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Les bactéries viables

Dans le document Le biofilm bactérien endodontique (Page 113-116)

i. Les conditions de survie canalaires

1. Les bactéries viables

Le biofilm bactérien endodontique est composé de nombreuses bactéries viables mais non cultivables. Ce sont des bactéries qui, en présence de changements environnementaux, réagissent (modification de la forme de la bactérie par exemple). Mais ces bactéries sont non cultivables car elles ne se multiplient pas dans nos milieux de culture. Elles se protègent (phase stationnaire d’un point de vue métabolique tout en restant toxique) (Prescott and al., 2003).

Un grand nombre de bactéries présentes dans le canal endodontique d’une dent infectée et non traitée n’est pas encore cultivable à l’heure d’aujourd’hui. On sait qu’elles sont présentes mais elles ne sont pas répertoriées et on ne connaît pas leur rôle dans la pathogénicité du biofilm endodontique (Sundqvist, 1992).

2. La flore bactérienne endodontique

Au sein de l’endodonte, les bactéries peuvent être présentes sous deux formes. Certaines forment de petites colonies qui adhèrent aux parois canalaires. Les bactéries qui ont envahi le canal se rassemblent en communauté de plusieurs types de germes et forment une plaque palissadique de colonies auto-agrégées. Pour autant, toutes les parois canalaires ne sont pas recouvertes de bactéries. A ces colonies, s’ajoutent des bactéries planctoniques, flottant dans le fluide canalaire et provenant de la flore commensale de la cavité buccale ou de la plaque dentaire (Cohen and al., 2006).

La flore endodontique est composée d’une population microbienne mixte constituée de coques, de bâtonnets, de spirochètes et d’organismes longs et filamenteux (Cohen and al., 2006).

Le canal endodontique est un milieu humide propice au développement d’un biofilm bactérien. Le biofilm bactérien endodontique présente la même structure que le biofilm dentaire. En effet, il est composé d’une multitude de microcolonies bactériennes reliées par des chaînes nutritionnelles entourées d’une matrice extracellulaire protectrice (Svensäter and Bergenholtz, 2004).

Au fur et à mesure de la progression de l’infection endodontique, les bactéries s’associent pour former des populations ou niches bactériennes. Plusieurs populations s’associent et forment une communauté bactérienne. Chaque niche a un rôle dans la communauté. La communauté se place

105 dans un environnement particulier de survie : on parle d’écosystème bactérien. Le biofilm est le premier moyen de survie des bactéries dans le milieu canalaire. Les bactéries sont alors en équilibre entre elles et avec leur environnement premier (Bergenholtz and al., 2003). Elles synthétisent la matrice extracellulaire et deviennent plus résistantes et plus pathogènes.

Lorsque les bactéries ne disposent pas d’un environnement physique structuré, les micro-organismes tendent à créer leur propres microenvironnements et niches, en créant un biofilm (Prescott and al., 2003).

L’élaboration d’un biofilm confère aux bactéries :

• une résistance accrue aux agents antibactériens ;

• une augmentation locale de la concentration en oxygène ; • l’opportunité pour l’échange de matériel génétique ; • la communication inter-bactérienne ;

• la production de facteurs de croissance dans la limite des espèces présentes (Ingle and al., 2008).

Figure 35 : mise en évidence du biofilm bactérien endodontique le long de la paroi dentinaire canalaire (Svensäter and Bergenholtz, 2004).

Les proportions et le nombre d’espèces bactériennes différentes varient en fonction du stade de maturation du biofilm (Ingle and al., 2008). Des interactions microbiennes s’opèrent et contribuent à une sélection bactérienne au sein du biofilm endodontique (Sundqvist and Figdor, 2003 ; Cohen and al., 2006). Les micro-organismes ne sont pas distribués uniformément tout au long du canal.

Miller (1894) constate que la composition de la flore endodontique est différente selon qu’elle se trouve dans la partie apicale, moyenne ou coronaire du canal. La disponibilité des nutriments et la pression en oxygène réduite expliquent la dominance d’espèces bactériennes anaérobies strictes.

106 Plus l’infection est ancienne, plus la quantité de bactéries augmente et plus les bactéries anaérobies facultatives provenant de la carie dentinaire profonde sont rapidement remplacées par les bactéries anaérobies strictes.

Au début de la contamination, 50% des bactéries mises en évidence dans le canal endodontique infecté sont des micro-organismes anaérobies stricts (le reste étant composé essentiellement de bactéries anaérobies facultatives et de champignons). Environ 1000 jours après le début de la contamination, les études ont montré que les bactéries anaérobies strictes représentent 98% du biofilm bactérien endodontique (Bergenholtz and al., 2003 ; Love and Jenkinson, 2002).

Figure 36 : quantité de bactéries anaérobies strictes et facultatives présentes dans un canal

endodontique infecté après scellement coronaire étanche en fonction du temps (Bergenholtz and al., 2003).

Les bactéries anaérobies facultatives, présentes en faible quantité, sont essentiellement Streptococcus mutans, Streptococcus anginosus, Streptococcus mitis, Streptococcus gordonii, Streptococcus sanguis, Lactobacillus et Actinomyces israelii.

A cela s’ajoutent quelques bactéries à Gram - anaérobies. Ce sont des bactéries à pigments noirs telles que le genre Prevotella (Prevotella nigrescens, Prevotella intermedia, Prevotella denticola) ou bien le genre Porphyromonas (Porphyromonas gingivalis et Porphyromonas endodontalis).

Candida albicans, Propionibacterium, Eubacterium, Veillonella, Fusobacterium sont également mis en évidence parmi la flore bactérienne caractéristique des infections endodontiques primaires mais en très faible quantité.

107 Pseudomonas et Enterococcus faecalis sont des bactéries d’origine extra-orale mises en évidence dans les canaux endodontiques nécrosés largement ouverts et en cours de désinfection (après une phase de médication intermédiaire par exemple). Ces bactéries ne sont pas présentes initialement dans un canal infecté (Bergenholtz and al., 2003).

La flore dentinaire radiculaire est ainsi constituée majoritairement de Streptococcus, Prevotella intermedia et Fusobacterium nucleatum (Love and Jenkinson, 2002).

On retrouve environ une à douze espèces bactériennes dans un canal endodontique nécrosé non traité soit une charge de 10² à 10⁸ CFU par canal (Vianna and al., 2006 ; Sakamoto and al., 2007). Il est admis que tout organisme présent dans le canal endodontique infecté est pathogène. Soit il l’est naturellement soit il le devient grâce aux micro-organismes qui l’entourent (Sundqvist and Figdor, 2003). Certaines bactéries non pathogènes initialement jouent un rôle important dans le maintien de l’infection endodontique primaire en apportant les facteurs de croissance nécessaires aux bactéries pathogènes ou en synthétisant ou en dégradant la matrice extracellulaire, charpente du biofilm endodontique (Bergenholtz and al., 2003 ; Love and Jenkinson, 2002).

Tableau 4 : genres et espèces bactériennes identifiés au niveau de canaux radiculaires de dents infectées (Bergenholtz and al., 2003).

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