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Il s'agit dans ce chapitre de reprendre nos interrogations de départ par rapport aux ruptures d'une part, et aux trajectoires de formation d'autre part . Pour mémoire, nous avons pris en compte 116 réponses valables au questionnaire;

nous y trouvons 73 % de femmes et 27 % d'hommes (chiffres arrondis).

Nous avons formulé au départ de notre démarche une série de questions que nous reprenons ici pour les discuter au regard des réponses reçues à notre questionnaire.

Il nous paraissait utile de préciser le moment de la rupture en terme de cycle universitaire dans l'idée que ce moment pourrait avoir une influence sur la signification de la rupture.

Dans une première observation globale, nous avons vu que les femmes interrompaient plus volontiers en premier cycle (66 % de l'ensemble des femmes). La situation est différente pour les étudiants, puisque la moitié des hommes accuse une exmatriculation en premier cycle, l'autre moitié en second cycle d'études. Les hommes interrompent donc autant en premier cycle qu'en second cycle.

D'autre part, nous avons pu voir qu'il existe un lien entre le moment de la rupture et sa signification pour notre première catégorie d'âge. Il s'agit des personnes de 16 à 25 ans; elles représentent 23 % de notre population; sa composition est faite de 85 % de femmes pour 15 % d'hommes. Cette catégorie d'âge est celle qui a le plus souvent recours à l'argument de 1a réorientation pour expliquer son exmatriculation, une exmatriculation qui a lieu dans 90 % des cas durant le premier cycle des études.

Si les femmes sont plus nombreuses à entrer jeunes en sciences de l'éducation, elles s'exmatriculent aussi plus souvent que les hommes durant leur premier cycle d'études et avant l'âge de 26 ans.

Il nous paraissait intéressant de savoir si l'exmatriculation des étudiantes et étudiants en sciences de l'éducation était unique ou si elle avait été précédée d'autres exmatriculations suivies de réimmatriculations.

Notre questionnaire, nous a permis d'identifier une petit cinquième de personnes (19,4 %) qui se trouvait au moins à sa deuxième exmatriculation en sciences de l'éducation. Donc dans la grande majorité des cas - 80 % - nous nous trouvons face à des exmatriculations uniques.

La distribution par catégorie de sexe de ce petit cinquième de personnes ayant connu plusieurs exmatriculations fait apparaître une différence entre les femmes et les hommes

15 % des femmes 34 % des hommes.

Cela signifie que dans ce petit cinquième de personnes plusieurs fois exmatriculées, il y a deux fois plus d'hommes que de femmes. Mais ajoutons que, dans leur grande majorité, les exmatriculations répétées se limitent à deux exmatriculations.

Ce sont essentiellement des raisons personnelles et affectives qui ont engendré la première interruption en sciences de l'éducation pour les femmes, alors que pour la moitié des hommes, ce sont des raisons professionnelles qui ont motivé l'arrêt.

Au vu de ces éléments, il nous paraît difficile de parler d'un comportement répétitif généralisé.

Recherche d'éventuels liens entre la rupture, le

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que:

- le type de parcours avant l'entrée à l'université

76 % de notre population a suivi la voie du baccalauréat pour entrer à l'université. Il n'y a aucune différence entre les hommes et les femmes sur ce point.

La section "langues modernes" est largement représentée dans le parcours du 40 % des femmes. Les hommes sont mieux répartis dans l'ensemble des sections conduisant au certificat de maturité, mais sont surtout présents en section "latin et langues" et "scientifique".

La voie de "l'enseignement primaire" constitue ensuite le parcours de formation préalable le plus prisé tant par les femmes que par les hommes. Les autres voies sont suivies dans

des proportions très semblables, ne laissant pas apparaître de caractéristiques spécifiques.

Le temps qui s'écoule entre l'obtention de la maturité ou d'un premier titre de formation professionnelle va de quelques mois à deux ans pour la moitié de notre population sans qu'une différence entre femmes et hommes apparaisse.

- la situation personnelle et familiale

65 % de notre population est célibataire. Là encore, il n'y a pas de différence entre les femmes et les hommes.

La charge d'enfants (un à trois) existe pour le quart des femmes et 29 % des hommes. La différence entre les femmes et les hommes est faible (4 %). Mais, sachant que souvent les femmes portent davantage que les hommes la charge éducative des enfants, nous pensons que les femmes sont plus chargées que les hommes qui ont vraisemblablement une épouse ou compagne qui assume aussi cette charge éducative plus importante. Ce sentiment est renforcé par le fait que les deux­

tiers des mères travaillent professionnellement. Ce qui nous paraît nouveau et intéressant ici, c'est que des mères de famille insérées professionnellement s'engagent dans des études universitaires.

- la situation professionnelle

79 % de notre population (84 % des hommes et 68 % des femmes) possède un emploi situé entre 30 et 100 % de l'horaire de travail. Les deux tiers des femmes et des mères possèdent aussi un emploi. Les hommes travaillent plus souvent à plein temps que les femmes.

L'analyse quantitative de ces significations, nous a permis de dégager certaines grandes tendances qui varient parfois mais pas toujours en fonction du sexe et de l'âge.

Nous avons pu observer que le motif de la réorientation recueille un nombre important de voix particulièrement auprès de la génération la plus jeune, âgée de moins de 26 ans.

Nous observons une légère différence sexuelle à propos du recours à l'argument de la réorientation pour l'ensemble de notre population, puisque les femmes (25 %) l'utilisent plus souvent que les hommes (J 7.25 %).

Nous pouvons ajouter que 45 % des femmes et 33 % des hommes (autrement dit 40 % de notre population) entament une autre formation après s'être exmatriculés de la section des sciences de l'éducation. Ainsi, au moment de la réponse à notre questionnaire :

1 7 % de notre population avait déjà achevé une formation. Il s'agit essentiellement de formation plus brèves et plus professionnelles (comme par exemple Institut d'Études Sociales, sophrologie, école de décors de théâtre, écoles d'infirmières, de musique, de bureautique).

20 % de notre population était en cours de formation universitaire, certaines personnes ayant aussi repris leurs études à la FPSE.

Ces renseignements supplémentaires viennent donc confirmer que les femmes et les hommes exmatriculés de la section des sciences de l'éducation ont bel et bien entrepris, et parfois déjà achevé, une autre formation.

Si l'on ajoute à ces chiffres les personnes qui sont en formation continue en lien avec leur emploi, on atteint plus du 50 % de notre population. Cela signifie que même si elle est exmatriculée de la section des sciences de l'éducation, cette population est toujours en quête de formation.

L'université, en l'occurrence la section des sciences de l'éducation représente donc bien une offre de formation parmi d'autres; elle se caractérise par une longue durée et des contraintes liée au programme, à l'horaire, au plan d'études : délais d'études, horaires d'enseignements pas toujours compatibles avec l'horaire de travail, char2:e 2:lobale de la formation pas toujours compatible a'7ec '"' les projets professionnels et privés.

Dans le même ordre de significations, certaines personnes se sont exmatriculées dans le but stratégique de mener à terme les études, mais en gagnant du temps sur le délai d'étude imparti.

Les motifs professionnels recueillent le nombre le plus important de voix, essentiellement masculines (38 % des hommes et 22,5 % des femmes).

Les femmes ont autant recours aux motifs personnels (22.5 %) qu'aux motifs professionnels; la situation est différente pour les hommes pour qui les motifs personnels

représentent 20 % contre presque le double d'arguments professionnels.

Le cumul des motifs personnels et professionnels sont presque équivalents pour les femmes et pour les hommes.

En dehors des personnes de moins de 26 ans, la répartition des significations données aux exmatriculations reste très mélangée. On trouve des personnes en premier comme en second cycle dans les catégories d'âges.

On trouve les arguments personnels, professionnels, ainsi que le cumul des deux dans les trois dernières générations.

Il est donc difficile de dresser des liens, voire un portrait­

type des exmatriculées et exmatriculés âgés de plus de 26 ans, tant leurs situations sont variées.

L'échec concerne une seule personne de notre échantillon, tandis que la mise en cause du programme ou du plan d'études comme significations à l'exmatriculation ne sont jamais évoquées.

Discussion de notre hypothèse générale

A ce stade de notre réflexion, l'analyse des situations existentielles par la voie du questionnaire, nous a permis de constater que même si certains indicateurs de complexité sont présents pour les femmes comme pour les hommes, globalement les circonstances personnelles, ainsi que le cumul des circonstances personnelles et professionnelles en tant que catégories de significations des exmatriculations ne comportent pas de différences entre les femmes et les hommes. Du point de vue des intéressées et des intéressés qui ont ainsi caractérisés eux-mêmes les circonstances les ayant conduit à s'exmatriculer, notre hypothèse générale ne se vérifie pas.

Par contre, en nous tenant aux déclarations des personnes ayant répondu au questionnaire, l'indicateur de complexité se référant à la situation professionnelle fait apparaître une nette différence entre femmes et hommes : dans le sens que les hommes se trouveraient, par rapport à la formation universitaire, dans une situation professionnelle plus complexe que les femmes.

Cette analyse de premier niveau de complexité mérite de se voir complétée par une analyse des dimensions internes à la personne. Cette dernière devrait préciser l'usage interne,

personnel qui est fait des réalités extérieures. Il y a d es indicateurs de complexité tant personnels que professionnels positifs ou stimulants et négatifs ou freinants par rapport au mouvement de formation et à la construction du rapport au savoir. Nos entretiens doivent nous apporter des précisions à ce sujet.