• Aucun résultat trouvé

Pour aborder notre méthode de travail, nous nous inspirons d’un schéma que plusieurs enseignants-chercheurs de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’éducation (FPSE) défendent. Plus précisément, nous nous appuyons sur les riches contenus des cours de Mme Maryvonne Charmillot « Panorama et ancrage des différents types d'entretien de recherche UF 752708 » et « Analyse de données en compréhension : interactions discursives et construction d'une démarche de recherche UF 752704 » mettant en avant l’importance de quatre pôles pour le chercheur et son travail. Il s’agit des pôles : épistémologique, théorique, morphologique et technique. La définition de ces pôles et de notre posture épistémologique permet de « penser de manière interdépendante les différents gestes de la recherche, sans les figer, permettant de la sorte de clarifier le positionnement du chercheur » (Charmillot & Dayer, 2007, p. 131). Cette démarche est, selon ces mêmes auteurs, « une nécessité pour toute démarche de recherche » (Charmillot & Dayer, 2007, p. 131). Selon l’approche proposée par cette enseignante, le pôle épistémologique est le premier à définir car le choix pris au sein de ce pôle influence l’ensemble des autres décisions méthodologiques.

6.1. Ancrage épistémologique compréhensif

Tout d’abord, il nous semble primordial de présenter ces quatre pôles et nos choix respectifs afin de sensibiliser le lecteur à notre posture de recherche. De brefs recours aux auteurs de référence tels que Charmillot & Dayer (2007, 2012), Schurmans (2009) et Kaufmann (2006) permettent de soutenir notre démarche de recherche. Ensuite, les modalités précises quant au choix de notre public cible et quant à la sélection de la méthode de production et de traitement des données sont présentées.

Figure 7 : Les quatre pôles présentés durant les cours de Mme Charmillot

57

6.1.1. Pôle épistémologique

Tout d’abord, le pôle épistémologique impose un choix décisif au chercheur. Il s’agit de définir si la recherche s’opère d’après un paradigme compréhensif ou explicatif. Chaque paradigme possède ses propres caractéristiques et charrie une multitude d’implications sur la construction de la recherche. Ainsi, nous choisissons de nous inscrire dans l’épistémologie compréhensive.

Nous nous orientons vers une recherche qualitative, mais ne concevons pas l’approche qualitative comme un synonyme de l’approche compréhensive même si, avec notre posture compréhensive, nous partageons une « communauté d’intérêts avec les chercheurs qui mettent en œuvre des approches qualitatives » (Charmillot & Dayer, 2007, p.126). Nous opérons ce choix car nous ne sommes ni à la recherche de causalités à l’aide de variables indépendantes et dépendantes, ni en quête de « dégager des structures fortes […], de vérifier des hypothèses, d’élaborer des lois » (Berthelot, 2001, cité dans Schurmans, 2009, p. 92). Dans cette démarche compréhensive, nous veillons à prendre en compte notre propre subjectivité et donc à nous distancier de l’objet par la conceptualisation de ce dernier. S’ensuit une phase de confrontation entre la théorie et les données du terrain qui nous sont fournies par les savoirs des participants à la recherche. Le recours à « l’expérience d’autrui » nous permet d’avoir accès à une multitude d’expériences et ainsi de monter en intersubjectivité. Ainsi, notre processus de recherche prend « une structure d’allure circulaire qui intègre l’exploration à l’intérieur du processus de recherche et qui donne à l’investigation progressive du terrain une importance semblable à celle qui est apportée à l’investigation théorique » (Schurmans, 2009, p. 97-98). Ce processus s’inscrit dans une logique de la découverte et permet à l’analyse des données de poursuivre et d’approfondir l’exploration conceptuelle menée au début de la recherche.

Tout au long de la recherche, nous gardons à l'esprit que nous construisons notre recherche à partir de l’activité collective, c’est-à-dire à partir des « modalités pratiques d’organisation de groupes humains » (Schurmans, 2009, p.93). Nous partons donc des subjectivités plurielles induites par l’activité collective et révélées par nos informateurs pour tendre autant que possible à une objectivité. Nous nous intéressons aux « significations que chacun d’entre nous attribue à son action » (Charmillot & Dayer, 2007, p. 132). Dans notre cas, nous nous centrons prioritairement sur la production et la compréhension des significations attribuées par les responsables de formation aux pratiques d’analyses de besoin. Comme Olivier De Sardan (1996) nous le rappelle, nous veillons – lors de l’analyse des données – à ne pas basculer dans la surinterprétation ou dans la généralisation abusive.

6.1.2. Pôle théorique

Le pôle théorique définit les concepts théoriques mobilisés compte tenu de l’approche épistémologique adoptée. Dans le cas de notre recherche compréhensive, nous nous inscrivons dans le paradigme de la transaction sociale soit dans les théories de l’action. De ce fait, nous ne considérons pas l’individu comme un être entièrement déterminé par son ancrage biologique ou social. Au contraire, nous considérons que l’acteur possède un pouvoir d’agir, une marge de manœuvre dans son action qu’il utilise tout en étant partiellement déterminé par le contexte.

Ainsi, nous percevons la réalité sociale comme une construction dans l’action à travers des

58 individus considérés comme des acteurs sociaux avec des pouvoirs et des besoins tout en restant partiellement déterminé par les contraintes sociales du contexte. Nous nous opposons donc à l’individualisme méthodologique soutenu par Boudon (2012) et considérant la théorie des capabilités.

Ensuite, nous nous alignons par rapport à l’interactionnisme historico-social et sa triangulation regroupant chercheur, théorie et terrain. « Le lien entre terrain et théorie implique, de la part du chercheur une analyse constante qui donne à l’ensemble de la démarche une allure circulaire : l’information issue du terrain est lue à travers les concepts dont dispose le chercheur, mais elle l’engage aussi à affiner de plus en plus sa conceptualisation, à la compléter, à la réviser » (Schurmans, 2008, cité dans Dayer & Charmillot, 2012, p.167). Dans la même veine, nous prenons en compte un monde socio-historique au sein duquel des personnes humaines (inter)agissent dans un processus de création réciproque. Au cœur de ce processus se trouve le langage comme élément essentiel à « l’élaboration de significations de l’expérience propre, dans la validation de l’expérience intersubjective et dans la constitution du savoir collectif » (Schurmans, 2009, p.93). Dans la même veine, nous choisissons « d’envisager la personne humaine en tant qu’acteur et à centrer l’analyse sur la dialectique individuel/collectif » (Charmillot

& Dayer, 2007, p. 132).

6.1.2. Pôle morphologique

Le pôle morphologique décrit la forme de la recherche et l’allure des hypothèses.

Dans ce sens, nous souhaitons apporter quelques précisions propres à l’approche compréhensive que nous adoptons dans ce travail de recherche.

Premièrement, dans l’acception que Charmillot propose dans ces enseignements au sein du Master Formation d’Adultes, la terminologie « cadre théorique » ne devrait pas être utilisée dans une approche compréhensive et devrait plutôt laisser place à celle « d’exploration conceptuelle ». L’exploration n’étant pas un cadre rigide et unique structurant la démarche de recherche et celle d’analyse des données. Cette démarche compréhensive laisse donc la liberté au chercheur de mobiliser – dans l’analyse des données – des concepts supplémentaires à ceux mobilisés dans l’exploration contextuelle. C’est la raison pour laquelle nous avons préféré choisir ce terme pour le chapitre 4 de cette recherche.

Deuxièmement, les hypothèses « ne sont pas déterminées a priori et se construisent progressivement dans le va-et-vient entre la théorie et le terrain » (Charmillot & Dayer, 2007, p.

134). Ainsi, elles accompagnent le processus de découverte et de compréhension. Par cette approche compréhensive, nous nous différencions clairement des recherches hypothético–

déductives qui ont longuement été perçues comme le « modèle classique » (Charmillot & Dayer, 2007, p. 136).

Troisièmement, les entretiens nous ont permis de noter que l’objet de cette recherche, soit les pratiques d’analyse de besoins, peut être saisie en tant que transaction sociale. En effet, les échanges avec les informateurs les ont amenés à tisser des liens entre le passé, le présent et l’avenir ; à présenter leur pratique comme un mélange d’actions collectives et d’actions individuelles ; à énoncer une diversité d’intérêts poursuivi tout au long de cette pratique ; à repérer la présence d’une recherche de sens et finalement à partager les divers

59 dysfonctionnements qu’il reste à solutionner. Tous ces aspects sont mentionnés par Rémy (1996) et Schurmans (2001 cité dans Charmillot & Dayer, 2007) lorsqu’ils définissent une transaction sociale comme un processus de longue haleine.

6.1.3. Pôle technique

Le pôle technique présente le choix et la mise en œuvre méthodologique d’un dispositif en référence aux trois autres pôles et aux objectifs de recherche. Comme précédemment évoqué, nous nous orientons vers les outils de production qualitatifs. Nous recherchons précisément comment se construit une pratique sociale complexe. Cette complexité se révèle au mieux par le biais des outils qualitatifs. Dans le cours « Panorama et ancrage des différents types d’entretiens de recherche UF 752547 » et du « Séminaire de préparation du mémoire – FA UF 7524DB », nous avons découvert diverses méthodes qualitatives. Il s’agit de méthodes telles que : l’analyse documentaire, l’entretien exploratoire, l’entretien d’explicitation, l’instruction au sosie, l’auto-confrontation (croisée), le récit de vie, l’entretien clinique, l’entretien semi-directif, ou encore l’entretien non directif. Toutes ces méthodes de production de données se différencient par leur degré de directivité (Fenneteau, 2007).

Il est primordial de retenir que le choix d’une méthode qualitative ne suffit pas à s’inscrire dans l’approche compréhensive. La posture du chercheur est déterminante. En cohérence avec notre posture compréhensive et comme le conseille Blanchet (1985, cité dans Charmillot & Dayer, 2007) nous construisons notre démarche scientifique sur la base des savoirs et des questionnements propres aux informateurs dans l’optique de « chercher à faire advenir avec les autres ce qu’on ne pense pas plutôt que vérifier sur les autres ce qu’on pense » (Laplantine, 1995, cité dans Charmillot & Dayer, 2007, p. 136). Ainsi, nous accordons de l’importance au « contexte discursif de l’interlocuteur » (Blanchet, 1985, cité dans Charmillot & Dayer, 2007). Nous affinons l’objet de recherche en interaction avec ce dernier. De cette manière, nous nous prémunissons contre l’erreur de se servir « de l’entretien sans adhérer aux principes épistémologiques qui le fondent » souvent observée dans divers travaux de recherche (Charmillot & Dayer, 2007, p. 136).

C’est en adoptant cette posture et en poursuivant notre quête d’une compréhension nuancée des faits sociaux en vue d’une objectivation que nous faisons usage de deux méthodes. Il s’agit de l’analyse des documents sous-tendant les pratiques d’analyses de besoins dans les organisations ainsi que l’entretien compréhensif (Kaufman, 1996).

60

6.2. Méthodes

6.2.1. Participants à la recherche

Dès que nous avons décidé d’approfondir notre intérêt pour les pratiques d’analyse de besoins, nous avons, sans hésiter, décidé de nous intéresser aux organisations du travail. Or, « lorsqu'on sait qu'on ne peut pas tout prendre, l'idée qu'on doit choisir ou sélectionner une partie de l'ensemble nous amène automatiquement à penser en termes d'échantillon » (Pires, 1997, p.18).

Pourtant, le terme d’échantillon n’est pas vraiment adapté à l’approche compréhensive car « il porte en lui-même l’idée de la représentativité et de la stabilité. Dans l’entretien compréhensif, plus que de constituer un échantillon, il s’agit plutôt de bien choisir ses informateurs » (Kaufmann, 2016, p. 41). Nous avons donc bien choisi nos informateurs au sein de cinq grandes organisations et d’écarter les très petites entreprises (TPE) et également les petites et moyennes entreprises (PME). Ce choix a été opéré en regard de la difficulté que présentent certaines PME à libérer des ressources financières, humaines et logistiques afin de mener des actions-formations et donc, par déduction, des analyses de besoins. Nous pensons donc qu’au vu du nombre de collaborateurs et donc du volume de formations qu’offre les grandes entreprises, leurs actions en termes de formation seront davantage poussées. De plus, l’accès qu’ont les PME à la formation est souvent réduite par rapport à l’accès qu’on les plus grandes entreprises. Ainsi la population cible est composée de grandes entreprises de plus de mille collaborateurs et du secteur secondaire et tertiaire. Nos informateurs sont leurs responsables de formation. Nous les avons choisis car nous les percevons comme des spécialistes de notre objet d’étude. Le bassin de recrutement a été délimité à la Suisse romande pour des raisons pratiques. Nous avons veillé à respecter une distribution sectorielle ainsi que des domaines d’activités. Cette diversité de portraits nous permet d’accéder à une variété de contextes de travail et donc de manière d’appréhender les analyses de besoin en formation. Deux organisations du même secteur d’activité ont été choisies en raison de leur financement de nature différente : il s’agit d’une société anonyme entièrement détenue par une fondation tandis que l’autre est une société anonyme classique. En plus de cette différence, nous justifions ce choix à l’aide des propos suivants « les entreprises issues d’une même industrie sont différentes les unes des autres du point de vue des ressources possédées. » (Ermine, 2008, p.49).

Voici un tableau portrayant chacune de nos organisations :

N°1 N°2 N°3 N°4 N°5

Secteur Public Privé Privé Public Mi public

Secteur économique

Tertiaire Secondaire Secondaire Tertiaire Secondaire

Domaine

Figure 8 : Portraits des organisations participant à la recherche

61 Les organisations ont été contactées par courrier électronique en mentionnant notre volonté de les intégrer à notre travail de mémoire. Les organisations ayant répondu favorablement à notre requête composent notre échantillon de convenance. Cet aspect ne nuit pas à la validité de nos résultats, car comme l’énonce Kaufmann, il s’agit principalement de procéder à un choix éclairé. Comme nous le conseille Kaufmann (2016), nous avons diversifié autant que possible les participants afin d’avoir un équilibre et de ne pas manquer de grandes catégories pour éviter les biais et les effets de loupe. Lors de la présentation des résultats, nous intégrons un tableau portrayant les différents informateurs. Cela permet au lecteur de les situer et d’appréhender leur environnement (Kaufmann, 2016). Notre objectif ne réside pas en la représentativité d’un échantillon, mais davantage en un choix d’acteurs à questionner de manière adéquate (Albarello, 2012).

6.2.2. Production des données

Pour rappel, nous axons notre analyse sur la construction des pratiques d’analyse de besoins au sein de grandes organisations romandes. Pour ce faire, nous recueillons et analysons les pratiques des responsables de formation en termes d’analyses de besoins d’après le schéma proposé par Van Campenhoudt et Quivy (2011, p.140). En construisant nos données nous nous situons à l’étape n°5 que ces auteurs nomment l’observation.

Ci-après, nous souhaitons, tout d’abord, présenter et définir nos choix méthodologiques intimement reliés à notre objectif de recherche. Finalement, nous apporterons des détails supplémentaires quant à la construction de notre guide d’entretien.

Comme nous l’avons introduit dans le cadre du pôle technique, nous abordons nos informateurs avec la méthodologie de l’entretien semi-directif à caractère compréhensif. Présentons d’abord les aspects logistiques. Les entretiens ont lieu dans les locaux desdites organisations.

Cette disposition est avantageuse, car les informateurs n’avaient pas à se déplacer, sont familiers avec leur environnement et peuvent avoir accès à toutes les ressources potentiellement intéressantes à mobiliser durant l’entretien. Au fil de l’entretien la majorité des informateurs nous présentent des documents soutenant leur pratique d’analyse de besoins dont nous prenons connaissance mais n’intégrons pas dans les annexes de ce travail pour raison de confidentialité.

Ces documents permettent d’affiner et de soutenir notre compréhension de la construction de leur pratique d’analyse de besoins. Les entretiens durent entre nonante et cent-vingt minutes. Les entretiens sont ensuite transcrits et les enregistrements audios détruits.

Quant aux sources d’informations, nous considérons les divers formulaires utilisés (ou non) par les responsables de formation lors de leurs analyses de besoins de formation. Simultanément, nous récoltons les discours des responsables de formation au sujet de leurs pratiques, de leurs représentations et nous gardons un œil sur les documents soutenant cette pratique.

Nous avons apprécié la qualité de l’entretien semi-directif notamment car il n’est « […] ni entièrement ouvert, ni canalisé par un grand nombre de questions précises » (Quivy & Van Campenhoudt, 2006, p. 174). Ce choix répond à notre volonté que « l’interviewé […] puisse parler ouvertement, dans les mots qu’il souhaite et dans l’ordre qui lui convient » (Quivy & Van

62 Campenhoudt, 2006, p. 174). Nous nous sommes particulièrement intéressés à comprendre plus finement « ce que cette personne pense en tant qu’acteur et comment elle se représente tel aspect de la vie sociale » (Albarello, 2012, p. 86) pour saisir « les manières de voir les choses de la part des acteurs étudiés, c’est-à-dire de rechercher le “sens” » (Albarello, 2012, p. 86).

Les pratiques d’analyses de besoins auxquelles nous nous intéressons dans cette recherche exploratoire s’exécutent au sein de plusieurs interactions et sont colorées par la subjectivité de chaque acteur. Cette intersubjectivité se retrouvent dans l’entretien de recherche compréhensif.

Cet outil est donc tout à fait approprié pour « l’exploration des faits dont la parole est le vecteur principal, cette conversation par laquelle la société parle et se parle. Ces faits concernent les systèmes de représentations (pensées construites) et les pratiques sociales (faits expérimentés)

» (Blanchet & Gotman, 2015, p. 23).

Après avoir consciemment choisi la méthode de l’entretien compréhensif, nous avons construit une grille d’entretien en entremêlant différents thèmes que nous voulions aborder tout en restant flexibles aux questions de relance, de précision et de reformulation émergeant durant l’entretien.

D’abord, la projection dans un entretien fictif nous a permis d’esquisser notre grille. Nous l’avons ensuite structuré en deux parties. La première correspond à un registre descriptif et pose la question de ce qui se fait. La deuxième partie explore le registre des représentations des informateurs et demande ce qui se pense. Finalement nous avons agencé les questions en priorisant certaines, en en regroupant d’autres, en ajoutant certaines sous-questions et en supprimant d’autres. Un premier entretien exploratoire nous a permis de valider notre grille d’entretien. Nous nous sommes également préparées à devoir reformuler nos questions au fil de l’entretien. Nous avons donc noté plusieurs types de relances à la fin de notre grille d’entretien afin de trouver les bons mots au moment adéquat. De manière générale, la grille est un guide nous permettant de garder un fil conducteur tout au long de l’entretien. Même si, le suivi chronologique de la grille n’est pas notre préoccupation première.

À ce stade, nous considérons notre trame d’entretien comme

un guide très souple dans le cadre de l’entretien compréhensif. C’est un simple guide, pour faire parler les informateurs autour du sujet, l’idéal étant de déclencher une dynamique de conversation plus riche que la simple réponse aux questions, tout en restant dans le thème.

(Kaufmann, 2016, pp. 43-44) Avant chaque entretien nous nous sommes souvenues du conseil suivant :

pour parvenir à s’introduire ainsi dans l’intimité affective et conceptuelle de son interlocuteur, l’enquêteur doit totalement oublier ses propres opinions et catégories de pensée. Ne penser qu’à une chose : il a un monde à découvrir, plein de richesses inconnues. Chaque univers personnel a ses richesses, qui ont immensément à nous apprendre.

(Kaufmann, 2016, p. 51) Lors de l’entretien, nous tenons surtout à développer une dynamique interactionnelle avec notre informateur. Nous le laissons développer ses propos et ne nous cantonnons pas à poser les questions que nous avons préalablement rédigées. Aussi souvent que nous en ressentons le

63 besoin, nous invitons la personne à approfondir ou exemplifier ses réponses en adaptant nos questions à son discours. Simultanément, nous nous préoccupons de bien comprendre les énoncés de notre interlocuteur, de rebondir ou de réinterroger. Ainsi, nous sommes immergés dans une approche compréhensive.

La directivité de notre trame est donc faible afin que l’informateur exprime librement

ses perceptions [..] d’une situation, ses interprétations ou ses expériences, tandis que, par ses questions ouvertes et ses réactions, le chercheur facilite cette expression, évite qu’elle s’éloigne des objectifs de la recherche et permet à son vis-à-vis d’accéder à un degré maximum de sincérité et de profondeur.

(Van Campenhoudt & Quivy, 2011, p.170)

6.2.3. Traitement des données

En guise de d’introduction, nous citons Blanchet et Gotman (2013) : « L’entretien ne parle pas de lui-même. Il faut, pour parvenir aux résultats de la recherche, effectuer une opération essentielle, qui est l’analyse des discours » (p. 89). Cette analyse de discours donne l’opportunité, en lien avec le questionnement guidant la recherche, de « […] dégager le sens d’un discours en classant et en étudiant l’ensemble des informations produites » (Barbillon & Le Roy, 2012,

En guise de d’introduction, nous citons Blanchet et Gotman (2013) : « L’entretien ne parle pas de lui-même. Il faut, pour parvenir aux résultats de la recherche, effectuer une opération essentielle, qui est l’analyse des discours » (p. 89). Cette analyse de discours donne l’opportunité, en lien avec le questionnement guidant la recherche, de « […] dégager le sens d’un discours en classant et en étudiant l’ensemble des informations produites » (Barbillon & Le Roy, 2012,