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Caractéristiques des élèves

CHAPITRE II : CADRE D’ANALYSE ET DONNÉES

4. Caractéristiques des élèves

Dans ce groupe, nous n’entendons décrire que les variables endogènes ou variables individuelles, rattachées essentiellement à la personne de l’élève et à son parcours scolaire, même si nous avons conscience que la plupart des variables jouent de façon relative dans la scolarité. Par ailleurs, pour pouvoir réaliser une analyse objective des résultats d’élèves, il paraît logique de consacrer dans une section à part, la description des variables scores aux tests, et éventuellement d’autres variables qui influent sur les résultats, mais non assimilables directement aux facteurs endogènes.

L’âge : reste un facteur discriminant dans le cadre des analyses comparatives des performances des élèves. II permet de distinguer, parmi les élèves, des différences qui existent par rapport à une norme. En contexte africain, ce facteur est fluctuant dans la mesure où les conditions tant structurelles, sociales et économiques affectent de façon relative la scolarisation des enfants. Cela se traduit par le fait que certains élèves vont se retrouver à l’heure, en avance ou en retard par rapport à une classe donnée. En général, l’âge légal d’entrée à l’école primaire est de 6 ans dans la plupart des pays d’Afrique francophone. Cet âge n’inclut pas les deux années de préscolarisation. Par rapport aux classes ciblées par cette étude, cela voudrait dire que les élèves à l’heure (AGENORM) devraient avoir entre 7 et 8 ans en 2e année et 10 à 11 ans en 5e année.

Tableau.II.6: Répartition des élèves par âge

PAYS Age Niveau d’études

2e année 5e année BÉNIN AGEMOINS 30,1% 16,4% AGENORM 53,2% 45,7% AGEPLUS 16,7% 37,9% GABON AGEMOINS 15,8% 13,9% AGENORM 53,5% 29% AGEPLUS 30,7% 57,1% MADA AGEMOINS 6,6% 3,3% AGENORM 41,4% 9,7% AGEPLUS 52% 87%

Un constat net se dégage de la lecture du tableau ci-dessus. Quel que soit le pays, plus encore à Madagascar (87%), suivi du Gabon (57,1%), les proportions d’élèves de 5e année en situation de retard scolaire se trouve largement au-dessus de la moyenne. Le Bénin s’identifie, lui, par un taux d’admission précoce à l’école (30,1% en 2e année) et une proportion plus forte d’élèves de 5e

année à l’heure (45,7%). Si les retards s’expliquent en partie par la pratique généralisée du redoublement, mais aussi l’entrée tardive des enfants à l’école, surtout en zone rurale, on peut légitiment s’interroger sur les bénéfices tirés des admissions précoces des enfants dans le cycle primaire.

Le genre : En plus d’être un bon indicateur sociologique pour mesurer les différences de performances, le genre reste un facteur très usité dans les analyses discriminantes, notamment lorsqu’on tente d’appréhender les phénomènes liés à la parité, un des objectifs majeurs du millénaire pour le développement. Bien que l’analyse des taux de scolarisation laisse transparaitre

un léger désavantage chez les filles, les chiffres tendent à montrer globalement qu’on s’achemine vers un peu plus d’égalité en termes d’accès à l’éducation. Mis à part les aléas imputables aux facteurs sociologiques et contextuels, qui expliquent du reste les différences des parcours scolaires, de nos jours on observe dans plusieurs pays africains un meilleur équilibrage au niveau du droit d’accès à l’école pour les enfants.

Tableau.II.7: Proportions d’élèves enquêtés par genre

PAYS Genre Niveau d’études 2e année 5e année BÉNIN Filles 45,6% 39,6% Garçons 55,4% 60,4% GABON Filles 50,8% 49,9% Garçons 49,2% 50,1% MADAGASCAR Filles 50,5% 45,6% Garçons 49,5% 54,4%

La lecture du tableau qui précède révèle l’existence des différences plus ou moins marquées en termes de parité filles et garçons. Comparé aux autres, le Bénin reste le pays le plus discriminatoire, avec un nombre de garçons nettement plus élevé dans l’échantillon, respectivement, plus de 9% en 2e année et de 20% en 5e année. Cependant au Gabon et à Madagascar, la proportion de filles dans l’échantillon est légèrement supérieure à celle des garçons en 2e année. Néanmoins, on relève dans les trois pays qu’à mesure que le niveau d’études s’élève, les disparités tendent également à s’accentuer en défaveur des filles88.

La préscolarisation : parmi les chantiers de réformes éducatives des PVD se trouve le secteur préscolaire, incontestablement en expansion. Réservé il y a quelques années encore à quelques enfants d’élites appartenant surtout aux classes sociales plutôt aisées, ce domaine fondamental, qui travaille sur le développement socio-affectif, psychomoteur et les apprentissages fondamentaux a beaucoup évolué ces dix dernières années, y compris dans les zones les moins favorisées. Pour autant, beaucoup reste à faire à ce niveau aussi bien en faveur de la formation des personnels qu’en matière de mise en place des structures nécessaires. Sur ce dernier point par exemple, on a vu des salles de classe du primaire reconverties en classe d’accueil préprimaire, parce qu’il fallait répondre à une demande d’urgence de scolarisation d’enfants en âge préscolaire (4 et 5 ans). De telles situations génèrent tout naturellement d’autres problèmes du point de vue

88 Cf : Rapport Pôle de Dakar : ‘Éducation pour tous’ UNESCO/BREDA (2006). 179

de la disponibilité des équipements adaptés, de la gestion des flux d’élèves et plus globalement de l’organisation scolaire en termes de planification, toutes choses qui ne peuvent qu’amplifier les phénomènes de massification des effectifs, visibles surtout dans les centres urbains.

Tableau.II.8: Accès au cycle préprimaire

PAYS Maternelle Niveau d’études 2e année 5e année BÉNIN OUI 20,8% 22,3% NON 79,2% 77,7% GABON OUI 51,1% 46% NON 48,9% 54% MADAGASCAR OUI 17,2% 24,3% NON 82,7% 75,7%

Ce tableau montre une fois encore, que le Gabon est le pays où l’accès au préprimaire s’est le plus développé, avec respectivement pour la 2e et la 5e année 51,1% et 46% d’élèves passés par les classes maternelles dans l’échantillon PASEC. A contrario sur les trois pays, Madagascar reste celui où il apparaît un moindre niveau de développement de ce secteur. Encore plus étonnant pour Madagascar, le taux d’élèves passés par la maternelle apparaît plus élevé en 5e année (24,3%) contre 17,2% en 2e année, alors que l’inverse serait plus compréhensible. Avec près de 7% d’écart, on pourrait croire que les efforts déployés en faveur du développement du préprimaire, pour l’accueil d’un plus grand nombre d’enfants, ont diminué. Enfin au Bénin, le nombre d’élèves passés par le préprimaire reste largement en dessous de la moyenne, avec respectivement 20,8% en 2e année et 22,3% en 5e année.

Le redoublement : Toutes les études faites dans les pays d’Afrique subsaharienne d’expression francophone convergent vers un constat : celui de forts taux de redoublements dans les systèmes éducatifs (Bernard, 2005 ; Mingat et Suchaut, 2000). D’ailleurs, il est acquis que ce phénomène particulièrement pénalisant pour les élèves demeure l’un des principaux facteurs d’inefficacité desdits systèmes scolaires. Qu’il soit imputable aux pratiques d’enseignement ou aux représentations des uns et des autres, il ressort systématiquement de ces travaux que le redoublement ne favorise d’aucune façon les acquisitions d’élèves. Dans une étude menée en France dans les classes du CP et du CE1, Seibel et Levasseur (1983) aboutissent à la conclusion que les élèves ayant redoublé présentent en moyenne de moins bons résultats que leurs pairs non-

redoublants. Ils progressent moins vite comparativement à ceux qui, n’ayant jamais redoublé, éprouvent de simples difficultés d’apprentissage. En effet, lorsqu’on compare deux élèves jugés faibles dont l’un est promu et l’autre redouble, on observe qu’en fin d’année, l’élève redoublant obtient dans la même période, de moins bons résultats que son collègue admis en classe supérieure. De plus, l’élève promu obtient un an plus tard, des résultats identiques à ceux de son collègue à la fin de la même classe, d’où on en déduit qu’il aura perdu un an.

Tableau.II.9: Proportion de redoublements par niveau d’études

PAYS Redoublement

Niveau d’études

2e année 5e année

Au moins une fois Plus d’une fois Au moins une fois Plus d’une fois

BÉNIN NON 68,1% 98,9% 37,3% 85,8% OUI 31,9% 1,1% 62,7% 14,2% GABON NON 40,9% 95,8% 18,1% OUI 58,7% 4,2% 81,9% MADAGASCAR NON 52,5% 94,9% 27,5% 81,6% OUI 47,5% 5,1% 72,5% 18,4%

Comme il fallait s’y attendre, ce tableau confirme l’existence des taux de redoublement importants dans les trois pays de l’échantillon, quel que soit le niveau pris en compte. Il apparaît clairement qu’en 5e année, près de 7/10 des élèves ont repris leur classe au moins une fois au Bénin, 9/10 des élèves au Gabon et près de 8/10 des élèves à Madagascar. En tout état de cause, le phénomène du redoublement constitue une véritable gangrène qu’il convient de revoir dans tous les SE d’Afrique subsaharienne.