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La diminution des effectifs féminins au fur et à mesure de l'avancement dans les niveaux de la fonnation unjversitaire est un phénomène qui existe même dans les disciplines les plus prisées par les femmes (lettres et sciences humaines).

En restant dans Je cadre d'u11e approche macro-sociale, l'information statistique nous offre trois indicateurs permettant de repérer cette diminution d'effectifs :

1 / le choix d'une voie universitaire ou extra··

universitaire après l'obtention de la maturité;

2/ le phénomène du drop out ou abandon des études;

3/ la non-poursuite de la carrière universitaire au-delà du titre de deuxième cycle.

Le premier indicatem concerne la première étape du parcours de formation supérieure, étape à laque Ile les détentrices d'une maturité ou d'un titre de fin de formation en secondaire supérieur vont se définir pou r poursuivre leur formation et choisir entre le secteur universitaire et le secteur extra-universitaire. Cette première option constitue donc le premier indicateur de la diminution des effectifs féminins dans les études supérieures.

On peut s'interroger ici sur la signification que femmes et hommes confèrent à un parcours de formation u 11iversitc1ire par rapport à un parcours extra-universitaire.

En Suisse, nous savons par les travaux de l'Offin" fédéral de la statistique (OFS) que, si l'accès à la formation u niversitaire par l'obtention de la maturité est identique pour les femmes el.

les hommes, Ja possibilité d'entrer à .l 'université er,;t sous--utilisée

par les femmes. En effet, les étudiantes ne représentent que 10%

de la population féminine du même âge, tandis que cette représentation est de 13 % pour les étudiants.

Pour bien comprendre cette diminution des effectifs féminins, arrêtons-nous sur la première étape du parcours de formation supérieure qui fait envisager le choix entre formation universitaire et extra-universitaire. Ceci nous conduit à ouvrir une parenthèse sur une caractéristique particulière de la formation supérieure en Suisse et les effets qu'elle pourrait avoir sur les trajectoires de formation universitaire des femmes.

En 1990, 'un tiers de la population suisse d'une même classe d'âge entreprend une formation tertiaire alors que 13 % seulement de la population obtient une maturité. Ainsi, pour une entrée universitaire, nous observons deux entrées en formation professionnelle supérieure (les entrées en formation professionnelle supérieure n'exigent pas toujours la maturité;

elles peuvent actuellement également s'effectuer après l'obtention d'un Certificat Fédéral df� Capacité - CFC -, parfois doublée d'un examen ou <l'un complément de culture générale). Notons que ces domaines sont actuellement en voie de mutation essentiellement f!n raison de la recherche de niveaux de reconnaissance des diplômes sur le plan européen.

Pour l'ensemble du niveau tertiaire, nous trouvons deux fois plus d'hommes que de fenunes. L'importance accordée aux formations professionnelles et à la voie professionnelle, plus proche des besoins de l'économie, 1�st particulière à la Suisse.

Elle s'observe déjà au moment du passage du sernndaiœ I au secondaire 1J où 7 adolescents snr ·1 0 (1ptent pour une formation professionnelle. Ici aussi un chan.gemeni très récent semble s'amorcer, avec une légère diminution des entrées en formation professionnelle à la faveur d'une légère augmentation dans les taux de maturités et des entrées à l'univt'fsité. Le choix entre formation universitaire et formation professionnelle supérieure réserve des variations régionales. Pour la Suisse romande et le Tessin, la proportion des entrées dans les secteurs universitaire et extra-universitaire est égale (50 % - 50 %); en Suisse allemande, ce rapport passe de J à 2 (pour une entrée universitaire, nous avons deux entrées extra-universitaire).

En comparaison internationale, il s'agit de bien prendre en compte la large expansion des institutions de formation extra-universitaire ei le fail llUe la définilion àe la formation

universitaire demeure, somme toute, assez restrictive, ce qui vaut à la Suisse l'un des taux de formation universitaire les plus bas des pays de l'OCDE.

Quels sont par conséquent les effets de cette dualité du système de formation tertiaire sur le parcours de formation universitaires des femmes suisses ? Dans son rapport Etudiants 90 établi à l'attention de la commission d'enseignement et du rectorat de l'université de Genève, Coenen-Huther relève notamment que, chez les femmes principalement, les projets de type non universitaire demeurent concurrentiels au moment du choix universitaire et interfèrent encore ultérieurement avec le programme d'études universitaires en cours.

Le deuxième indicateur de la diminution des effectifs féminins en cours d'études universitaires est constitué par le phénomène du drop out, à savoir le décalage entre le nombre d'étudiantes et étudiants entrant à l'université et le nombre d'étu diantes et étudiants licenciés ou porteurs d'un titre universitaire après un certain laps de temps sanctionné par l'obtention d'un titre de fin de deuxième cycle. Il existe plusieurs expressions pour rendre compte de ce phénomène.

Certains parlent d 'abandon d 'études ou d 'abandon des études, d'autres de facteurs d 'échecs et de réussites dans les filières universitaires. Nous l'appellerons plus simplement phénomène d 'interruption des études ou rupture dans la trajectoire de formation universitaire partant de l'idée qu'avant toute réorientation possible, l'étudiante ou l'étudiant interrompt ou rompt, avant qu'il ne soit achevé, un parcours engagé initialement.

Autrement dit, en Suisse, une proportion évaluée par l'OFS à 27 % d'étudiantes et d'étudiants ne termine pas, pour des raisons multiples, les études commencées dans la faculté de leur première immatriculation. Ces étudiantes et étudiants quittent-ils une université ou une faculté pour poursuivre leurs études dans une autre? Délaissent-ils leur objecti f initial de poursuivre et mener à bien des études universitaires? Utilisent­

ils simpler_nent leur temps en attendant la réalisation d'un autre objectif? EchouenHJs aux examens et sont--iJs, somme toute, contraints de s'exmatriculer? En tout état de cause, les significations de ces interruptions d'études méritent à notre point de vue une analyse plus précise. L'usage même de l'expression abandon des étu des nous paraît relever d'une

interprétation abusive du résultat d'un mode de calcul statistique approximatif.

Pour mieux cerner ce phénomène des interruptions des études, il s'agit de les situer dans le temps des études. A quel moment de la formation universitaire interrompt-on ses études? Nous pensons que les significations peuvent varier selon le moment des études où elles interviennent. Par exemple, des erreurs d'orientation peuvent apparaître en début d'études; elles engendrent une réorientation relativement prompte. Un passage dans certaines facultés universitaires favoriserait-il la construction ou la consolidation d'un projet de formation encore peu assuré lors du passage de la maturité? La rupture en fin de parcours de formation n'a-t-elle pas une autre signification? Pourrait-il s'agir de mise en situation d'auto­

échec, peur de la réussite, peur de l'entrée dans la vie active?

Ces quelques exemples de significations tendent à montrer l'intérêt à s'approcher de cette problématique.

Ajoutons encore un autre élément, celui de l'espace de la formation. N'y a-t-il pas des facultés ou des universités que l'on quitte plus facilement que d'autres, parce que les études y sont particulièrement difficiles ou parce que les voies d'accès sont au contraire trop aisées (problème de la sélection)?

Un troisième indicateur est à notre point de vue constitué par la poursuite de la carrière universitaire au-delà de l'obtention d'une licence ou d'un diplôme. On pourrait donc reprendre les éléments avancés jusqu'ici pour tenter de cerner

];:i rlimin11tion rlP l;:i nr1rtirinr1tion rlP'- fpmmP'- r111 lin Pt ?! mP._1,rP

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---de l'avancement dans les étu---des universitaires et les recontextualiser dans cette tranche de la formation.

La nécessité de limiter notre champ d'étude et nos intérêts nous conduisent à nous concentrer sur l'approche d'un seul indicateur de la diminution des effectifs féminins durant les études supérieures, celui des interruptions des études durant le temps de la formation universitaire jusqu'à la fin du deuxième cycle.

Il semble, selon les données fournies par l'OFS et résultant du calcul du décalage entre taux d'entrée et taux de diplôme, que la proportion de femmes y soit plus importante (32 %), - une femme sur trois abandonnerait ses études - que

celle des hommes (24 %i). Ces données généralisées au secteur universitaire suisse constituent à notre point de vue d es mesures approximatives qui doivent être considérées avec une certaine prudence.

Plus intéressantes sont les données suivantes relatives à la sélection d'une cohorte d'étudiantes et étudiants entrés dans les universi tés suisses en 1 979 /80. Cette cohorte a fait l'objet d'un suivi individualisé durant les douze années consécutives à la première immatriculation universitaire. Nous en faisons état ci-dessous.