• Aucun résultat trouvé

i. Des associations environnementales attachées à l’agriculture certifiée et aux circuits courts

Les principales associations françaises de protection de l’environnement (en nombre d’adhérents) ne sont pas spécialisées sur l’agriculture (et donc pas non plus sur l’élevage). Les plus citées lors des entretiens sont le WWF (World Wildlife Fund for Nature), la FNH (Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme), FNE (France Nature Environnement) et le RAC-F (Réseau Action Climat – France)113.

Le WWF France est la branche française du WWF International qui compte 4,7 millions de membres à travers le monde. Créé en 1973, le WWF France est reconnu d'utilité publique depuis 2004. Il compte 170 000 donateurs, 5 000 bénévoles et une centaine de salariés. Il est financé par les donations, les partenariats-entreprises et les subventions publiques. L’association agit pour protéger les espèces, conserver les écosystèmes, réduire l'empreinte écologique et promouvoir la transition énergétique. En ce qui concerne l’agriculture, l’association milite pour l’amélioration de l’efficacité des systèmes de production pour restreindre leur consommation d’eau, de terre, d’énergie et d’autres ressources naturelles. Elle défend des modes alimentaires à moindre empreinte carbone fondés sur une consommation

112 Les informations suivantes proviennent principalement des sites internet des associations, et de quelques documents de présentation fournis par les interlocuteurs lors des entretiens. Elles s’appliquent aux situations en 2014, 2015 et 2016. Il existe d’autres associations environnementales ou de protection animale qui agissent sur l’élevage, mais les associations présentées ici sont celles qui ont été identifiées dans les entretiens comme de réelles parties prenantes de la controverse.

de produits issus de l’agriculture sous signe officiel de qualité et réduisant la part de protéines animales114 et le gaspillage alimentaire. Les modes d’actions du WWF sont la sensibilisation du grand public, les plaidoyers auprès des acteurs politiques et la création de partenariats avec les entreprises.

La FNH, créée par Nicolas Hulot, est reconnue d’utilité publique depuis 1996. Elle compte une trentaine de salariés. En tant que fondation, elle n’a pas d’adhérents et est financée par des donateurs particuliers ou le mécénat d'entreprise. Elle s’est donné pour mission d’accélérer les changements de comportements individuels et collectifs, et de soutenir des initiatives environnementales pour engager la transition écologique de la société. En ce qui concerne l’agriculture, l’association promeut les systèmes sous signes officiels de qualité, les modes de commercialisation courts garantissant une alimentation produite localement et une alimentation limitant la quantité de viande. Pour y parvenir, elle s’appuie sur l’information scientifique (notamment pour suivre l’état écologique de la planète), utilise la pédagogie auprès du public, soutient des initiatives locales s’inscrivant dans la transition énergétique et participe au débat public en proposant des solutions à mettre en œuvre pour transformer la société.

FNE est la fédération française des associations de protection de la nature et de l'environnement : elle regroupe 3 000 associations au sein d'une centaine d'organisations adhérentes, présentes sur tout le territoire français à l’échelle locale et nationale. L’association a été créée en 1968, et est reconnue d'intérêt public depuis 1976. Elle compte 850 000 adhérents, 120 bénévoles impliqués au niveau national, et 45 salariés. Elle est financée par les dons, les subventions de l’Etat, et les partenariats. En lien avec l’agriculture, l’association agit pour la conservation et la restauration des espaces, la lutte contre les pollutions et les nuisances, la défense d’un aménagement soutenable et harmonieux du territoire, la promotion d’une production et d’une consommation supportables pour l’humain et l’environnement. Ses modes d’actions sont nombreux : information et éducation du public à l’environnement, réalisation d’évaluations environnementales, contribution à l’acquisition et à la gestion d’espaces naturels, activités juridiques diverses,… Représentée localement par un réseau associatif développé, FNE s’implique parfois dans les actions d’opposition à des projets

114 WWF promeut le régime « flexitarien » qui consiste à réduire la consommation individuelle de viande de 30% (ce qui revient à passer de 6 repas par semaine avec de la viande ou du poisson à 4 repas par semaine).

d’élevage, en apportant soutien humain, financier ou logistique aux collectifs locaux de riverains.

Enfin, le Réseau Action Climat – France (RAC-F), fondé en 1996, est un réseau de 19 associations nationales (dont Greenpeace, WWF, Les Amis de la Terre, Agir pour l’Environnement, etc.) et de 11 associations locales rassemblées autour de la lutte contre les changements climatiques. Le RAC-F est le représentant français du réseau mondial Climate Action Network (CAN), qui compte plus de 700 ONG internationales. En France, le réseau emploie une douzaine de salariés et est financé par des dons et des subventions de l’Etat. C’est un réseau d'experts et d'ONG spécialisés sur la question de l'effet de serre et du changement climatique, dont les missions sont l’information sur le changement climatique et ses enjeux, le suivi des engagements climatiques et des actions publiques, la dénonciation des lobbies ou États qui freinent l’action internationale, et la proposition de politiques publiques cohérentes avec les engagements internationaux de réduction des émissions en France. Rédigeant des rapports d’expertise et des plaidoyers, le RAC-F vise principalement le gouvernement en l’incitant à agir pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Concernant l’élevage, l’association promeut les systèmes utilisant des associations de productions animales et végétales (polyculture-élevage avec un développement de la production de légumineuses), sous signe officiel de qualité, utilisant peu de produits chimiques, ou autonomes. Elle milite pour une alimentation moins centrée sur les protéines animales, avec davantage de produits certifiés, locaux et peu emballés.

On note donc une certaine unité dans les visions de l’élevage portées par les associations de protection de l’environnement. Elles partagent toutes, en effet, une volonté de diminution globale de la production animale, qu’elles incitent en promouvant une diminution de la consommation de produits animaux. Elles affichent toutefois toutes leur soutien à un certain type d’élevage sous signe officiel de qualité (biologique, Label Rouge, AOP, etc.) ce qui traduit leur opposition à l’agriculture conventionnelle intensive, et dont les produits sont commercialisés en circuits courts ce qui marque une forme d’opposition à la grande distribution.