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Quelles « catégories » pour les pratiques culturelles ?

A.2.

D'abord, se pose la question de l'inscription de l'histoire vivante entre « démocratisation de la culture » et « démocratie culturelle ». Ces deux manières d'aborder la question du point de vue des politiques publiques renvoient à deux conceptions différentes de l'accès aux pratiques. Cette démocratisation renvoie à la volonté de « réduire les inégalités d'accès à

la "haute culture", à la culture "savante" […]. Cette conception se donne pour objet de lever les obstacles à la fréquentation des œuvres du patrimoine et de la création contemporaine, notamment à travers la mise en œuvre d'un programme d'aménagement culturel du territoire […]. Centrée sur la réduction des écarts sociaux et géographiques des chances d'accès à la culture, cette conception est indirectement prise à partie par les théories critiques de la distinction et de la légitimité culturelle »258. Tandis que la tendance au « développement culturel », « soucieux des identités locales ou régionales, des cultures

minoritaires et des traditions populaires », met l'accent sur les « écarts observés dans la fréquentation des équipements culturels ou dans la fréquence des pratiques » et analyse

257Jean Caune (1997), « Pratiques culturelles,... », in Jean-Pierre Sylvestre (sous la dir. de), Toutes les

pratiques culturelles se valent-elles ?, op. cit., p. 175.

ces faits « en termes de différence plutôt qu'en termes d'inégalités »259. L'histoire vivante, à travers les objectifs qu'elle se donne (transmettre des connaissances sur l'histoire, acquérir des savoirs et savoir-faire spécifiques), semble davantage se positionner du côté d'une démocratie culturelle. En effet, son cadre d'expression se situe relativement loin d'une culture « savante », étant donné qu'elle se réapproprie un savoir pour le transmettre de manière différente à celle habituellement utilisée ; il n'est pas question de présenter une histoire statique, livresque, mais bien de montrer du « vivant », du « concret ». Elle mobilise un savoir « légitime » (une connaissance historique) et le transforme quant à sa diffusion (en dehors du support écrit, mais aussi en dehors des vitrines figées des musées). À cet égard, il est intéressant de noter que « l'idée de démocratie culturelle […] fonde une

stratégie politique alternative, qui est très présente notamment dans le monde anglo- saxon »260. Il n'est pas étonnant de retrouver cette référence aux politiques culturelles anglaises en ce qui concerne l'histoire vivante, puisque cette dernière est extrêmement développée dans ce pays. Le modèle s'est peut-être alors étendu à la pratique française. Pourtant, les lieux sur lesquels elle se donne à voir (en présence de public) demeurent souvent des équipements culturels « traditionnels », même si la plupart du temps la notoriété du lieu n'est pas son atout principal. Ainsi, les Rencontres internationales se déroulent au sein des locaux universitaires bourguignons, et le Festival d'histoire vivante sur le site d'un parc archéologique. Tout se passe comme si la pratique visait à regrouper les deux actions politiques. D'un côté, une manière de faire peu conformiste aux schèmes d'une culture dominante et, de l'autre, une appropriation de lieux considérés comme culturellement légitimes. Pourtant, ces axes ne s'opposent pas puisque « par des voies

différentes, [ils] poursuivent une objectif commun ».261 Il y a une synthèse de deux façons d'aborder un domaine culturel. L'écart entre culture « savante » et culture « populaire » semble se réduire pour donner lieu à d'autres manières de faire.

Il faut aussi prendre en compte les différentes données statistiques concernant les pratiques culturelles en France et délimiter la place de l'histoire vivante en leur sein. Pour ce faire, les nomenclatures définies par l'INSEE peuvent servir de support d'analyse.

259Ibid.

260Ibid. 261Ibid., p. 11.

Les « nomenclatures des activités françaises » (NAF), permettent un premier cadrage. Celles de 2008 apportent des éléments riches. L'histoire vivante, telle qu'elle a été précédemment définie, se place dans la section « R » : « arts, spectacles et activités

récréatives », qui « comprend un vaste éventail d'activités destinées à répondre aux intérêts du grand public en matière de culture, de divertissement et de loisirs, y compris les spectacles et l'exploitation de musées, de salles de jeux, d'équipements sportifs et récréatifs »262. Cette section, très vaste, permet d'inscrire à la fois la reconstitution et les AMHE au sein de la culture, des loisirs et des équipements sportifs et récréatifs. Toutefois, des distinctions apparaissent dès que l'on s'attache à vouloir uniformiser la démarche. À cet égard, plusieurs « divisions » peuvent être prises en compte. En premier lieu, la « 90 », dont une sous-classe comprend les « activités exercées par des artistes indépendants tels

que des acteurs, danseurs, musiciens, conteurs ». Dans cette division, il est possible

d'inscrire les professionnels de l'histoire vivante, intermittents du spectacle, et particulièrement les musiciens.

Par ailleurs, tout ce qui concerne les parcs archéologiques, les reconstitutions de bâtiments ou plus simplement les événements se déroulant dans les musées par exemple, peuvent entrer dans la division « 91 » qui regroupe les « activités des bibliothèques et des archives,

la gestion des musées de toute nature, des jardins botaniques et zoologiques, la gestion des sites historiques et les activités des réserves naturelles. Elle comprend également la préservation et l'exposition des objets, sites et curiosités naturelles présentant un intérêt historique, culturel et éducatif (sites du patrimoine mondial, etc.) ». Cette division

englobe, par ailleurs, tout ce qui a trait à la gestion des « sites et monuments historiques et

des attractions touristiques similaires ».

La division « 93 », quant à elle, peut donner à voir ce qui concerne les AMHE (« cette

division comprend les activités sportives, récréatives et de loisirs »). Le vocabulaire utilisé

mentionne principalement les activités « sportives », mais le côté physique des pratiques est aussi pris en compte. Enfin, le reste des associations d'histoire vivante peut être mobilisé dans une autre section : « S » : « autres activités de services », division « 94 », qui gère les « activités des organisations associatives ».

Il est important de préciser que nulle mention n'est faite de l'histoire vivante en tant que telle. Ces inscriptions au cœur de plusieurs divisions relèvent d’une approche sociologique, en fonction des données recueillies lors du terrain. Ainsi, plusieurs divisions, voire sections, peuvent prendre en compte des manières de faire de l'histoire vivante. Une même activité est découpée entre plusieurs catégorisations et n'a aucune unité au sein des nomenclatures. La question se pose de la place de cette démarche au sein d'une nomenclature unique. Englober d'une façon générale l'activité semble impossible. Ceci peut être analysé sous l'angle de la diversité de la pratique (associations, professionnels, reconstitution, AMHE, etc.) mais aussi au regard d'une méconnaissance de celle-ci. Sa « non-prise en compte » révèle bien la faible reconnaissance dont elle fait preuve.

Par ailleurs, une catégorie supplémentaire peut être présentée ; il s'agit du « spectacle

vivant » (« 90.01 »), qui englobe les « spectacles historiques, son et lumière ». Cette

association de termes interpelle quant à l'histoire vivante. Le terme de « spectacle

historique » pourrait éventuellement renvoyer à la pratique, si l'on associe le spectacle à

l'animation. Mais l'association qui est faite entre « spectacle » et « son et lumière » invite à aborder la donnée du point de vue de la mise en scène et du « spectaculaire », éloignant ainsi l'« historique » de la reconstitution. Là encore, les catégories définies par l'INSEE ne semblent pas faire sens pour l'histoire vivante.

Pourtant, en dehors de ces catégories organisatrices du réel, d'autres éléments informatifs quant à l'histoire vivante peuvent apparaître dans l'enquête Les Pratiques culturelles de

Français : « Depuis 1973, le Département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS) du ministère de la Culture et de la Communication propose à travers l'enquête

Pratiques culturelles des Français une photographie des rapports que les Français

entretiennent avec la culture et les médias. »263 L'édition de 2008 favorise la mise en relation de l'histoire vivante avec les actions culturelles. « La sociologie de la culture, telle

qu'elle a été consolidée par cette enquête longitudinale, présente le mérite d'avoir produit un savoir positif issu de la description des pratiques culturelles et des concepts éclairants pour l'explication de celles-ci. Dans cette perspective, les pratiques culturelles ont été implicitement analysées dans les termes durkheimiens d'un fait social à expliquer. »264

263Olivier Donnat (2009), Les Pratiques culturelles des Français à l'ère numérique : enquête 2008, Paris,

La Découverte, p. 7.

En premier lieu, la « culture de sortie » peut être présentée. « Plus des deux-tiers des

Français continuent à exprimer une très nette préférence pour les loisirs extérieurs à leur domicile […]. La culture de sortie ne se limite pas aux seules sorties culturelles, elle embrasse aussi des sorties plus directement tournées vers la sociabilité amicale ou la distraction. »265 Il est indéniable que les manifestations d'histoire vivante constituent une « sortie » pour le public. Ce n'est pas une action culturelle qui entre dans un cadre domestique mais qui, au contraire, a besoin de sorties à l'extérieur. Certains reconstituteurs sont, par exemple, prêts à faire plusieurs centaines de kilomètres pour se rendre sur un événement. En outre, du point de vue des pratiquants, aller sur une manifestation (parfois des fêtes médiévales) peut être motivé par un besoin de sociabilité amicale, davantage que pour l'attrait culturel de la présentation en question : « Les fêtes médiévales, ce n'est pas ce

que je préfère. J'en fais parfois une par an juste pour le plaisir d'être avec ceux qui m'invitent à y participer. J'y vais parfois en famille en tant que visiteur pour voir des copains qui sont en animation. » On retrouve la notion de sortie, à but de socialisation, de

même que la notion de groupe de pairs que les reconstituteurs vont chercher à reformer à l'occasion de ces sorties.

Vient ensuite la question des équipements culturels. Pour l'enquête de 2008, les lieux de spectacle vivant ne concernent pas l'objet d'étude, puisqu'ils comprennent essentiellement les concerts, manifestations théâtrales, etc. En revanche, les visites des lieux de patrimoine (monument historique, site archéologique, son et lumière) apportent des éléments intéressants si l'on part du principe que certains de ces lieux peuvent englober des manifestations d'histoire vivante. D'une manière générale, 62 % des Français ne se sont jamais rendu dans un lieu de patrimoine au cours des douze mois précédents l'enquête. Un archéosite pouvant faire partie des équipements culturels, la faible fréquentation de ces structures joue aussi sur le manque de (re)-connaissance de l'histoire vivante. De plus, « les

sorties et visites culturelles étant, plus que toute autre pratique culturelle, dépendantes de l'existence d'une offre, les inégalités liées au lieu de résidence ont tendance à redoubler celles attachées à la position sociales des personnes : la propension à fréquenter les équipements culturels augmente avec la taille des communes »266. Cette assertion se vérifie dans le cadre des événements d'histoire vivante. Ainsi, le Festival de Marle touche

265Olivier Donnat ((2009), Les Pratiques culturelles..., op. cit., pp. 33-36. 266Ibid., p. 172.

essentiellement un public régional, malgré la proximité de la capitale et la publicité faite autour de la manifestation.

Les musées forment un équipement culturel à ne pas négliger. Leur fréquentation a légèrement baissé au cours des douze derniers mois précédents l'enquête, passant de 33 % à 30 %. « Ce léger recul semble concerner plutôt les musées d'histoire et de société que les

musées d'art. »267 De même pour les sites archéologiques et les chantiers de fouilles, qui voient leur popularité sensiblement diminuer. Tous ces lieux sont intimement liés à l'histoire vivante, que ce soit pour les recherches effectuées par les pratiquants ou en tant que lieux de manifestations potentiels. Du point de vue médiéval, le musée national du Moyen-Âge a reçu, en 2009, 315 000 visiteurs268. Ce chiffre, à lui seul, ne donne que peu d'informations, mais comparativement à d'autres musées, notamment le musée national du château de Fontainebleau ou celui de l'Orangerie des Tuileries (qui ont fait respectivement 346 000 et 569 000 entrées), le musée de Cluny demeure en retrait. Toutefois, une augmentation significative des entrées depuis 2007 permet de nuancer le propos. En outre, l'année 2011 voit pour la première fois des interventions d'histoire vivante à Cluny, principalement d'AMHE, dans le cadre de l'exposition « L'Épée ». Ainsi, de plus en plus, l'histoire vivante trouve à s'intégrer dans les équipements culturels. Pour donner un ordre d'idée, le musée des Temps Barbares, qui accueille le Festival d'histoire vivante, réalise chaque année 15 000 entrées, dont près de 6 000 pour le simple festival.

D'une manière générale, « la visite au musée apparaît plutôt comme une activité familiale

qui s'effectue souvent avec des enfants »269. Cette citation fait également sens pour les événements d'histoire vivante. Les diverses observations effectuées permettent d'insister sur ce point. Les différentes manifestations accueillent souvent des familles, beaucoup d'enfants. Cela est visible dans le cadre du Festival, mais aussi lors des Rencontres

internationales : là, le nombre de visiteurs est beaucoup moins important, mais la

proportion de familles avec des enfants reste élevée. Ainsi, l'histoire vivante peut apparaître comme une extension à la visite de musées.

Concernant un dernier type d'équipement culturel, les parcs de loisirs englobent aussi les parcs « à vocation culturelle ou éducative », ayant pour objectif d'utiliser des « attractions

267Ibid., p. 185.

268Sources : Centre des monuments nationaux ; ministère de la Culture et de la Communication/Direction

générale des patrimoines, cf. www.insee.fr.

dans leur muséographie (automate, train...). Ces équipements conservent une vocation pédagogique qui les assimile davantage à des écomusées, la muséographie moderne intégrant de plus en plus les techniques ludiques et récréatives »270. La forme ne correspond que peu à l'histoire vivante, mais le fond demeure similaire. Ainsi, dès qu'il s'agit de « parc » archéologique, est-il possible d'inscrire le lieu comme parc « à vocation

culturelle ou éducative » ? La question demeure ouverte, mais là encore, l'inscription de

l'histoire vivante dans une seule catégorie d'équipement culturelle semble impossible. Enfin, un point sur les spectacles de rue, en tant que catégorie de « spectacle vivant » présenté dans Pratiques culturelles des Français, peut être fait. « Les spectacles de rue ont

connu la plus forte progression au cours de la dernière décennie : ces derniers sont la forme de spectacle qui touche le plus grand nombre de Français du fait de leurs caractéristiques propres (inscription dans l'espace public, cadre festif, accès gratuit, etc.) mais aussi de la diversité des situations que ce terme peut recouvrir. »271 Il est possible de se demander si, compte tenu de ces caractéristiques, l'histoire vivante ne pourrait se situer dans la catégorie « spectacles de rue » ? Malgré tout, trop d'événements prennent place au sein de structures culturelles pour accepter d'emblée cette notion. En outre, le concept de spectacle, comme nous l'avons déjà précisé, ne fait pas sens pour l'histoire vivante et invite davantage à un amalgame d'activités distinctes. Le rapprochement qui peut en revanche être fait, est celui du lien entretenu entre le spectacle de rue et les fêtes médiévales, ces dernières ayant bien comme caractéristiques les éléments définis par le spectacle de rue (gratuité dans le cadre d'une fête de village par exemple, aspect festif, voire carnavalesque, j'y reviendrai). De plus, la progression enregistrée concernant ces spectacles sur ces dix dernières années correspond à la croissance des fêtes médiévales.

Si ces diverses catégories présentées, et notamment les équipements culturels, ne permettent pas de situer précisément la pratique de l'histoire vivante, elles donnent au moins à voir quelques éléments importants favorisant l'inscription de l'objet de recherche dans plusieurs cadres. En outre, cela autorise à délimiter des frontières par rapport aux autres activités et notamment la possibilité offerte d'inscrire la fête médiévale au sein des spectacles de rue, dont les propriétés ne sont pas cohérentes pour l'histoire vivante. La question des politiques publiques en matière de culture peut être interrogée : en effet,

270Cf. le site du Sénat, Rapport sur les parcs de loisirs en France, http://www.senat.fr/rap/l03-073-

320/l03-073-32029.html.

comment un intérêt politique quant à la question de l'histoire vivante, comme pratique culturelle, pourrait-il être mis en place puisqu'il semble extrêmement difficile de cerner l'activité et d'inscrire les manifestations dans un seul type d'équipement culturel ? Ceci peut expliquer, pour partie, la faible connaissance acquise sur l'histoire vivante, qui apparaît comme une démarche plurielle, pouvant prendre place au sein de plusieurs cadres.

Un autre point à prendre en compte concerne le public, à partir du moment où l'on aborde la question des équipements culturels. L'analyse en termes de fréquentations des manifestations s'est uniquement faite par le bais des observations. Il ne s'agit pas de dresser un portrait du public de l'histoire vivante, celle-ci ayant été abordée d'un point de vue « interne », mais simplement de dégager quelques pistes de réflexion pour une étude ultérieure. Il faut garder à l'esprit que le terme même de « public » regroupe plusieurs réalités. « La recherche s'est intéressée aux pratiques culturelles depuis que les études sur

les publics, autrement dit sur les destinataires des politiques culturelles, ont montré leurs limites […]. Au début des années quatre-vingt-dix, on est revenu à la valorisation de l'œuvre, donc du produit et peut-être d'un produit à vendre, mais l'intérêt pour la création est toujours prédominant et le souci du public reste faible. »272 La question du public apparaît comme secondaire et l'œuvre semble primordiale. De plus, « entendu au singulier,

le public est traditionnellement conçu comme l'ensemble homogène et unitaire des lecteurs, auditeurs, spectateurs d'une ouvre ou d'un spectacle. Parce que le public monolithe n'existe pas, un discrédit sociologique condamne l'emploi du singulier comme une naïveté du sens commun : il n'existe pas un public mais des publics […]. Il faut sans doute se garder de substantialiser le public tout en s'attachant à découvrir en quoi une telle catégorie participe à instituer l'individu qui se rend au théâtre ou au musée dans sa qualité de spectateur. Instituée par le politique, la catégorie de public véhicule à son tour des schémas d'action instituant l'acteur social »273. Ainsi, comme le reste du public de la culture, celui de l'histoire vivante n'échappe pas à cette catégorisation et il s'avère nécessaire de penser à la pluralité de visiteurs sur les manifestations, qu'elles soient de reconstitution ou d'AMHE. Les notions de transmission et d'échange prennent tout leur sens. De même, la médiation culturelle apporte un autre regard sur l'approche des publics de l'histoire vivante. Cette manière de faire favorise la communication avec d'autres types de visiteurs (j'y reviendrai dans le chapitre traitant de la transmission culturelle).

272Geneviève Poujol (1997), « Favoriser la création... », in Jean-Pierre Sylvestre (sous la dir. de), Toutes

les pratiques..., op. cit., pp. 165-166.

Une manière de prendre en compte la question du public dans l'enquête est possible grâce à la question 38 du questionnaire adressé aux reconstituteurs. L'item était le suivant :

« Comment pensez-vous que le public perçoit votre activité de reconstituteur ? » ; les

réponses sont multiples, allant, sur une échelle de perception, d'un extrême à l'autre :

« Tout dépend du public : parfois comme une simple représentation théâtrale, comme une visite annexe sur un lieu de vacances. Parfois avec un vrai intérêt pour l'histoire. » Soit les

reconstituteurs pensent que le public les prend pour des « dingues », soit à l'inverse qu'il est très intéressé par la démarche pédagogique qui lui est présentée : « Ils nous disent qu'ils

apprennent des choses. » Les termes les plus fréquemment employés renvoient aux notions

conjointes d'intérêt et d'amusement. Le public est réellement perçu entre deux pôles : attrait ou rejet. L'analyse des réponses montre qu'il est toutefois souvent vu comme « intéressé » ou bien comme « moqueur ».

En regroupant les réponses de façon à obtenir des tendances sur la perception du public comme « plutôt négative » ou « plutôt positive », il est possible de constater que les deux dimensions sont très proches, si la réponse « avec intérêt » est laissée de côté. En effet, le