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LA MESURE DU DROIT À L’ÉDUCATION DE BASE AU BURKINA FASO

5. La sécurité protectrice Elle représente un filet de protection sociale

3.4 LA MESURE DU DROIT À L’ÉDUCATION

3.4.5 LA COLLECTE DES DONNÉES

La collecte des données sur les indicateurs du droit à l’éducation a été effectuée durant le printemps 2004. Cette collecte s’inscrit dans le suivi d’une série d’enquêtes initiées en 2002 dont l’objectif était de tester, valider et renseigner le tableau de bord du droit à l’éducation comprenant un ensemble d’indicateurs. La première phase d’enquêtes a été lancée en février 2002. Elle a consisté à tester les 4 capacités du système éducatif autour desquelles s’articule le tableau de bord auprès des publics cibles et à définir une série d’indicateurs en fonction des valeurs et des critères qui ont ainsi été identifiés. Afin d’assurer la comparabilité et la validité des données, les premières enquêtes ont couvert trois provinces : l’Oubritenga

(plateau central), la Comoé (sud ouest) et la Tapoa (est)20. Une deuxième phase d’enquêtes a eu lieu entre février et mai 2003 couvrant les mêmes provinces de la Comoé et de la Tapoa21. Elle a permis de tester un premier ensemble de 63 indicateurs. Afin d’assurer une meilleure prise en compte de la diversité des réalités socio-économiques et topographiques du pays, les enquêtes ont concerné une troisième province. Le choix s’est porté sur la province de l’Oudalan, située au nord-est du pays. Cette zone sahélienne est caractérisée par une offre éducative largement déficitaire et très peu diversifiée, aggravée par d’importants problèmes d’accès physiques aux écoles et aux centres d’alpha. Ainsi l’ensemble de ces caractéristiques agissent concurremment et cumulativement pour maintenir ce type de zone dans un état de sous-scolarisation pérenne, engendrant la reproduction des inégalités régionales et créant un effet repoussoir qui décourage les interventions futures22. La province de l’Oudalan illustre de façon marquée la problématique du droit à l’éducation. En outre, elle a fait l’objet d’un projet pilote pour l’élaboration de la carte éducative qui constitue une base d’informations complémentaires à l’analyse des données.

En réalité, les différentes étapes de la recherche ont suivi une méthodologie précise dont le respect a constitué un réel enjeu. Il s’agit en effet de ne pas distinguer les principes d’observation du droit des principes de collecte et de validation des données mais de les considérer sur un même plan comme autant de contraintes. La mesure du droit à l’éducation peut se prévaloir d’être juste à la condition de répondre à l’exigence de rigueur et de précision nécessaire en la matière. L’exercice s’est avéré d’autant plus exigeant qu’il a dû se plier aux contraintes d’ordre administratif et budgétaire, aux aléas du terrain, aux conditions d’enquêtes difficiles et, enfin, aux ressources humaines restreintes. Il faut rappeler à cet égard que toutes les enquêtes ont été assurées par les mêmes personnes impliquées dans le processus de réflexion sur les indicateurs (cf. groupe de recherche et de pilotage). Cet engagement sans faille et sur toute la durée du processus est un gage indéniable de qualité pour l’ensemble des résultats atteints et de garantie quant à leur suivi.

Concrètement, la collecte des informations s’est effectuée selon deux lignes de conduite. La première est le choix du niveau d’échelle pertinent. Nous en avons déjà parlé plus haut. La deuxième ligne de conduite est l’utilisation optimale des données déjà existantes dans les différentes enquêtes. Une confrontation avec les données de terrain a permis selon une approche

bottom-up de procéder à une analyse critique des informations débouchant

20 IIEDH [2003], op. cit., DT n° 8

21 IIEDH [2003],], op. cit., DT n° 9

22 LANGE M.-F., COMPAORE M. [2003], "Rapport d'enquête dans la province de l'Oudalan" in Mesurer un droit

de l’homme ? L’effectivité du droit à l’éducation III. Premiers résultats et synthèse, Liechti V. (éd.), document de

ainsi sur leur sélection en fonction du degré d’accessibilité et de fiabilité. Une fois la sélection faite, les indicateurs ont été répartis entre les différents groupes de chercheurs et d’enquêteurs. Ceux-ci ont été constitués sur la base des profils des personnes et en respectant un équilibre homme-femme. Cet équilibre est important pour éviter certains biais (réticences à livrer certaines informations), mais aussi pour garantir un regard croisé sur les résultats. Les enquêtes ont été menées systématiquement par référence à un guide d’enquête précisant le sens de l’information recherchée et le public cible pour sa collecte.

Après avoir testé et validé l’ensemble des indicateurs considérés comme pertinents au regard du droit à l’éducation, la dernière étape de la recherche a consisté à renseigner de façon exhaustive le tableau de bord en se concentrant sur une Province en particulier. Le groupe de recherche et de pilotage a retenu la province du Sanmatenga située au centre-nord du pays. Cette province a pour chef-lieu la ville de Kaya. Elle compte 11 départements pour 8 circonscriptions : 1) Barsalogho, 2) Boussouma, 3) Korsimoro, 4) Mané, 5) Pibaoré, 6) Pissila, 7) Kaya I, 8) Kaya II. Sur les huit circonscriptions, sept sont considérées comme zones rurales. Seule la circonscription de Kaya I, attachée au chef-lieu, relève de l’urbain. Sur les 237 écoles enregistrées sur la Province pour l’année scolaire 2003-2004, Kaya I couvrait 22 écoles. Dans l’absolu, elle comptait également le plus grand nombre d’écoles privées (8 sur 21). A noter par ailleurs que pour cette même année, le taux brut de scolarisation de la commune de Kaya s’élevait à 105,3 % alors qu’il se montait à peine à 27,7 % pour le reste de la province.

Le secteur non formel dénombrait 14 opérateurs conduisant des programmes d’alphabétisation et de formation durant la campagne 2003. Leur nombre est passé à 23 durant la campagne 2004. Cette augmentation s’explique principalement par la contribution du FONAENF qui soutient désormais 11 opérateurs contre 3 seulement l’année précédente. Cette précision est importante pour l’analyse des résultats, notamment ceux relatifs à la dotation du système. En effet, pour être en mesure de valider les informations collectées qui ne faisaient l’objet d’aucune base de données, les enquêtes ont couvert un échantillonnage minimum de 100 centres. La possibilité s’est dès lors offerte de recourir aux services nouvellement créés par le FONAENF en 2004 pour assurer le suivi des centres. Les équipes du FONAENF ont alors été chargées de collecter l’information principalement de type quantitatif à l’aide du questionnaire établi à cet effet par le groupe de recherche et de pilotage. Sachant que le FONAENF opère préalablement une sélection des opérateurs sur des critères définis, les informations collectées peuvent présenter un biais. Celui-ci paraît toutefois minime compte tenu de la faible représentativité des opérateurs hors FONAENF

dans la province. Du reste, cette collecte s’est avérée importante dans la démarche de construction d’une base de données pour le non formel.

Enfin, la prise en compte des opérateurs actifs à la fois durant les campagne 2003 et 2004 devait permettre de rendre compte du suivi des activités de l’alphabétisation initiale (AI, 1ère année) à la formation de base complémentaire (FCB, 2e année).