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Ces différents exemples concernent plusieurs types de travaux, principalement de deux types : des travaux de types académiques, dont la restitution est écrite et n’implique pas de restitution artistique ; des travaux artistiques, projets de recherche création, y compris ceux qui pourraient être accompagnés d’une restitution écrite. Des travaux de réalisations technologiques ont été cités. J’isolerai dans une catégorie à part trois travaux qui mêlent particulièrement des réalisations artistiques avec des travaux réflexifs, réflexion conceptuelle tout à fait particulière. Ce qui caractérise tous ces travaux est qu’ils mettent en œuvre un travail de recherche de l’étudiant, encadré par une méthodologie explicite.

Des travaux de type « académique ».

Nombre d’institutions comptent ce type de travaux. Ils sont tout à fait conformes à ce que l’on entend par recherche académique : des travaux de réflexion à partir de sources diverses, artistiques ou bibliographiques, mais sont mais restitués sous une forme écrite ou présentés oralement par l’étudiant.

Nombre de travaux ont lieu en cours de cycle. Ce sont principalement des travaux de recherche sur des œuvres, des figures ou des sujets artistiques, des problématiques pédagogiques qui aboutissent à des écrits, des présentations ou des projets publics. Ce sont des séminaires présentés par des étudiants (Cefedem Rhône-Alpes, La Haye), des travaux écrits (Rennes, Paris 8, Fribourg, Melbourne), un projet d’exposition (Paris 8). Ce dernier travail étant particulièrement riche : choisir un cinéaste, définir ce que l’on veut montrer de lui, rechercher et choisir la

296 http://cri-paris.org/bachelor/ 297 Ibid.

documentation que l’on veut exposer, concevoir l’exposition. J’ajoute deux dispositifs en valeur. Le premier est l’atelier d’initiation à la recherche qui était dans le cursus de la HEM de Fribourg, qui voit une équipe de professeurs de plusieurs disciplines accompagner les étudiants pendant conduire pendant tout leur cursus de 1er cycle pour leur permettre de développer leur réflexion à

partir de travaux divers. Le second est le Practice Lab de l’institution de Bangkok, dispositif d’accompagnement qui vise à développer un praticien réflexif portant son regard sur sa pratique quotidienne et qui, là aussi, les accompagnera durant tout leur cursus en développant ce travail à d’autres aspects de leur cursus, notamment un accompagnement méthodologique pour leurs travaux en sciences humaines et en culture musicale.

En dernière année du cursus, ce sont des travaux rédactionnels plus conséquents : mémoires pour la licence cinéma de Paris 8 et pour l’atelier méthodologique de Fribourg, les formations pédagogiques en France (exemple du Cefedem Rhône-Alpes) ; ce sont aussi les deux écrits de 4e

année du Conservatoire de Melbourne ou les deux travaux de recherche inscrits en 4e année du

cursus de l’institut de Bangkok.

Des travaux artistiques, projets de recherche-création

Je regrouperai ces travaux selon la période du cursus durant laquelle ils sont réalisés : les travaux de dernière année du cursus, les travaux en cours de cursus et ceux de première année.

Travaux de fin d’études

Ces travaux peuvent être développés dans la seule dernière année ou avoir été initiés avant celle- ci. Ce sont des projets artistiques indépendants ou liés au récital terminal qui valident la pratique artistique de l’étudiant (Cefedem Rhône-Alpes, Institut de Bangkok), ou un dans un autre contexte (projet de recherche du RCS de Glasgow). Ce qui particularise ces dispositifs est qu’ils sont conçus comme des recherches artistiques, et donnent lieu à une démarche méthodologique qui s’y réfère, notamment la formulation d’un projet et un écrit qui accompagne et explicite ce projet.

À ces travaux, j’ajouterai les projets de réalisations technologiques qui sont cités, qui ont permis la validation finale de l’unité d’enseignement dans laquelle ils étaient inscrits : ce sont les deux établissements de Lyon.

Travaux en cours de cycle

Ces travaux peuvent commencer en 1e année, mais ils n’y sont pas réservés. Ils prennent des

formes très différentes : semaines expérimentales (Cefedem Rhône-Alpes, RCS de Glasgow, Institut de Bangkok) ; des travaux qui lient pratique et théorie au départ des réalisation artistiques de l’étudiant (ici pour le Conservatoire de Groningen) ; des travaux de création (projets de scenario et film autobiographique à Paris 8). À cela s’ajoutent les travaux de création des écoles d’art (ici Rennes) qui, comme pour ceux des compositeurs, sont l’objet même de leur pratique. Et enfin cela concerne aussi le laboratoire de peinture moléculaire du CRI de Paris 7, projet de recherche interdisciplinaire qui se déroule durant les deux premières années du cursus.

Travaux de première année

Avec cet atelier du CRI de Paris 7, ce sont certainement les travaux parmi les plus innovants, dans leur forme mais aussi pour ce niveau d’études. Ce sont le module de pratique collaborative interdisciplinaire du RCS de Glasgow et le projet Concept and creativity du VCA de Melbourne. Ces deux derniers exemples placent d’emblée les étudiants en travail disciplinaire qui mêle des disciplines fort éloignées (présence d’étudiants en production dans les deux cas) et d’âges différents pour cette réalisation artistique. On retrouve là exactement ce qui a été dit sur le caractère collectif et interdisciplinaire de la recherche scénique en art dramatique. Ce qui distingue le Projet « création » du Cefedem Rhône-Alpes n’est pas son objet – un travail d’écriture musicale qui pourrait n’être qu’un exercice – mais sa forme et sa méthodologie qui, comme les autres exemples cités ici, en fait un vrai dispositif de recherche artistique : exploration préalable, formulation d’un projet, développement de la recherche (conception du spectacle ou écriture de la pièce), production et bilan.

Étudiants de premier cycle et deuxième cycle

Des projets mêlent des étudiants des deux cycles d’études. Il ne s’agit pas de projets de 1e année

pour lesquels les étudiants qui en sont responsables s’assurent de la participation de collègues du 2e cycle. ce sont des projets qui s’adressent aux étudiants des deux cycles. Ce sont ici les exemples

des projets artistiques développés par la classe de percussion du CNSMD de Lyon et du Laboratoire Scène/recherchE qui y a été créé récemment.

Des pratiques innovantes à mettre en valeur

Dans les exemples cités, deux types de pratiques sont à mettre en valeur : celle de l’enseignement inversé du CRI de Paris 7 et du Cefedem Rhône-Alpes, où c’est l’étudiant qui, depuis la première année, construit réellement son savoir à partir de questions qu’il a identifiées et sur lesquelles il mène une enquête, et, dans une autre mesure, celle de l’étudiant autonome de la classe de percussion du CNSMD de Lyon qui planifie son cours en fonction des questions qu’il a à y explorer avec son enseignant. Le partage des réflexions qui sont issues de ces démarches, avec la collaboration de l’enseignant, construit cette connaissance de l’étudiant.

Un autre élément qui m’intéresse est le fait que ces démarches interrogent des concepts : concept scientifique pour le CRI de Paris 7 ; concept de l’artiste interdisciplinaire pour le VCA de Melbourne et le RCS de Glasgow dans leur dispositif de 1e année, qui aboutit à ce que l’étudiant

s’interroge sur sa propre conception de l’artiste qu’il est, de façon implicite à Glasgow et explicite à Melbourne ; concept du musicien en scène qui est interrogé par le Laboratoire Scène/recherchE ; concept de l’artiste dans ses rôles de praticien et transmetteur par l’enseignement et l’accompagnement des pratiques des autres qui est « mis à l’épreuve » dans la formation du Cefedem Rhône-Alpes.

Ces projets illustrent tous la forme ternaire de l’enquête définie par Dewey : une question, une recherche, une restitution de la recherche. Mais ils ne le font pas tous de la même façon, et pas tous explicitement. La phase du bilan de l’expérience ou de la restitution de la démarche expérimentale qui a permis la production finale n’est pas nécessairement inscrite dans ces

dispositifs. Notamment pour les travaux artistiques, cette démarche de restitution de la démarche entreprise permet deux choses : la réflexivité de l’étudiant sur son travail et un partage de connaissance sur la manière d’obtenir el résultat. Il est donc important de définir des critères qui permettent de valider les travaux de recherche pour cette formation par la recherche.

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