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l’autre improvisateur : le pianiste romantique

I. Chapitre 3- Art Tatum le virtuose absolu

Le vrai génie ne cherche pas obligatoirement à communiquer… En réalité, il lui manque le moyen d’exprimer avec les mots ce qu’il ressent intérieurement, il ne peut s’exprimer que par l’intermédiaire de son art… Il ne fait aucun cas de ce qu’il éprouve, il ne tient nullement compte de sa personne, se néglige et se consume… Il brûle en dominant son art mais en aucun cas il ne tente d’arrêter la combustion qui le dévore, il l’ignore. Sa relation au monde est aveugle. Il ne se voit pas du tout1. La place qu’occupe Art Tatum dans le domaine musical dépasse de beaucoup le monde du jazz. Au-delà des styles, c’est avant tout la performance technique absolue de ce pianiste qui surprend l’auditeur. Sur ce plan, si Franz Liszt a marqué de sa personnalité le XIXe siècle, c’est bien Art Tatum qui, au XXe siècle, semble bénéficier d’une aura identique. Les commentaires unanimement élogieux émis par différentes personnalités du monde de la musique le prouvent largement. Ne serait-ce que Robert L. Doerschuk qui met Tatum sur un pied d’égalité avec Shakespeare ou Jules César : « Dans presque tous les domaines, dont les arts, les véritables géants ont eu à partager leur trône avec d’autres qui étaient, sinon leurs égaux ou presque. Seules quelques exceptions peuvent venir à l’esprit : Shakespeare par exemple, Jules César peut-être. S’il en est un qui fait consensus à ce sujet c’est, d’une manière absolue, Art Tatum. Il est unanimement considéré comme le plus grand pianiste de jazz qui ait vécu2. »

1

“The true genius is not helpfully communicative... In reality, he lacks the key to verbal communication of his inner motivations, except within his art... He does not seek self-knowledge, gives not account of himself, neglects and consumes himself... He burns up, but does not defy the burning: rather, he ignores it. He does not see himself in relation to the world. He doesn’t see himself at all.” Hildesheimer, Mozart [on the difference between the true genius and the would-be genius], In. LESTER (James), Too Marvelous For Words, The life & Genius of Art Tatum, Oxford university Press, Great Britain, 1994, 240 p.

2

[Traduction] In nearly all disciplines and arts, the true giants have had to share their thrones with others of equal or nearly equal stature. Only a very few exceptions come to mind: Shakespeare, for example. Julius Caesar, perhaps. And, definitely, Art Tatum, by consensus the greatest jazz pianist who ever lived. DOERSCHUK (Robert L.), 88 The Giants of Jazz Piano, Published by Backbeat Books, 600 Harrison Street, San Francisco, USA, 2001, p. 58.

Peut-être semble-t-il excessif de comparer Tatum à des géants de l’histoire de l’humanité, en tout cas, Laurent de Wilde le place au dessus de tous les autres : « Quand à Art Tatum, pour ne citer que lui, il faisait frissonner, outre Horowitz, les musicologues les plus pointus3. » Cette supériorité absolue est due, dans une large mesure, à une profonde originalité et à une stupéfiante technique pour un pianiste de jazz, comme le rappelle Stanley Dance : « Il était certainement l’un des plus grands et des plus originaux pianistes qu’il m’ait été donné d’entendre au cours de ma vie. Il était capable de faire avec sa seule main gauche ce que les autres faisaient avec la droite4. » George Shearing juge son style unique même s’il perçoit un lien de parenté avec les pianistes de stride qui l’ont précédé : « Ayant écouté “Fats” Waller en Angleterre, j’ai pu constater quelques similitudes entre eux deux, le stride leur étant commun. D’ailleurs, n’importe quel pianiste qui jouerait du stride ne pourrait éviter de se référer musicalement aux autres grands pianistes de Harlem, tels John P. Johnson et Willie “The Lion” Smith, cependant à leur différence, Tatum avait créé son propre vocabulaire musical. Ses traits et son vocabulaire étaient uniques mais ils étaient l’essence du jazz5. »

Tatum ne connaît pourtant qu’une reconnaissance relativement tardive de la part du journalisme spécialisé dans le jazz puisqu’après un début très remarqué, il traverse une passe difficile avant d’être « redécouvert » à la fin de sa vie : « Cette série d’enregistrements fit découvrir Tatum à la jeune génération et le rappela au bon souvenir des plus âgés. Les ventes de disques s’accrurent : pendant les trois années [1954, 55, 56] il fut élu pianiste de jazz de l’année par les critiques du magazine Down Beat, devant Teddy Wilson, Erroll Garner, Nat Cole, Oscar Peterson et tous les pianistes de be-bop. L’éclipse de la fin des années quarante avait pris fin et il était à nouveau sous les feux de la rampe6. » Alors qu’il paraît, selon les

3

DE WILDE (Laurent), Monk, Collection folio, Éditions Gallimard, 1996, p. 4.

4

[Traduction] He was certainly one of the greatest and most individual pianists I’ve ever heard in my life. He could do as much with his left hand as most people could do with their right. DANCE (Stanley), The world of Earl Hines, Published by Charles Scribner’s sons, New York, USA, 1977, p. 73.

5

[Traduction] Having heard Fats Waller in England, there was a little bit in common between the two of them as both of them played stride, and anyone playing in the stride style couldn’t avoid incorporating something of Fats, as well as the other great Harlem players like James p. Johnson and Willie “The Lion” Smith, but Tatum had his own musical vocabulary. His runs and figures were unique, but they were the essence of jazz. SHEARING (George) with SHIPTON (Alyn), Lullaby

of Birdland, The Autobiography of George Shearing, The Continuum International Publishing

Group Inc 15 E 26 Street, New York, USA, 2004, p. 151.

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[Traduction] This outpouring of recordings put a spotlight on Tatum for a new generation, and reminded an older generation of his stature. The effect showed in the polls: For three straight years (1954, ’55, ’56) he was voted the top jazz pianist by the Down Beat critics, over Teddy Wilson, Erroll Garner, Nat Cole, Oscar Peterson, and all the be-bop pianists. The eclipse of the

périodes, boudé par les critiques de jazz, Tatum est extrêmement populaire dans l’Amérique de son temps, comme en témoigne Joe Howard : « Joe Howard, qui quelque temps plus tard rédigera la première thèse de doctorat sur Art Tatum, me raconta qu’il l’avait approché afin d’obtenir un autographe : “M. Tatum, pourrais-je avoir un autographe ?” “Je pense que j’avais à peu près 19 ans, j’étais en uniforme de G.I et il me dit” : ‘Bien sûr mon gars !’ “Alors il sortit un tampon avec son nom dessus. Je n’oublierai jamais cela, il avait un tampon7 !” »

Cette Amérique qui, enfin, célèbre ses musiciens de jazz, à l’image de ce qui s’était passé au milieu du siècle précédent en Europe pour les musiciens issus de la musique savante : « C’est bien au cours des années 1830 que l’on apprend à mener une carrière de vedette. Tout cela ne souligne que la part mondaine de l’activité virtuose, dans un monde qui a obligation d’aller au théâtre, de chanter ou de jouer du piano dans les réceptions, d’applaudir à l’éblouissante féérie du bel canto. Cette même société élégante va perdre de sa futilité : elle apprend à célébrer la

musique8. » Ce qui ne peut que renforcer Art Tatum dans l’intime conviction qu’il est le meilleur ; comme le souligne James Lester, les heures accumulées jours et nuits derrière le clavier du piano lui avait donné une confiance inébranlable en sa virtuosité, il jouait aussi naturellement qu’il respirait. Lester cite d’ailleurs l’opinion de Bill Randle au sujet de l’assurance qu’il avait en lui : « Il savait non seulement qu’il était un grand virtuose, mais il pensait être le plus grand de tous9. »

Un avis qui n’est pas aussi tranché pour l’éminent Gunther Schuller qui, sans contester la virtuosité écrasante de Tatum, soumet l’admirateur du pianiste noir à un certain nombre d’interrogations10. En premier lieu, Schuller constate que nul autre pianiste que Tatum n’a été autant contesté tout en étant déifié par ses admirateurs, souvent eux-mêmes musiciens. Les critiques les plus négatives, le concernant, datent de la fin de sa vie et après sa mort en 1956. Là aussi, Schuller relève un paradoxe puisque pour lui, la production de Tatum de cette période peut être considérée

late 1940s had passed and he was again in the limelight. LESTER (James), Too Marvelous For

Words, The life & Genius of Art Tatum, Oxford university Press, Great Britain, 1994, p. 213.

7

[Traduction] Joe Howard, who much later would write the first doctoral dissertation about Tatum, told me about approaching him for an autograph: “. . . Mr. Tatum, may have your autograph?” I think I was a 19-year-old GI, I had my uniform on, and he said, “Sure, baby,” and out of his pocket he pulled a stamp pad and out of his right a stamp, and he stamped his name, Art Tatum. He had a stamp! I never forgot that. Ibid., p. 180.

8

Biget-Mainfroy Michelle, Le Virtuose en son Atelier : du « Puff » à l’Écriture, In DUFETEL (Nicolas) et HAINE (Malou), direction scientifique, Franz Liszt Un Saltimbanque en Province, Collection Perpetuum Mobile, Éditions Symétrie, 2007, p. 400.

9

[Traduction] In fact, in Bill Randle’s opinion, “He knew he was a great player, in fact he thought he was the greatest player of all.” LESTER (James), Too Marvelous For Words, The life & Genius

of Art Tatum, Oxford university Press, Great Britain, 1994, p. 206.

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comme son œuvre la plus aboutie. Selon le musicologue-musicien, le malentendu viendrait du fait que l’art de Tatum est surtout enraciné dans l'unicité et le produit de la solitude. Tatum ne peut être rattaché à l’évolution d’un style quelconque, il est inclassable. Dans une large mesure, l’art et la carrière que Tatum a développés en parallèle ne trouvent pas d’écho dans l’évolution historique du jazz, que ce soit pendant l’ère du swing ou plus tard pendant le be-bop et le jazz moderne. Tatum était artistiquement un solitaire, non seulement parce qu’il a passé la majeure partie de sa carrière à jouer en soliste – comme nous le verrons, il a joué de manière intermittente avec des ensembles car il semblait plus à l’aise quand il était seul – mais également dans le sens qu’il se tenait toujours à l’écart des tendances stylistiques majeures. Pour Schuller : « Finalement, dans tout son éclat, l’art de Tatum reste éclectique et prévisible mais il n’est pas de ceux qui engendrent une descendance. On peut admirer Tatum, l’aduler, être émerveillé par la maîtrise technique avec laquelle il construit ses improvisations, mais l’on n’est pas forcé de marcher dans ses pas. […] Pendant les années trente et quarante il y eut une flopée de “petits Tatum” qui apparurent, mais tous étaient largement inférieurs à lui, n’ayant ni la compétence technique, ni le niveau musical que seul un Oscar Peterson saura afficher, s’inscrivant ainsi en successeur du maître11. »

Hormis l’argument discutable qu’Oscar Peterson s’inscrive en successeur d’Art Tatum, nous reviendrons plus en détail sur le style de Tatum, mais auparavant, intéressons-nous à la fascination, voire au sentiment de pétrification qu’il peut exercer sur les pianistes qui l’ont côtoyé. Mettons d’ailleurs en regard aux différents témoignages qui vont suivre ce que l’on a dit de Franz Liszt à ce sujet : « Ce virtuose qui fascine tous les auditoires possède une telle perfection de la maîtrise digitale que celle-ci rend l’interprétation de ses œuvres impossible à tout exécutant de l’époque12. » Oui, en son temps, Franz Liszt, à l’image d’un Paganini au violon, a régné sans partage sur le terrain de la virtuosité pianistique et a terrassé sans efforts

11

[Traduction]For Tatum was artistically a loner, not only in the sense that he spent the major part of his career as a solitary soloist – he performed in ensembles only intermittently and, indeed, seemed more comfortable as a solo player – but also in the sense that he always stood apart from any major stylistic trends. In the end, for all its brilliance, Tatum’s art – craft is perhaps a more apt term – remains eclectic, largely predictable, and surface – of a high order, to be sure, but not one that compels others to follow. One could admire Tatum, adulate him, marvel at the technical mastery with which he endowed his musical concepts, but one was not necessarily inclined to follow in his footsteps. . . During the thirties and forties a string of “little Tatums” appeared among pianists, but all were definitely inferior, either lacking Tatum’s technical proficiency or unable to develop artistically beyond his level, in the sense that Oscar Peterson, for example, has been able to do. SCHULLER (Gunther), The swing Era/The development of jazz 1930-1945, Oxford University Press, Great Britain, 1989, p. 477 à 478.

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BIGET-MAINFROY (Michelle), Le Virtuose en son Atelier : du « Puff » à l’Écriture, In. DUFETEL (Nicolas) et HAINE (Malou), direction scientifique, Franz Liszt Un Saltimbanque en Province, Collection Perpetuum Mobile, Éditions Symétrie, 2007, p. 391.

les concurrents qu’il trouvait sur son chemin. On peut réellement dire qu’il en est de même pour Art Tatum. Dès le départ, afin de régner sans partage, il affronte les virtuoses du stride et leur fait rendre les armes au cours d’un duel épique que nous avons retracé précédemment de façon succincte. Néanmoins, voici la manière dont Robert Doerschuk décrit le duel : il évoque un auditoire abasourdi malgré les propos préliminaires décontractés de « Fats » Waller. Étant donné le niveau de virtuosité affiché par Tatum, les pianistes de stride ne se sont pas fait d’illusions. Mais courageusement et par amour du jeu, ils ont tenté de relever le défi. Ainsi, James P. Johnson enchaîne-t-il immédiatement après Tatum avec Carolina Shout, ses mains semblant possédées par le démon. Mais cela ne suffit pas. Waller dégaine Handful of

Keys. Tatum a toujours l’avantage quand il réplique avec son Tiger Rag13. James P. essaye une nouvelle fois avec sa version de l’Étude Révolutionnaire de Chopin. La suite est relatée par Maurice Waller, le fils de « Fats » : « Papa m’avait dit qu’il n’avait jamais entendu James P. jouer d’une manière aussi remarquable, mais le tournoi tourna court : Tatum était le roi incontesté14 ». Plus tard, James P. a admis que lorsque Tatum avait interprété sa version de Tea for Two15 cette nuit là, elle lui était apparue comme la version insurpassable. À l’occasion d’une interview pour le

New York Times, « Fats » Waller évoque cette rencontre en ces termes : « Ce Tatum,

il est juste trop bon… Il a trop de technique. Quand il allume le feu, personne ne peut l’éteindre. Il sonne comme un orchestre tout entier16. » Par sa victoire à ce duel, Tatum inscrit durablement sa supériorité et s’assoit sur le trône de la virtuosité absolue : James Lincoln Collier explique qu’en quelques jours, le monde du jazz de New York le célèbre comme on célèbre un souverain, comme bien peu d’artistes ont été célébrés jusque-là.

Les gens qui le connaissent et l’admirent l’amènent dans les cabarets et les clubs de jazz ouverts jusqu’à l’aube pour jouir de l’effet qu’il produit invariablement sur ceux des musiciens qui ne l’ont pas encore entendu. Sans le vouloir, il inspire aux autres pianistes une véritable terreur. La plupart se refusent à jouer quand Tatum

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Non enregistré dans le coffret SOLO MASTERPIECES mais dont une version peut être écoutée dans un disque enregistré en 1933 sous le label Brunswick Records et consultable sur une plateforme internet avec ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=xu7UP4wdn7I.

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[Traduction] “Dad told me he never heard Jimmy play so remarkably,” Maurice Waller concludes. LESTER (James), Too Marvelous For Words, The life & Genius of Art Tatum, Oxford university Press, Great Britain, 1994, p. 76.

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Plage 11, Volume Two (0-25218-0433-2), ART TATUM : THE COMPLETE PABLO SOLO MASTERPIECES, (7PACD-4404-2), Pablo Records, Tenth & Parker, Berkeley, CA 94710, P & C 1992, Fantasy, Inc. All rights reserved, Printed in U.S.A.

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[Traduction] And in an interview with the New York Times, Fats capped his recollection of that night with this: “That Tatum, he was just too good… He had too much technique. When that man turns on the powerhouse, don’t no one play him down. He sounds like a brass band.” Ibid. p. 76.

se trouve dans le même club qu’eux et on a souvent raconté que les autres pianistes se sentent si nerveux en présence de Tatum, qu’ils cafouillent même dans les morceaux qu’ils ont l’habitude de jouer chaque soir. Le respect que Tatum inspire, même aux meilleurs pianistes, est souligné par l’anecdote suivante : « “Fats” Waller s’apprêtait à se mettre à son piano, dans le club où il jouait, quand il s’aperçut de la présence de Tatum. Il se releva vivement de son tabouret et s’écria : “Je joue du piano, comme à l’accoutumée, mais, ce soir, c’est Dieu en personne qui se trouve parmi nous17.” ».

Pendant les dix ans qui suivent ses débuts, Tatum voit sa réputation s’étendre parmi le grand public. De temps en temps, il travaille dans des orchestres, mais la plupart du temps, il joue en soliste. Voici quelques remarques traduites de l’ouvrage de James Lester : « À l'écoute d'un vraiment bon pianiste on pourrait dire, “je ne pourrai jamais le faire.” Mais confrontés à Tatum, beaucoup de musiciens s’étaient dit, “Personne ne peut faire ça !” “Pour l’avoir entendu jouer”, un pianiste écrivit, “C’était aussi impressionnant que si j’avais vu la Comète de Halley ou le Grand Canyon18…” » Bien que ces propos puissent sembler exagérés, ils sont pourtant confirmés par bien d’autres : « De nombreux musiciens qui envisageaient de faire une carrière de pianiste renoncèrent à celle-ci à l’écoute d’Art Tatum. Ainsi, Les Paul19 le guitariste renommé, était pianiste au départ, de même que Everett Barksdale20 disant de lui : “C’est incroyable, je ne pense pas que quelqu’un puisse faire cela sur un piano21 !”. » D’autres, à l’image de Johnny Guarnieri22, tout en faisant carrière dans le piano, regrettèrent toujours de ne pouvoir, ne serait-ce que jouer un seul morceau d’Art Tatum convenablement. Certains enfin, s’épuisèrent à jouer comme lui au détriment de leur propre créativité. Maints autres témoignages abondent en ce sens, comme celui de Joe Turner23 : « Après cela, [La démonstration

17

COLLIER (James Lincoln), L’aventure du jazz, Du swing à nos jours, traduit de l’américain par Yvonne et Maurice Cullaz, Albin Michel, 1981, p. 145.

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[Traduction] Listening to a really good pianist one might say, “I could never do that.” But confronted with Tatum most musicians have said to themselves, “Nobody can do that!” “To have heard him play, “ one pianist wrote, “was as awe-inspiring as to have seen the Grand Canyon or Halley’s comet…” LESTER (James), Too Marvelous For Words, The life & Genius of Art Tatum, Oxford university Press, Great Britain, 1994, p. 9.

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Lester William Paulus, plus connu sous le nom de Les Paul est un guitariste américain né en 1915 et décédé en 2009.

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Everett Barksdale est un guitariste américain né en 1910 et mort en 1986.

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[Traduction] Some people who thought they were becoming piano players gave up the instrument for another; for example, Les Paul, the renowned guitarist, told me : “When I saw Tatum, and heard Art Tatum, I quit playing the piano… […] Everett Barksdale: “This is unbelievable, I don’t