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Patton (2015) stipule que les études qui utilisent plusieurs méthodes de collecte de données, comparativement à celles qui n’en utilisant qu’une, sont moins vulnérables aux erreurs, car les différentes sources permettent une validité par le croisement des différentes données. Ce croisement entre les entrevues semi-structurées et les autres techniques de collecte de données que nous avons mis à profit sont d’ailleurs largement utilisés en recherche qualitative (Fontana & Frey, 2005 ; Kitzinger, 1995). Ainsi, nous avons privilégié des entrevues semi-structurées, un questionnaire de données sociodémographiques, et un journal de terrain afin de mener à bien la collecte de données.

3.4.1 Les entrevues semi-structurées

Selon Sandelowski (2000), la collecte de données dans une étude descriptive qualitative est typiquement orientée vers la découverte du qui, du quoi et du lieu des expériences, ou encore de leur nature fondamentale. Pour ce faire, l’étudiante-chercheuse a réalisé des entrevues semi-structurées individuelles qui se sont appuyées sur un guide d’entrevue qui avait été préalablement élaboré par celle-ci. Les questions de recherche ont permis de guider la conception des questions présentes dans ce guide d’entrevue. De plus, les éléments préalablement exposés dans le chapitre de la recension des écrits ont permis la création de probes. Ces questions sont organisées selon un ordre logique particulier qui a pu être modifié en fonction des réponses fournies par chacun des participants (Morse &

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Richards, 2002). En effet, le guide d’entrevue a été réalisé en débutant par quelques questions ouvertes qui nous permettaient de contextualiser l’expérience de prise de décision. Par la suite, quelques questions sur la prise de décision visaient à faire émerger les différentes composantes de l’expérience de la prise de décision substituée. Comme notre objet de recherche est associé à un sujet de conversation délicat, les entrevues individuelles ont revêtu un caractère particulier en permettant d’approcher ce sujet en profondeur tout en étant sensible aux émotions vécues par les participants.

En accord avec les indications de Fontana (2002), tout a été mis en œuvre de façon à faciliter la collaboration entre les participants et l’étudiante-chercheuse. Il a été primordial que l’étudiante-chercheuse s’assure d’établir un climat de confiance pour les participants, dès le début du processus. En effet, l’étudiante-chercheuse a placé le participant au cœur de l’entrevue en respectant sa représentation du phénomène. Il demeure essentiel que l’étudiante-chercheuse s’assure d’expliciter l’importance de la contribution des participants par le partage de leur expérience vécue. Grâce à cet « espace de reconnaissance », comme stipulé par Fontana (2002), nous avons rendu audible l’expérience du participant qui demeure souvent non entendu. Des questions ouvertes ont été posées aux participants dans le cadre de ces entrevues semi-structurées; il est à noter que les participants ont pu s’exprimer en toute liberté sur chacune des questions qui leur étaient soumises, mais aussi quant à différents sujets qui gravitaient autour de ces questions.

Les participants, prenant part aux entrevues semi-structurées, ont été informés du déroulement de la rencontre, mais également de celui de la recherche. Après avoir obtenu le consentement de ceux-ci, les entrevues ont été enregistrées sur bande audio de façon à ce que leur contenu soit retranscrit selon le système de notation de Silverman (1993). La durée prévue des entrevues a été entre 60 et 90 minutes. Celles-ci ont été réalisées par l’étudiante-chercheuse.

3.4.2 Le questionnaire sociodémographique

Au début de chaque entrevue semi-structurée, un formulaire, spécialement conçu, a été utilisé par tous les participants pour recueillir certaines données sociodémographiques. Ces données ont permis d’informer l’étudiante-chercheuse

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relativement à leur profil respectif. Des questions sur l’âge, la religion, la profession, le diplôme obtenu, le lien qui unit le patient au proche qui a dû prendre une décision substituée, la présence ou non de directives anticipées et la quantité de temps qui s’est écoulée depuis cette prise de décision ont été regroupées dans ce questionnaire.

3.4.3 Le journal de terrain

Le journal de terrain consiste en un journal de bord où l’étudiante-chercheuse a noté, au fil des jours, l’évolution de la recherche. Ce journal de terrain a été un soutien essentiel à la collecte des données et à la réflexion de l’étudiante-chercheuse. Selon Savoie- Zajc (2000), le journal de bord remplit trois fonctions, soit de permettre un travail réflexif pendant la recherche, de fournir au chercheur un endroit pour exprimer ses interrogations et ses prises de conscience, et de consigner les informations qu’il juge pertinentes. Une fois que le travail de terrain est terminé, le journal de bord permet de « retrouver la dynamique du terrain et de reconstituer les atmosphères qui ont prévalu pendant la recherche » (Savoie-Zajc, 2000).

Le journal de terrain a été d’abord composé de deux parties distinctes, même si celles-ci étaient en étroite relation. Conformément aux directives suggérées par Beaud et Weber (2003), l’étudiante-chercheuse a utilisé les pages de droite pour le journal d’enquête et celles de gauche pour le journal de recherche. Pour le journal d’enquête, chacune des pages a été associée à un lieu ou à une personne spécifique qui a été identifiée, dans la partie supérieure, ainsi que la date correspondante. Les données non verbales recueillies lors des entrevues y ont été consignées ainsi qu’une description de l’étudiante-chercheuse sur le déroulement des entrevues. Celle-ci a noté, également, des informations ayant trait à ses impressions, suite aux entrevues. Des articles de presse, des articles scientifiques et de recherches, des livres, des photos et des références personnelles ainsi que des conversations avec des collègues ont aussi été intégrés dans ce journal d’enquête. Dans le journal de recherche, l’étudiante-chercheuse a consigné divers questionnements et analyses, sous forme de texte continu, ayant trait au journal d’enquête. Comme Beaud et Weber (2003) l’indiquent, ces courts textes constituent en quelque sorte les « premiers embryons » du plan de rédaction. Le journal de terrain a permis à l’étudiante-chercheuse de privilégier la réflexivité en se soumettant elle-même à un « interrogatoire approfondi » durant lequel elle

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a du se questionner sur ces motivations à mener cette recherche, sur sa propre position quant aux différents sujets abordés, sur ce qu’elle pense des participants de l’étude, sur sa dépendance à ses propres collègues, sur les liens qu’elle entretient avec ceux-ci et sur les individus qui lui sont sympathiques ou antipathiques (Beaud & Weber, 2003).