une diff´erence majeure avec le cas de nos exp´eriences au cours desquelles les sels initialement contenus dans la dispersion se concentrent pendant le s´echage. Cependant, la faible d´ependance `a hautes fractions vo-lumiques de la pression osmotique Π, du module de compressibilit´e K et du module de cisaillement G0 avec la concentration en sels dans le r´eservoir nous am`ene `a penser que la concentration des sels dans nos exp´eriences n’influencera pas ces param`etres.

Les points bleus de la figure 3.20 (d) correspondent aux donn´ees exp´erimentales d´ej`a pr´esent´ees page 106. Les courbes pointill´ees correspondent `a l’´equation 3.51 dans laquelle on a utilis´e le mod`ele de G0 pr´esent´e sur la figure 3.20. Les courbes  mod`ele  montrent qu’une contrainte apparaˆıt d`es la formation du gel, pour ϕs ≈ 0.32. Dans le mod`ele, la valeur de la contrainte semble cependant augmenter beaucoup plus rapidement que dans les exp´eriences.

cependant coh´erents avec nos observations malgr´e les approximations r´ealis´ees : mod´ eli-sation dans le domaine de la poro´elasticit´e lin´eaire, choix d’un mod`ele pour la pression osmotique ou encore choix d’une loi arbitraire pour le coefficient de Poisson. Par ailleurs, d’autres effets n’ont pas ´et´e pris en compte comme la pr´esence de gradients de concentra-tion. Nous pourrions aussi imaginer d’autres ph´enom`enes tels que des forces d’adh´esion entre la goutte et les substrats ou une d´eformation de la forme du m´enisque.

3.5 Conclusion

Pour conclure, nous proposons une nouvelle technique afin de mesurer in situ les contraintes induites pendant le s´echage de fluides complexes. La m´ethode d´evelopp´ee est bas´ee sur une mesure directe de la force exerc´ee par une goutte sur les substrats qui la confinent. Cette force est mesur´ee `a l’aide d’une balance `a compensation ´electromagn´ e-tique de force. Un suivi ope-tique permet de d´eterminer la contrainte exerc´ee par la goutte tout au long du s´echage.

Cette m´ethode a ´et´e utilis´ee pour mesurer les contraintes pendant le s´echage confin´e de la dispersion de Ludox AS utilis´ee dans les chapitres pr´ec´edents. Nos mesures mettent en ´evidence l’apparition de fortes contraintes tr`es tˆot pendant le s´echage. Les contraintes apparaissent pour des fractions volumiques moyennes dans la goutte de < ϕs > ≈ 0.3, bien

avant l’invasion des m´enisques dans les pores du mat´eriau. Cette concentration co¨ıncide avec la fraction volumique de transition liquide/solide de la dispersion (voir discussions chapitre 1, page 42 et 2, page 78).

Ces observations mettent en ´evidence la formation d’un gel ´elastique qui g´en`ere des contraintes importantes en continuant de s´echer. Les contraintes peuvent ˆetre mod´elis´ees `

a partir de la th´eorie de la poro´elasticit´e. Nous proposons dans un premier temps une mod´elisation de notre syst`eme dans le domaine des petites d´eformations. Nous pr´ esen-tons ensuite une premi`ere approche pour la description de notre syst`eme dans le domaine des grandes d´eformations. Ces calculs d´emontrent que la contrainte exerc´ee par la goutte d´epend de la d´eformation de la goutte et du module de cisaillement G0 de la dispersion g´elifi´ee.

Pour une comparaison et une validation rigoureuse du mod`ele, il faudrait mesurer le module de cisaillement de nos dispersions en fonction de leur fraction volumique avec une m´ethode rh´eologique ind´ependante. Il est cependant difficile de formuler des dispersions de Ludox homog`enes `a hautes fractions volumiques en quantit´e suffisante pour faire de la rh´eologie. Nous proposons tout de mˆeme une estimation du module de cisaillement

G0 `a partir de l’´equation d’´etat de la dispersion et d’une loi arbitraire pour le coefficient de Poisson drain´e. Cette estimation permet de mod´eliser la contrainte σzz induite par le s´echage de notre dispersion. L’accord entre les exp´eriences et le mod`ele est faible. Cepen-dant, les ordres de grandeurs restent coh´erents malgr´e les nombreuses estimations r´ealis´ees.

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Etudes pr´eliminaires d’autres fluides

complexes

Dans ce chapitre, nous pr´esentons des ´etudes pr´eliminaires du s´echage confin´e d’autres fluides complexes.

Dans les premi`eres parties de ce chapitre, nous pr´esentons l’´etude du s´echage de deux nouveaux fluides grˆace `a notre montage de mesure de contraintes pr´esent´e dans le chapitre 3 : une solution de polym`ere et un gel de Ludox. Ces travaux ont ´et´e r´ealis´es avec l’aide de J. Quinet, en stage de master 2 au laboratoire, pour une dur´ee de six mois.

Pour le premier syst`eme, l’´etude avait pour objectif de comparer les mesures de contraintes r´ealis´ees `a partir de notre montage avec des mesures rh´eologiques. Le mod`ele propos´e dans le chapitre 3, page 119 pr´edit en effet que les contraintes mesur´ees pendant le s´echage d´ependent du module de cisaillement G0 et de l’´evolution de la concentration dans la goutte. Il est a priori possible de formuler des solutions de polym`ere `a diff´erentes concentrations et donc de r´ealiser une ´etude en rh´eologie du polym`ere sur une large gamme de concentrations pour r´ealiser ces comparaisons.

Nous avons aussi ´etudi´e un second syst`eme, `a savoir des gels de Ludox. Dans la dis-persion de Ludox AS pr´ec´edemment ´etudi´ee, nous avons ajout´e des sels dans le but de d´estabiliser la dispersion et de former un gel collo¨ıdal `a une fraction volumique plus basse. Malgr´e des ph´enom`enes de  stick-slip  observ´es lors du s´echage de ces gels, nous montrons que des forces sont g´en´er´ees `a l’aide de notre dispositif de mesure de contraintes. Nous pr´esentons ensuite des m´ethodes alternatives pour mesurer des champs de concen-tration pendant le s´echage d’une goutte confin´ee de la dispersion de Ludox AS et d’une dispersion de nanoparticules de polystyr`ene.

4.1 Etude d’une solution de polym`´ ere : le Pluronic

F127

Dans cette partie, nous ´etudions le s´echage confin´e d’une solution de polym`ere. Plus pr´ecis´ement, nous nous sommes int´eress´es aux contraintes g´en´er´ees pendant le s´echage d’un copolym`ere tribloc appel´e Pluronic F127. Ce polym`ere ´etait en effet un bon

candi-Figure 4.1 – Diagramme de phase du Pluronic F127, figure issue des travaux de G. Wanka et al.[218].

dat car des ´etudes de s´echage en goutte confin´ee avaient d´ej`a r´ealis´ees avec ce mˆeme type de polym`ere au laboratoire, plus pr´ecis´ement le Pluronic P104 [41].