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L’Association Européenne des Conservatoires dans la mutation de Bologne L’Association Européenne des Conservatoires (AEC), créée en 1953, regroupe aujourd’hui près

de 250 institutions européennes d’enseignement supérieur de la musique en tant que membres actifs, et une quarantaine d’institutions internationales similaires en tant que membres associés. Dès la publication de la Convention de Bologne, elle a su prendre l’initiative de se poser en instance de réflexion et de mise en commun des problématiques248. Elle a joué ainsi, pour la mise

en place de cette réforme, un rôle déterminant en pilotant plusieurs projets européens249. Elle

poursuit toujours ce rôle.

Aussitôt après la signature de la Convention de Bologne (1999), l’AEC avait de sa propre initiative, entamé en 2001 un travail pour définir des objectifs communs d’apprentissage pour les deux cycles initiaux de Bologne. L’AEC a pu ensuite s’inscrire dans le vaste projet européen Tuning, dont le nom de code pour la musique était « Polifonia ». L’association a ainsi piloté trois programmes de trois ans250 portant sur un ensemble large de problématiques posées au domaine

de la musique par la réforme de Bologne. Chacun de ces programmes incluait différentes lignes de recherche dont notamment la question de la recherche artistique en musique, la définition des compétences par cycle, ainsi que la question de la formation tout au long de la vie251. Il ne s’agit

248 La commission européenne reconnaîtra, à l’issue du premier projet Polifonia (2004-2007) la qualité et le grand

succès du travail accompli par l’AEC.

249 http://www.aec-music.eu/

250 Polifonia 1 (2004-2007), Polifonia 2 (2007-2010), Polifonia 3 (2011-2014). Pour de plus amples précisions voir le

site de l’AEC http://www.aec-music.eu/ ou le site http://www.polifonia-tn.org/

251 En musique, il était jusque là institué dans un certain nombre de grands Conservatoires un cycle unique qui

impliquait que l’étudiant se devait d’accomplir l’ensemble du parcours. L’instauration d’un 1er cycle implique une

pas ici de décrire l’ensemble du travail réalisé par l’AEC à travers ces programmes252.

Pour ce qui concerne la recherche artistique, une enquête a été menée pour préciser la situation des établissements par rapport au développement de la recherche. Un travail important mené sur l’ensemble des projets a permis à l’AEC de publier nombre de documents : sur la recherche dans les conservatoires253 ; sur la mise en place de cursus de 3e cycle et la mise en place de masters

communs entre plusieurs établissements254. Elle a soutenu des projets de recherche que des

établissements souhaitaient développer et créé une « plateforme » pour la recherche en musique – EPARM – qui organise une conférence bisannuelle. Dans le même temps, elle a travaillé à la formulation d’objectifs pédagogiques pour la mise en œuvre de cette recherche dans le cursus de 3e cycle puis dans celui du 2e cycle255. Dans le même temps, elle s’est attachée à parvenir à une

définition du concept de la recherche artistique du point de vue des musiciens.

Dans ce travail de définition d’objectifs pédagogiques sur l’ensemble des trois cycles, l’AEC a pris en considération l’ensembles des textes européens qui abordaient ce point : les Descripteurs de Dublin, qui définissent des objectifs généraux pour chacun des trois cycles ; le référentiel de certification tout au long de la vie (EQF)256 qui décline les savoirs, aptitudes et compétences, attendus

pour chacun des huit niveaux de qualification257. S’est ajouté le référentiel du projet HUMART

(2010-2011), projet de deux ans qui avait pour objectif, à partir du référentiel de l’EQF, de définir des compétences communes pour les disciplines du secteur des humanités et des arts : deux versions ont été établies, l’une par les disciplines des humanités et une autre par le sous-groupe qui a réuni l’architecture, la musique, la danse, le théâtre, les beaux-arts et le design. C’est cette dernière version qui sera considérée ici.

Le travail de l’AEC a permis que soit vraiment constitué et solidifié le réseau entre les établissements à plusieurs niveaux, les dirigeants et les coordinateurs Erasmus, mais aussi les enseignants qui participent aux différents projets. Ce réseau s’est adjoint d’importantes institutions internationales dont la puissante Association américaine des écoles de musique (NASM, USA), des universités canadiennes, moyen-orientales, australiennes, asiatiques.

Une conséquence importante est la progressive unification de l’organisation du curriculum. En dehors de quelques exceptions, l’ensemble des établissements adopte aujourd’hui l’organisation de Bologne, avec toutefois des différences dans la répartition du nombre d’années.

Une autre des conséquences, non la moins importante, est la part que prend progressivement l’AEC dans l’accréditation et le conseil aux établissements, qu’elle réalise par des visites. Elle est même aujourd’hui partenaire de l’AEQES, organisme accréditeur de la Belgique francophone.

chapitre suivant, nous aborderons certaines des conséquences sur la définition des compétences attendues à la fin de ce 1er cycle.

252 L’ensemble des documents formalisant ces productions sont accessibles sur le site de l’AEC : http://www.aec-

music.eu/

253 Tout d’abord des manuels concernant la mise en place de la recherche artistique dans les Conservatoires pour le

troisième cycle (2007, 2010), et, à paraître en octobre-novembre 2014, un manuel sur la question de la recherche en cycle Master

254 Par exemple le master Copeco, consacré à l’interprétation et à la composition contemporaine, qui réunit les

Conservatoires de Lyon, Stockholm, Talinn et Hambourg. Les étudiants suivent tous en même temps un semestre dans chacun des établissements.

255 Document à paraître pour le 2e cycle 256 European Qualification Framework (EQF)

257 Qui vont du début de l’école primaire au Doctorat. Le niveau 4 correspond à la fin des études scolaires générales,

donc au niveau d’entrée dans l’enseignement supérieur, le niveau 5 à un cycle court (DUT), le niveau 6 à la licence/bachelor, le niveau 7 au master et le niveau 8 au doctorat.

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