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Communication institutionnelle : activités de communication et d’information mises en place par Hydro-

Chapitre 3 : Communication entre le gouvernement du Québec, Hydro-Québec et les Innus en avant-

3.3 Communication institutionnelle : activités de communication et d’information mises en place par Hydro-

L‟objectif de ce mémoire n‟est pas de faire un portrait de tous les outils et activités de communication mises en place par Hydro-Québec dans le cadre du projet de la Romaine. En effet, on en dénote plus de 80 et il serait très fastidieux d‟en faire une analyse complète et détaillée. À noter toutefois qu‟Hydro-Québec publie chaque année un bilan environnemental pour le projet de la Romaine. Ce document est public, disponible en ligne

et il relate toutes les activités de communication réalisées durant l‟année9. De plus, toutes

les activités d‟information et de communication tenues en avant-projet sont recensées au chapitre 3 de l‟étude d‟impact sur l‟environnement, qui traite de la participation du public et des « principaux outils de communication utilisés pour faciliter la compréhension du projet par le milieu hôte » (Hydro-Québec, 2007a : 67). On y lit notamment que :

[l]’une des trois conditions essentielles à la réalisation des projets hydroélectriques d’Hydro- Québec est leur acceptation par les milieux hôtes. C’est pourquoi Hydro-Québec a mis en œuvre un programme de communication axé sur la participation des publics concernés par le projet du complexe de la Romaine.

Le programme de communication avait deux objectifs : « informer les publics concernés et recueillir leurs préoccupations durant l‟avant-projet » et « diffuser les résultats des études sur le terrain à chaque grande étape de l‟avant-projet » (Hydro-Québec, 2007a : 67). Parmi les activités de communication destinées à la population en général, on retrouve des tables d‟information et d‟échanges, des ateliers de travail, des journées portes ouvertes, des bulletins d‟information, des actions médiatiques, un site web, etc. Si ces outils de communication visaient à la fois les Minganois non autochtones et les Innus, des outils complémentaires ont été mis en place à l‟intention de ces derniers. En effet,

36 assemblées publiques ou ateliers d’information et d’échange ont été organisés dans les communautés innues entre février 2004 et juillet 2008 : 18 à Ekuanitshit, 9 à Nutashkuan, 5 à Unamen-shipu et 4 à Pakua-shipi. Les discussions ont porté sur les sujets suivants : les principales caractéristiques et la conception technique du projet, l’objet et les résultats des études et des relevés sur le terrain, les retombées économiques, l’emploi et la formation, la vie de chantier, l’exploitation forestière, la santé publique et le mercure, la faune, la modification des

9 Ces bilans environnementaux sont disponibles sur le site d‟Hydro-Québec à l‟adresse suivante :

41 débits de la rivière Romaine, le saumon, l’archéologie, le déroulement et les résultats des études innues (utilisation du territoire, pêche au saumon, savoir traditionnel innu et environnement socioéconomique) et les impacts du projet (Hydro-Québec, 2008 : 34).

Alors que les rapports officiels de la société d‟État nous renseignent sur les aspects quantitatifs des moyens de communication utilisés (fréquences des rencontres, lieu, nombre de personnes présentes), nos données fournissent quant à elles un aperçu des « coulisses » de ces activités. Elles viennent donc bonifier le contenu de la documentation, notamment en permettant aux informateurs d‟Hydro-Québec de revenir sur leur expérience et de cibler les défis et les difficultés auxquels ils ont été confrontés.

3.3.1 Souci de vulgariser l’information et barrière de la langue

La profusion de termes techniques à vulgariser et la barrière de la langue pour certains individus compliquaient la communication entre Hydro-Québec et les communautés innues lors des assemblées publiques :

[O]n fait des efforts pour, du mieux qu’on peut pour que les gens aient une information adéquate et je dirais qu’elle leur est le plus possible à leur portée, mais c’est pas facile. Je veux dire ne serait-ce quand un moment donné quand on on essayait de comprendre tsé comment tu traduis telle affaire tsé là? Fac là un moment donné les gens nous traduisaient certains termes, là ça me vient pas mais… Là je dis comment, essaie de nous rendre en français, comment t’as traduit en innu je sais pas moi « la centrale ». La centrale qui produit l’électricité fac, tsé un moment donné les gens qui sortaient « bin nous on dit telle affaire qui veut dire, je sais pas moi, la place où il se fait du feu ». Rires. Pis là un moment donné on s’arrête pis on dit « bin non, c’est pas tout à fait ça là, attend un peu là. On va t’expliquer, faut que tu comprennes bien. » Parce que c’est pas évident, même pour nous autres là. Mettons, le commun des mortels là… C’est pas facile là de rendre ça, mais on était quand même sensibles à ça, on a essayé du mieux qu’on pouvait de de comment je dirais ça de leur sortir quelque chose qui leur est un peu, qui leur est accessible. De vulgariser c’est ça, de prédigérer un peu l’information qu’on livre parce qu’un moment donné ça devient quand même… Surtout quand tu tombes dans les chiffres là tsé pis sa justification, on va payer, nous autres Hydro-Québec, ça va nous coûter tant de cennes du kilowatt tsé pour produire tsé ça devient… – Informateur no 8, Conseiller, Hydro-Québec

Pour pallier les problèmes de traduction et d‟interprétation et à la demande d‟Hydro- Québec, des coordonnateurs innus conseillent les représentants d‟Hydro-Québec sur le choix des moyens de communication et leur contenu.

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[D]ans les comités qu’on a constitués avec les communautés ou les groupes de communautés pour faire les études on s’entendait avec eux autres aussi sur la façon dont on allait communiquer. Dire bon bin on fait tu une assemblée, on fait tu, est-ce qu’on passe par la radio communautaire, est-ce que… Donc on a fait quand même un certain nombre d’instruments. On a fait des affiches, on avait aussi des présentations PowerPoint. Avant d’aller les présenter dans la communauté, faire les présentations en tant que tel, bin souvent avec le coordonnateur ou la coordonnatrice locale qui étaient embauché par la communauté, […] eux autres ils nous disaient faites attention icitte, ils nous conseillaient aussi sur la façon de de communiquer avec les communautés. – Informateur no 8, Conseiller, Hydro-Québec

3.3.2 Aspects informels de la communication

Un informateur d‟Hydro-Québec mentionne l‟importance des « discussions de corridor » lors des assemblées publiques, par exemple, qui permettent aux gens moins à l‟aise de parler en public de poser leurs questions :

Y’a ces présentations-là qui sont formelles, mais, on a toujours deux trois breaks pendant les présentations et ça je pense que c’est très utile pour les gens parce que y’en a toujours un qui ose pas lever la main parce que dans les communautés des fois, y’en a qui, comme on dit, qui pognent le crachoir pis qui… Fac ça permet à des gens, qui sont un peu gênés… Pis là ils viennent te voir ou ils vont voir le spécialiste, pis là ils posent leurs questions pis tsé souvent, de la part de nos spécialistes qui nous accompagnent, que ce soit les spécialistes innus ou les consultants qui viennent nous aider là pour présenter les résultats. Tsé c’est convivial et pis les gens ont souvent des bonnes questions. Fac tsé la communication c’est un peu tout ça aussi, c’est les gens qui t’accrochent au break pis qui te… pis à la fin aussi là, tsé on finissait l’assemblée, mais on partait jamais avant une demi-heure… Avant de partir, une fois qu’on avait ramassé nos petits comme on dit là, avant qu’on soit assis dans le char pour retourner, y’avait bin du monde qui jasait pis des fois ils nous présentaient leur point de vue ou ils soulevaient des questions qu’ils auraient pas osé peut-être poser dans l’assemblée. – Informateur no 8, Conseiller, Hydro-Québec

3.3.3 Désintérêt chez les Innus à cause du trop grand nombre de consultations Au moment de l‟avant-projet, les communautés innues ont été consultées par Hydro- Québec, le gouvernement du Québec et le gouvernement du Canada. Notre informateur d‟Hydro-Québec évoque la nécessité pour ces entités de coordonner leurs actions et la baisse d‟intérêt chez les communautés qu‟a engendré ce trop grand nombre de consultations :

Comme je disais tantôt, en parallèle avec ça, y’avait toute la consultation faite par les gouvernements, tant le fédéral que le provincial. Des fois même on pourrait peut-être penser

43 qu’il y a une sur, une surconsultation (rires) […] À un certain moment fallait se coordonner parce que quand on était dans le gros, on pouvait avoir une réunion du comité technique avec une réunion, un atelier d’information sur un sujet particulier pis le lendemain, le ministère de l’Environnement provincial y allait pour consulter sur un autre volet pis après ça, bin le fédéral y allait, parce que le fédéral aussi a une obligation de consulter, fallait s’appeler parce qu’on se pilait sur les pieds des fois! Pis ça à mon avis, c’est que ça enlève de la valeur, tsé si t’as quatre assemblées par mois, un moment donné, le monde se désintéresse, tsé au lieu d’avoir une bonne séance d’information, pis là bin là t’as du hockey, t’as du bingo, (rires) Non, mais on parle de communication, c’est ça ta compétition c’est ça là, si y’a une game des Canadiens, si y’a une compétition de hockey au Havre avec une équipe de là, si y’a du bingo, pis là le lendemain t’as le gars du gouvernement pis la veille c’était l’autre gouvernement… Un moment donné c’est… Ça en était particulier. Par exemple Mingan, c’est pas une grosse communauté, qui est au cœur des impacts pis au cœur du projet Romaine, c’est qu’il y avait du monde-là, y’avait du trafic à Mingan! – Informateur no 7, Cadre chez Hydro-Québec

Ainsi, en plus des séances de consultation avec Hydro-Québec, les Innus ont également participé à des consultations ministérielles provinciales et fédérales. La section suivante sera consacrée à cette phase particulière du projet.

3.4 Communication gouvernementale : audiences publiques du