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O BSERVATIONS PARTICIPANTES DES REPONSES ET RECUEIL DE TEMOIGNAGES PENDANT LES CRISES Des observations participantes ont permis d’observer les pratiques et priorités des différents acteurs en

DES CAPACITES THEORIQUES

2.2. O BSERVATIONS PARTICIPANTES DES REPONSES ET RECUEIL DE TEMOIGNAGES PENDANT LES CRISES Des observations participantes ont permis d’observer les pratiques et priorités des différents acteurs en

temps de crise. Quand cela a été possible, elles ont été doublées de questions « sur le vif » pour comprendre les fondements des réactions observées.

2.2.1. Dans les communautés villageoises et en cellule de crise

Observation des réponses

Nous avons utilisé une grille pour répertorier les réponses des acteurs observées sur le terrain et en cellule de crise (Tableau 9). Certaines observations ont été faites en personne, depuis des positions différentes afin de capter la diversité des situations ; d’autres nous ont été rapportées par des tiers pendant les événements. Les observations s’attachent tant au décryptage des actions opérationnelles qu’à celui du quotidien en temps de crise.

Tableau 9 - Grilles d'observation des réponses adoptées pendant les crises

Evénement

observé/rapporté d’observation Lieu Date / heure impliqué(s) Acteur(s) observations Détails des possibles Causes E1

E2 Etc.

Les « événements » ne sont pas nécessairement immédiatement tangibles : ils incluent l’absence de réponses significatives là où l’on aurait pu en attendre. Les « lieux d’observation » sont indiqués le plus précisément possible en donnant des détails sur l’environnement proche (arrêts de bus, bâtiments, etc.). Ils englobent essentiellement la Pointe et les rampes du Tremblet, la RN2 à proximité des coulées, le rond-point de la coulée de 1986 et la cellule de crise dionysienne à La Réunion (Chapitre IV); le CNDRS, les rues, bâtiments officiels et la cellule de crise à Moroni, et la place du village dans plusieurs communautés sur les flancs du Karthala (Chapitre V). On peut mentionner une prédominance des observations à la Pointe du Tremblet en avril 2007 et au CNDRS de Moroni en mai 2006. Les « acteurs impliqués » sont indiqués par leur fonction, éventuellement adjointe de leur nom lorsqu’il est connu, afin de pouvoir revenir sur les observations avec plus de précision en entretien. Le « détail des observations » porte sur le nombre de personnes présentes, les moyens déployés - ou non -, les relations observables entre acteurs, l’ambiance sur le lieu d’observation, etc. Enfin, les « causes possibles », sont celles pressenties par l’observateur avant toute analyse, ou expliquées par les acteurs eux-mêmes lorsqu’ils s’expriment sur les événements en cours d’observation. On s’intéresse à la fois aux facteurs conjoncturels déclenchants (action d’un autre acteur, perturbation de l’accès aux ressources, dommages, opportunités, etc.) et aux facteurs structurels (vulnérabilités préexistantes). Ces suppositions sont (in)validées ultérieurement en entretien.

Témoignages corroborant les observations

Des questions posées aux différentes catégories d’acteurs ont complété ces observations. Elles incluent, lorsque les personnes impliquées ont voulu et pu répondre :

- une description des actions achevées, en cours, ou imminentes, menées par l’acteur ;

- un décryptage de ces actions en termes d’efficacité et d’implications ; en cas de décalage décelé (par l’interviewer ou l’interviewé) entre gestion théorique et situation en cours, la recherche des

causes de ce décalage ;

- un témoignage sur le vécu de l’événement par les acteurs.

Limites et avantages de la méthode

L’intégration aux activités de gestion de crise a présenté l’inconvénient de ponctuellement contraindre nos travaux dans l’espace et dans le temps. Elle a a contrario permis l’observation de situations insolites auxquelles nous n’aurions pas eu accès en temps « normal ». Toutes les observations ont fait l’objet de recoupements a posteriori.

2.2.2. Observations et entretiens auprès des randonneurs au sommet du Piton de la Fournaise

Nécessité d’une étude sur l’accès au volcan

Sensible pour les Réunionnais, le sujet des conditions d’accès au volcan s’est rapidement avéré crucial dans le cadre d’un travail sur la crise éruptive d’avril 2007, et plus généralement sur la gestion des crises au Piton de la Fournaise. Les articles de presse, commentaires des internautes, avis des populations recueillis informellement, et aveux d’institutionnels lors d’entretiens officiels faisaient unanimement état d’un malaise autour de la question du libre accès au volcan après l’effondrement d’avril 2007, et de l’afflux quotidien de dizaines de personnes au sommet du volcan malgré l’interdiction d’accès.

Les chiffres des éco compteurs de l’ONF, qui mesurent le nombre de visiteurs en plusieurs points du massif, n’ont pu nous être communiqués, officiellement en raison de défaillances techniques. Nous avons donc décidé d’opérer nos propres comptages pour quantifier l’ampleur du phénomène et ainsi juger de la nécessité d’une enquête approfondie sur le sujet. Pour des raisons financières, techniques et d’autorisations, nous avons renoncé à l’installation d’un appareil de même type pour des comptages automatisés, de même qu’à l’utilisation d’un appareil photo doté d’un intervalomètre laissé en un point fixe. Nous avons finalement réalisé les comptages à la journée à l’aide d’un simple « compte clics » d’hôtesse de l’air.

Les résultats des comptages corroborant la nécessité d’une étude, deux séries d’enquêtes ont été préparées pour étudier les comportements des randonneurs sur le volcan et leurs fondements. L’ensemble de la démarche est présentée en Figure 30. Dans les deux cas, nous avons eu recours à un échantillonnage non-probabiliste spatial, considérant toute personne rencontrée au sommet de la Fournaise comme un répondant potentiel. La Fournaise étant un lieu touristique prisé des étrangers, les questions ont été préparées aussi bien en anglais qu’en français.

Enquêtes dans la zone sommitale de l’Enclos Fouqué En période d’interdiction d’accès aux cratères

Dans un premier temps, 264 entretiens individuels directifs ont été menés de janvier à juin 2009 : d’une part en partie basse de la zone sommitale de l’Enclos (n = 138, encadré A Figure 30), d’autre part sur les sentiers interdits d’accès72 du pourtour des cratères (n = 126, encadré B Figure 30). Le taux de retour est très variable en fonction de la localisation des répondants potentiels. Sur les sentiers autorisés, seuls 7% de personnes ont refusé de répondre. Sans surprise, et malgré l’anonymat annoncé, 24% des randonneurs en zone interdite ont refusé de participer à l’enquête. L’échantillon est composé à 58,5% de résidents pour

Ap pro ch e m éth od ol og iq ue

41,5% de touristes extérieurs à l’île, dont les âges s’échelonnent de 10 à 65 ans (avec une proportion plus élevée de 35-44 ans), pour moitié des femmes, et avec un large panel de niveaux socioprofessionnels et d’éducation. La passation, au cours de cette première phase, a été assurée par F. Jacquard, étudiant de Master de l’Université de La Réunion que nous co-encadrions. Il disposait pour mener ses entretiens d’un questionnaire, pré-codé en propositions fermées pour faciliter la saisie même lorsque des questions ouvertes étaient posées à l’interviewé.

Les 27 questions posées sont destinées à évaluer :

- la capacité des randonneurs à se situer dans l’espace, leur expérience et connaissance de la Fournaise ;

- la connaissance et la perception des aléas, du risque et de leur zonage (notamment à travers une cartographie des bordures du cratère considérées comme les plus instables) ;

- les comportements adoptés et leurs raisons, en particulier en cas de transgression des interdictions d’accès, la perception de ces interdictions ;

- le cas échéant, les raisons de l’approche des bordures du cratère et le sentiment de prise de risque ;

- les intentions de comportement en cas d’aménagement d’une plateforme d’observation ou de possibilité de faire appel à un guide ;

le profil des répondants (genre, tranche d’âge, origine réunionnaise, métropolitaine ou étrangère -, activité socioprofessionnelle-, niveau d’éducation-, accompagnement et équipement lors de la randonnée).

Ces questions complètent des observations menées en amont de l’entretien sur la localisation des personnes interrogées, les attitudes adoptées en bordure de cratère.

Après la mise en place d’une plateforme d’observation au Dolomieu

La seconde phase d’enquête s’est déroulée après la mise en place de la plateforme d’observation sommitale sur la bordure orientale du Dolomieu (encadré orange Figure 30). Elle reprend pour l’essentiel les mêmes observations que lors de la première enquête. Cent cinquante randonneurs ont par ailleurs été questionnés sur leur conscience de transgresser l’accès au périmètre non autorisé de la zone d’observation, et sur les causes de cette transgression (qui concerne 99,5% des individus !). Le taux de retour est de 100%. L’interviewer est toujours resté positionné dans la zone autorisée, en deçà de la ligne blanche à ne pas dépasser, pour mener la passation de l’enquête. Cinq jours d’observation ont ainsi été réalisés aux abords de la plateforme, dont deux pendant l’éruption du 02 au 12 janvier 2010. Au cours de cette éruption, un jour et une nuit ont également été dédiés à des observations au pas de Bellecombe. Enfin, l’information délivrée fait partie des facteurs susceptibles d’influencer le comportement des randonneurs. Une analyse de l’ensemble des moyens d’information de crise disponibles sur site a donc été menée sur toute la durée des enquêtes et dans l’ensemble des zones d’investigation. Les panneaux implantés dans l’Enclos, au même titre que les informations délivrées par les agents du Parc National de La Réunion sur la plateforme d’observation ont été analysés. Nous nous sommes en particulier interrogés sur leur adaptation au contexte de crise.

Figure 30 - Fréquentation de la zone sommitale de la Fournaise et comportements des randonneurs face aux restrictions d'accès

2.3. R

ETOURS D

EXPERIENCE SUR LA GESTION DES CRISES ERUPTIVES DE

2006

EN

G

RANDE

C

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