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Asymétrie d’information

APPLICATIONS EMPIRIQUES DE LA PECKING ORDER THEORY AU

3.3 Les tests classiques

3.3.2 Asymétrie d’information

 Les garanties :

Comme nous l’avons montré précédemment, l’asymétrie d’information est relativement importante dans le cadre des TPE. Il faut savoir qu’il existe des solutions pour modérer l’asymétrie informationnelle et les coûts d’agence que subissent les TPE dans le cadre de l’endettement, la plus courante étant la mise en place de garanties (Berger & Udell, 1998). La composition de l’actif, et notamment la présence d’actifs tangibles, peut être un élément déterminant pour toute demande de dettes puisqu’elle va permettre à l’entreprise d’offrir de meilleures garanties (Myers, 1977; Harris & Raviv, 1991). Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, ce type de dettes « sécurisées » par des garanties peut permettre d’augmenter les capacités d’endettement des firmes fortement soumises aux problèmes d’asymétrie d’information.

Néanmoins, il convient de distinguer les dettes en fonction de leur maturité. En effet, la dette à long terme est plus risquée, à la fois à cause de la durée sur laquelle le prêteur s’engage mais également parce que les montants empruntés à long terme sont généralement plus importants que ceux à court terme. En cela, les actifs tangibles devraient majoritairement être utilisés pour garantir les dettes à long terme, la durée du prêt pouvant être associée à la durée de vie de l’actif utilisé comme garantie (Myers, 1977).

Ces considérations nous amènent à formuler notre cinquième hypothèse :

Hypothèse 5 : « Le niveau de dettes financières devrait être positivement corrélé aux actifs tangibles ».

 La taille :

Les firmes les plus grandes sont habituellement considérées comme plus diversifiées et moins risquées, et ce, même au sein de la catégorie des TPE. En effet, plus l’entreprise est petite, plus son domaine d’activité est restreint et plus sa probabilité de défaut est importante (Ferrier, 2002). De plus, les plus petites firmes ont des exigences réglementaires restreintes en matière de publication d’informations quantitatives, et la qualité de l’information qu’elles fournissent est généralement pauvre. Elles sont donc confrontées à des coûts liés à l’asymétrie d’information plus forts, qui auront des conséquences sur l’endettement (Ang, 1992; Chittenden & al., 1996; Pettit & Singer, 1985).

Lopez-Garcia & Sogorb-Mira (2008) évoquent une relation positive entre la taille de la firme et son degré d’endettement, résultat déjà confirmé dans de multiples articles, tel que celui de Chittenden & al. (1996), de Burger & Udell (1998), ou encore de Michaelas & al. (1999). Burger & Udell (1993) montrent également que la structure de financement des petites entreprises américaines varie en fonction de leur âge et de leur taille. En effet, les problèmes d’asymétrie informationnelle tendent à se réduire au fur et à mesure du cycle de vie et de croissance de la firme, et cela grâce à la constitution d’une réputation ou de relations de long terme avec les différents acteurs extérieurs. Burkart (1999) ou Ziane (2004) confirment que l’endettement augmente avec la taille de l’entreprise sur des échantillons de PME françaises.

Ceci nous amène à formuler notre sixième et dernière hypothèse :

Hypothèse 6 : « Le niveau de dettes financières devrait être positivement corrélé à la taille de l’entreprise ».

Les résultats des études empiriques présentés montrent que, dans une certaine mesure, la

Pecking Order Theory semble capable d’expliquer plus ou moins partiellement la structure du

capital des petites entreprises. Néanmoins, il faut savoir qu’en 1995 et 1996, Rajan & Zingales ainsi que Graham dénonçaient déjà une insuffisance de clarté dans le degré

Taille de l’entreprise et structure financière

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d’application des théories. Par la suite, des auteurs tels que Shyam-Sunder & Myers (1999) ainsi que Chirinko & Singha (2000) ajoutent à leurs conclusions que, pour obtenir une plus grande robustesse des résultats, il serait intéressant d’effectuer une vérification alternative des méthodes en réalisant une étude méticuleuse des hypothèses associées à chacune des théories39. Enfin, dans l’ensemble des tests empiriques présentés, les variables choisies pour représenter les déterminants de la dette (capacité à générer du financement interne, opportunités de croissance, âge, taille, garanties…) sont souvent différentes d’une étude à l’autre, ne serait-ce que par leur combinaison entre elles, ou par les proxies utilisées pour les calculer. Ces dernières correspondent à des approximations de comportements difficilement observables et leur interprétation n’est pas univoque. Ceci peut également permettre d’expliquer une partie des écarts de résultats existants dans la littérature.

Malgré ces difficultés, nous pouvons observer que dans le cadre de certains échantillons (cela diffère selon le pays, le secteur ou d’autres variables étudiées), la Pecking Order Theory domine dans l’explication du comportement financier des petites entreprises, alors que pour d’autres, c’est la combinaison de plusieurs courants qui apporte des éléments de compréhension. De nombreuses études récentes (Shyam-Sunder & Myers, 1999; Carpentier & Suret, 2000; Graham, 1996) confirment d’ailleurs cette tendance sur divers échantillons allant de la petite entreprise aux plus grandes. Enfin, certaines études réfutent les hypothèses de la

Pecking Order Theory, et indiquent que ce sont d’autres courants qui permettent d’expliquer

les comportements de financement des petites entreprises (Frank & Goyal, 2003). Néanmoins, la plus grande majorité de ces études concerne le financement des petites et moyennes entreprises. Ces résultats discordants, ainsi que l’absence d’étude traitant du cas spécifique des TPE, nous confirme dans l’intérêt de réaliser une étude empirique traitant de la Pecking

Order Theory et des TPE.

39 De plus, comme le stipule Shyam-Sunder & Myers (1999), la plupart des spécifications empiriques incorpore

un mécanisme d’ajustement partiel, ce qui signifie que, même si la firme se comporte, du point de vue de ses choix financiers, de manière totalement hiérarchique, il est encore extrêmement difficile de réfuter que le modèle de compensation n’est pas une description valide de la politique de choix de structure de capital de la firme.

CONCLUSION

Zingales (2000) affirme que d’un point de vue empirique, « l’emphase sur de grandes compagnies nous a mené à ignorer le reste de l’univers, en l’occurrence les jeunes et petites entreprises qui n’ont pas accès aux marchés publics ». En allant plus loin dans cette réflexion, nous pouvons observer que malgré les 96% de très petites firmes françaises, leur importance grandissante et leur poids dans les différentes économies, qu’elles soient françaises, européennes ou mondiales, aucune étude, ou presque, n’a cherché à étudier le comportement spécifique de ces firmes qui, en sus de ne pas avoir accès aux marchés financiers, sont également parfois limitées en terme de financement bancaire.

L’ensemble des résultats des études empiriques précédemment citées concernent généralement les PME ou les petites entreprises. Mais qu’en est-il si l’objet d’étude devient les TPE ? Le modèle présenté dans cette section est-il applicable en l’état à la TPE ? La théorie du financement hiérarchique, largement citée dans l’explication du comportement des PME est-elle parfaitement adaptée à la TPE ? C’est la question à laquelle nous tenterons de répondre dans le chapitre suivant de cette thèse.

Chapitre III